Actes et paroles – Depuis l’exil de Victor Hugo

Avec le neveu comme avec l’oncle :-l’empire, c’est l’invasion.

Il avait donc, encore un coup, deviné, le grand poëte, tout ce que l’empire nous réservait de lâchetés et de catastrophes. Il était le prophète alarmé de cette chute qui n’a point d’égale dans l’histoire, de cette reddition dont une lèvre française ne peut parler sans frémir, il avait tout deviné, et, devant le triomphe de l’abjection, sa colère pouvait passer pour excessive. Hélas ! le sort lui a donné raison, et les Châtiments restent le livre le plus éclatant, le fer rouge inoubliable, et ils console- ront la patrie de tant de honte, après l’avoir vengée de tant d’infamie !

Maintenant, citoyens, tout cela est passé, tout cela doit être oublié, tout cela doit être effacé !-Maintenant, ne songeons plus qu’à la vengeance, et, en dépit des bruits d’armistice, songeons toujours à ces canons d’où sortira la victoire. Grâce à vous, nous en avons un aujourd’hui qui s’appellera Châteaudun et qui rappel- lera la mémoire de cette héroïque cité, si chère à tout cœur français et à tout cœur républicain. Mais laissez-moi espérer encore que, grâce à vous, bientôt nous en pourrons avoir un second, et, cette fois, nous lui donnerons un autre nom, si vous voulez bien. Après Châteaudun, qui veut dire douleur et sacrifice, notre canon fu- tur signifiera revanche et victoire et s’appellera d’un grand nom, d’un beau nom,- le Châtiment.

Puis, les désastres vengés, la patrie refaite, la France régénérée, la France recon- quise, arrachée à l’étranger, sauvée et lavée de ses souillures, alors nous repren- drons notre œuvre de fraternité après avoir fait notre devoir de patriotes, et nous pourrons écrire fièrement, nous, et sans mensonge :

La république, c’est la paix !

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COMITÉ DE LA SOCIÉTÉ DES GENS DE LETTRES

Procès-verbal de la séance du 7 novembre. M. Charles Valois, membre de la commission spéciale, rend compte de la recette produite par l’audition des Châ- timents à la Porte-Saint-Martin.

Recette et quête : 7,577 fr. 50 c. ; frais : 577 fr.

Il n’a été prélevé sur la recette que les frais rigoureusement exigibles, pompiers, ouvreuses, éclairage, chauffage.

La commission spéciale annonce qu’elle a demandé à M. Victor Hugo l’auto- risation de donner une deuxième audition des Châtiments , dans le même but national et patriotique. M. Paul Meurice apporte au comité l’autorisation de M. Victor Hugo.

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DEUXIÈME AUDITION DES Châtiments AU THÉÂTRE DE LA PORTE-SAINT- MARTIN

13 novembre

La note et le programme suivants ont été publiés par les journaux et distribués au public :

« L’effet produit par la première audition des Châtiments de Victor Hugo a été si grand, qu’une seconde séance est demandée à la Société des gens de lettres.

« Le comité a répondu à cet appel.« La nouvelle audition, dont le produit don- nera un autre canon à la défense nationale :

LE CHATIMENT

aura lieu dimanche prochain, 13 novembre, à 7 heures 1/2 précises, au théâtre de la Porte-Saint-Martin. »

PROGRAMME PREMIÈRE PARTIE
Notre deuxième canon M. EUGÈNE MULLER. Ultima Verba M. TAILLADE. Jer- sey Mlle LIA FÉLIX. Hymne des Transportés M. LAFONTAINE. Aux femmes Mlle ROUSSEIL. Jéricho M. CHARLY. Le Manteau impérial Mme MARIE-LAURENT. Sou- venir de la nuit du 4 M. FRÉDÉRICK-LEMAITRE.

DEUXIÈME PARTIE

L’Expiation M. BERTON. Chansons Mme V. LAFONTAINE. Orientale M. LACRES- SONNIÈRE. Pauline Rolland Mlle PÉRIGA. Paroles d’un conservateur M. COQUE- LIN. Stella Mlle FAVART. Au moment de rentrer en France M. MAUBANT.

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COMITÉ DE LA SOCIÉTÉ DES GENS DE LETTRES

Procès-verbal de la séance du 14 novembre

Rapport de M. Charles Valois sur le résultat de la deuxième audition des Châti- ments .

Recette et quête, 8,281 fr. 90 c. ; frais, 892 fr. 30 c.

Le produit net, 7,389 fr., ajouté à celui du 6 novembre, forme pour les deux au- ditions un total de 14,272 fr. 50 c.

Une commission est nommée pour aller officiellement remercier M. Victor Hugo.

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TROISIÈME AUDITION DES Châtiments

Séance du 17 novembre

La Société des gens de lettres demande à M. Victor Hugo, par l’intermédiaire de son Comité, une troisième audition des Châtiments . M. Victor Hugo répond :

Mes chers confrères, donnons-la au peuple cette troisième lecture des Châti- ments , donnons-la-lui gratuitement ; donnons-la-lui dans la vieille salle royale et impériale, dans la salle de l’Opéra, que nous élèverons à la dignité de salle popu- laire. On fera là quête dans des casques prussiens, et le cuivre des gros sous du peuple de Paris fera un excellent bronze pour nos canons contre la Prusse.

Votre confrère et votre ami, VICTOR HUGO.
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NOTE PUBLIÉE PAR LES JOURNAUX DES 26 ET 27 NOVEMBRE :

« La Société des gens de lettres, d’accord avec M. Victor Hugo, organise pour lundi 28 novembre, à une heure, dans la salle de l’Opéra, une audition des Châti- ments , à laquelle ne seront admis que des spectateurs non payants .

« Sans nul doute la foule s’empressera d’assister à cette solennité populaire of- ferte par l’illustre poëte, avec l’autorisation du ministre qui dispose du théâtre de l’Opéra.

« Cette affluence pourrait occasionner une grande fatigue à ceux qui ne parvien- draient à entrer qu’après une longue attente, en même temps qu’un plus grand nombre devraient se retirer désappointés après avoir fait queue pendant plusieurs heures.

« Pour éviter ces inconvénients et assurer néanmoins aux plus diligents la satis- faction d’entendre réciter par d’éminents artistes les vers qui ont déjà été accla- més dans plusieurs représentations, la distribution des 2,400 billets, à raison de 120 par mairie, sera faite dans les vingt mairies de Paris, le dimanche 27, à midi, par les sociétaires délégués du comité des gens de lettres.

« Ces billets ne pourront être l’objet d’aucune faveur et seront rigoureusement attribués à ceux qui viendront, les premiers, les prendre le dimanche aux mairies. Le lundi, jour de la solennité, il ne sera délivré aucun billet au théâtre. La salle ne sera ouverte qu’aux seuls porteurs de billets pris la veille aux mairies ; les places appartiendront, sans distinction, aux premiers occupants, porteurs de billets. »

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THÉÂTRE NATIONAL DE L’OPÉRA

AUDITION GRATUITE DES Châtiments PROGRAMME
PREMIÈRE PARTIE

Ouverture de la Muette , d’AUBER

Les Châtiments TONY RÉVILLON. Pauline Rolland Mlle PÉRIGA. Cette nuit-là
M. DESRIEUX. Aux Femmes Mlle ROUSSEIL. Floréal Mlle SARAH BERNHARDT. Hymne des transportés M. LAFONTAINE. Le Manteau impérial Mme MARIE LAURENT. La nuit du 4 Décembre M. FRÉDÉRICK-LEMAITRE.

DEUXIÈME PARTIE

Ouverture de Zampa , d’HÉROLD

Stella Mlle FAVART. Joyeuse vie M. DUMAINE. Il faut qu’il vive Mme LIA FÉLIX. Paroles d’un conservateur M. COQUELIN. Chansons Mme V. LAFONTAINE. Patria
, musique de BEETHOVEN Mme UGALDE. L’Expiation M. TAILLADE. Lux Mme MARIE-LAURENT.

L’orchestre de l’Opéra sera dirigé par M. GEORGES HAINL

Pendant les entr’actes de la représentation populaire, les belles et généreuses artistes qui y contribuaient ont fait la quête, comme Victor Hugo l’avait annoncé, dans des casques pris aux prussiens. Les sous du peuple sont tombés dans ces casques et ont produit la somme de quatre cent soixante-huit francs cinquante centimes .

A la fin de la représentation, il a été jeté sur la scène une couronne de laurier dorée avec un papier portant cette inscription : A notre poëte, qui a voulu donner aux pauvres le pain de l’esprit .

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COMITÉ DES GENS DE LETTRES

Séances des 18 et 19 novembre

Il est versé au Trésor, par les soins de la commission, 10,600 francs, somme in- diquée par M. Dorian comme prix de deux canons. La commission informe le co- mité de la difficulté qui s’oppose à ce que le nom de Châteaudun soit donné à l’une de nos deux pièces, ce nom ayant été antérieurement retenu par d’autres souscripteurs. Le comité décide que le nom Victor Hugo sera substitué à celui de Châteaudun , et qu’en outre les deux canons porteront pour exergue : Société des gens de lettres .

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En réponse à l’envoi fait au ministre des travaux publics du reçu des 10,600 francs versés au Trésor, M. Dorian écrit au comité :

Paris, 22 novembre 1870.

« Messieurs, par une lettre du 17 de ce mois, répondant à celle que j’ai eu l’hon- neur de vous écrire le 14 novembre précédent, vous m’adressez le récépissé du versement, fait par vous à la caisse centrale du Trésor public, d’une somme de 10,600 francs destinée à la confection de deux canons offerts par la Société des gens de lettres au gouvernement de la défense nationale ; vous m’exprimez en même temps le désir que sur l’un de ces canons soit gravé le mot « Châtiment », sur l’autre « Victor Hugo », et sur tous les deux, en exergue, les mots « Société des gens de « lettres ».

« Je vous renouvelle, messieurs, au nom du gouvernement, l’expression de ses remercîments pour cette souscription patriotique.

« Des mesures vont être prises pour que les canons dont il s’agit soient mis im- médiatement en fabrication, et je n’ai pas besoin d’ajouter que le désir de la So- ciété, en ce qui concerne les inscriptions à graver, sera ponctuellement suivi.

« Vous serez informés, ainsi que je vous l’ai promis, du jour où auront lieu les essais, afin que la Société puisse s’y faire représenter si elle le désire.

« Enfin, j’aurai l’honneur de vous faire parvenir un duplicata de la facture du fondeur.

« Recevez, messieurs, l’assurance de ma considération distinguée.

« Le ministre des travaux publics ,

« DORIAN. »

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SOCIÉTÉ DES GENS DE LETTRES A VICTOR HUGO
Paris, le 26 janvier 1871.

« Illustre et cher collègue,

« Le comité, déduction faite des frais et de la somme de 10,600 francs employée à la fabrication des deux canons le Victor Hugo et le Châtiment , offerts à la dé- fense nationale, est dépositaire de la somme de 3,470 francs, reliquat de la recette produite par les lectures publiques des Châtiments .

« Le comité a cherché, sans y réussir, l’application de ce reliquat à des engins de guerre.

« Il ne croit pas pouvoir conserver cette somme dans la caisse sociale. En consé- quence, il m’a chargé de la remettre entre vos mains, parce que vous avez seul le droit d’en disposer.

« Veuillez agréer, cher et illustre collègue, l’expression respectueuse de notre cordiale affection.

« Pour le comité :

« Le président de la séance ,

« ALTAROCHE.

« Le délégué du comité ,

« EMMANUEL GONZALÈS. » AUDITIONS DES CHATIMENTS COMPTE RENDU
1re, 2e et 3e séances 16,817 fr. 90 Dépenses :
Frais généraux des représentations, suivant détail 2,747 fr. 90 : : : : : : : :13,347 90 Versement au Trésor pour deux canons, suivant reçu 10,600 fr.

Solde 3,470 fr. »

M. Victor Hugo a prié le comité de garder cette somme et de l’employer à secou- rir les victimes de la guerre, nombreuses parmi les gens de lettres que le comité représente.

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Concurremment avec ces représentations, le Théâtre-Français a donné, le 25 novembre, une matinée littéraire, dramatique et musicale, où Mlle Favart a joué doña Sol (cinquième acte d’ Hernani ), et Mme Laurent, Lucrèce Borgia (cinquième acte de Lucrèce Borgia ), où Mme Ugalde a chanté Patria .- Booz endormi (Lé- gende des siècles) ; le Revenant (Contemplations) , les Paroles d’un conservateur à propos d’un perturbateur (Châtiments) ont complété cette séance, qui a pro- duit, au bénéfice des victimes de la guerre, une recette de 6,000 francs.

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M. Victor Hugo n’a assisté à aucune de ces représentations.

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Indépendamment des représentations et des lectures dont on vient de voir le détail et le résultat, les Châtiments et toutes les œuvres de Victor Hugo furent pour les théâtres, pendant le siége de Paris, une sorte de propriété publique. Quiconque voulait organiser une lecture pour une caisse de secours quelconque n’avait qu’à parler, et l’auteur abandonnait immédiatement son droit. Les représentations et les lectures des Châtiments , de Napoléon le Petit , des Contemplations , de la Légende des siècles , etc., au bénéfice des canons ou des ambulances, durèrent sans interruption et tous les jours, sur tous les théâtres à la fois, jusqu’au moment où il ne fut plus possible d’éclairer et de chauffer les salles.

On n’a pu noter ces innombrables représentations. Parmi celles dont le souve- nir est resté, on peut citer le concert Pasdeloup, où M. Taillade disait les Volon- taires de l’an II (Châtiments) ; les Pauvres Gens (Légende des siècles) dits par M. Noël Parfait, au bénéfice de la ville de Châteaudun ; les deux soirées de lectures organisées par M. Bonvalet, maire du 5e arrondissement, l’une pour les blessés, l’autre pour les orphelins et les veuves ; la soirée de Mlle Thurel, directrice d’une ambulance, pour les malades ; les représentations données par le club Drouot pour les orphelins et les veuves ; par le commandant Fourdinois pour les bles- sés ; par les carabiniers parisiens pour les blessés ; les soirées où Mlle Suzanne Lagier chantait, sur la musique de M. Darcier, Petit, petit (Châtiments) au profit des ambulances ; la représentation du Comité des artistes dramatiques pour un canon ; celle du 18e arrondissement pour la bibliothèque populaire ; celle de M. Dumaine, à la Gaîté, pour les blessés ; celle de Mme Raucourt, au théâtre Beau- marchais, pour contribuer à l’équipement des compagnies de marche ; celle de la mairie de Montmartre, pour les pauvres ; celle de la mairie de Neuilly, pour les pauvres ; celle du 5e arrondissement, pour son ouvroir municipal ; la soirée don- née le 25 décembre au Conservatoire pour la caisse de secours de la Société des victimes de la guerre ; les diverses lectures des Châtiments organisées, pour les canons et les blessés, par la légion d’artillerie et par dix-huit bataillons de la garde nationale, qui sont les 7e, 24e, 64e, 90e, 92e, 93e, 95e, 96e, 100e, 109e, 134e, 144e, (deux représentations), 152e, 153e, 166e, 194e, 239e, 247e.

Pour toutes ces représentations, M. Victor Hugo a fait l’abandon de son droit d’auteur.

Ces représentations ont cessé par la force majeure en janvier, les théâtres n’ayant plus de bois pour le chauffage ni de gaz pour l’éclairage.

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Le 30 octobre, vers minuit, M. Victor Hugo, rentrant chez lui, rencontra, rue Drouot, M. Gustave Chaudey, sortant de la mairie dont il était adjoint. Il était ac- compagné de M. Philibert Audebrand. M. Victor Hugo avait connu M. Gustave Chaudey à Lausanne, au congrès de la Paix, tenu en septembre 1869 ; ils se ser- rèrent la main.

Quelques semaines après, M. Gustave Chaudey vint avenue Frochot pour voir
M. Victor Hugo, et, ne l’ayant pas trouvé, lui laissa deux mots par écrit pour lui de- mander l’autorisation de faire dire les Châtiments au profit de la caisse de secours de la mairie Drouot.

M. Victor Hugo répondit par la lettre qu’on va lire :

A M. GUSTAVE CHAUDEY.

22 novembre. Mon honorable concitoyen, quand notre éloquent et vaillant Gam- betta, quelques jours avant son départ, est venu me voir, croyant que je pouvais être de quelque utilité à la république et à la patrie, je lui ai dit : Usez de moi comme vous voudrez pour l’intérêt public. Dépensez-moi comme l’eau.

Je vous dirai la même chose. Mon livre comme moi, nous appartenons à la France. Qu’elle fasse du livre et de l’auteur ce qu’elle voudra.

C’est du reste ainsi que je parlais à Lausanne, vous en souvenez-vous ? Vous ne pouvez avoir oublié Lausanne, où vous avez laissé, vous personnellement, un tel souvenir. Je ne vous avais jamais vu, je vous entendais pour la première fois, j’étais charmé. Quelle loyale, vive et ferme parole ! laissez-moi vous le dire. Vous vous êtes montré à Lausanne un vrai et solide serviteur du peuple, connaissant à fond les questions, socialiste et républicain, voulant le progrès, tout le progrès, rien que le progrès, et voulant cela comme il faut le vouloir ; avec résolution, mais avec lucidité.

En ce moment-ci, soit dit en passant, j’irais plus loin que vous, je le crois, dans le sens des aspirations populaires, car le problème s’élargit et la solution doit s’agran- dir. Mais vous êtes de mon avis et je suis absolument du vôtre sur ce point que, tant que la Prusse sera là, nous ne devons songer qu’à la France. Tout doit être ajourné. A cette heure pas d’autre ennemi que l’ennemi. Quant à la question sociale, c’est un problème insubmersible, et nous la retrouverons plus tard. Selon moi, il faudra la résoudre dans le sens à la fois le plus sympathique et le plus pratique. La dispari- tion de la misère, la production du bien-être, aucune spoliation, aucune violence, le crédit public sous la forme de monnaie fiduciaire à rente créant le crédit indi- viduel, l’atelier communal et le magasin communal assurant le droit au travail, la propriété non collective, ce qui serait un retour au moyen âge, mais démocratisée et rendue accessible à tous, la circulation, qui est la vie décuplée, en un mot l’as- sainissement des hommes par le devoir combiné avec le droit ; tel est le but. Le moyen, je suis de ceux qui croient l’entrevoir. Nous en causerons.

Ce qui me plaît en vous, c’est votre haute et simple raison. Les hommes tels que vous sont précieux. Vous marcherez un peu plus de notre côté, parce que votre cœur le voudra, parce que votre esprit le voudra, et vous êtes appelé à rendre aux idées et aux faits de très grands services.

Pour moi l’homme n’est complet que s’il réunit ces trois conditions, science, prescience, conscience.

Savoir, prévoir, vouloir. Tout est là.

Vous avez ces dons. Vous n’avez qu’un pas de plus à faire en avant. Vous le ferez. Je reviens à la demande que vous voulez bien m’adresser.
Ce n’est pas une lecture des Châtiments que je vous concède. C’est autant de lectures que vous voudrez.

Et ce n’est pas seulement dans les Châtiments que vous pourrez puiser, c’est dans toutes mes œuvres.

Je vous redis à vous la déclaration que j’ai déjà faite à tous.

Tant que durera cette guerre, j’autorise qui le veut à dire ou à représenter tout ce qu’on voudra de moi, sur n’importe quelle scène et n’importe de quelle façon, pour les canons, les combattants, les blessés, les ambulances, les municipalités, les ateliers, les orphelinats, les veuves et les enfants, les victimes de la guerre, les pauvres, et j’abandonne tous mes droits d’auteur sur ces lectures et sur ces repré- sentations.

C’est dit, n’est-ce pas ? Je vous serre la main.

V. H.

Quand vous verrez votre ami M. Cernuschi, dites-lui bien combien j’ai été tou- ché de sa visite. C’est un très noble et très généreux esprit. Il comprend qu’en ce moment où la grande civilisation latine est menacée, les italiens doivent être fran- çais. De même que demain, si Rome courait les dangers que court aujourd’hui Paris, les français devraient être italiens. D’ailleurs, de même qu’il n’y a qu’une seule humanité, il n’y a qu’un seul peuple. Défendre partout le progrès humain en péril, c’est l’unique devoir. Nous sommes les nationaux de la civilisation.

VI ÉLECTIONS A L’ASSEMBLÉE NATIONALE
SCRUTIN DU 8 FÉVRIER 1871 SEINE
M. Victor Hugo est élu par 214,169 suffrages

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