Le Kama Sutra

Chapitre 4D’une nouvelle union avec un ancien amant.

Lorsqu’une courtisane abandonne son amant après lui avoirsoutiré sa fortune, elle doit penser à une nouvelle union avec unancien amant.

Mais elle n’ira le retrouver que s’il est redevenu riche, ous’il lui reste de la fortune, et s’il lui est encore attaché. Ets’il arrive que cet homme,à ce moment même, vive avec une autrefemme, elle réfléchira bien avant d’agir.

Or un tel homme ne peut être que dans l’une des six positionssuivantes, savoir :

Il peut avoir quitté la première femme de son propremouvement, et même en avoir quitté une autre depuis. Or, si l’hommea quitté les deux femmes de son propre mouvement, il n’y a pas lieud’aller le retrouver, vu l’inconstance de son esprit et sonindifférence pour les belles qualités de ces deux femmes. Il peutavoir été éconduit par les deux femmes. Quant à l’homme qui peutavoir été éconduit par les deux femmes, s’il l’a été par ladernière dans l’espoir qu’avait celle-ci de tirer plus d’argentd’un autre homme, alors il y a lieu d’aller le retrouver ;car, s’il est encore attaché à la première femme, il lui donneraplus d’argent, par vanité et afin de éviter l’autre femme. Maiss’il en a été éconduit pour sa pauvreté ou son avarice, il n’y apas lieu d’aller le retrouver. Il peut avoir quitté l’une es deuxfemmes de son propre mouvement, et avoir été éconduit par l’autre.Dans le cas où l’homme aurait volontairement quitté l’une desfemmes et aurait été éconduit Par l’autre, s’il consent à revenir àla première et lui donne d’avance beaucoup d’argent, alors il y alieu de l’accueillir. Il peut avoir quitté l’une des femmes de sonpropre mouvement, et vivre avec une autre. Dans le cas où l’hommeaurait volontairement quitté l’une des femmes, et vivrait avec uneautre, la première, si elle désire le reprendre, doit d’abords’assurer s’il l’a quittée dans l’espoir de trouver chez l’autrefemme quelque qualité exceptionnelle, et si, n’ayant pas trouvé cequ’il espérait, il est disposé à lui revenir et à lui donnerbeaucoup d’argent, en considération de sa conduite et del’affection qu’il a encore pour elle. Ou bien, si, ayant découvertmaints défauts chez l’autre femme, il a une tendance à trouvermaintenant chez la première plus de qualités même qu’elle n’en aréellement, et s’il est disposé à lui donner beaucoup d’argent pources qualités. Ou enfin elle examinera si c’est un homme faible, ouqui aime à jouir de beaucoup de femmes, ou qui aimait une femmepauvre, ou lui n’a jamais rien fait pour la femme avec laquelle ilvivait. Tout cela bien considéré, elle s’adressera ou non à lui,selon les circonstances. Il peut avoir été éconduit par l’une, etavoir quitté l’autre de son propre mouvement. ••••?2; Quant àl’homme qui peut avoir été éconduit par l’une des femmes et avoirvolontairement quitté l’autre, la première femme, si elle désire lereprendre, devra d’abord s’assurer s’il a encore de l’affectionpour elle et si, en conséquence, il dépenserait pour elle beaucoupl’argent ; ou si, tout en aimant ses excellentes qualités, ila cependant le goût pour une autre femme ; ou si, ayant étééconduit par elle avant d’avoir complètement satisfait ses désirssexuels, il ne désire pas lui revenir dans le but de vengerl’injure qu’il en a reçue ; ou encore, s’il ne désire pas luiinspirer confiance, et lui reprendre alors sa fortune qu’elle lui asoutirée, et finalement la ruiner ; ou, enfin, s’il n’a pasl’intention de la faire rompre avec son amant et de briser ensuitelui-même. Si, tout cela considéré, elle croit que ses intentionssont réellement pures et honnêtes, elle peut contracter avec luiune nouvelle union. Mais si elle le soupçonne de mauvaises idées,elle devra y renoncer. Il peut avoir été éconduit par l’une desfemmes, et vivre avec une autre.

Dans le cas où l’homme aurait été éconduit par une femme etvivrait avec une autre, s’il fait des ouvertures pour revenir à lapremière, la courtisane réfléchira bien avant d’agir, et pendantque l’autre femme sera occupée à se l’assurer, elle essaiera à sontour, tout en restant cachée derrière la scène, de le reconquérir,en se faisant à elle-même les raisonnements ci-après :

Il a été éconduit injustement et sans cause ; etmaintenant qu’il s’est adressé à une autre femme, je dois fairetous mes efforts pour le ramener à moi. Si seulement il causait unefois avec moi, il briserait avec l’autre femme. Grâce à mon ancienamant, je rabaisserais l’orgueil de celui que j’ai aujourd’hui. Ilest devenu riche, occupe une belle position et remplit une chargeélevée sous le Roi. Il est séparé de sa femme. Il est maintenantindépendant. Il vit à part de son père ou de son frère. En faisantla paix avec lui, je mettrai la main sur un homme très riche, quemon présent amant empêche seul de me revenir. Comme sa femme ne lerespecte pas, je pourrai maintenant l’en séparer. L’ami de cethomme aime ma rivale, qui me déteste cordialement : ce sera uneoccasion de séparer l’homme de sa maîtresse. Et, enfin, je jetteraisur lui du discrédit en le ramenant à moi, car je montrerai ainsil’inconstance de son esprit. Lorsqu’une courtisane est résolue àreprendre un ancien amant, son Pithamarda ou d’autres domestiqueslui diront que, s’il a été précédemment éconduit, c’est grâce à améchanceté de la mère ; que la fille l’aimait autant et plusque le premier jour, mais qu’elle a dû céder par déférence à lavolonté de sa mère ; qu’elle souffre de son union avec sonprésent amant, et qu’elle le déteste au possible. Ils chercheront,de plus, à lui inspirer confiance en lui parlant de son ancienamour pour lui, et feront allusion à telle ou telle marque de cetamour dont elle s’est toujours souvenue. Cette marque d’amour luirappellera une sorte de plaisir qu’il aura pu pratiquer, comme, parexemple, sa manière de la baiser, ou sa manière d’opérer le congrèsavec elle.

Ainsi finissent les moyens de former une nouvelle union avec unancien amant.

Lorsqu’une femme peut choisir entre deux amants, dont l’un luiétait précédemment uni et l’autre lui est étranger, les Acharyas(sages) sont d’avis que le premier est préférable, parce que, sesgoûts et son caractère lui étant bien connus par l’observationqu’elle en a faite, elle pourra aisément lui plaire et lecontenter. Mais Vatsyayana pense qu’un ancien amant, qui a déjàdépensé une Grande partie de sa fortune, ne peut ou ne veut pasdonner encore de l’argent, et qu’il mérite, par conséquent, moinsde confiance qu’un étranger. Il peut, toutefois, se présenter descas en contradiction avec cette règle générale, suivant lesdifférentes natures des hommes.

Il y a aussi, sur ce sujet, des versets dont voici le texte:

« Une nouvelle union avec un ancien amant peut être désirable, envue de séparer telle ou telle femme de tel ou tel homme, ou tel outel homme de telle ou telle femme, ou encore de produire un certaineffet sur le présent amant. » « Lorsqu’un homme est excessivementattaché à une femme, il redoute de la voir en contact avec d’autreshommes ; il est alors tout à fait aveugle pour ses défauts, etil lui donne beaucoup d’argent, de peur qu’elle ne l’abandonne. » »Une courtisane doit être aimable pour l’homme qui lui est attaché,et rebuter celui qui n’a pas d’attentions pour elle. Si, pendantqu’elle vit avec un homme, il lui arrive un messager de la partd’un autre homme, elle peut soit se refuser à toute négociation,soit lui indiquer un jour où elle ira le voir ; mais elle nedoit pas quitter l’homme avec lequel elle vit et qui lui estattaché. » « Une femme sage, avant de reprendre sa liaison avec unancien amant, doit s’assurer que cette nouvelle union aura pouraccompagnement le bonheur, le gain, l’amour et l’amitié. »

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