La Louve – Tome II – Valentine de Rohan

Chapitre 13LA LOUVE

Pour le coup, le joli sabotier pâlit.

– Salut, Josse, mon garçon ! dit-ilpourtant ; tu pourrais rendre service à ta bonne femme de mèreen lui conseillant de se mêler de ce qui la regarde. Je l’aibrusquée tout à l’heure en passant et j’en ai regret, parce qu’ilfaut toujours avoir égard aux anciens… Mais il ne faut pas non plusque les vieilles femmes empêchent la besogne des hommes de sefaire.

Josselin Guitan quitta sa mère et vint semettre en face de Yaumy.

– Quelle besogne fais-tu ?demanda-t-il d’un ton froid et sévère.

– Quant à cela, répliqua le jolisabotier, nous n’avons pas à nous disputer, mon gars Josse ;je commande ici, pas vrai, je n’ai de conseil à demander àpersonne.

Il jeta un regard autour de lui pour chercherde l’approbation. Le noyau des coquins qui l’entouraient lui fitfête et quelques ivrognes se joignirent à eux, parce que Josselinne buvait jamais.

Mais le gros des Loups restait déjà silencieuxet attentif.

C’était un procès qui allait s’entamer. Yaumyvit cela et ne trembla point. En fait de plaidoiries il avait faitses preuves. Les Loups s’étaient laissé prendre cent fois à sasauvage éloquence.

– Tu commandes ici à la conditiond’obéir, répondit Josselin Guitan, il y a quelqu’un au-dessus detoi. Tu as des avis à demander et des comptes à rendre. Regarde-moibien Yaumy : Je ne te parle pas de ce que tu as fait à mamère. Je te dis : Yaumy, tu es un traître, et je vaist’attendre à la chambre du conseil ! choisis tes juges.

Il tourna le dos, fendant la foule quis’écartait avec respect.

Tout en se dirigeant vers l’autre bout de lagalerie, il désignait à haute voix les juges qui, tout à l’heure,allaient décider entre lui et Yaumy. Chaque fois qu’il prononçaitun nom, le Loup désigné se mettait à sa suite.

Il avait droit d’en prendre sept. Un droitpareil appartenait à l’accusé. C’était la loi des anciensFrères-Bretons qui l’avaient empruntée aux coutumes des Gaëls.

Yaumy hésita un instant. Au moment où Josselintournait le dos, on vit le couteau du joli sabotier sortir à demide sa gaine. Mais l’aspect de la foule l’arrêta. La foule n’étaitpas avec lui en ce moment.

– Il faut que je les retourne !pensa-t-il ; sans cela, je suis perdu.

Le temps passait, du reste, et gagner dutemps, c’était tout, car Yaumy comptait sur le terrible coup dethéâtre qu’il avait préparé en favorisant la fuite de l’intendantet du sénéchal. Il se mit donc en marche à son tour, appelant àdroite et à gauche ceux qu’il instituait ses jurés.

Josselin était déjà dans la chambre duconseil. Ses sept arbitres s’asseyaient sur leurs billots, à droitede la draperie d’argent. Ceux de Yaumy prirent place à gauche. Laniche voilée se trouvait ainsi au centre. C’était la coutume etc’était un symbole.

Le tribunal des quatorze était censé présidépar la Louve en personne, derrière la draperie, qui ne se levaitjamais.

La foule pénétra dans la chambre du conseil, àla suite de Yaumy, et ceux qui ne purent entrer se massèrent dansla galerie. Josselin et Yaumy se placèrent debout en face l’un del’autre comme deux lutteurs.

– De quoi m’accuses-tu, JosselinGuitan ? demanda le chef des Loups.

– Je t’accuse, répondit Josselin, d’avoirtrahi la Bretagne et tes frères.

Dans ces grottes tout à l’heure si bruyantes,vous eussiez entendu la souris courir. Yaumy haussa les épaules,comme s’il n’eût point daigné répondre à cette inculpation tropvague.

– Et que demandes-tu ?interrogea-t-il d’un air provoquant.

– Ta mort ! répliqua le fils de dameGuitan au milieu du plus profond silence.

– Tu te souviens que chez nous, dit lejoli sabotier sans perdre son assurance, le faux accusateur paiepour l’accusé innocent ?

– Je m’en souviens.

– La mort que tu me demandes pour moi, tul’acceptes pour toi ?

– Je l’accepte.

– Parle donc, mon gars Josselin : jene suis pas si méchant que toi ; je te promets qu’on te feragrâce.

Il y eut un petit mouvement dans le cercle quientourait le tribunal. Ce mouvement était en faveur de Yaumy.

– Tu as trahi, reprit cependantJosselin ; nous avions deux otages, tu les as mis enliberté.

– Nos vrais otages, répliqua Yaumy,c’étaient le comte de Toulouse, gouverneur de Bretagne, et laprincesse sa femme… ce n’est pas moi qui les ai mis en liberté.

Un second murmure plus marqué prouva qu’ilavait encore touché juste.

– Tu as trahi, poursuivit Josselin ;ces deux otages dont je te parle, Alain Polduc, sénéchal deBretagne, et Feydeau, intendant pour le roi, avaient été confiés àta garde par celle à qui nous obéissons tous. C’est moi qui t’avaistransmis ses ordres.

D’un regard rapide, Yaumy fit le tour ducercle. Sans prononcer aucun nom, Josselin Guitan venait d’évoquerun invisible et suprême arbitre. Il avait fait allusion au chefmystérieux dont la pensée seule inspirait la vénération etl’effroi. C’était là, l’arche sainte qu’il n’était pas même permisd’effleurer.

Mais c’était aussi ou jamais le moment deporter le premier coup de marteau à l’idole. Le joli sabotier fitun pas vers l’intérieur de l’enceinte. Sa pose prit de l’ampleur,son accent de la solennité.

– Trêve de tromperies, JosselinGuitan ! s’écria-t-il, je t’aurais laissé en repos par respectpour nos défunts maîtres qui t’aimaient, par pitié pour les cheveuxblancs de ta vieille mère. Mais tu as comblé la mesure, mon homme,et c’est moi, vous entendez, vous autres, c’est moi qui t’accusemaintenant devant tous, et qui te dis : Josselin Guitan, tu astrahi la Bretagne et tes frères !

– Silence ! silence ! fit-on detoutes parts. Chaque poitrine retenait son souffle.

– Écoutez-moi bien, mes enfants et mesamis, poursuivit le joli sabotier qui était, quand il voulait, unterrible orateur ; en voici un qui nous fait agir depuis dixans comme une troupe de marionnettes. Il s’est dit une fois :Ce sont des esprits simples et grossiers, de pauvres paysans :des moutons ! je vais les tromper et me faire leur maître.J’aurai un rideau, et j’aurai derrière le rideau je ne sais quelfantôme dont je ferai pour eux un épouvantail… la Louve…

À ce nom, la foule frémit et Yaumy le sentitbien, mais il avait brûlé ses vaisseaux.

– La Louve ! répéta-t-il en élevantla voix : j’ai dit la Louve !

– Vas-tu insulter Rohan ? s’écria levieux Jouachin, qui était, parmi les juges.

– Laissez dire ! ordonnaJosselin.

Et la foule, déjà gagnée à demi peut-être,répéta :

– Laissez dire.

Elle avait peur, la foule, mais ces émotionslui sont chères. Elle attendait quelque grand événement. Son cœursautait, son cœur qui battait dans mille poitrines. Nous disonsvrai : la foule aime mieux encore frémir que boire et quedanser.

– La Louve ! répéta pour latroisième fois le sabotier, enhardi par son succès, car endéfinitive ce nom redouté n’avait point fait crouler les voûtes dela caverne : La Louve n’est qu’un mot et ce mot est unmensonge. Voyons ! Je vous le demande : si la fille deRohan existait, pensez-vous qu’elle eût protégé Toulouse qui a faitmourir son père en exil ?

– Non, non ! fit-on de toutesparts.

– Pensez-vous qu’elle eût laissé depuisdix ans Alain Polduc dans le manoir de ses aïeux ?

– Non ! non !

– Pensez-vous qu’elle eût passé dixannées sans se montrer à ses vassaux et à ses serviteurs ?

– Non, non !

– Alors, n’avais-je pas raison de vousdire que c’était un épouvantail, un fantôme, derrière lequelcelui-là (il montrait Josselin) se cachait pour nous subjuguerd’abord et puis pour nous vendre à la France… comme il nous auraitsubjugués sans moi ! comme sans moi il nous auraitvendus !

– Réponds, Josselin Guitan !s’écrièrent plusieurs voix.

Et comme Josselin gardait le silence,plusieurs juges dirent aussi :

– Réponds, Josselin, il esttemps !

La cause du joli sabotier était autant diregagnée. Cependant bien des regards se fixaient encore sur ladraperie d’argent avec terreur.

Qu’y avait-il derrière ce voile qu’on nepouvait toucher sous peine de la vie ? La pensée d’un miracleétait dans tous les esprits. Et chacun, sans y croire tout à fait,se représentait la grande figure de la Louve derrière cettemystérieuse draperie.

Yaumy les connaissait. Il voulut frapper lecoup suprême.

– Lui ! répondre !s’écria-t-il, je l’en défie ! Dites-lui de vous montrer laLouve ! Le temps des mensonges est passé. J’ai mis mon talonsur son fantôme. Que reste-t-il ? Le voilà muet, lui levéritable traître. C’est moi, mes enfants, c’est moi, mes amis, quivais répondre à sa place. C’est moi qui vais vous montrer ce quec’est que la Louve !…

– Misérable ! s’écria Josselin, quile vit faire un pas vers la draperie.

Le sang s’arrêta dans toutes les veines. Lesquatorze juges se levèrent du même mouvement involontaire.

– La Louve, reprenait le sabotier avecdes éclats de voix insensés, car il s’était enivré de sa propreparole, et l’effort qu’il faisait pour vaincre sa terreur luiportait au cerveau, – la Louve ! ah ah ! vous allez voirce que nous adorons depuis dix ans : un vieux fauteuil qui semoisit dans une niche vide ! Ouvrez vos yeux, regardezbien ! voilà que je touche le voile ! regardez si la mortme foudroie !

Son visage se marbrait, de teintes rouges etlivides. Il avait peur, mais il osait. Il osait, mais l’épouvantefaisait claquer ses dents. D’un geste convulsif, il écartaviolemment la draperie.

Toutes les épaules plièrent comme si la voûteeût menacé ruine, mais il n’y eut rien. Les Loups virent exactementce que Yaumy leur avait annoncé : une niche vide avec unfauteuil vermoulu.

Mais ils ne le virent pas longtemps. Uneexplosion se fit, personne n’aurait su dire où. Tous ceux quiétaient dans la caverne tombèrent la face contre terre, et il y eutun silence mortel.

Quand ils se relevèrent à la voix de JosselinGuitan, la draperie d’argent était refermée. Yaumy seul ne sereleva pas. La foudre l’avait frappé.

La stupeur profonde causée par cet événementrégnait encore, lorsqu’une catastrophe nouvelle vint la secouerviolemment. Un bruit sourd et de nature inexplicable se faisaitdepuis quelques instants vers l’entrée des grottes. Des éclaireursayant été dépêchés vers la herse, une décharge eut lieu dudehors.

Le son s’en prolongea largement sous lesvoûtes, comme un solennel signal de mort. Pour tous ceux quiétaient là, c’était la trompette du dernier jugement.

Le traître était puni, mais l’effet de latrahison vivait.

Deux des éclaireurs revinrent, et ils necrièrent point aux armes. Les autres étaient restés morts derrièrela herse.

– Laissons nos fusils et prenons nosrosaires, dirent les survivants ; c’est l’heure demourir : les soldats de Conti sont là qui bouchent avec desroches l’entrée de la Fosse-aux-Loups !

**

*

Pendant quelques minutes, ce fut un sombresilence, puis des cris de rage s’élevèrent. Un flot impétueux seprécipita vers la herse. Il n’était plus temps. La dernière rochevenait d’être posée, bouchant la dernière fissure.

Derrière ce mur infranchissable, on entendaitles rires cruels des soldats de Conti qui répétaient, jouant sur lenom du lieu :

– Nous avons enterré les Loups dans leurfossé ! Vous eussiez dit alors un troupeau de bêtes fauvesderrière les barreaux d’une énorme cage. Ils allaient tous etvenaient sans savoir, éprouvant machinalement de la main les mursde leur prison, cherchant des issues nouvelles et revenant toujoursau point de départ, découragés, désespérés, fous.

Quelques-uns, pris par le délire,recommençaient l’orgie. D’autres, accroupis en cercle, se disaientles uns aux autres, d’une voix lamentable, les horreurs de la mortqui allait venir : La mort par la faim dans ces ténèbreslourdes et impénétrables, car les lampes allaient bientôts’éteindre comme les vivres bientôt s’user.

Les femmes pleuraient et se tordaient lesmains ou poussaient d’extravagants éclats de rire. On entendait deschants joyeux parmi le concert des sanglots. La folie contagieusemontait à tous les cerveaux.

Quelques-uns et quelques-unes, bien peu,s’étaient réunis autour de dame Michon Guitan qui priait à hautevoix.

Une heure se passa, un siècle d’une horriblelongueur. Il y avait des cheveux noirs qui avaient blanchi durantcette heure. On voyait partout des yeux caves et des joues creuses.Les jeunes gens courbaient les épaules comme des vieillards. Jevous le dis : un siècle !

Quand dame Michon Guitan eut achevé de réciterson rosaire, elle se leva et vint dans la galerie.

– Dieu est bon, enfants, dit-elle,adressons-nous à Dieu d’abord.

Tous les genoux fléchirent. Après une courteprière, la vieille Michon dit encore :

– Suivez-moi !

Elle se rendit dans la chambre du conseil, oùJosselin n’était plus. Yaumy, qu’on avait poussé dans un coin,donnait encore quelques signes de vie, mais personne ne leregardait seulement.

– Souvenez-vous, enfants, reprit dameMichon Guitan, autrefois, quand vous étiez dans la peine, à quivous adressiez-vous après Dieu ?

– À Rohan, répondirent quelques voix.

– Mais, firent d’autres voix désolées,Rohan est mort, il ne peut plus nous entendre !

– Rohan ne meurt pas ! prononçagravement la vieille femme, qui semblait grandir au milieu de cettefoule affaissée. Souvenez-vous encore. Quand Rohan était trop loinpour vous entendre, je venais à vous et je vous disais : –Enfants, appelons tous ensemble, et que toutes nos voix ne fassentqu’un seul cri !

– C’est vrai, cela ! murmuraient lespauvres malheureux, comme des enfants dont le sourire perce leslarmes.

– Pourquoi ne ferions-nous pas commeautrefois poursuivit dame Michon Guitan ; nous avons priéDieu, appelons nos maîtres !

Elle se plaça au centre du cercle, et d’unevoix éclatante :

– Rohan ! fit-elle.

Un écho faible lui répondit dans la foule.

– Rohan ! répéta-t-elle.

Quelques voix appuyèrent. On avait éteinttoutes les lampes, à l’exception d’une seule pour ménager d’autantla lumière, qui est nécessaire à la vie comme le pain. Une lueursembla s’allumer derrière la draperie d’argent.

– Rohan ! appela dame Michon pour latroisième fois.

À ce coup, la foule toute entière se joignit àelle, car l’espoir rentrait dans les cœurs par cette voie dumerveilleux, toujours ouverte dans les imaginations bretonnes. Lenom de Rohan répété en chœur fit trembler les voûtes.

Miracle ! la tapisserie s’ouvritd’elle-même. Le traître Yaumy avait menti. La Louve existait, caron la vit.

On vit, dans la niche éclairée brillamment,assise sur le trône antique et la main droite appuyée sur la grandeépée du duc Pierre de Bretagne, une femme belle comme les madonesde nos églises, dont le front radieux se couronne d’étoiles. Elleavait sur ses épaules le long manteau d’hermine, le manteau ducaldes aïeux de Rohan.

Les années remontaient-elles leur cours ?Chacun reconnut bien Valentine, belle et jeune comme au temps dubonheur… Il n’y eut pas un genou qui ne fléchit, pas un front quine se courbât jusqu’à terre devant la toute-puissance de laLouve.

La Louve étendit la main silencieusement versune ouverture qui venait d’apparaître à gauche du trône.

Personne n’avait jamais vu cette issue quiétait la vie pour tous ces condamnés.

Le secret des issues de la caverne appartenaità Rohan ! Et Rohan n’avait jamais manqué à l’appel de sesvassaux en détresse.

**

*

Une heure après, la Fosse-aux-Loups était unesolitude. Il y régnait un silence profond, interrompu seulement parune plainte sourde et périodique. C’était le joli sabotier Yaumy,qui avait de la peine à rendre son dernier soupir.

Le sort a des railleries cruelles pour lesambitieux de toute taille. Cette issue tant cherchée et dont laconnaissance devait lui donner le pouvoir suprême, il la découvraitenfin, mais c’était à l’heure de mourir.

Comme il sentait venir déjà les premiersspasmes de l’agonie, il entendit un bruit de pas dans la galeriedéserte, et un homme qui portait une lanterne à la main sortit del’ombre d’un pilier. Il semblait se guider avec peine dans lesdétours de la caverne.

– Vais-je mourir, se disait-il en tâchantd’éclairer les parois pour se reconnaître ; sans m’être vengé,sans avoir pardonné ?…

– Hé ! monsieur deSaint-Maugon ! appela Yaumy du mieux qu’il put.

Et il ajouta.

– Je me doutais bien que vous ne seriezpas le plus fort !

Martin Blas se retourna en s’entendant appelerde ce nom, et vint vers Yaumy qui faisait effort pour se mettre surson séant.

– Vous êtes blessé dit-il, prêt à portersecours.

– Bien des remercîments, monsieur deSaint-Maugon, lui dit le joli sabotier ; vous valez mieux quevotre conduite, et je vais vous rendre un service avant de sauterle pas… une bonne action, ça aide à mourir.

Sa respiration commençait à siffler dans sagorge. Il reprit d’un air tout honteux :

Je me suis souvent moqué de ceux qui disaientdes patenôtres… n’auriez-vous pas un bout de croix sur vous, parhasard ?

– Non, répondit Martin Blas.

Puis, par réflexion :

– J’ai un reliquaire, murmura-t-il.

– Prêtez-moi ça ! Ma défunte mèreétait une bonne chrétienne… Avec ses prières, vos reliques de saintet ma bonne action, j’irai peut-être en purgatoire.

Martin Blas lui tendit une boîte d’argentmarquée d’une croix et fermée par un rond de cristal.

– Ah ! ah ! fit le jolisabotier, vous avez gardé ça depuis seize ans !… Je l’ai vuautrefois au cou de mademoiselle Valentine.

Et comme Martin Blas rougissait :

– Vous avez bien fait, reprit Yaumy enbaisant le médaillon ; elle aussi est une sainte !

– Comment ! s’écria Martin Blas,c’est toi qui me dis cela !

– Il y a un coquin sans entrailles qui nemérite point de pardon, répliqua Yaumy, dont la voix allaits’affaiblissant, c’est Alain Polduc. Alain Polduc m’avait donné del’argent pour vous mentir. Valentine de Rohan était pure comme lesanges de Dieu, et le jour où vous l’avez abandonnée…

Il s’arrêta. Le souffle lui manquait. MartinBlas se pencha sur lui.

– Eh bien ! fit-il.

– Eh bien ! acheva Yaumy dans undernier effort, le comte de Toulouse lui avait proposé sa main… etvotre femme avait montré le berceau de l’enfant en disant : Jesuis mariée à l’homme que j’aime…

Sa tête retomba lourdement. Cependant il putdire encore :

– Voilà une vraie bonne action que j’aifaite ; avec ça et la miséricorde de Dieu, j’espère…

Il était mort. Morvan de Saint-Maugon restaauprès de lui, comme foudroyé.

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