Sir Nigel

Chapitre 25COMMENT LE ROI DE FRANCE TINT CONSEIL À MAUPERTUIS

Ce matin de dimanche, le 19 septembre de l’an1356 de Notre-Seigneur, était froid mais beau. La brume légère quis’élevait de la vallée marécageuse de Muisson couvrit les deuxcamps et fit frissonner les archers anglais affamés. Mais elle sedissipa bientôt devant le soleil. Dans le pavillon tendu de soierouge du roi de France – le même que Chandos et Nigel avaient vu laveille au soir –, une messe solennelle fut dite par l’évêque deChâlons qui pria pour ceux qui allaient mourir, sans se douter quesa dernière heure était bien proche. Puis, lorsque le roi et sesquatre fils eurent reçu la communion, l’autel fut emporté etremplacé par une longue table recouverte d’un drap rouge, disposéedans la longueur de la tente, et autour de laquelle le roi Jeanpouvait rassembler son conseil pour décider de la meilleure façond’agir. Son palais n’aurait pu lui offrir plus belle pièce quecelle-ci avec son plafond de soie, ses murs garnis de tapisseriesd’Arras et son sol recouvert de riches tapis d’Orient.

Le roi Jean, assis sous un dais à l’une desextrémités de la table, se trouvait dans la sixième année de sonrègne et dans la trente-sixième de sa vie. C’était un petit hommeau visage rouge, à la large poitrine, aux yeux sombres et àl’allure noble. Il n’avait point besoin du manteau bleu, brodé auxlys d’argent, pour faire de lui un roi. Bien que son règne n’eûtpas été long encore, il était connu dans toute l’Europe comme unparfait gentilhomme et un combattant intrépide – le chef quiconvenait à une nation chevaleresque. Son fils aîné, le duc deNormandie, à peine plus qu’un jeune garçon, se trouvait à côté delui, la main posée sur l’épaule du roi. Et Jean, tout en parlant,tournait la tête de son côté pour le regarder en souriant. À sadroite, sous le même dais, se tenait le plus jeune frère du roi, leduc d’Orléans, homme aux traits lourds et pâles, aux manièreslanguissantes et aux yeux intolérants. À gauche se trouvait le ducde Bourbon, le visage triste et absorbé, avec, dans les yeux et lecomportement, cette sorte de mélancolie qui accompagne souvent lepressentiment de la mort. Tous portaient l’armure, hors le casqueposé devant eux sur la table.

Plus bas, groupé autour de la table rouge, setenait le conseil des plus célèbres guerriers de toute l’Europe. Enpartant du roi, on pouvait voir assis, d’un côté, un vétéran, leduc d’Athènes, fils d’un père exilé, devenu grand connétable deFrance, puis le coléreux seigneur de Clermont, avec sa Vierge bleuesur rayons d’or qui la veille avait été la cause de sa querelleavec Chandos ; de l’autre, Arnold d’Andreghien, homme au noblemaintien et aux cheveux gris, qui partageait avec Clermontl’honneur d’être maréchal de France ; Jean de Bourbon,valeureux guerrier qui devait trouver la mort sous les coups de laCompagnie blanche à Brignais ; quelques nobles allemands, dontle comte de Salzbourg et le comte de Nassau, qui avaient franchi lafrontière avec leurs mercenaires à la demande du roi de France.Leur armure à arêtes et les naseaux de leurs bassinets suffisaientà tout soldat pour savoir qu’ils venaient d’au-delà du Rhin. Faceau roi se trouvaient d’autres seigneurs tout aussi nobles :Fiennes, Châtillon, Nesle, Landas, Beaujeu, avec le vaillantpaladin de Chargny, celui-là même qui avait œuvré à la prise deCalais, et Eustace de Ribeaumont qui, à cette même occasion, avaitobtenu le prix de vaillance des mains d’Édouard d’Angleterre. Telsétaient les chefs vers qui le roi se tourna pour demander aide etassistance.

– Vous avez ouï déjà, mes amis, dit-il,que le prince de Galles n’a fait aucune réponse à la propositionqui lui fut transmise par le seigneur cardinal de Périgord. Certes,il en est ainsi qu’il en devait être et, bien que j’aie obéi auxordres de la sainte Église, je ne redoutais nullement qu’un princeaussi vaillant qu’Édouard d’Angleterre nous refusât le combat. Ilm’est avis que nous devrions fondre sur eux immédiatement, à moinsque la croix du cardinal ne se vienne interposer encore entre nosépées et nos ennemis.

Un bourdonnement de joyeux assentiment s’élevade l’assistance et même des hommes d’armes qui gardaient la portede la tente. Lorsque le calme fut revenu, le duc d’Orléans seleva.

– Sire, dit-il, vous avez parlé ainsi quenous l’espérions tous, et je crains bien que le cardinal dePérigord n’ait été un piètre allié de la France, car pourquoiproposerions-nous un partage alors qu’il nous suffit de tendre lamain pour prendre le tout ? Quel besoin avons nous deparoles ? Enfourchons nos destriers et jetons-nous sur cettepoignée de maraudeurs qui ont osé dévaster vos belles possessions.Et, si un seul d’entre eux quitte cet endroit autrement queprisonnier, nous n’en serons que plus à blâmer.

– Par saint Denis, mon frère, fit le roien souriant, si les mots pouvaient tuer, vous les auriez déjà tousétendus sur le dos devant même que nous quittions Chartres. Vousêtes nouveau à la guerre, mais lorsque vous aurez participé à un oudeux combats, vous apprendrez que tout doit se faire avec réflexionet dans l’ordre, sous peine de tourner mal. Du temps de notre père,nous sautions sur nos destriers et courions sus aux Anglais, ainsique nous le fîmes à Crécy et ailleurs, mais nous n’en avons retiréque peu de profit, et nous sommes devenus plus sages. Votre avis,messire de Ribeaumont ? Vous avez longé leurs lignes etobservé leur état. Leur courriez-vous sus, ainsi que le conseillemon frère ? Ou sinon, comment envisageriez-vous lachose ?

Ribeaumont, grand garçon élégant aux yeuxsombres, fit une pause avant de répondre.

– Sire, dit-il enfin, j’ai en effetparcouru leur front et leurs flancs, en compagnie des seigneursLandas et Beaujeu, qui se trouvent en conseil ici, témoins de ceque je vais dire. Il m’est avis que, bien que les Anglais soientpeu nombreux, ils occupent une position telle au milieu de cesbuissons et de ces vignes que vous feriez bien de les laisser carils sont sans nourriture et devront battre en retraite. Vouspourrez ainsi les suivre et trouver une meilleure occasion delivrer bataille.

Un murmure de désapprobation s’éleva dansl’assistance et le seigneur de Clermont, maréchal de l’armée, seleva d’un bond, le visage rouge de colère :

– Eustace, Eustace ! cria-t-il. Ilme souvient de jours où vous étiez d’un plus grand cœur et d’unplus ferme courage. Mais depuis que le roi Édouard vous donnalà-bas ce collier de perles, vous ne faites plus que de tourner ledos aux Anglais.

– Messire de Clermont, réponditRibeaumont gravement, il ne me sied point de me battre au conseildu roi ni devant l’ennemi, et nous réglerons cette question uneautre fois. Maintenant, le roi m’a demandé mon avis et je le lui aidonné du mieux que je pouvais.

– Il eût mieux convenu à votre honneur,messire Eustace, de garder le silence, fit le duc d’Orléans.Allons-nous les laisser échapper alors que nous les tenons ici etsommes quatre fois plus nombreux ? Je ne sais où nouspourrions aller encore dans la suite, car je suis bien sûr que nousaurions honte de retourner à Paris et de regarder nos dames dansles yeux.

– En vérité, Eustace, vous avez bien faitde me découvrir ce que vous aviez en esprit, fit le roi. Mais j’aidéjà dit que nous nous battrions ce matin : inutile donc dediscuter plus avant. Pourtant j’aurais voulu apprendre de vous lafaçon la plus sage et la meilleure de les attaquer.

– Je vais vous conseiller, sire, du mieuxque je le pourrai. Leur droite est protégée par une rivièreentourée de marais, et leur gauche par une épaisse forêt. Ainsidonc, nous les devons attaquer de face. Devant leur front s’étendune haie épaisse, derrière laquelle j’ai aperçu les hoquetons vertsde leurs archers, qui sont aussi serrés que les laîches le long dela rivière. Cette haie est trouée par une route, où quatrecavaliers seulement peuvent passer de front, et qui mène dans leurspositions. Il est clair donc, si nous voulons les repousser, qu’ilnous faudra franchir la haie. Mais je suis certain que les chevauxne pourront s’en approcher devant l’avalanche de flèches quiviendra de derrière. Ainsi donc, je tiens que nous devrionscombattre à pied, ainsi que les Anglais le firent à Crécy, car nouspourrions nous apercevoir que nos chevaux nous gêneraient plusqu’ils ne nous aideraient en ce jour.

– J’ai eu la même pensée, sire, fitArnold d’Andreghien, le maréchal. À Crécy les plus vaillants ont dûfaire demi-tour, car que peut faire un homme avec un cheval affolépar la douleur et la peur ? Si nous avançons à pied, noussommes maîtres de nous-mêmes, et, si nous nous arrêtons, nous ensupporterons toute la honte.

– Le conseil est bon, fit le ducd’Athènes, en tournant vers le roi son visage rusé et ratatiné. Jen’y ajouterai qu’une chose : la force de ces gens se trouvedans leurs archers. Ainsi donc, si nous pouvions jeter le désordreparmi eux, ne fût-ce qu’un court moment, nous pourrions nousemparer de la haie. Sinon, ils vont tirer de telle façon que nousperdrons un grand nombre d’hommes avant même que de l’atteindre,car nous avons appris par expérience qu’aucune armure ne résiste àleurs traits lorsqu’ils tirent de près.

– Que voilà de bonnes et sages paroles,fit le roi. Mais je vous prie de nous dire comment vous jetteriezle désordre parmi ces archers.

– Je choisirais trois cents cavaliers,sire, parmi les meilleurs de l’armée. Je remonterais l’étroiteroute pour attaquer ensuite à gauche et à droite, en prenant lesarchers par-derrière la haie. Il est possible que ces trois centshommes aient grandement à souffrir, mais que sont-ils dans pareilost, si une brèche peut être ouverte pour leurscompagnons ?

– Je voudrais ajouter un mot à cela,sire, s’écria un Germain, le comte de Nassau. Je suis venu ici avecmes camarades pour risquer nos vies dans votre querelle. Nousréclamons le droit de combattre à notre façon, et nousconsidérerions comme un déshonneur que de mettre pied à terre depeur des flèches anglaises. C’est pourquoi, avec votre permission,nous monterons en avant, comme le conseille le duc d’Athènes, pourvous ouvrir le chemin.

– Cela ne se peut, s’écria le seigneur deClermont, rouge de colère. Il serait bien étrange qu’on ne pûttrouver des Français pour ouvrir un chemin à l’armée du roi deFrance. À vous entendre, messire comte, on croirait que votrehardiesse est plus grande que la nôtre. Mais par Notre-Dame deRocamadour, vous apprendrez avant ce soir qu’il n’en est pointainsi. C’est à moi, puisque je suis maréchal de France, qu’ilrevient de conduire ces trois cents hommes.

– Et je réclame le même droit pour lamême raison, fit Arnold d’Andreghien.

Le Germain martela la table de son gant defer.

– Faites ce que bon vous semble !cria-t-il. Mais je vous promets une chose : ni moi ni meshommes ne descendrons de nos montures tant qu’elles pourront nousporter car, dans notre pays, ce ne sont que les petites gens ducommun qui se battent à pied.

Le seigneur de Clermont se penchait d’un airfuribond pour faire une brûlante réponse, lorsque le roiintervint.

– Assez ! assez ! dit-il. Jevous ai demandé vos avis et c’est à moi qu’il revient de décider dece que vous ferez. Messire de Clermont et vous, Arnold, vouschoisirez trois cents des plus braves cavaliers et vous tenterez derompre la ligne des archers. Quant à vous, monseigneur de Nassau etvos cavaliers, vous resterez à cheval, puisque tel est votre désir,et vous suivrez les maréchaux pour les soutenir du mieux que vousle pourrez. Le reste de l’armée avancera à pied, divisé en troisgroupes ainsi que nous l’avions conçu : le vôtre, Charles – etil tapota gentiment la main de son fils, le duc de Normandie –, levôtre, Philippe – et il se tourna vers le duc d’Orléans –, et celuidu centre, le plus important, qui sera le mien. C’est à vous,Geoffroy de Chargny, que je confie l’oriflamme pour ce jour. Maisquel est ce chevalier et que désire-t-il ?

Un jeune chevalier, grand et à la barberousse, avec un griffon rouge sur son surcot, était apparu dans laporte de la tente. Son air affairé et ses vêtements désordonnésprouvaient qu’il était venu en grande hâte.

– Sire, dit-il, je suis Robert de Duras,de la maison de monseigneur le cardinal de Périgord. Je vous ai dithier ce que j’avais appris sur le camp anglais. J’y fus admisaujourd’hui encore et j’ai vu toutes leurs voitures qui sedéplaçaient vers l’arrière. Sire, ils fuient versBordeaux !

– Tudieu, je le savais ! cria le ducd’Orléans, en fureur. Cependant que nous parlions, ils nous ontglissé entre les doigts. Ne vous avais-je point prévenus ?

– Silence, Philippe ! ordonna leroi. Et vous, messire, avez-vous vu cela de vos propresyeux ?

– De mes propres yeux, sire, et je vienstout droit de leur camp, maintenant.

Le roi Jean le regarda durement.

– Je ne vois point comment votre honneurs’accorde à de telles nouvelles transmises de pareille façon !Nous ne pouvons cependant faire autrement que d’en prendreavantage. N’ayez crainte, Philippe, mon frère, j’ai dans l’espritque, avant la tombée du jour, vous connaîtrez des Anglais tout ceque vous en vouliez connaître. Il serait de notre avantage de lessurprendre en train de franchir le gué. Lors, messeigneurs, je vousprie de regagner vos postes au plus vite, en vous souvenant de toutce dont nous sommes convenus. Mon oriflamme, Geoffroy ! Etvous, Arnold, groupez les divisions. Que Dieu et saint Denis nousaient en leur sainte garde ce jour !

Le prince de Galles se tenait sur la petiteéminence où Nigel s’était arrêté la veille. Avec lui se trouvaientChandos et un Gascon, le captal de Buch, un grand homme d’un âgemoyen, bronzé par le soleil. Les trois hommes observaientattentivement les lointaines lignes françaises, cependant que,derrière eux, une colonne de chariots se dirigeait vers le gué deMuisson.

Tout juste derrière le prince, quatrecavaliers en armure, la visière relevée, discutaient à voix basse.Un simple regard sur leurs boucliers eût suffi à n’importe quelsoldat pour les reconnaître, car ils étaient tous quatre d’unegrande renommée et avaient participé à de nombreux combats. Ilsattendaient les ordres, car chacun d’eux commandait en tout ou enpartie une des divisions de l’armée. Le plus jeune des chevaliers,garçon sombre, élancé et à l’air grave, était William Montacute,comte de Salisbury, âgé seulement de vingt-huit ans et cependantvétéran de Crécy. Sa grande réputation lui avait valu de se voirconfier par le prince le commandement de l’arrière-garde, posted’honneur dans une armée en retraite. Il parlait à un hommegrisonnant, au visage dur où oscillaient de fiers yeux bleus quiobservaient l’ennemi. C’était le fameux Robert d’Ufford, comte deSuffolk, qui avait combattu sans arrêt depuis Cadsand et danstoutes les batailles continentales. L’autre grand soldatsilencieux, avec l’étoile d’argent scintillant sur le surcot, étaitJohn de Vere, comte d’Oxford, qui écoutait Thomas Beauchamp, jovialgentilhomme et soldat éprouvé qui, penché en avant, tapotait de samain de mailles la cuisse bardée de fer de son compagnon. Ilsétaient tous de vieux camarades de combat, à peu près du même âge,d’une réputation égale et d’une égale expérience de la guerre. Telsétaient les fameux soldats anglais qui attendaient les ordres duprince.

– J’aurais préféré que vous lui missiezla main au collet, fit ce dernier d’un ton colère en poursuivant saconversation avec Chandos. Cependant, il était peut-être plus sagede leur jouer ce tour et de leur faire accroire que nous battionsen retraite.

– Il en a certainement porté la nouvelle,répondit Chandos en souriant. À peine les chariots étaient-ilspartis que je l’ai vu galoper en bordure du bois.

– C’était une bonne trouvaille, John,remarqua le prince. Nous tirerions un grand réconfort si nouspouvions retourner contre eux leurs propres espions. À moins qu’ilsne marchent droit sur nous, je ne vois point comment nous pourrionstenir un jour encore car il ne reste plus, je crois, une miche depain dans toute l’armée. Et cependant, si nous quittons cetteposition, où pourrons-nous espérer en retrouver unepareille ?

– Ils mordront, monseigneur, ils mordrontà l’appât. En ce moment même, Robert de Duras doit leur dire quenos chariots sont en route, et ils vont se hâter de les attaquerlorsqu’ils franchiront le gué… Mais qui est-ce donc là qui s’envient en piquant des deux ? Nous allons peut-être avoir desnouvelles !

Un cavalier avait grimpé le monticule augalop. Il sauta à bas de son cheval et tomba à genoux aux pieds duprince.

– Alors, lord Audley, fit Édouard, quedésirez-vous ?

– Messire, répondit le chevalier,toujours agenouillé et la tête baissée devant son chef, je requiersde vous une faveur.

– Levez-vous, James ! Et dites-moice que je puis faire.

Le célèbre paladin, exemple de la chevaleriede tous temps, se leva et tourna son visage et ses yeux sombresvers son maître.

– Messire, dit-il, je vous ai toujoursservi loyalement, vous et votre père, et je continuerai de le fairetant que j’aurai vie. Il me faut vous faire assavoir maintenant queje fis vœu un jour, si je me trouvais au combat sous votrecommandement, de me porter au tout premier rang ou de laisser mavie dans l’entreprise. Je vous prie donc de me permettregracieusement de quitter ma place avec honneur et de me poster detelle façon que je puisse accomplir mon vœu.

Le prince sourit, car il était bien certainque, vœu ou non, permission ou non, Lord James Audley se trouveraitau combat.

– Allez, James, dit-il, et Dieu fasse quece jour votre courage brille au-dessus de tous les autres. Maisécoutez, John, qu’est-ce donc ?

Chandos releva le nez comme un aigleapercevant une proie.

– Sans aucun doute, messire, tout sedéroule ainsi que nous l’avions prévu.

De très loin, leur parvint un cri de tonnerre.Puis un autre et un autre encore.

– Voyez, ils avancent ! cria lecaptal de Buch.

Durant toute la matinée, ils avaient observéles escadrons armés qui bordaient le front du camp français. Mais àce moment un puissant éclat de trompettes leur parvint aux oreilleset les groupes lointains s’agitèrent et flamboyèrent au soleil.

– Oui, ils se mettent en marche, cria leprince.

– Ils viennent ! Ilsarrivent !

Les paroles se répercutèrent tout au long dela ligne. Puis, dans une soudaine impulsion, les archers, derrièrela haie, se mirent sur pied, les chevaliers agitèrent leurs armeset, dans un hurlement de tonnerre, ils lancèrent leur défi joyeux àl’ennemi qui avançait. Il se fit ensuite un tel silence que larespiration des chevaux et le tintement des harnais frappaient lesoreilles jusqu’à ce qu’un grondement sourd s’élevât soudain,semblable au bruit de la marée sur la plage, grossissant ets’amplifiant à mesure que le puissant ost de France serapprochait.

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