La Dame de Monsoreau – Tome II

Chapitre 13Castor et Pollux.

Le roi avait congédié tous les favoris, enmême temps qu’il retenait son frère.

Le duc d’Anjou, qui, pendant toute la scèneprécédente, avait réussi à conserver l’attitude d’un hommeindifférent, excepté aux yeux de Chicot et du duc de Guise, acceptasans défiance l’invitation de Henri. Il n’avait aucune connaissancede ce coup d’œil que le Gascon lui avait fait envoyer par le roi,et qui avait surpris son doigt indiscret trop près de seslèvres.

– Mon frère, dit Henri après s’êtreassuré qu’à l’exception de Chicot personne n’était resté dans lecabinet et en marchant à grands pas de la porte à la fenêtre,savez-vous que je suis un prince bien heureux ?

– Sire, dit le duc, le bonheur de VotreMajesté, si véritablement Votre Majesté se trouve heureuse, n’estqu’une récompense que le ciel doit à ses mérites.

Henri regarda son frère.

– Oui, bien heureux, reprit-il ;car, lorsque les grandes idées ne me viennent pas, à moi, ellesviennent à ceux qui m’entourent. Or c’est une grande idée que celleque vient d’avoir mon cousin de Guise.

Le duc s’inclina en signe d’assentiment.

Chicot ouvrit un œil, comme s’il n’entendaitpas si bien les deux yeux fermés, et comme s’il avait besoin devoir le visage du roi pour mieux comprendre ses paroles.

– En effet, continua Henri, réunir sousune même bannière tous les catholiques, faire du royaume l’Église,armer ainsi, sans en avoir l’air, toute la France, depuis Calaisjusqu’au Languedoc, depuis la Bretagne jusqu’à la Bourgogne, demanière que j’aie toujours une armée prête à marcher contrel’Anglais, le Flamand ou l’Espagnol, sans que jamais le Flamand,l’Espagnol ni l’Anglais puissent s’en alarmer, savez-vous,François, que c’est là une magnifique pensée ?

– N’est-ce pas, sire ? dit le ducd’Anjou enchanté de voir que son frère abondait dans les vues duduc de Guise, son allié.

– Oui, et j’avoue que je me sens porté detout mon cœur à récompenser largement l’auteur d’un si beauprojet.

Chicot ouvrit les deux yeux ; mais il lesreferma aussitôt : il venait de surprendre sur la figure duroi un de ces imperceptibles sourires, visibles pour lui seul quiconnaissait son Henri mieux que personne, et ce sourire luisuffisait.

– Oui, continua le roi, je le répète, untel projet mérite récompense, et je ferai tout pour celui qui l’aconçu ; est-ce véritablement le duc de Guise, François, quiest le père de cette belle idée, ou plutôt de cette belleœuvre ? car l’œuvre est commencée, n’est-ce pas, monfrère ?

Le duc d’Anjou fit signe qu’effectivement lachose avait reçu un commencement d’exécution.

– De mieux en mieux, reprit le roi.J’avais dit que j’étais un prince bien heureux, j’aurais dû diretrop heureux, François, puisque, non seulement ces idées viennent àmes proches, mais encore que, dans leur empressement à être utilesà leur roi et à leur parent, ils exécutent ces idées ; mais jevous ai déjà demandé, mon cher François, dit Henri en posant samain sur l’épaule de son frère, je vous ai déjà demandé si c’étaitbien à mon cousin de Guise que je devais être reconnaissant decette royale pensée.

– Non, sire, M. le cardinal deLorraine l’avait déjà eue il y a plus de vingt ans, et laSaint-Barthélemy seule en a empêché l’exécution, on plutôtmomentanément en a rendu l’exécution inutile.

– Ah ! quel malheur que le cardinalde Lorraine soit mort ! dit Henri, je l’aurais fait papéfier àla mort de Sa Sainteté Grégoire XIII ; mais il n’en est pasmoins vrai, continua Henri avec cette admirable bonhomie quifaisait de lui le premier comédien de son royaume, il n’en est pasmoins vrai que son neveu a hérité de l’idée et l’a fait fructifier.Malheureusement je ne peux pas le faire pape, lui ; mais je leferai… Qu’est-ce que je pourrais donc le faire qu’il ne fût pas,François ?

– Sire, dit François complètement trompéaux paroles de son frère, vous vous exagérez les mérites de votrecousin ; l’idée n’est qu’un héritage, comme je vous l’ai déjàdit, et un homme l’a fort aidé à cultiver cet héritage.

– Son frère le cardinal, n’est-cepas ?

– Sans doute, il s’en est occupé ;mais ce n’est point lui encore.

– C’est donc Mayenne ?

– Oh ! sire, dit le duc, vous luifaites trop d’honneur.

– C’est vrai. Comment supposer qu’uneidée politique vînt à un pareil boucher ? Mais à qui doncdois-je être reconnaissant de cette aide donnée à mon cousin deGuise, François ?

– À moi, sire, dit le duc.

– À vous ! fit Henri, comme s’ilétait au comble de l’étonnement.

Chicot rouvrit un œil.

Le duc s’inclina.

– Comment ! dit Henri, quand jevoyais tout le monde déchaîné contre moi, les prédicateurs contremes vices, les poètes et les faiseurs de pasquils contre mesridicules, les docteurs en politique contre mes fautes ;tandis que mes amis riaient de mon impuissance ; tandis que lasituation était devenue si perplexe, que je maigrissais à vue d’œilet faisais des cheveux blancs chaque jour, une idée pareille vousest venue, François ? à vous que, je dois l’avouer (tenez,l’homme est faible et les rois sont aveugles), à vous que je neregardais pas toujours comme mon ami ! Ah ! François, queje suis coupable !

Et Henri, attendri jusqu’aux larmes, tendit lamain à son frère.

Chicot rouvrit les deux yeux.

– Oh ! mais, continua Henri, c’estque l’idée est triomphante. Ne pouvant lever d’impôts ni lever detroupes sans faire crier ; ne pouvant me promener, dormir niaimer sans faire rire, voilà que l’idée de M. de Guise,ou plutôt la vôtre, mon frère, me donne à la fois armée, argent,amis et repos. Maintenant, pour que ce repos dure, François, uneseule chose est nécessaire.

– Laquelle ?

– Mon cousin a parlé tout à l’heure dedonner un chef à tout ce grand mouvement.

– Oui, sans doute.

– Ce chef, vous le comprenez bien,François, ce ne peut être aucun de mes favoris ; aucun n’a àla fois la tête et le cœur nécessaires à une si grande fortune.Quélus est brave, mais le malheureux n’est occupé que de sesamours. Maugiron est brave, mais le vaniteux ne songe qu’à satoilette. Schomberg est brave, mais ce n’est pas un profond esprit,ses meilleurs amis sont forcés de l’avouer. D’Épernon est brave,mais c’est un franc hypocrite, à qui je ne me fierais pas un seulinstant, quoique je lui fasse bon visage. Mais vous le savez,François, dit Henri avec un abandon croissant, c’est une des pluslourdes charges des rois que d’être forcés sans cesse dedissimuler. Aussi, tenez, ajouta Henri, quand je puis parler à cœurouvert comme en ce moment, ah ! je respire.

Chicot referma les deux yeux.

– Eh bien, je disais donc, continuaHenri, que, si mon cousin de Guise a eu cette idée, idée audéveloppement de laquelle vous avez pris si bonne part, François,c’est à lui que doit revenir la charge de la mettre àexécution.

– Que dites-vous, sire ? s’écriaFrançois haletant d’inquiétude.

– Je dis que, pour diriger un pareilmouvement, il faut un grand prince.

– Sire, prenez garde !

– Un bon capitaine, un adroitnégociateur.

– Un adroit négociateur surtout, répétale duc.

– Eh bien, François, est-ce que ce poste,sous tous les rapports, ne convient pas àM. de Guise ? voyons.

– Mon frère, dit François,M. de Guise est bien puissant déjà.

– Oui, sans doute, mais c’est sapuissance qui fait ma force.

– Le duc de Guise tient l’armée et labourgeoisie ; le cardinal de Lorraine tient l’Église ;Mayenne est un instrument aux mains des deux frères ; vousallez réunir bien des forces dans une seule maison.

– C’est vrai, dit Henri, j’y avais déjàsongé, François.

– Si les Guise étaient princes françaisencore, cela se comprendrait : leur intérêt serait de grandirla maison de France.

– Sans doute ; mais, tout aucontraire, ce sont des princes lorrains.

– D’une maison toujours en rivalité avecla nôtre.

– Tenez, François, vous venez de toucherla plaie, tudieu ! je ne vous croyais pas si bonpolitique ; eh bien, oui, voilà ce qui me fait maigrir, ce quime fait blanchir les cheveux ; tenez, c’est cette élévation dela maison de Lorraine à côté de la nôtre ; il ne se passe pasde jour, voyez-vous, François, que ces trois Guise, – vous l’avezbien dit, à eux trois ils tiennent tout, – il n’y a pas de jourque, soit le duc, soit le cardinal, soit Mayenne, l’un ou l’autreenfin, par audace ou par adresse, soit par force, soit par ruse, nem’enlève quelque lambeau de mon pouvoir, quelques parcelles de mesprérogatives, sans que moi, pauvre, faible et isolé que je suis, jepuisse réagir contre eux. Ah ! François, si nous avions eucette explication plus tôt, si j’avais pu lire dans votre cœurcomme j’y lis en ce moment, certes, trouvant en vous un appui,j’eusse résisté mieux que je ne l’ai fait ; mais maintenant,voyez-vous, il est trop tard.

– Pourquoi cela ?

– Parce que ce serait une lutte, et qu’envérité toute lutte me fatigue, je le nommerai donc chef de laLigue.

– Et vous aurez tort, mon frère, ditFrançois.

– Mais qui voulez-vous que je nomme,François ? Qui acceptera ce poste périlleux, oui,périlleux ? Car ne voyez-vous pas quelle était son idée, auduc ? c’était que je le nommasse chef de cette Ligue.

– Eh bien ?

– Eh bien, tout homme que je nommerai àsa place deviendra son ennemi.

– Nommez un homme assez puissant pour quesa force, appuyée à la vôtre, n’ait rien à craindre de la force etde la puissance de nos trois Lorrains réunis.

– Eh ! mon bon frère, dit Henri avecl’accent du découragement, je ne sais aucune personne qui soit dansles conditions que vous dites.

– Regardez autour de vous, sire.

– Autour de moi ? je ne vois quevous et Chicot, mon frère, qui soyez véritablement mes amis.

– Oh ! oh ! murmura Chicot,est-ce qu’il me voudrait jouer quelque mauvais tour ?

Et il referma ses deux yeux.

– Eh bien, dit le duc, vous ne comprenezpas, mon frère ?

Henri regarda le duc d’Anjou, comme si unvoile venait de lui tomber des yeux.

– Eh quoi ! s’écria-t-il.

François fit un mouvement de tête.

– Mais non, dit Henri, vous n’yconsentirez jamais, François. La tâche est trop rude : cen’est pas vous certainement qui vous habitueriez à faire fairel’exercice à tous ces bourgeois ; ce n’est pas vous qui vousdonneriez la peine de revoir les discours de leursprédicateurs ; ce n’est pas vous qui, en cas de bataille,iriez faire le boucher dans les rues de Paris transformées enabattoir ; il faut être triple comme M. de Guise, etavoir un bras droit qui s’appelle Charles et un bras gauche quis’appelle Louis. Or le duc a fort bien tué le jour de laSaint-Barthélemy ; que vous en semble, François ?

– Trop bien tué, sire ?

– Oui, peut-être. Mais vous ne répondezpas à ma question, François. Quoi ! vous aimeriez faire lemétier que je viens de dire ! vous vous frotteriez auxcuirasses faussées de ces badauds et aux casseroles qu’ils semettent sur le chef en guise de casques ? Quoi ? vousvous feriez populaire, vous, le suprême seigneur de notrecour ? Mort de ma vie, mon frère, comme on change avecl’âge !

– Je ne ferais peut-être pas cela pourmoi, sire ; mais je le ferais certes pour vous.

– Bon frère, excellent frère, dit Henrien essuyant du bout du doigt une larme qui n’avait jamaisexisté.

– Donc, dit François, cela ne vousdéplairait pas trop, Henri, que je me chargeasse de cette besogneque vous comptez confier à M. de Guise ?

– Me déplaire à moi ! s’écria Henri.Cornes du diable ! non, cela ne me déplaît pas, cela mecharme, au contraire. Ainsi, vous aussi, vous aviez pensé à laLigue ! Tant mieux, mordieu ! tant mieux. Ainsi, vousaussi, vous aviez eu un petit bout de l’idée, que dis-je, un petitbout ? le grand bout ! D’après ce que vous m’avez dit,c’est merveilleux, sur ma parole. Je ne suis entouré, en vérité,que d’esprits supérieurs ; et je suis le grand âne de monroyaume.

– Oh ! Votre Majesté raille.

– Moi ! Dieu m’en préserve ; lasituation est trop grave. Je le dis comme je le pense,François ; vous me tirez d’un grand embarras, d’autant plusgrand, que, depuis quelque temps, voyez-vous, François, je suismalade, mes facultés baissent. Miron m’explique cela souvent ;mais, voyons, revenons à la chose sérieuse ; d’ailleurs,qu’ai-je besoin de mon esprit, si je puis m’éclairer à la lumièredu vôtre ? Nous disons donc que je vous nommerai chef de laLigue, hein ?

François tressaillit de joie.

– Oh ! dit-il, si Votre Majesté mecroyait digne de cette confiance !

– Confiance ? ah ! François,confiance ? du moment où ce n’est pas M. de Guisequi est ce chef, de qui veux-tu que je me défie ? de la Ligueelle même ? est-ce que par hasard la Ligue me mettrait endanger ? Parle, mon bon François, dis-moi tout.

– Oh ! sire, fit le duc.

– Que je suis fou ! repritHenri ; dans ce cas, mon frère n’en serait pas le chef, ou,mieux encore, du moment où mon frère en serait le chef, il n’yaurait plus de danger. Hein ! c’est de la logique, cela, etnotre pédagogue ne nous a pas volé notre argent ; non, ma foi,je n’ai pas de défiance. D’ailleurs, je connais encore assezd’hommes d’épée en France pour être sûr de dégainer en bonnecompagnie contre la Ligue, le jour où la Ligue me gênera trop lescoudes.

– C’est vrai, sire, répondit le duc avecune naïveté presque aussi bien affectée que celle de son frère, leroi est toujours le roi.

– Chicot rouvrit un œil.

– Pardieu, dit Henri. Maismalheureusement à moi aussi il me vient une idée ; c’estincroyable combien il en pousse aujourd’hui, il y a des jours commecela.

– Quelle idée ? mon frère, demandale duc, déjà inquiet, parce qu’il ne pouvait pas croire qu’un sigrand bonheur s’accomplît sans empêchement.

– Eh ! notre cousin de Guise, lepère, ou plutôt qui se croit le père de l’invention, notre cousinde Guise s’est probablement bouté dans l’esprit d’en être le chef.Il voudra aussi du commandement ?

– Du commandement, sire ?

– Sans doute ; sans aucun doutemême, il n’a probablement nourri la chose que pour que la chose luiprofitât. Il est vrai que vous dites l’avoir nourrie avec lui.Prenez garde, François, ce n’est pas un homme à être victime duSic vos non vobis… vous connaissez Virgile,nidificatis, aves.

– Oh ! sire.

– François, je gagerais qu’il en a lapensée. Il me sait si insoucieux !

– Oui ; mais, du moment où vous luiaurez signifié votre volonté, il cédera.

– Ou fera semblant de céder. Et je vousl’ai déjà dit : Prenez garde, François, il a le bras long, moncousin de Guise. Je dirai même plus, je dirai qu’il a les braslongs, et que pas un dans le royaume, pas même le roi, netoucherait comme lui, en les étendant, d’une main aux Espagnes etde l’autre a l’Angleterre, à don Juan d’Autriche et à Élisabeth.Bourbon avait l’épée moins longue que mon cousin de Guise n’a lebras, et cependant il a fait bien du mal à François 1er, notreaïeul.

– Mais, dit François, si Votre Majesté letient pour si dangereux, raison de plus pour me donner lecommandement de la Ligue, pour le prendre entre mon pouvoir et levôtre, et alors, à la première trahison qu’il entreprendra, pourlui faire son procès.

Chicot rouvrit l’autre œil.

– Son procès ! François, sonprocès ! c’était bon pour Louis XI, qui était puissant etriche, de faire faire des procès et de faire dresser des échafauds.Mais moi, je n’ai pas même assez d’argent pour acheter tout levelours noir dont, en pareil cas, je pourrais avoir besoin.

En disant ces mots, Henri, qui, malgré sapuissance sur lui-même, s’était animé sourdement, laissa percer unregard dont le duc ne put soutenir l’éclat.

Chicot referma les deux yeux.

Il se fit un silence d’un instant entre lesdeux princes.

Le roi le rompit le premier.

– Il faut donc tout ménager, mon cherFrançois, dit-il ; pas de guerres civiles, pas de querellesentre mes sujets. Je suis fils de Henri le batailleur et deCatherine la rusée ; j’ai un peu de l’astuce de ma bonnemère ; je vais faire rappeler le duc de Guise, et je lui feraitant de belles promesses, que nous arrangerons votre affaire àl’amiable.

– Sire, s’écria le duc d’Anjou, vousm’accorderez le commandement, n’est-ce pas ?

– Je le crois bien.

– Vous tenez à ce que je l’aie ?

– Énormément.

– Vous le voulez, enfin ?

– C’est mon plus grand désir ; maisil ne faut pas cependant que cela déplaise trop à mon cousin deGuise.

– Eh bien, soyez tranquille, dit le ducd’Anjou, si vous ne voyez à ma nomination que cet empêchement, jeme charge, moi, d’arranger la chose avec le duc.

– Et quand cela ?

– Tout de suite.

– Vous allez donc aller le trouver ?vous allez donc aller lui rendre visite ? Oh ! mon frère,songez-y ; l’honneur est bien grand !

– Non pas, sire, je ne vais point letrouver.

– Comment cela ?

– Il m’attend.

– Où ?

– Chez moi.

– Chez vous ? j’ai entendu les crisqui ont salué sa sortie du Louvre.

– Oui, mais, après être sorti par lagrande porte, il sera rentré par la poterne. Le roi avait droit àla première visite du duc de Guise ; mais j’ai droit, moi, àla seconde.

– Ah ! mon frère, dit Henri, que jevous sais gré de soutenir ainsi nos prérogatives, que j’ai lafaiblesse d’abandonner quelquefois ! Allez donc, François, etaccordez-vous.

Le duc prit la main de son frère et s’inclinapour la baiser.

– Que faites-vous, François ? dansmes bras, sur mon cœur, s’écria Henri, c’est là votre véritableplace.

Et les deux frères se tinrent embrassés àplusieurs reprises ; puis, après une dernière étreinte, le ducd’Anjou, rendu à la liberté, sortit du cabinet, traversa rapidementles galeries, et courut à son appartement. Il fallait que son cœur,comme celui du premier navigateur, fût cerclé de chêne et d’acierpour ne pas éclater de joie.

Le roi, voyant son frère parti, poussa ungrincement de colère, et, s’élançant par le corridor secret quiconduisait à la chambre de Marguerite de Navarre, devenue celle duduc d’Anjou, il gagna une espèce de tambour d’où l’on pouvaitentendre aussi facilement l’entretien qui allait avoir lieu entreles ducs d’Anjou et de Guise que Denis de sa cachette pouvaitentendre la conversation de ses prisonniers.

– Ventre de biche ! dit Chicot enrouvrant les deux yeux à la fois et en s’asseyant sur son derrière,que c’est touchant les scènes de famille ! Je me suis cru uninstant dans l’Olympe assistant à la réunion de Castor et Pollux,après leurs six mois de séparation.

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