Le Kama Sutra

Chapitre 2De la conduite de la plus ancienne épouse envers les autres épousesde son mari, et de la plus jeune épouse envers les plus anciennes ;de la conduite d’une veuve vierge remariée ; d’une épouse rebutéepar son mari ; des femmes dans le harem du roi ;

Les causes de nouveau mariage pendant la vie d’une femme sontles suivantes :

La folie ou le mauvais caractère de la femme. Le dégoût queson mari éprouve pour elle. Le défaut de postérité. La naissancecontinuelle de filles. L’incontinence du mari.

Dès le début du mariage, une femme doit faire tous ses effortspour s’attacher le cœur de son mari, en se montrant toujoursdévouée, de bonne humeur et sage. Si, toutefois, elle ne procurepas d’enfants, elle doit conseiller elle-même à son mari d’épouserune autre femme. Et lorsque la seconde femme est épousée etinstallée à la maison, la première lui donnera une positionsupérieure à la sienne propre, et la regardera comme une sœur. Lematin, la plus ancienne forcera la plus jeune à se parer enprésence de leur mari, et elle ne sera nullement jalouse desattentions que le mari aura pour elle. Si la plus jeune faitquelque chose qui déplaise au mari, la plus ancienne ne lanégligera pas, mais elle sera toujours prête à lui donner sesmeilleurs avis, et lui apprendra à faire différentes choses enprésence du mari. Elle traitera ses enfants comme les sienspropres ; aura plus d’égards pour ses servantes que pour lessiennes ; sera aimante et bonne pour ses amis, et honoreragrandement ses parents.

S’il y a plusieurs autres femmes en outre d’elle-même, la plusancienne épouse s’alliera avec celle qui vient immédiatement aprèselle en rang et en age, et excitera la femme qui a récemment jouides faveurs du mari à chercher querelle à la favorite du jour. Puiselle la plaindra, et après avoir réuni les autres femmes, elle lesengagera à dénoncer la favorite comme une femme intrigante etméchante, mais sans toutefois se commettre en rien. Si la favoritevient à se quereller avec le mari, alors la plus ancienne épouseprendra son parti et lui donnera de faux encouragements, de façon àenvenimer la querelle. Si la querelle n’est que très légère, ellefera en sorte de l’agraver. Mais si, après tout cela, elle voit quele mari continue à aimer sa favorite, elle changera de tactique ets’efforcera d’amener entre eux une réconciliation afin d’éviter ledéplaisir du mari.

Ainsi finit la conduite de la plus ancienne épouse.

La plus jeune femme regardera la plus ancienne épouse de sonmari comme sa mère, et ne donnera rien, même à ses parents, sansl’en avoir informée. Elle lui fera part de tout ce qui la concerne,et n’approchera du mari qu’avec sa permission. Elle ne révélera àpersonne ses secrets que la plus ancienne épouse lui confiera, etelle prendra des enfants de celle-ci un soin plus grand encore quedes siens propres. Lorsqu’elle sera seule avec son mari, elle leservira bien, mais ne lui parlera pas du chagrin que lui faitéprouver l’existence d’une rivale. Elle pourra aussi obtenirsecrètement du mari quelques marques de son affection particulière,et lui dira qu’elle ne vit que pour lui et pour les égards qu’illui témoigne. Elle ne confiera à personne son amour pour son mari,ni l’amour de son mari pour elle, soit par orgueil, soit parcolère ; car une femme qui révèle les secrets de son épouxencourt son mépris. Quant à chercher à obtenir les faveurs de sonmari, Gonardiya dit que cela doit toujours se faire en particulier,par crainte de la plus ancienne femme. Si la plus ancienne femmeest rebutée de son mari, ou stérile, elle lui marquera de lasympathie, et priera le mari d’être bon Pour elle ; mais elles’efforcera de la surpasser en menant la vie d’une chasteépouse.

Ainsi finit la conduite de la plus jeune femme envers la plusancienne.

Une veuve pauvre ou de faible nature, et qui s’allie de nouveauà un homme, s’appelle une veuve remariée.

Les disciples de Babhraya disent qu’une veuve vierge ne doit pasépouser un homme qu’elle pourrait être obligée de quitter, soit acause de son mauvais caractère, soit parce qu’il serait dépourvudes qualités essentielles de l’homme. Gonardiya est d’avis que, siune veuve se remarie, c’est dans l’espoir d’être heureuse ; etcomme le bonheur dépend surtout des excellentes qualités du mari,jointes à l’amour du plaisir, le mieux pour elle est de choisirtout d’abord un homme qui possède ces qualités. Vatsyayana,toutefois, estime qu’une veuve peut épouser qui lui plaît, et quilui paraît capable de la rendre heureuse.

Au moment du mariage, la veuve doit demander à son mari l’argentnécessaire pour défrayer les parties à boire, les pique niques avecles parents, les cadeaux à leur donner ainsi qu’aux amis ; oubien, si elle préfère, elle fera tout cela à ses propres amis. Demême elle pourra porter soit les ornements de son mari, soit lessiens. Quant aux présents d’affection à échanger mutuellement avecson mari, il n’y a pas là-dessus de règle fixe. Si, après lemariage, elle quitte son mari de son Propre mouvement, elle devralui restituer tout ce qu’il lui aura donné, l’exception desprésents mutuels. Mais si elle était chassée de la maison par sonmari, elle n’aurait rien à lui rendre.

Après le mariage, elle vivra dans la maison de son mari comme undes principaux membres de la famille ; mais elle traitera lesautres femmes avec bonté, les domestiques avec générosité, et tousles amis de la maison avec familiarité et bonne humeur. Elle feravoir qu’elle est plus instruite dans les soixante quatre arts queles autres femmes de la maison ; et si elle a une querelleavec son mari, elle ne le rudoiera pas, mais, en particulier, seprêtera à tout ce qu’il désire et mettra en œuvre les soixantequatre façons de jouissance. Elle sera obligeante pour les autresfemmes de son mari, donnera des cadeaux à leurs enfants, leurservira de maîtresse et leur fera des ornements et des jouets. Elleaura plus de confiance dans les amis et les serviteurs de son marique dans ses autres femmes ; et, finalement, elle seratoujours empressée pour les parties à boire, les pique-niques, lesfoires et les festivals, et pour toutes sortes de jeux etd’amusements.

Ainsi finit la conduite de la veuve vierge remariée.

Une femme que son mari n’aime pas et que les autres femmespersécutent et font souffrir, doit s’allier avec la femme préféréedu mari et qui l’assiste plus assidûment que les autres, et luienseigner tous les arts qu’elle connaît elle même. Elle servira denourrice aux enfants de son mari, et, après s’être concilié sesamis, lui fera savoir par leur entremise à quel point elle lui estdévouée. Dans les cérémonies religieuses, les vœux, les jeunes,elle prendra l’initiative, sans concevoir elle-même une trop bonneopinion. Lorsque son mari sera couché sur son lit, elle n’ira letrouver que si cela lui est agréable, ne lui fera jamais dereproches, et ne lui montrera aucune mauvaise humeur. Si le mariest en querelle avec une de ses autres femmes, elle lesréconciliera, et s’il désire voir quelque femme secrètement, elles’occupera de ménager le rendez-vous. Elle cherchera en outre à serendre compte des points faibles du caractère de son mari, maiselle les tiendra toujours secrets et, en général, se conduira detelle façon qu’il puisse la considérer comme une femme bonne etdévouée.

Ici finit la conduite de la femme qui n’est pas aimée de sonmari.

On voit, dans les paragraphes ci-dessus, comment doivent seconduire toutes les femmes du sérail du Roi ; nous n’avonsdonc plus à parler séparément que du Roi.

Les femmes employées dans le harem, aux quelles on donne lesnoms particuliers de Kanchukiyas, Mahallari as et Mahallikas,doivent offrir au Roi, de la part de ses épouses, des fleurs, desonguents et des habits, et le Roi, après avoir reçu ces objets, enfera des cadeaux aux servantes, ainsi que des objets qu’il auraportés le jour précédent.

Dans l’après-midi, le Roi, habillé et revêtu de ses ornements,visitera les femmes du harem, qui seront aussi habillées et paréesde leurs bijoux. Alors, après avoir assigné à chacune telle outelle place et leur avoir séparément marqué ses égards, suivantl’occasion et leur mérite personnel, il entretiendra avec elles uneagréable conversation.

Ensuite il visitera celles de ses femmes qui peuvent être desveuves vierges remariées, et, après elles, les concubines et lesdanseuses. Toutes les visites, pour ces trois dernières catégories,auront lieu dans la chambre particulière de chacune.

Lorsque le Roi s’éveille de sa sieste de midi, la femme qui apour mission de lui indiquer celle de ses épouses qui devra passerla nuit avec lui vient le trouver, accompagnée des suivantes decette épouse, dont le tour peut être régulièrement arrivé, de celledont le tour peut avoir été passé par erreur, et de celle qui a puse trouver indisposée au moment de son tour. Ces suivantes déposentdevant le Roi les onguents et parfums envoyés par chacune de cesépouses et scellés de leur anneau ; elles lui disent leursnoms, et les motifs qui leur font envoyer ces onguents. Là-dessus,le Roi accepte l’onguent de l’une d’elles, qui en est informée etsait ainsi que son jour est arrivé.

Aux festivals, exercices de chant et cérémonies publiques,toutes les épouses du Roi doivent être traitées avec respect, et illeur sera servi des boissons.

Mais il ne doit pas être permis aux femmes du harem de sortirseules, et aucune femme étrangère au harem ne pourra y pénétrer, sice n’est celles dont le caractère sera bien connu. Enfin, l’ouvrageque les épouses du Roi ont à faire ne doit pas être tropfatigant.

Ainsi finit la conduite du Roi envers les femmes de son harem,et la conduite des femmes à son égard. Un homme qui a plusieursépouses doit agir loyalement envers toutes. Il ne sera niindifférent ni trop indulgent pour leurs défauts, et il ne révélerapas à l’une d’elles l’amour, la passion, les imperfectionscorporelles, ni les défectuosités secrètes de l’autre. Il ne leurlaissera aucune occasion de lui parler de leurs rivales, et sil’une d’elles commence à mal parler d’une autre, il la reprendra enlui disant qu’elle a exactement les mêmes défauts de caractère. Ilplaira à l’une par des confidences intimes, à une autre par deségards particuliers, à une troisième par quelque flatterie secrète,et à toutes en allant aux jardins, en les amusant, en leur faisantdes cadeaux, honorant leur famille, leur disant des secrets, etenfin en ayant du goût pour les unions. Une jeune femme de bonnehumeur, et qui se conduit suivant les préceptes de l’ÉcritureSainte, s’assure l’attachement de son mari et l’emporte sur sesrivales.

Ainsi finit la conduite d’un mari qui a plusieurs épouses.

Auteurs::

Les cookies permettent de personnaliser contenu et annonces, d'offrir des fonctionnalités relatives aux médias sociaux et d'analyser notre trafic. Plus d’informations

Les paramètres des cookies sur ce site sont définis sur « accepter les cookies » pour vous offrir la meilleure expérience de navigation possible. Si vous continuez à utiliser ce site sans changer vos paramètres de cookies ou si vous cliquez sur "Accepter" ci-dessous, vous consentez à cela.

Fermer