Les-Belles-de-nuit ou Les Anges de la famille – Tome II

III. – CHANTEUSES DES RUES.

Les Champs-Élysées ne ressemblaient guèrealors à la bruyante et poudreuse promenade que Paris encombremaintenant chaque soir. Le cirque faisait claquer son fouetnational au faubourg du Temple ; le Panorama montrait quelquepart ailleurs une bataille autre que celle d’Eylau ; leGéorama n’existait pas ; le Navalorama était dans les limbes.On n’avait encore inventé ni Mabille, ni les cafés-musique, ni leJardin d’Hiver, ni le Château des Fleurs, cette gracieuseféerie.

Le gaz ne jetait point ses lueurs meurtrièresà travers les branches desséchées ; on y voyait un peu moinset les arbres se portaient beaucoup mieux car c’est un terriblevoisin que ce gaz étincelant qui jaunit, dès le printemps, lesormes de nos boulevards ; qui change tous les ans, au moinsune fois, nos rues en un abîme infect ; qui empoisonne labrise tiède égarée le long de nos trottoirs, et qui, de temps àautre, pas trop souvent au dire des capables, fait sauter unemaison ou deux, pour prouver qu’il est fort et de bonnequalité.

Çà et là pendaient à leurs cordes tenduesquelques réverbères modestes, dessinant, au milieu des ténèbres quivoilaient la chaussée, de petits îlots de lumière.

Quand la nuit tombait, surtout en automne, ceslongues allées devenaient désertes. Les bosquets où nos bourgeois,quittant le pas de leurs portes, viennent prendre aujourd’hui lefrais, étaient une noire solitude qui avait, dit-on, ses drames etses mystères.

On y rencontrait beaucoup plus de larrons quedans la forêt de Bondi, et le tronc des grands arbres cachaitparfois ces vampires modernes que la frayeur populaire fuyait sousle nom de piqueurs.

L’allée Gabrielle, protégée par lesfactionnaires de l’Élysée-Bourbon, gardait seule quelquespromeneurs après la brune, encore étaient-ce des promeneurs d’unecertaine espèce, car les Tuileries, maintenant délaissées, et lePalais-Royal accaparaient la foule.

La place Louis XV semblait un largefleuve séparant la ville bruyante, bavarde, affairée, du silencieuxdésert.

Dans ce désert, vous croisiez parfois pourtantquelques vieux messieurs à l’allure discrète et respectable, quicheminaient, les mains derrière le dos, sans penser à mal, Dieumerci, et quelques femmes dont le visage disparaissait sous unvoile épais.

Ces dames avaient toutes une tournureinquiète, effarouchée. Elles exécutaient sur la lisière desbosquets des évolutions sans but.

On eût dit qu’elles cherchaient dans l’ombreun objet perdu, ce à quoi les vieux messieurs voulaient bienquelquefois les aider.

Nos deux petites chanteuses étaient bien malplacées là pour faire bonne recette, mais elles n’y étaient pasvenues de prime abord, et c’était comme en désespoir de causequ’elles avaient choisi ce lieu.

Après avoir chanté longtemps devant la grilledes Tuileries, d’où la bise piquante chassait déjà les oisifs,elles s’étaient souvenues que, durant les beaux soirs de l’été,l’allée Gabrielle leur avait plus d’une fois porté bonheur.

Leur tasse de fer-blanc restait vide, et Dieusait qu’elles étaient bien pauvres ! Elles avaient traversé laplace Louis XV à tout hasard.

Depuis une heure elles étaient là, sous unréverbère, entre deux chandelles allumées.

Tant qu’il y avait eu un peu de jour, lesbambins des masures voisines s’étaient rassemblés autour d’elles,tantôt pour écouter, tantôt pour crier et se moquer.

Jamais pour donner…

Les passants rares faisaient comme lesbambins. Quand un élégant équipage glissait sans bruit sur le sablede l’allée, quelque jeune femme à la toilette riche se penchaitbien à la portière et laissait tomber sur les deux pauvres fillesun regard de ses beaux yeux. Mais c’était tout.

L’équipage filait, rapide, au trot balancé deses grands coursiers normands, et la jeune femme s’adossait denouveau aux coussins doux de sa voiture.

La tasse restait vide entre les deuxchandelles. Pas une offrande. Rien, rien !

Une seule fois, un bel enfant qui rentrait àl’hôtel de sa mère, après avoir joué toute l’après-midi auxTuileries, s’était approché en souriant. Le fer-blanc de la sébilleavait rendu un son métallique. Et l’enfant, joli ange à la longuechevelure d’or, était allé cacher sa tête rieuse dans le sein de sabonne.

Hélas ! ces enfants heureux nesoupçonnent pas le malheur, et sont impitoyables. Les deux pauvresfilles regardèrent dans la tasse et y trouvèrent un caillou,offrande railleuse du blond chérubin…

Des larmes roulèrent sur leurs jouespâlies…

Elles continuaient de chanter, pourtant.

Une autre fois, un de ces vieux messieursdiscrets et respectables s’était approché d’elles par derrière etavait parlé tout bas. Une rougeur vive vint au front deschanteuses, dont la voix trembla davantage.

Qu’avait-il dit ? Nous ne savons. Seuls,les vieux messieurs respectables et discrets ont le secret decertaines hardiesses, qui feraient honte, en vérité, à desscélérats de vingt ans.

Les deux jeunes filles n’avaient plus guère decourage. On devinait des sanglots sous les notes mélancoliques deleur chant.

Après chaque couplet, elles s’arrêtaient,abattues et brisées. Elles échangeaient un regard triste. Puiselles recommençaient avec une résignation si douce que le cœur leplus froid se fût senti ému de compassion.

Mais personne ne prenait garde.

Elles étaient à peu près du même âge :dix-huit à dix-neuf ans. La lueur faible du réverbère montraitleurs figures pâles, mais charmantes, que la souffrance n’avait pasencore eu le temps de flétrir.

Elles n’avaient, pour elles deux, qu’une seuleharpe, dont elles jouaient tour à tour.

Leurs costumes étaient propres et gardaientune certaine élégance parmi des indices trop évidents de pauvreté.C’étaient deux petites robes légères, dessinant la grâce exquise dedeux tailles souples et jeunes, mais ne pouvant rien contre le ventglacé de cette soirée d’automne.

Leurs coiffures consistaient en de petitsbonnets ronds, collants, qui laissaient échapper à profusion leluxe de leurs beaux cheveux, dont les boucles larges et flexiblestombaient jusque sur leurs épaules demi-nues.

Elles étaient belles toutes deux,délicieusement belles malgré la souffrance qui inclinait leursfronts découragés. Et quand, parfois, elles se regardaient enessayant de sourire, les pauvres filles, pour se donnermutuellement du cœur, il y avait sur leurs jolis visages comme lereflet d’une gaieté passée.

On eût deviné des jours heureux qui n’étaientpas bien loin encore…

Mais leurs yeux se baissaient, et il n’y avaitbientôt plus de sourire à leurs lèvres. Leurs petites mains,rougies et gonflées par le froid, cherchaient instinctivement leurspoitrines : c’était là qu’elles souffraient.

À Paris, la ville des joies dorées, chacunconnaît ce geste, pourtant ; chacun a vu, par ceséblouissantes soirées d’hiver, où les magasins luttent de richesseet de lumière, où les gais appels du plaisir se font entendre detoutes parts, la faim, pâle et timide, se glisser dans l’ombre desmaisons.

Cela navre le cœur. Mais les spectacles sontsi beaux ! l’orchestre des salles de bal a des accords sienivrants, et le champagne détonne si joyeusement dans les cabinetsdes restaurants à la mode !…

Cette joue livide, cette main qui pressaitconvulsivement une poitrine amaigrie, c’était un mauvais rêve. Enconscience, on peut mourir de faim auprès de cette abondance etparmi tant d’ivresse !

Quand ces affreuses visions se montrent, ilfaut rire davantage et boire une fois de plus. À quoi donc songe lapolice pour laisser ainsi la misère sans vergogne attrister lescitoyens qui s’amusent ?

Les deux jeunes filles chantaienttoujours ; leurs voix étaient pures et douces, mais ellestremblaient bien souvent.

Elles chantaient pour avoir un morceau depain.

Et à mesure que la soirée s’avançait, lespassants devenaient de plus en plus rares ; le froidaugmentait ; l’espoir s’en allait.

Au moment où nos trois gentilshommes passaientet où le pied de Blaise renversait une des deux chandelles,l’attention des deux jeunes filles avait été attirée par le gestede Bibandier, qui s’était arrêté court à les regarder.

Mais ç’avait été l’affaire d’un instant. Lebaron, entraîné par ses deux compagnons, avait disparu bien vite audétour d’une allée. C’est à peine si les jeunes filles avaientdistingué les traits de son visage.

Et pourtant il leur semblait qu’elles nevoyaient point cette figure pour la première fois.

Mais, si leurs souvenirs ne les trompaientpoint, Bibandier avait subi, depuis quelques semaines, une sinotable transformation, que la meilleure mémoire en eût étédéroutée.

D’ailleurs qu’importait cela ?

Les deux jeunes filles n’interrompirent mêmepas leur chant, et l’idée de cette rencontre s’effaça tout desuite, au milieu des pensées douloureuses qui emplissaient leurscœurs.

Il y avait de cela une heure. Les chandellestouchaient à leur fin, et la tasse de fer-blanc restait toujoursvide.

Celle des deux jeunes filles qui tenait laharpe en ce moment laissa tomber ses bras le long de sesflancs.

– Mon Dieu !… mon Dieu !…murmura-t-elle, nous allons donc mourir !…

L’autre jeune fille s’approcha d’elle et laserra contre son cœur.

– Du courage ! ma pauvre Cyprienne…,lui dit-elle ; chantons encore une fois… peut-être que lasainte Vierge aura pitié de nous.

Celle qu’on nommait Cyprienne s’appuya contrele poteau du réverbère, et posa ses deux mains sur sa poitrine.

– Diane…, dit-elle en pleurant, je n’aiplus de force !… Souffre-t-on longtemps ainsi avant l’heure dela mort ?

Diane toucha du revers de sa main son frontpâle qui brûlait ; ses yeux étaient secs ; mais on yvoyait une sorte d’égarement.

– Si seulement il n’y avait que moi àsouffrir !… murmura-t-elle en lançant vers le ciel un regardde reproche ; écoute, ma petite sœur… repose-toi… Je suis laplus forte, tu sais bien… je vais chanter toute seule.

Cyprienne s’accroupit, épuisée, au pied dupoteau.

Diane revint entre les deux chandelles dont laflamme tremblait, sur le point de s’éteindre, et saisit la harpeavec une sorte d’emportement.

Les cordes frémirent sous ses doigts. Dans lesilence qui régnait à l’entour, sa voix s’éleva sonore, vibrante etforte, comme un élan de désespoir.

Elle disait un chant de Bretagne aux accentsmélancoliques et graves.

C’était comme une voix de la patrie, pleurantdu fond de l’exil.

Personne n’écoutait, pas une oreille n’étaitouverte, aussi loin que le chant pût s’entendre. Personne, sinon unpauvre soldat en faction à la grille de l’Élysée-Bourbon.

Cyprienne, immobile et affaissée surelle-même, était plongée dans une de sorte de sommeil.

Et Diane chantait emportée par sa fièvre. Etle pauvre soldat avait la main sur son cœur : car il étaitBreton, et il reconnaissait la voix lointaine du pays.

Sans y songer, il avait déposé sonfusil auprès de sa guérite, et comme si une invisible mainl’attirait dans la nuit, il s’approchait lentement et désertait sonposte.

Pendant que les dernières notes de la chansontombaient sourdes et désolées des lèvres de Diane, le soldat sepenchait vers Cyprienne immobile qui ne le voyait point.

Il avait à la main les quelques gros souscomposant sa fortune. Et sa fortune tout entière tomba sans bruitdans la poche du tablier de la jeune fille.

Puis le pauvre soldat breton regagna sonposte, le cœur léger, les yeux humides…

Diane se taisait ; un instant elle restaappuyée sur sa harpe muette. Les lumières jetèrent une dernièrelueur et s’éteignirent.

Le regard abattu de Diane parcourut l’alléesolitaire.

– C’est fini !…murmura-t-elle ; viens, Cyprienne !

Et comme celle-ci ne pouvait point se lever,elle la prit entre ses bras.

Puis elle se chargea de la harpe, et les deuxjeunes filles descendirent vers la place Louis XV. Leurs pasétaient lents et pénibles. Elles traversèrent la place, puis lepont de la Concorde. Diane soutenait sa sœur par la taille et luidisait :

– On n’a pas du malheur comme cela tousles jours… Demain nous aurons meilleure chance… ce n’est qu’unenuit à passer !

– Tu me disais la même chose hier…,répliqua Cyprienne, quand nous avions froid et faim dans notrechambre !… Tu me disais : « Demain nous nesouffrirons plus… » Oh ! Diane !… Diane !… dansnotre Bretagne, les plus pauvres gens trouvent place au foyer de laferme… Et quand ils disent : « J’ai faim, » on leurdonne un morceau de pain noir… Du bon pain noir !ajouta-t-elle avec ce ton de sensualité avide que prend le gourmandpour parler du mets préféré. Si nous avions seulement un morceau debon pain noir !…

L’eau vint à la bouche de Diane.

– Oh ! oui…, dit-elle, nous n’envoulions pas autrefois… Mais à présent !

Elle s’arrêta et mit à terre sa harpe dont lepoids l’accablait.

– Reposons-nous un peu…,reprit-elle ; je suis bien lasse !

Cyprienne et elle s’assirent, côte à côte, surle parapet du quai Voltaire.

– Si Roger savait cela !… ditCyprienne ; il est riche maintenant… Étienne aussi… Maispeut-être qu’ils nous ont oubliées…

– Oh ! non !… s’écriaDiane ; Étienne est un noble cœur !…

– Nous sommes si malheureuses !…Quand je les vois passer dans leur voiture brillante… toujoursgais, toujours rieurs… je me demande ce qu’ils feraient si leursregards tombaient sur nous, pauvres filles…

– Ils nous reconnaîtraient, ma sœur…

– Peut-être ; car nous n’avonsencore que deux mois de misère… Mais leur voitures’arrêterait-elle ?… les verrions-nous descendre et accourirvers nous ?

Diane ne répondit point.

Cyprienne souriait amèrement.

– Chanteuses de rues !murmura-t-elle ; j’ai froid jusqu’au fond de mon cœur quand jesonge à ce que je souffrirais si Roger détournait la tête aprèsm’avoir aperçue…

– Il ne le ferait pas !… répliquaDiane ; je suis sûre de lui comme d’Étienne… Tout notremalheur est de ne pouvoir les joindre !… Si nous nous étionsmontrées à eux dans la diligence, en arrivant à Paris, notre sortaurait bien changé !…

– N’auraient-ils pas dû nousdeviner ?

– Ils ne savaient rien… Ils nouscroyaient encore à Penhoël… Oh ! ce fut notre premièredouleur, dans ce Paris où nous devions tant souffrir, quand nousnous vîmes seules au rendez-vous, devant les grandes tours noiresde Notre-Dame !… Te souviens-tu comme nous étions tristesaprès avoir espéré gaiement toute la journée ?…

– Et comme nous attendîmeslongtemps !…

– Ils ne vinrent pas… Sais-tu, ma petitesœur ! parfois je me sens consolée et je me dis : S’ilsne vinrent pas, c’est parce qu’ils nous aimaient…

– La même pensée m’est venue… Oh !que Dieu le veuille !… Mais si nous avions osé, nous aurionspu les retrouver dès ce jour, car leur compagnon de voyage étaitsur le parvis Notre-Dame, et il nous cherchait, comme nous lescherchions, nous…

Diane fut quelque temps avant de répondre.

– C’est une chose étrange !…reprit-elle enfin, comme les traits de cet homme sont restés gravésdans ma mémoire… Il me semble que je le vois encore… Quel visagefranc et fier !… Je n’ai jamais vu d’homme plus beau en mavie.

– Et comme il nous regardait pendant levoyage !… Je ne sais… on eût dit qu’il nous connaissait etqu’il nous aimait…

Cyprienne parlait ainsi d’un ton plus calme.En causant, elle oubliait presque sa souffrance ; mais, à cesderniers mots sa voix faiblit, et Diane, qui la vit chanceler,n’eut que le temps de la soutenir.

– Ce n’est rien…, murmura la pauvreenfant ; mon Dieu ! notre chambre est bien loin encore…,et je ne sais pas comment je ferai pour y arriver !

– Je te porterai…, dit Diane qui l’attirasur son cœur. Oh ! c’est de te voir souffrir ainsi qui metue !… Écoute… c’est notre dernier jour de misère…

Cyprienne dégagea sa tête et regarda la Seinequi coulait derrière elle.

– Oui…, murmura-t-elle ; tu asraison… ce pourrait être notre dernier jour de misère !

Diane couvrit son front de baisers enpleurant.

– Ma sœur !… ma petite sœur !…dit-elle ; je t’en prie, ne parle pas comme cela !… Dieuaura pitié de nous, j’en suis sûre… Je te le promets… Et laisse-moite dire ce que je veux faire demain… jusqu’à présent je n’ai pas eula force… mais je ne veux pas que tu meures, ma Cyprienne… Etdemain je l’oserais !

– Quoi donc ?… demandaCyprienne.

– Tu sais bien qu’ils passent tous lesjours aux Champs-Élysées, dans leur voiture… Étienne et Roger…Quand nous sommes sous les arbres, ils ne nous voient pas… maisdemain j’irai me mettre au-devant de leurs chevaux… je lesappellerai par leurs noms… et il faudra bien qu’ils nousreconnaissent !

Cyprienne releva la tête.

– J’irai avec toi !… dit-elle ;quand nous serons là toutes les deux, nous verrons si notre dernierespoir nous abandonne… Et s’ils ne nous repoussent pas, ma sœur,quelle joie de porter secours à Madame… et au pauvrePenhoël !…

– Et à notre bon père !… s’écriaDiane ; quelle joie de les sauver !… En attendant,reprit-elle tristement, nous n’avons rien à leur donner cesoir !…

Elle sauta sur le pavé.

– Mais ce n’est plus qu’un jourd’attente !… poursuivit-elle ; et l’espoir va nous donnerune bonne nuit.

Cyprienne, un peu ranimée, se mit aussi surses pieds. Durant un instant, les deux sœurs se disputèrent lefardeau de la harpe, et ce fut Diane encore qui s’en chargea. Puiselles continuèrent de descendre les quais jusqu’à la rue desPetits-Augustins, où elles s’engagèrent.

Plus d’une fois leur pas se ralentit jusqu’aumoment où elles se signèrent toutes les deux en passant devant leportail de Saint-Germain des Prés.

Elles étaient arrivées au terme de leurcourse. Après avoir tourné l’angle de la petite rue d’Erfurt, ellespurent voir la maison où se trouvait la chambre qu’elleshabitaient.

Cette maison était située au bout de la rueSainte-Marguerite, vis-à-vis et un peu au delà du bâtiment ensaillie qui flanque la prison de l’Abbaye.

Comme elles passaient devant le corps degarde, hâtant de leur mieux leur marche pénible, elles s’arrêtèrenttout à coup d’un commun mouvement.

Leurs mains se joignirent et se serrèrent.

– Oh !… fit Diane avec un étonnementprofond.

Cyprienne regardait, stupéfaite, une voiturequi venait de s’arrêter précisément à côté d’elle.

Par la portière ouverte de cette voiture, onapercevait une tête de jeune fille, dont la figure maladive et pâles’entourait de longs cheveux blonds.

Le marchepied tomba en même temps ques’ouvrait la porte de la maison voisine.

Une dame descendit de la voiture et prêta sonaide à la jeune fille malade.

– Lola !… murmura Cyprienne.

– Et l’Ange !… ajouta Diane.

La dame et la jeune fille entrèrent dans lamaison. La porte se referma sur elles, avant que Cyprienne etDiane, immobiles de surprise, eussent songé à faire unmouvement…

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