La Dame de Monsoreau – Tome II

Chapitre 15La soirée de la Ligue.

Paris, tel que nous le connaissons, n’a plusdans ses fêtes qu’un bruit plus ou moins grand, qu’une foule plusou moins considérable ; mais c’est toujours le mêmebruit ; c’est toujours la même foule ; le Parisd’autrefois avait plus que cela. Le coup d’œil était beau, àtravers ces rues étroites, au pied de ces maisons à balcons, àpoutrelles et à pignons, dont chacune avait son caractère, de voirles myriades de gens pressés qui se ruaient vers un même point,occupés en chemin de se regarder, de s’admirer, de se huer les unsles autres, à cause de l’étrangeté de celui-ci ou de celui-là.C’est qu’autrefois habits, armes, langage, geste, voix, allure,tout faisait un détail curieux, et ces mille détails assemblés surun seul point composaient un tout des plus intéressants.

Or voilà ce qu’était Paris, à huit heures dusoir, le jour où M. de Guise, après sa visite au roi etsa conversation avec M. le duc d’Anjou, imagina de fairesigner la Ligue aux bourgeois de la bonne ville, capitale duroyaume.

Une foule de bourgeois vêtus de leurs plusbeaux habits, comme pour une fête, ou couverts de leurs plus bellesarmes, comme pour une revue ou un combat, se dirigeaient vers leséglises : la contenance de tous ces hommes mus par un mêmesentiment, et marchant vers un même but, était à la fois joyeuse etmenaçante, surtout lorsqu’ils passaient devant un poste de Suissesou de chevau-légers. Cette contenance, et notamment les cris, leshuées et les bravades qui l’accompagnaient, eussent donné del’inquiétude à M. de Morvilliers, si ce magistrat n’eûtconnu ses bons Parisiens, gens railleurs et agaçants, maisincapables de faire du mal les premiers, à moins qu’un méchant amine les y pousse, ou qu’un ennemi imprudent ne les provoque.

Ce qui ajoutait encore au bruit que faisaitcette foule, et surtout à la variété du coup d’œil qu’elleprésentait, c’est que beaucoup de femmes, dédaignant de garder lamaison pendant un si grand jour, avaient, de gré ou de force, suivileurs maris ; quelques-unes avaient fait mieux encore :elles avaient amené la kyrielle de leurs enfants ; et c’étaitune chose curieuse à voir que ces marmots attelés aux monstrueuxmousquets, aux sabres gigantesques ou aux terribles hallebardes deleurs pères. En effet, dans tous les temps, dans toutes lesépoques, dans tous les siècles, le gamin de Paris aima toujours àtraîner une arme quand il ne pouvait pas encore la porter, ou àl’admirer chez autrui quand il ne peut pas la traîner lui-même.

De temps en temps un groupe, plus animé queles autres, faisait voir le jour aux vieilles épées en les tirantdu fourreau : c’était surtout lorsqu’on passait devant quelquelogis flairant son huguenot que cette démonstration hostile avaitlieu. Alors les enfants criaient à tue-tête : «À laSaint-Barthélemy !… my ! my !» tandis que les pèrescriaient : «Aux fagots les parpaillots ! auxfagots ! aux fagots !»

Ces cris attiraient d’abord aux croiséesquelque figure pâle de vieille servante ou de noir ministre, etcausaient ensuite un bruit de verrous à la porte de la rue. Alorsle bourgeois, heureux et fier d’avoir, comme le lièvre de laFontaine, fait peur à plus poltron que soi, continuait son chemintriomphal et colportait en d’autres lieux sa bruyante etinoffensive menace.

Mais c’était rue de l’Arbre-Sec surtout que lerassemblement était le plus considérable. La rue étaitlittéralement interceptée, et la foule se portait, pressée ettumultueuse, vers un falot brillant, suspendu au-dessous d’uneenseigne, que bon nombre de nos lecteurs reconnaîtront quand nousleur dirons que cette enseigne représentait un poulet au natureltournant sur fond d’azur, avec cette légende : À laBelle-Étoile.

Au seuil de ce logis, un homme remarquable parson bonnet de coton carré, selon la mode de l’époque, lequelrecouvrait une tête parfaitement chauve, pérorait et argumentait.D’une main ce personnage brandissait une épée nue, et de l’autre ilagitait un registre aux feuilles à demi couvertes déjà designatures, en criant :

– Venez, venez, braves catholiques ;entrez à l’hôtellerie de la Belle-Étoile, où vous trouverez bon vinet bon visage ; venez, le moment est propice ; cettenuit, les bons seront séparés des méchants ; demain matin,l’on connaîtra le bon grain et l’on connaîtra l’ivraie ;venez, messieurs : vous qui savez écrire, venez etécrivez ; vous qui ne savez pas écrire, venez encore etconfiez vos noms et vos prénoms, soit à moi maître la Hurière, soità mon aide M. Croquentin.

En effet, M. Croquentin, jeune drôle duPérigord, vêtu de blanc comme Éliacin, et le corps entouré d’unecorde dans laquelle un couteau et une écritoire se disputaientl’espace compris entre la dernière et l’avant-dernière côte,M. Croquentin, disons-nous, écrivait d’avance les noms de sesvoisins, et en tête celui de son respectable patron, maître laHurière.

– Messieurs, c’est pour la messe !criait à tue-tête l’aubergiste de la Belle-Étoile ; messieurs,c’est pour la sainte religion !

– Vive la sainte religion,messieurs ! vive la messe ! Ah !…

Et il étranglait d’émotion et de lassitude,car cet enthousiasme durait depuis quatre heures del’après-midi.

Il en résultait que beaucoup de gens, animésdu même zèle, signaient sur le registre de maître la Hurière s’ilssavaient écrire, et livraient leurs noms à Croquentin s’ils ne lesavaient pas.

La chose était d’autant plus flatteuse pour laHurière, que le voisinage de Saint-Germain-l’Auxerrois lui faisaitune terrible concurrence, mais heureusement les fidèles étaientnombreux à cette époque, et les deux établissements, au lieu de senuire, s’alimentaient : ceux qui n’avaient pas pu pénétrerdans l’église pour aller déposer leurs noms sur le maître-autel oùl’on signait tâchaient de se glisser jusqu’aux tréteaux où laHurière tenait son double secrétariat, et ceux qui avaient échouéau double secrétariat de la Hurière gardaient l’espérance d’êtreplus heureux à Saint-Germain-l’Auxerrois.

Quand le registre de la Hurière et celui deCroquentin furent pleins tous deux, le maître de la Belle-Étoile enfit incontinent demander deux autres, afin qu’il n’y eût aucuneinterruption dans les signatures, et les invitations recommencèrentde plus belle de la part de l’hôtelier et de son chef, fier de cepremier résultat, qui devait faire enfin à maître la Hurière, dansl’esprit de M. de Guise, la haute position à laquelle ilaspirait depuis si longtemps.

Tandis que les signataires des nouveauxregistres se livraient aux élans d’un zèle qui allait sans cesses’augmentant, et refluaient, comme nous l’avons dit, d’une rue etmême d’un quartier à l’autre, on vit arriver, à travers la foule,un homme de haute taille, lequel, se frayant un passage endistribuant bon nombre de bourrades et de coups de pieds, parvintjusqu’au registre de M. Croquentin.

Arrivé là, il prit la plume des mains d’unhonnête bourgeois qui venait d’apposer sa signature ornée d’unparafe tremblotant, et traça son nom en lettres d’un demi-pouce surune page toute blanche qui se trouva noire du coup, et sabrant unhéroïque parafe enjolivé d’éclaboussure et tortillé comme lelabyrinthe de Dédale, il passa la plume à un aspirant qui faisaitqueue derrière lui.

– Chicot ! lut le futur signataire.Peste, voici un monsieur qui écrit superbement.

Chicot, car c’était lui, qui, n’ayant pas,comme nous l’avons vu, voulu accompagner Henri, courait la Liguepour son propre compte. Chicot, après avoir fait acte de présenceau registre de M. Croquentin, passa aussitôt à celui de maîtrela Hurière. Celui-ci avait vu la flamboyante signature, et il avaitenvié pour lui un si glorieux parafe. Chicot fut donc reçu, non pasà bras ouverts, mais à registre ouvert, et, prenant la plume d’unmarchand de laine de la rue de Béthisy, il écrivit une seconde foisson nom avec une griffe cent fois plus magnifique encore que lapremière ; après quoi il demanda à la Hurière s’il n’avait pasun troisième registre.

La Hurière n’entendait pas raillerie :c’était un mauvais hôte hors de son auberge. Il regarda Chicot detravers, Chicot le regarda en face. La Hurière murmura le nom deparpaillot ; Chicot mâchonna celui de gargotier. La Hurièrelâcha son registre pour porter la main à son épée ; Chicotdéposa la plume pour être à même de tirer la sienne dufourreau ; enfin, selon toute probabilité, la scène allait seterminer par quelques estocades dont l’hôtelier de la Belle-Étoileeût, sans aucun doute, été le mauvais marchand, lorsque Chicot sesentit pincé au coude et se retourna.

Celui qui le pinçait, c’était le roi, déguiséen simple bourgeois, et ayant à ses côtés Quélus et Maugiron,déguisés comme lui, et portant, outre leur rapière, chacun unearquebuse sur l’épaule.

– Eh bien ! eh bien ! dit leroi, qu’y a-t-il ? de bons catholiques qui se disputent entreeux ! par la mordieu ! c’est d’un mauvais exemple.

– Mon gentilhomme, dit Chicot sans fairesemblant de reconnaître Henri, prenez-vous-en à qui de droit ;voilà un maraud qui braille après les passants pour qu’on signe surson registre, et, quand on a signé, il braille plus hautencore.

L’attention de la Hurière fut détournée par denouveaux amateurs, et une bousculade sépara de l’établissement dufanatique hôtelier Chicot, le roi et les mignons, qui se trouvèrentdominer l’assemblée, montés qu’ils étaient sur le seuil d’uneporte.

– Quel feu ! dit Henri, et qu’ilfait bon ce soir pour la religion dans les rues de ma bonneville !

– Oui, sire ; mais il fait mauvaispour les hérétiques, et Votre Majesté sait qu’on la tient pourtelle. Regardez à gauche encore, là, bien, quevoyez-vous ?

– Ah ! ah ! la large face deM. de Mayenne et le museau pointu du cardinal !

– Chut, sire ; on joue à coup sûrquand on sait où sont nos ennemis et que nos ennemis ne saventpoint où nous sommes.

– Crois-tu donc que j’aie quelque chose àcraindre ?

– Eh, bon Dieu ! dans une foulecomme celle-ci, on ne peut répondre de rien. On a un couteau toutouvert dans sa poche, ce couteau entre ingénument dans le ventre duvoisin, sans savoir ce qu’il fait, par ignorance ; le voisinpousse un juron et rend l’âme. Tournons d’un autre côté, sire.

– Ai-je été vu ?

– Je ne crois pas ; mais vous leserez indubitablement si vous restez plus longtemps ici.

– Vive la messe ! vive lamesse ! cria un flot de peuple qui venait des halles ets’engouffrait, comme une marée qui monte, dans la rue del’Arbre-Sec.

– Vive M. de Guise ! vivele cardinal ! vive M. de Mayenne ! répondit lafoule stationnant à la porte de la Hurière, laquelle venait dereconnaître les deux princes lorrains.

– Oh ! oh ! quels sont cescris ? dit Henri III en fronçant le sourcil.

– Ce sont des cris qui prouvent quechacun est bien à sa place et devrait y rester :M. de Guise dans les rues et vous au Louvre ; allezau Louvre, sire, allez au Louvre.

– Viens-tu avec nous ?

– Moi ? oh ! non pas ! tun’as pas besoin de moi, mon fils, tu as tes gardes du corpsordinaires. En avant, Quélus ! en avant, Maugiron ! Moi,je veux voir le spectacle jusqu’au bout. Je le trouve curieux,sinon amusant.

– Où vas-tu ?

– Je vais mettre mon nom sur les autresregistres. Je veux que demain il y ait mille autographes de moi quicourent les rues de Paris. Nous voilà sur le quai, bonsoir, monfils ; tire à droite, je tirerai à gauche ; chacun sonchemin ; je cours à Saint-Merry entendre un fameuxprédicateur.

– Oh ! oh ! qu’est-ce encoreque ce bruit ? dit tout à coup le roi, et pourquoi court-onainsi du côté du pont Neuf ?

Chicot se haussa sur la pointe des pieds, maisil ne put rien voir qu’une masse de peuple criant, hurlant, sebousculant, et qui paraissait porter quelqu’un ou quelque chose entriomphe.

Tout à coup les ondes du populaire s’ouvrirentau moment où le quai, en s’élargissant en face de la rue desLavandières, permit à la foule de se répandre à droite et à gauche,et, comme le monstre apporté par le flot jusqu’aux piedsd’Hippolyte, un homme, qui semblait être le personnage principal decette scène burlesque, fut poussé par ces vagues humaines jusqu’auxpieds du roi.

Cet homme était un moine monté sur unâne ; le moine parlait et gesticulait.

L’âne brayait.

– Ventre de biche ! dit Chicot,sitôt qu’il eut distingué l’homme et l’animal qui venaient d’entreren scène l’un portant l’autre : je te parlais d’un fameuxprédicateur qui prêchait à Saint-Merry ; il n’est plusnécessaire d’aller si loin ; écoute un peu celui-là.

– Un prédicateur à âne ? ditQuélus.

– Pourquoi pas ? mon fils.

– Mais c’est Silène ! ditMaugiron.

– Lequel est le prédicateur ? ditHenri, ils parlent tous deux en même temps.

– C’est celui du bas qui est le pluséloquent, dit Chicot ; mais c’est celui du haut qui parle lemieux le français ; écoute, Henri, écoute.

– Silence ! cria-t-on de tous côtés,silence !

– Silence ! cria Chicot d’une voixqui domina toutes les voix.

Chacun se tut. On fit cercle autour du moineet de l’âne. Le moine entama l’exorde :

– Mes frères, dit-il, Paris est unesuperbe ville ; Paris est l’orgueil du royaume de France, etles Parisiens sont un peuple de gens spirituels, la chanson le dit.Et le moine se mit à chanter à pleine gorge :

Parisien, mon bel ami,

Que tu sais de sciences !

Mais à ces mots, ou plutôt à cet air, l’ânemêla son accompagnement si haut et avec tant d’acharnement, qu’ilcoupa la parole à son cavalier.

Le peuple éclata de rire.

– Tais-toi, Panurge, tais-toi donc, criale moine, tu parleras à ton tour ; mais laisse-moi parler lepremier.

L’âne se tut.

– Mes frères, continua le prédicateur, laterre est une vallée de douleur où l’homme, pour la plupart dutemps, ne peut se désaltérer qu’avec ses larmes.

– Mais il est ivre mort ! dit leroi.

– Parbleu ! fit Chicot.

– Moi qui vous parle, continua le moine,tel que vous me voyez, je reviens d’exil comme les Hébreux, etdepuis huit jours nous ne vivons que d’aumônes et de privations,Panurge et moi.

– Qu’est-ce que Panurge ? demanda leroi.

– Le supérieur de son couvent, selontoute probabilité, dit Chicot. Mais laisse-moi écouter, le bonhommeme touche.

– Qui m’a valu cela, mes amis ?C’est Hérodes. Vous savez de quel Hérodes je veux parler.

– Et toi aussi, mon fils, dit Chicot, jet’ai expliqué l’anagramme.

– Drôle !

– À qui parles-tu, à moi, au moine ou àl’âne ?

– À tous les trois.

– Mes frères, continua le moine, voicimon âne que j’aime comme une brebis ; il vous dira que noussommes venus de Villeneuve-le-Roi ici en trois jours pour assisterà la grande solennité de ce soir, et comment sommes-nousvenus ?

La bourse vide,

Le gosier sec.

Mais rien ne nous a coûté, à Panurge et àmoi.

– Mais qui diable appelle-t-il doncPanurge ? demanda Henri, que ce nom pantagruéliquepréoccupait.

– Nous sommes donc venus, continua lemoine, et nous sommes arrivés pour voir ce qui se passe ;seulement, nous voyons, mais nous ne comprenons pas. Que sepasse-t-il, mes frères ? Est-ce aujourd’hui qu’on déposeHérodes ? est-ce aujourd’hui que l’on met frère Henri dans uncouvent ?

– Oh ! oh ! dit Quélus, j’aibien envie de mettre cette grosse futaille en perce ; qu’endis-tu, Maugiron ?

– Bah ! dit Chicot, tu te fâchespour si peu, Quélus ? Est-ce que le roi ne s’y met pas tousles jours, dans un couvent ? Crois-moi donc, Henri, si on nete fait que cela, tu n’auras pas à te plaindre, n’est-ce pas,Panurge ?

L’âne, interpellé par son nom, dressa lesoreilles et se mit à braire d’une façon terrible.

– Oh ! Panurge ; oh ! ditle moine, avez-vous des passions ? Messieurs, continua-t-il,je suis sorti de Paris avec deux compagnons de route :Panurge, qui est mon âne, et M. Chicot, qui est le fou de SaMajesté. Messieurs, pouvez-vous me dire ce qu’est devenu mon amiChicot ?

Chicot fit la grimace.

– Ah ! dit le roi, c’est tonami ?

Quélus et Maugiron éclatèrent de rire.

– Il est beau, continua le roi, ton ami,et respectable surtout ; comment l’appelle-t-on ?

– C’est Gorenflot, Henri ; tu saisce cher Gorenflot dont M. de Morvilliers t’a déjà touchédeux mots.

– L’incendiaire deSainte-Geneviève ?

– Lui-même.

– En ce cas, je vais le faire pendre.

– Impossible !

– Pourquoi cela ?

– Parce qu’il n’a pas de cou.

– Mes frères, continua Gorenflot, mesfrères, vous voyez un véritable martyr. Mes frères, c’est ma causeque l’on défend en ce moment, ou plutôt c’est celle de tous lesbons catholiques. Vous ne savez pas ce qui se passe en province etce que brassent les huguenots. Nous avons été obligés d’en tuer unà Lyon qui prêchait la révolte. Tant qu’il en restera une seulecouvée par toute la France, les bons cœurs n’auront pas un instantde tranquillité. Exterminons donc les huguenots. Aux armes, mesfrères, aux armes !

Plusieurs voix répétèrent : Auxarmes !

– Par la mordieu ! dit le roi, faistaire ce soûlard, ou il va nous faire une secondeSaint-Barthélemy.

– Attends, attends, dit Chicot.

Et, prenant une sarbacane des mains de Quélus,il passa derrière le moine et lui allongea de toute sa force uncoup de l’instrument creux et sonore sur l’omoplate.

– Au meurtre ! cria le moine.

– Tiens ! c’est toi ! ditChicot en passant sa tête sous le bras du moine ; commentvas-tu, frocard ?

– À mon aide, monsieur Chicot, à monaide, s’écria Gorenflot, les ennemis de la foi veulentm’assassiner ; mais je ne mourrai pas sans que ma voix sefasse entendre. Au feu les huguenots ! aux fagots leBéarnais !

– Veux-tu te taire, animal !

– Au diable les Gascons ! continuale moine. En ce moment, un second coup, non pas de sarbacane, maisde bâton, tomba sur l’autre épaule de Gorenflot, qui, cette fois,poussa véritablement un cri de douleur.

Chicot, étonné, regarda autour de lui ;mais il ne vit que le bâton. Le coup avait été détaché par un hommequi venait de se perdre dans la foule, après avoir administré cettecorrection volante à frère Gorenflot.

– Oh ! oh ! dit Chicot, quidiable nous venge ainsi ? Serait-ce quelque enfant dupays ? Il faut que je m’en assure.

Et il se mit à courir après l’homme au bâton,qui se glissait le long du quai, escorté d’un seul compagnon.

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