La Dame de Monsoreau – Tome II

Chapitre 21Comment Chicot fit une visite à Bussy, et de ce quis’ensuivit.

Le lendemain de ce jour, ou plutôt de cettenuit, Bussy, vers neuf heures du matin, déjeunait tranquillementavec Remy, qui, en sa qualité de médecin, lui ordonnait desconfortants ; ils causaient des événements de la veille, etRemy cherchait à se rappeler les légendes des fresques de la petiteéglise de Sainte-Marie-l’Égyptienne.

– Dis donc, Remy, lui demanda tout à coupBussy, ne t’a-t-il pas semblé reconnaître ce gentilhomme qu’ontrempait dans une cuve, quand nous sommes passés au coin de la rueCoquillière ?

– Sans doute, monsieur le comte : etmême à ce point que, depuis ce moment, je cherche à me rappeler sonnom.

– Tu ne l’as donc pas reconnu nonplus ?

– Non. Il était déjà bien bleu.

– J’aurais dû le délivrer, ditBussy : c’est un devoir entre gens comme il faut de se portersecours contre les manants ; mais, en vérité, Remy, j’étaistrop occupé de mes affaires.

– Mais, si nous ne l’avons pas reconnu,lui, dit le Haudoin, il nous a, à coup sûr, reconnus, nous quiavions notre couleur naturelle, car il m’a semblé qu’il roulait desyeux effroyables, et qu’il nous montrait le poing en nous envoyantquelque menace.

– Tu es sûr de cela, Remy ?

– Je réponds des yeux effroyables ;mais je suis moins sûr du poing et des menaces, dit le Haudoin, quiconnaissait le caractère irascible de Bussy.

– Alors il faudra savoir quel est cegentilhomme, Remy : je ne puis pas laisser passer ainsi unepareille injure.

– Attendez donc, attendez donc, s’écriale Haudoin, comme s’il fût sorti de l’eau froide ou entré dansl’eau chaude. Oh ! mon Dieu ! j’y suis, je leconnais.

– Comment cela ?

– Je l’ai entendu jurer.

– Je le crois mordieu bien, tout le mondeeût juré en pareille situation.

– Oui, mais lui, il a juré enallemand.

– Bah !

– Il a dit : Gottverdamme.

– C’est Schomberg, alors.

– Lui-même, monsieur le comte,lui-même.

– Alors, mon cher Remy, apprête tesonguents.

– Pourquoi cela ?

– Parce qu’il y aura avant peu quelqueraccommodage à faire à sa peau ou à la mienne.

– Vous ne serez pas si fou que de vousfaire tuer, étant en si bonne santé et si heureux, dit Remy enclignant de l’œil ; dame ! voilà déjà une fois que sainteMarie l’Égyptienne vous ressuscite, elle pourrait bien se lasser defaire un miracle que le Christ lui-même n’a essayé que deuxfois.

– Au contraire, Remy, dit le comte, tu nete doutes pas du bonheur qu’il y a, quand on est heureux, à s’enaller jouer sa vie contre celle d’un autre homme. Je t’assure quejamais je ne me suis battu de bon cœur quand j’avais perdu au jeude grosses sommes, quand j’avais surpris ma maîtresse en faute ouquand j’avais quelque chose à me reprocher ; mais chaque fois,au contraire, que ma bourse est ronde, mon cœur léger et maconscience nette, je m’en vais hardi et railleur sur le pré ;là, je suis sûr de ma main. Je lis jusqu’au fond des yeux de monadversaire ; je l’écrase de ma chance. Je suis dans laposition d’un homme qui joue au passe-dix avec la veine, et quisent le vent de la fortune pousser à lui l’or de son antagoniste.Non, c’est alors que je suis brillant, sûr de moi ; c’estalors que je me fends à fond. Je me battrais admirablement bienaujourd’hui, Remy, dit le jeune homme en tendant la main audocteur, car, grâce à toi, je suis bien heureux !

– Un moment, un moment, dit le Haudoin,vous vous priverez cependant, s’il vous plaît, de ce plaisir. Unebelle dame de mes amies vous a recommandé à moi, et m’a fait jurerde vous garder sain et sauf, sous prétexte que vous lui deviez déjàla vie, et qu’on n’a pas la liberté de disposer de ce qu’ondoit.

– Bon Remy, fit Bussy en se plongeantdans ce vague de la pensée qui permet à l’homme amoureux d’entendreet de voir tout ce qu’on dit et tout ce qu’on fait, comme derrièreune gaze, au théâtre, on voit les objets sans leurs angles et sansles crudités de leurs tons : état délicieux qui est presque unrêve, car, tout en suivant de l’âme sa pensée douce et fidèle, on ales sens distraits par la parole ou le geste d’un ami.

– Vous m’appelez bon Remy, dit leHaudoin, parce que je vous ai fait revoir madame deMonsoreau ; mais m’appellerez-vous encore bon Remy quand vousallez être séparé d’elle, et malheureusement le jour approche, s’iln’est pas arrivé.

– Plaît-il ? s’écria énergiquementBussy. Ne plaisantons pas là-dessus, maître le Haudoin.

– Eh ! monsieur, je ne plaisantepas ; ne savez-vous point qu’elle part pour l’Anjou, et quemoi-même je vais avoir la douleur d’être séparé de mademoiselleGertrude ?… Ah !

Bussy ne put s’empêcher de sourire au prétendudésespoir de Remy.

– Tu l’aimes beaucoup ?demanda-t-il.

– Je crois bien… et elle donc…. Si voussaviez comme elle me bat.

– Et tu te laisses faire ?

– Par amour pour la science : ellem’a forcé d’inventer une pommade souveraine pour faire disparaîtreles bleus.

– En ce cas, tu devrais bien en envoyerplusieurs pots à Schomberg.

– Ne parlons plus de Schomberg, il estconvenu que nous le laissons se débarbouiller à sa guise.

– Oui, et revenons à madame de Monsoreau,ou plutôt à Diane de Méridor, car tu sais….

– Oh ! mon Dieu, oui ; jesais.

– Remy, quand partons-nous ?

– Ah ! voilà ce dont je medoutais ; le plus tard possible, monsieur le comte.

– Pourquoi cela ?

– D’abord parce que nous avons à Paris cecher M. d’Anjou, le chef de la communauté, qui s’est mis, hiersoir, à ce qu’il m’a semblé, dans de telles affaires, qu’il vaévidemment avoir besoin de vous.

– Ensuite.

– Ensuite parce queM. de Monsoreau, par une bénédiction toute particulière,ne se doute de rien, à votre endroit du moins, et qu’il sedouterait peut-être de quelque chose s’il vous voyait disparaîtrede Paris en même temps que sa femme qui n’est point sa femme.

– Eh bien, que m’importe qu’il s’endoute ?

– Oh ! oui, mais cela m’importebeaucoup, à moi, mon cher seigneur. Je me charge de raccommoder lescoups d’épée reçus en duel, parce que, comme vous tirez de premièreforce, vous ne recevez jamais de coups d’épée bien sérieux, mais jerécuse les coups de poignard poussés dans les guet-apens et surtoutpar les maris jaloux ; ce sont des animaux qui, en pareil cas,tapent fort dur ; voyez plutôt ce pauvreM. de Saint-Mégrin, si méchamment mis à mort par notreami M. de Guise.

– Que veux-tu, cher ami, s’il est dans madestinée d’être tué par le Monsoreau !

– Eh bien ?

– Eh bien, il me tuera.

– Et puis, huit jours, un mois, un anaprès, madame de Monsoreau épousera son mari, ce qui feraénormément enrager votre pauvre âme, qui verra cela d’en haut oud’en bas, et qui ne pourra pas s’y opposer, vu qu’elle n’aura plusde corps.

– Tu as raison, Remy, je veux vivre.

– À la bonne heure ! Mais ce n’estpas le tout que de vivre, croyez-moi, il faut encore suivre mesconseils, être charmant pour le Monsoreau ; il est, pour lemoment, d’une affreuse jalousie contre M. le duc d’Anjou, qui,tandis que vous grelottiez la fièvre dans votre lit, se promenaitsous les fenêtres de la dame, comme un Espagnol à bonnes fortunes,et qui a été reconnu à son Aurilly. Faites-lui toutes sortesd’avance, à ce bon mari, qui ne l’est pas ; n’ayez pas mêmel’air de lui demander ce qu’est devenue sa femme ; c’estinutile, puisque vous le savez, et il répandra partout que vousêtes le seul gentilhomme qui possédiez les vertus de Scipion :sobriété et chasteté.

– Je crois que tu as raison, dit Bussy. Àprésent que je ne suis plus jaloux de l’ours, je veuxl’apprivoiser, ce sera d’un suprême comique ! Ah !maintenant, Remy, demande-moi tout ce que tu voudras, tout m’estfacile, je suis heureux.

En ce moment quelqu’un frappa à la porte, lesdeux convives firent silence.

– Qui va là ? demanda Bussy.

– Monseigneur, répondit un page, il y aen bas un gentilhomme qui veut vous parler.

– Me parler, à moi, si matin ! quiest-ce ?

– Un grand monsieur, vêtu de veloursvert, avec des bas roses, une figure un peu risible, mais l’aird’un honnête homme.

– Eh ! pensa tout haut Bussy,serait-ce Schomberg ?

– Il a dit : un grand monsieur.

– C’est vrai ; ou leMonsoreau ?

– Il a dit : l’air d’un honnêtehomme.

– Tu as raison, Remy, ce ne peut être nil’un ni l’autre ; fais entrer.

L’homme annoncé parut au bout d’un instant surle seuil.

– Ah ! mon Dieu, s’écria Bussy en selevant précipitamment à la vue du visiteur, tandis que Remy, en amidiscret, se retirait par la porte d’un cabinet.

– Monsieur Chicot ! exclamaBussy.

– Lui-même, monsieur le comte, réponditle Gascon.

Le regard de Bussy s’était fixé sur lui aveccet étonnement qui veut dire en toutes lettres, sans que la boucheait besoin de prendre le moins du monde part à laconversation : «Monsieur, que venez-vous faire ici ?»

Aussi, sans être autrement interrogé, Chicotrépondit d’un ton fort sérieux :

– Monsieur, je viens vous proposer unpetit marché.

– Parlez, monsieur, répliqua Bussy avecsurprise.

– Que me promettez-vous si je vousrendais un grand service ?

– Cela dépend du service, monsieur,répondit assez dédaigneusement Bussy.

Le Gascon feignit de ne point remarquer cetair de dédain.

– Monsieur, dit Chicot en s’asseyant eten croisant ses longues jambes l’une sur l’autre, je remarque quevous ne me faites pas l’honneur de m’inviter à m’asseoir.

Le rouge monta au visage de Bussy.

– C’est autant à ajouter encore, ditChicot, à la récompense qui me reviendra quand je vous aurai rendule service en question.

Bussy ne répondit point.

– Monsieur, continua Chicot sans sedémonter, connaissez-vous la Ligue ?

– J’en ai fort entendu parler, réponditBussy, commençant à prêter une certaine attention à ce que luidisait le Gascon.

– Eh bien, monsieur, dit Chicot, vousdevez savoir en ce cas que c’est une association d’honnêteschrétiens, réunis dans le but de massacrer religieusement leursvoisins, les huguenots.– En êtes-vous, monsieur, de laLigue ?– Moi, j’en suis.

– Mais, monsieur ?

– Dites seulement oui ou non.

– Permettez-moi de m’étonner, ditBussy.

– Je me faisais l’honneur de vousdemander si vous étiez de la Ligue ; m’avez-vousentendu ?

– Monsieur Chicot, dit Bussy, comme jen’aime pas les questions dont je ne comprends pas le sens, je vousprie de changer la conversation, et j’attendrai encore quelquesminutes accordées à la bienséance pour vous répéter que, n’aimantpoint les questions, je n’aime naturellement pas lesquestionneurs.

– Fort bien : la bienséance estbienséante, comme dit ce cher M. de Monsoreau lorsqu’ilest en belle humeur.

À ce nom de Monsoreau, que le Gascon prononçasans apparente allusion, Bussy recommença de prêter attention.

– Hein, se dit-il tout bas, sedouterait-il de quelque chose, et m’aurait-il envoyé ce Chicot pourm’espionner ?…

Puis tout haut :

– Voyons, monsieur Chicot, au fait, voussavez que nous n’avons plus que quelques minutes.

– Optime, dit Chicot ;quelques minutes, c’est beaucoup : en quelques minutes on sedit bien des choses. Je vous dirai donc qu’en effet j’aurais pu medispenser de vous questionner, attendu que, si vous n’êtes pas dela sainte Ligue, vous en serez bientôt, indubitablement, attenduque M. d’Anjou en est.

– M. d’Anjou ! qui vous a ditcela ?

– Lui-même parlant à ma personne, commedisent ou plutôt comme écrivent messieurs les gens de loi, commeécrivait par exemple ce bon et cher M. Nicolas David, ceflambeau du forum parisiense, lequel flambeau s’est éteintsans qu’on sache qui a soufflé dessus ; or vous comprenez bienque si M. le duc d’Anjou est de la Ligue, vous ne pouvez vousdispenser d’en être, vous qui êtes son bras droit, quediable ! La Ligue sait trop bien ce qu’elle fait pour accepterun chef manchot.

– Eh bien, monsieur Chicot, après !dit Bussy d’un ton évidemment plus courtois qu’il n’avait étéjusque-là.

– Après, reprit Chicot. Eh bien, après,si vous en êtes, ou si l’on croit seulement que vous devez en être,et on le croira certainement, il vous arrivera, à vous, ce qui estarrivé à Son Altesse Royale.

– Qu’est-il donc arrivé à Son AltesseRoyale ? s’écria Bussy.

– Monsieur, dit Chicot en se relevant eten imitant la pose qu’avait prise Bussy un instant auparavant,monsieur, je n’aime pas les questions, et, si vous me permettez dele dire tout de suite, je n’aime pas les questionneurs ; j’aidonc grande envie de vous laisser faire, à vous, ce qu’on a faitcette nuit à votre maître.

– Monsieur Chicot, dit Bussy avec unsourire qui contenait toutes les excuses qu’un gentilhomme peutfaire, parlez, je vous en supplie ; où est le duc ?

– Il est en prison.

– Où cela ?

– Dans sa chambre. Quatre de mes bonsamis l’y gardent même à vue. M. de Schomberg, qui futteint en bleu hier au soir, comme vous savez, puisque vous passiezlà au moment de l’opération ; M. d’Épernon, qui est jaunede la peur qu’il a eue ; M. de Quélus, qui est rougede colère, et M. de Maugiron, qui est blancd’ennui ; c’est fort beau à voir, attendu que, commeM. le duc commence à verdir de peur, nous allons jouir d’unarc-en-ciel complet, nous autres privilégiés du Louvre.

– Ainsi, monsieur, dit Bussy, vous croyezqu’il y a danger pour ma liberté ?

– Danger ! un instant,monsieur : je suppose même qu’en ce moment, on est… on doit…ou l’on devrait être en chemin pour vous arrêter.

Bussy tressaillit.

– Aimez-vous la Bastille, monsieur deBussy ? C’est un endroit fort propre aux méditations, etLaurent Testu, qui en est le gouverneur, fait une cuisine assezagréable à ses pigeonneaux.

– On me mettrait à la Bastille ?s’écria Bussy.

– Ma foi ! je dois avoir dans mapoche quelque chose comme un ordre de vous y conduire, monsieur deBussy. Le voulez-vous voir ?

Et Chicot tira effectivement des poches de seschausses, dans lesquelles eussent tenu trois cuisses comme lasienne, un ordre du roi en bonne forme, commandant d’appréhender aucorps, partout où il serait, M. Louis de Clermont, seigneur deBussy-d’Amboise.

– Rédaction de M. de Quélus,dit Chicot, c’est fort bien écrit.

– Alors, monsieur, s’écria Bussy touchéde l’action de Chicot, vous me rendez donc véritablement unservice.

– Mais je crois que oui, dit leGascon ; êtes-vous de mon avis, monsieur ?

– Monsieur, dit Bussy, je vous enconjure, traitez-moi comme un galant homme ; est-ce pour menuire en quelque autre rencontre que vous me sauvezaujourd’hui ? car vous aimez le roi, et le roi ne m’aimepas.

– Monsieur le comte, dit Chicot en sesoulevant sur sa chaise et en saluant, je vous sauve pour voussauver ; maintenant pensez ce qu’il vous plaira de monaction.

– Mais, de grâce, à quoi dois-jeattribuer une pareille bienveillance ?

– Oubliez-vous que je vous ai demandé unerécompense ?

– C’est vrai.

– Eh bien ?

– Ah ! monsieur, de grandcœur !

– Vous ferez donc à votre tour ce que jevous demanderai, un jour ou l’autre ?

– Foi de Bussy ! en tant que lachose sera faisable.

– Eh bien, voilà qui me suffit, ditChicot en se levant. Maintenant montez à cheval etdisparaissez ; moi, je porte l’ordre de vous arrêter à qui dedroit.

– Vous ne deviez donc pas m’arrêtervous-même ?

– Allons donc, pour qui meprenez-vous ? Je suis gentilhomme, monsieur.

– Mais j’abandonne mon maître.

– N’en ayez pas remords, car il vous adéjà abandonné.

– Vous êtes un brave gentilhomme,monsieur Chicot, dit Bussy au Gascon.

– Parbleu, je le sais bien, répliquacelui-ci.

Bussy appela le Haudoin. Le Haudoin, il fautlui rendre justice, écoutait à la porte ; il entraaussitôt.

– Remy, s’écria Bussy, Remy, Remy, noschevaux !

– Ils sont sellés, monseigneur, répondittranquillement Remy.

– Monsieur, dit Chicot, voilà un jeunehomme qui a beaucoup d’esprit.

– Parbleu, dit Remy, je le sais bien.

Et, Chicot le saluant, il salua Chicot commel’eussent fait, quelque cinquante ans plus tard, Guillaume Gorin etGauthier Garguille.

Bussy rassembla quelques piles d’écus, qu’ilfourra dans ses poches et dans celles du Haudoin.

Après quoi, saluant Chicot et le remerciantune dernière fois, il s’apprêta à descendre.

– Pardon, monsieur, dit Chicot ;mais permettez-moi d’assister à votre départ.

Et Chicot suivit Bussy et le Haudoin jusqu’àla petite cour des écuries, où effectivement deux chevauxattendaient tout sellés aux mains du page.

– Et où allons-nous ? fit Remy enrassemblant négligemment les rênes de son cheval.

– Mais… fit Bussy en hésitant ou enparaissant hésiter.

– Que dites-vous de la Normandie,monsieur ? dit Chicot, qui regardait faire et examinait leschevaux en connaisseur.

– Non, répondit Bussy, c’est tropprès.

– Que pensez-vous des Flandres ?continua Chicot.

– C’est trop loin.

– Je crois, dit Remy, que vous vousdécideriez pour l’Anjou, qui est à une distance raisonnable,n’est-ce pas, monsieur le comte ?

– Oui, va pour l’Anjou, dit Bussy enrougissant.

– Monsieur, dit Chicot, puisque vous avezfait votre choix et que vous allez partir….

– À l’instant même.

– J’ai bien l’honneur de voussaluer ; pensez à moi dans vos prières.

Et le digne gentilhomme s’en alla toujoursaussi grave et aussi majestueux, en écornant les angles des maisonsavec son immense rapière.

– Ce que c’est que le destin, cependant,monsieur ! dit Remy.

– Allons, vite ! s’écria Bussy, etpeut-être la rattraperons-nous.

– Ah ! monsieur, dit le Haudoin, sivous aidez le destin, vous lui ôtez de son mérite.

Et ils partirent.

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