XLIV
« BEAU sire Ganelon, [… ] commentpourrai-je faire périr Roland ? » Ganelon répond :« Je sais bien vous le dire. Le roi viendra aux meilleuresports de Cize : derrière lui il aura laissé son arrière-garde.Son neveu en sera, le puissant comte Roland, et Olivier, en quitant il se fie, et en leur compagnie vingt mille Français. De vospaïens envoyez-leur cent mille, et qu’ils leur livrent une premièrebataille. La gent de France y sera meurtrie et mise à mal, et il yaura aussi, je ne dis pas, grande tuerie des vôtres. Maislivrez-leur de même une seconde bataille : qu’il tombe dansl’une ou dans l’autre, Roland n’échappera pas. Alors vous aurezaccompli une belle chevalerie, et de toute votre vie vous n’aurezplus la guerre.