Les-Belles-de-nuit ou Les Anges de la famille – Tome II

III. – LOUIS DE PENHOËL.

La lutte était entre Robert et lemarquis ; Blaise et Bibandier se taisaient. Macrocéphalejetait des regards effarés vers le pauvre grabat de Benoît.

– S’il ne s’agissait que du rachat dePenhoël, reprit Robert, je n’aurais pas même eu l’idée de venirvous déranger, M. le marquis… mais vous avez bien d’autreschoses à craindre… Savez-vous que ce Louis de Penhoël est un rudeadversaire ?…

– Vous l’avez vu ?… demandaPontalès.

– Comme je vous vois, M. lemarquis.

– Est-il toujours fort ?

– Toujours fort… toujours beau… toujoursjeune !… Le jour où votre fils est tombé sous son épée, Louisde Penhoël est sorti vainqueur de quatre autres duels.

– Mon pauvre fils ! murmura Pontalèsqui avait un peu oublié sa douleur paternelle ; mais vousdites qu’il n’est pas mort… et à son âge, on revient de loin…Voyons, messieurs, ajouta-t-il en donnant à son visage cetteexpression de bonhomie que nous lui connaissions jadis, j’airegretté bien souvent de m’être séparé de vous… et une fois passéle premier instant de surprise, je suis plutôt joyeux que mécontentde vous revoir.

Robert lui tendit la main.

– Voilà qui est parler, Pontalès !…s’écria-t-il ; d’autant mieux que votre sincérité est à l’abride tout soupçon ! Puisque vous le prenez ainsi, comme il faut,je vais jouer cartes sur table… D’abord, nous ramenons de ParisRené de Penhoël et sa femme.

– Ah !… fit Pontalès, c’est vous quiles ramenez ?

– Naturellement… Il nous fallait bien unearme contre votre habileté grande, M. le marquis… De manièreou d’autre, Penhoël possède les fonds qui doivent servir au rachat…Or, je ne veux pas vous le cacher, M. le marquis, le jour oùPenhoël rentrera dans son manoir, vous serez bien près de quittervotre beau château et tous vos magnifiques domaines…

– Comment cela ?

Robert tira sa montre.

– Dix heures !… murmura-t-il en separlant à lui-même ; dans une demi-heure René sera ici…Pardonnez-moi si je n’entre pas dans des explications détaillées,car le temps nous presse, et c’est à peine si nous pourrons dresserles actes qu’il nous faudra signer.

Pontalès ne répondit point, mais son regardfit le tour de l’assistance.

– Sans doute… sans doute ! repritRobert qui interprétait ce coup d’œil furtif et peureux, noussommes trois contre un… car maître le Hivain observera laneutralité la plus absolue, en cas de guerre déclarée… Nouspourrions user de violence à notre aise… mais ne craignez rien,M. le marquis… nous n’aurons pas besoin de cela… Notre intérêtveut qu’une alliance soit conclue entre vous et nous… alliancesolide, cette fois, et que votre caprice ne puisse plus rompre…

Il se tourna vers l’homme de loi, quichauffait ses grands souliers ferrés au coin de la cheminée.

– Préparez votre plume et votre encre,M. le Hivain, reprit-il ; voici deux feuilles de papiertimbré… Ayez l’obligeance de nous minuter un acte passé entreM. de Pontalès d’une part, et nous trois de l’autre,lequel acte divise en quatre portions égales les anciens domainesde Penhoël.

– Et je n’aurai qu’un quart ?…grommela le marquis.

– Chacun de nous, répliqua Robert, aural’un des trois autres quarts.

– J’aime mieux subir le rachat.

Robert donna les deux papiers timbrés àl’homme de loi.

– Permettez ! dit-il en faisant àPontalès un petit signe de tête amical, vous n’avez pas tout à faitle choix… Si nous ne sommes pas avec vous, nous serons contre vous…n’est-ce pas, mes braves ?

Blaise et Bibandier s’agitèrent sur leursescabelles.

– Et si nous sommes contre vous, repritRobert, nous ramènerons sur le tapis certaines vieilles histoiresqui vous donneront bien du fil à retordre… Maître le Hivain,écrivez un peu plus vite !

– À quoi bon ?… dit tout basPontalès, je ne signerai pas.

– Vous signerez, mon vieil ami !…Figurez-vous que le diable s’est mêlé de nos affaires : lesdeux filles de l’oncle Jean ne sont pas mortes.

Pontalès tressaillit.

– Le vieux Benoît vient de vous le diredans son langage original. Elles sont, ma foi ! pleines de vieet n’ignorent rien de votre bonne volonté à leur égard… Mais voilàle plus curieux : c’est par leur entremise que Louis dePenhoël a retrouvé sa famille… Il les aime à la folie… Et je vouspromets que si jamais il passe l’Oust, à Port-Corbeau, vous aurezbien vite de ses nouvelles.

– Voici l’un des doubles…, ditMacrocéphale.

Robert y jeta un rapide coup d’œil.

– C’est parfait !… dit-il ;tirez-en la copie.

Le Hivain se remit au travail.

– Mais enfin…, murmura Pontalès quisemblait hésiter, en quoi la signature de cet acte pourrait-elle meprotéger ?

– Dans un quart d’heure, réponditl’Américain, René va demander le bac… nous sommes armés sous nosmanteaux, et je vous ai apporté un poignard, M. lemarquis.

– À moi ?

– À vous !… car, cette fois, chacunmettra la main à l’œuvre… Nous serons cinq, en comptant maître leHivain, qui ne nous refusera point son aide.

– Je suis un homme paisible, balbutiaMacrocéphale.

– Vous ferez nombre… Et cela ne sera pasinutile… car nous aurons peut-être plus d’un adversaire àcombattre.

– Louis de Penhoël ?… prononçaPontalès à voix basse.

– Louis de Penhoël…, répétal’Américain.

Il parlait ici contre sa pensée. Selon lui, lenabab devait être encore à Paris, ou, tout au plus, sur la route deBretagne. Mais il lui fallait un autre épouvantail que René.

Pontalès hésitait encore.

Macrocéphale venait d’achever la copie del’acte.

– M. le marquis, dit Robert, il fautvous décider… Si vous ne signez pas, nous allons faire nous-mêmesl’office de passeurs, et amener ici les deux Penhoël… Il faut quevous compreniez bien votre situation… Vous avez affaire ici à troishommes qui n’ont plus rien à perdre, et qui, peut-être, gardentcontre vous quelque petite rancune… Ces hommes sont habitués àmettre leur intérêt avant toute idée de vengeance… Profitez,croyez-moi, de leur sagesse !… car, si vous perdez l’occasion,ce soir, demain, ces hommes porteront témoignage dans l’accusationde vol et d’assassinat que les deux Penhoël comptent vousintenter.

Pontalès pressa son front chauve entre sesdeux mains.

Un cri retentissant se fit entendre au dehors,dans la direction de la route de Redon.

On disait :

– Au bac !… ho !…ho !…

Le vieux passeur s’agita une seconde fois soussa couverture, comme si ce cri eût remué son agonie.

– Le voilà !… murmura-t-il de savoix creuse et haletante. Je le reconnais !… Mon Dieu !…donnez-moi une heure de vie, pour que le serviteur puisse saluerson maître avant d’aller vers vous.

Pontalès saisit une des copies et apposaconvulsivement sa signature au bas du papier.

Tout le monde se leva. Robert souffla larésine.

La voix de l’agonisant s’éleva encore dans lanuit.

– Il a signé !… murmura-t-il maisDieu veille !… Assassins… assassins, malheur àvous !…

La porte avait été ouverte. Bibandier,Pontalès et l’homme de loi étaient déjà dehors.

– Voilà trois mois que le vieuxagonise !… grommela Blaise, et son témoignage serait terribleen cas de malheur…

– Sors !… dit Robert.

Blaise sortit.

Au lieu de le suivre, l’Américain se dirigeaen tâtonnant vers le lit du mourant.

D’un geste brusque il retira l’oreiller depaille qui soutenait la tête de Benoît.

Celui-ci poussa un cri faible. Sa tête pendaitmaintenant renversée, et le souffle s’arrêtait dans sa gorge.

– Je l’avais dit !… balbutia-t-il enluttant contre la dernière étreinte de la mort ; je l’avaisdit !… Mon corps était à toi… Que Dieu et la Vierge aientpitié de mon âme !…

Le silence régna dans la loge. Robert, dont lefront pâle s’inondait d’une sueur froide, avait rejoint ses quatrecompagnons. Ils entrèrent tous les cinq dans le bac. Pontalès etMacrocéphale lui-même étaient armés de couteaux apportés parRobert.

Pontalès avait un tremblement nerveux par toutle corps ; ce fut lui qui sauta le premier dans le bateau.

– Ils ont jusqu’à minuit !murmura-t-il ; jusqu’à minuit, tous ceux qui tenteront depasser la rivière doivent mourir !

Son esprit semblait frappé violemment. Lafièvre le jetait hors de cette prudence cauteleuse, qui avait étésa règle durant toute une longue vie !

Robert riait dans sa barbe à le voir prendrela tête du bac et brandir son couteau.

Bibandier avait saisi la perche. Maître leHivain se tenait coi à l’arrière de la barque, et sentait tous lestourments d’un homme paisible, lancé tout à coup au milieu d’unebataille.

Ils atteignaient le milieu de la rivière. Onn’apercevait encore rien sur la rive opposée, tant la nuit étaitsombre.

– Couchez-vous au fond du bac…, ditRobert ; Bibandier seul doit se montrer à découvert.

Il joignit l’exemple au précepte et l’on nevit plus, au-dessus du bord, que la tête chevelue de l’ancienuhlan.

Au bout d’une minute, celui-ci cessa depercher.

– Il est tout seul…, murmura-t-il.

– Aborde !… répliqua Robert.

Puis il ajouta en serrant le bras dePontalès :

– On dit qu’entre vous et Penhoël, c’estune haine de plus d’un siècle… Vous avez droit à la préséance,M. le marquis… c’est vous qui frapperez le premier.

– Soit !… répliqua Pontalès d’unevoix sourde, je frapperai le premier !

Le bateau toucha, et presque aussitôt René dePenhoël sauta lourdement sur les planches vermoulues de lacale.

On ne pouvait distinguer les traits de sonvisage, mais tout en lui révélait une agitation extraordinaire.

– Vite !… vite !balbutia-t-il ; il a disparu avec son grand cheval noir… maisil va revenir peut-être… Vite !… vite !… mettez larivière entre lui et moi !…

Nos quatre compagnons s’étaient relevés, maisRené de Penhoël ne les voyait même pas. Son regard restait clouésur le rivage avec une invincible terreur.

Pontalès était en proie à une sorte de folie…Robert était obligé de le retenir pour l’empêcher de s’élancer surson ennemi.

– Tout à l’heure !… murmuraitl’Américain, tout à l’heure !…

Pontalès se débattait l’écume à la bouche.

Le bateau avait cédé au courant pendant lesquelques secondes où la perche de Bibandier était restéeoisive.

On se trouvait maintenant auprès d’une petitelangue de terre, où croissaient des saules, ces mêmes saules quiavaient servi d’abri à Robert et à Blaise, la nuit de leur arrivéeau manoir.

– Tourne !… cria l’Américain, ounous allons chavirer.

Au moment où Bibandier, obéissant, plantait saperche contre le rivage, une invisible main la saisit par sagarniture de fer et attira violemment le bac.

L’ancien uhlan poussa un cri de frayeur, sesmains abandonnèrent la perche. Le bateau s’était heurté contre lalangue de terre, et il y avait maintenant sur l’avant un homme degrande taille, qui avait surgi là comme par enchantement.

– Louis de Penhoël !… murmura Robertqui lâcha le bras de Pontalès.

– Tu mens !… cria René, il n’y aplus qu’un Penhoël… l’autre était un lâche et un traître…

Sa voix s’arrêta dans sa gorge, parce que levieux Pontalès, qu’on ne retenait plus, venait de le frapper parderrière.

René tomba lourdement, et resta en travers surle bord du bateau.

Pontalès s’élança en brandissant son couteausanglant et en criant :

– À l’autre ! à l’autre !

L’inconnu, qui était en effet Louis dePenhoël, n’avait point vu le coup qui frappait son frère.

Il rejeta derrière lui son manteau et brisasur son genou le petit bout de la perche.

Le bateau descendait à la dérive vers lemilieu du marais.

Le vieux Pontalès tomba, arrêté dans sa coursepar un coup de massue.

Puis une lutte courte s’engagea entre le nababet les trois autres assassins ; car Bibandier, le bon garçon,voyant que les choses tournaient au tragique, s’était coulé entreles saules et cheminait déjà sur la route de Redon.

Les poignards n’avaient pas beau jeu contre lamassue du nabab.

Elle s’abaissa une fois, puis deux, puistrois. À chaque coup, on entendait un râle.

Après le dernier coup, le silence régna sur lebateau.

Louis de Penhoël jeta son arme.

La nuit était bien sombre. Néanmoins, ilvoyait son frère couché contre le bord.

– René…, dit-il, nous n’avons plusd’ennemis…

Le maître de Penhoël demeura immobile.

Le nabab enjamba les cadavres pour serapprocher de lui.

Au moment où il se baissait pour lui prendrela main, René, qui était en équilibre sur le plat-bord, fit unmouvement convulsif et glissa dans l’eau du marais, où il disparutaussitôt.

Le nabab poussa un grand cri. Son pied venaitde glisser dans la mare de sang qui était sous le corps de sonfrère.

Il plongea tout habillé, tandis que le bac,chargé de ses quatre cadavres, continuait d’aller à la dérive versle tournant de la Femme-Blanche.

Il resta longtemps sous l’eau, sondant lesprofondeurs sombres du marais. Par trois fois on eût pu le voirreparaître, et, par trois fois entendre sa voix sonore qui jetaitaux deux rives du lac le nom de son frère.

Quand ces appels se taisaient, on n’entendaitque le bruit sourd de l’inondation croissante, et ces vaguesmugissements que jette le gouffre de la Femme-Blanche.

Louis plongea une dernière fois, et gagnaensuite la rive à la nage.

En ce moment, le bac touchait la lèvre dutournant et disparaissait sous les voiles de brouillard qui formentle vêtement fantastique de la Femme-Blanche.

Le chaland tournoya en craquant ; lescadavres soulevés se choquèrent. Le gouffre s’était refermé.

……  … . .

Les deux chaises de poste, que nous avons vuess’arrêter devant l’auberge du Mouton couronné, sur le portde Redon, avaient passé la rivière d’Oust au pont des Houssayes, etgagné le manoir de Penhoël, par la route praticable auxvoitures.

Les portes du manoir étaient ouvertes.Pontalès semblait avoir voulu défier les événements et proclamerbien haut qu’il attendait ses adversaires de pied ferme.

À l’intérieur de la maison, rien n’avaitchangé depuis trois mois. Durant tout cet espace de temps, eneffet, Pontalès avait continué d’habiter le grand château, nevoulant pas jouir d’un bien qui ne lui était pas encoredéfinitivement acquis.

Une fois passé le terme du rachat, il comptaitbien prendre sa revanche.

Dans le salon du manoir, les voyageurs de nosdeux chaises de poste étaient réunis.

On avait couché Madame sur sa chaise longue,et tout le monde l’entourait. Elle était pâle comme unemorte ; ses beaux traits, amaigris et fatigués, accusaient delongs jours de torture. Elle avait les yeux fermés ; sonsouffle était faible, et il semblait que la vie fût sur le point del’abandonner.

L’oncle Jean tenait une de ses mains etcherchait les imperceptibles battements de son pouls.

Diane et Cyprienne essayaient de réchaufferson autre main à force de baisers.

Blanche était à genoux sur le tapis à sespieds.

À l’entour se rangeaient Étienne, Roger,Vincent et le bon vieux Géraud.

On entendit au loin, sur le marais, trois crisvibrants et prolongés.

Marthe eut un tressaillement faible, et sespaupières se soulevèrent à demi pour retomber aussitôt.

Elle était dans cet état de torpeur etd’anéantissement depuis son départ de Redon. Trop de souffrancesavaient brisé son pauvre cœur de mère. Pendant la route, l’oncleJean avait essayé de lui parler et de la préparer, mais sesoreilles étaient fermées.

Elle ne savait rien de ce qui s’était passédepuis quelques jours. Pour elle, il n’y avait point encored’espoir, et son cœur restait accablé sous le malheur qui déjàn’existait plus.

Dans le salon de Penhoël tout le monde avaitla même pensée, bien que personne ne songeât à l’exprimer par desparoles. Chacun se disait :

– Si elle allait mourir avant d’êtreheureuse !…

Car sa joue devenait à chaque instant pluspâle, et le souffle qui tombait de ses lèvres entr’ouvertess’affaiblissait de plus en plus.

– Ma mère !… dit l’Ange qui avaitdes larmes dans les yeux, ne veux-tu point te réveiller ?

Marthe n’entendait pas.

Cyprienne et Diane levaient, au ciel leursbeaux regards humides, et priaient Dieu de toute la puissance deleurs âmes.

Tout à coup elles se dressèrent en même tempssur leurs pieds ; l’amour avait fait naître la même pensée aufond de leurs cœurs.

Dans un coin du salon, les petites harpes àpivots se cachaient à demi sous les draperies d’une fenêtre,muettes depuis bien des jours.

Diane et Cyprienne les roulèrent, sans bruit,jusqu’au milieu de la chambre.

Puis elles préludèrent doucement.

Puis encore leurs voix fraîches et puress’unirent en disant cette chanson bretonne que Madame aimait àentendre autrefois…

Les témoins de cette scène avaient les yeuxfixés sur la malade, et retenaient leur souffle.

Le premier couplet s’acheva sans que Martheeût fait un mouvement.

Les mains de Diane et de Cyprienne tremblaienten touchant les cordes de leurs harpes. Leurs voix étaient pleinesde larmes.

Au second couplet, un soupir faible s’échappade la poitrine de Marthe. Toutes les mains se joignirent ; laprière descendit au fond de tous les cœurs.

Diane et Cyprienne chantaient biendoucement :

Belle-de-nuit, ombre gentille,

Ô jeune fille !

Qui ferma tes beaux yeux au jour,

Est-ce l’amour ?

Dis, reviens-tu, sur notre terre,

Chercher ta mère ?

Marthe avait rouvert les yeux, et un vaguesourire errait autour de sa lèvre.

Cyprienne et Diane abandonnèrent leurs harpespour s’élancer à ses genoux.

En ce moment, la porte du salon s’ouvrit, etLouis de Penhoël parut sur le seuil.

Son beau visage était grave et triste ;ses cheveux noirs, trempés d’eau et de sueur, tombaient sur seshabits en désordre.

Le regard de Marthe se reposa d’abord surBlanche, puis sur Diane et Cyprienne : son sourires’imprégnait d’une tendresse heureuse.

Ses yeux se relevèrent ensuite, etparcoururent lentement le cercle d’amis qui l’entourait.

Personne n’osait ni faire un mouvement, niprononcer une parole.

Quand les yeux de Marthe tombèrent sur Louisde Penhoël, qui demeurait immobile au seuil du salon, elletressaillit vivement, et une nuance rosée vint colorer sa joue.

– Oh !… murmura-t-elle, vous tousque j’aimais tant !… Diane, Cyprienne, Blanche !… mesfilles chéries !… Louis !… mon pauvre Louis !… vousvoilà donc tous réunis et heureux !…

Une expression de doute et d’inquiétude serépandit sur son visage.

– Heureux !… reprit-elle ;c’est toujours ainsi que je vous retrouve dans mes songes…

Ses yeux se fermèrent de nouveau, et sa têtese renversa sur le coussin de la chaise longue, tandis que sesmains se joignaient avec recueillement.

– Mon Dieu ! ajouta-t-elle d’unevoix si faible qu’on pouvait à peine l’entendre, si c’est encore unrêve, faites que je ne m’éveille jamais !

FIN

Les cookies permettent de personnaliser contenu et annonces, d'offrir des fonctionnalités relatives aux médias sociaux et d'analyser notre trafic. Plus d’informations

Les paramètres des cookies sur ce site sont définis sur « accepter les cookies » pour vous offrir la meilleure expérience de navigation possible. Si vous continuez à utiliser ce site sans changer vos paramètres de cookies ou si vous cliquez sur "Accepter" ci-dessous, vous consentez à cela.

Fermer