Le Coup d’état de Chéri-Bibi

XXV – DES DÉCOUVERTES QUE FIT MME HILAIREEN SE PROMENANT DANS SA CAVE ET DE CE QUI S’ENSUIVIT

Mais il arriva un jour – le jour justement dela première charrette – que MM. Polydore et Jean-Jean furentabsents dans le même temps que M. Hilaire.

Virginie alluma aussitôt une lanterne, se fitouvrir la trappe et descendit l’escalier à pic qui menait à cesombre mystère.

Le désordre qui y régnait était inimaginable.Les caisses avaient été bousculées, certaines éventrées.

Le vin avait coulé des fûts, humectant le solà faire croire à une crue extraordinaire de la Seine. Un tonneau depetit vin d’Anjou mousseux était vide. Un baril de harengs saursrépandait à demi son contenu sur ce sol fangeux.

Des jambons fumés avaient disparu, ou plutôtles os qui en restaient disaient assez qu’en dépit des bons repasde la salle à manger et des « en-cas » nocturnes deM. Hilaire, MM. Polydore et Jean-Jean avaient satisfait sureux leur incroyable boulimie.

La lanterne, les soupirs et les sourdesexclamations d’horreur de Mme Hilaire sepoursuivaient au milieu de tout ce ravage, quand soudain unbruit de voix se fit entendre du côté de la réserve !

Mme Hilaire s’arrêta,tremblante. Qui donc avait parlé ?

Elle écouta encore, mais en vain, cette fois…Cependant, il n’y avait pas d’erreur. La chose était bien venue dufond de la cave, qu’une simple cloison de planches, fermée d’uneporte épaisse, séparait de la réserve…

Mme Hilaire dut comprimer,d’une main lourde, les battements de son cœur.

Elle se glissa, avec des précautions infinies,jusqu’au fond du mystérieux souterrain…

Contre la porte de la réserve, on avait roulédeux grosses barriques ! Pour empêcher de passer…

Chut ! de nouveaux murmures !

Un soupir qui ne part pas de la gorge deMme Hilaire !

Une voix de femme !

Vierge sainte ! M. Hilaire cache unefemme dans la réserve.

Tout s’explique !

Les « en-cas », toutes les douceursque M. Hilaire transporte dans la cave, tout cela n’estnullement destiné à Polydore et Jean-Jean qui, elle a pu leconstater, hélas ! se rattrapent par ailleurs… Non !toutes ces douceurs sont pour la femme !

Quelle femme ?

Une maîtresse de M. Hilaire ! Enferet damnation !

« Une de la haute », sans doute,puisqu’elle se cache comme une suspecte !

M. Hilaire a toujours eu du goût pour lesfemmes de la haute. Son dévouement à Mme lamarquise du Touchais a paru souvent inexplicable àMme Hilaire.

Et il faut que M. Hilaire y tienne, àcette femme, qui est dans la réserve, pour qu’il la fasse garderpar ces deux monstres, par ces deux dogues insatiables qui luicoûtent les yeux de la tête et ruinent son commerce !

Ah ! ah ! en vérité ! voilàdonc toute l’histoire ! Si Mme Hilaire nereconnaissait plus M. Hilaire, qu’y avait-il d’étonnant àcela ? C’était cette femme qui le lui avait changé !C’est pour elle que Mme Hilaire avait tantsouffert, pour elle qu’elle avait été humiliée, menacée, froissée,ridiculisée devant tous ! C’est à cause de cette femme queMme Hilaire n’était plus maîtresse chezelle !

– Eh bien ! on allaitvoir !

Résolue à se venger d’une façon éclatante etsachant que la vengeance est un plat qui se mange froid, l’épicièrese hâta de regagner, sans faire le moindre esclandre, la lumière dujour.

Tout à coup, Papa Cacahuètes fit sonentrée.

M. Hilaire n’était pas encore arrivé.Papa Cacahuètes alla saluer Mme Hilaire, et luiannonça que, passant par l’Hôtel de Ville, il avait appris avecjoie que M. Hilaire venait d’être nommé inspecteur desprisons !

– Mes félicitations, madame !ajouta-t-il. Tous les jours votre mari monte en grade, acquiert unenouvelle fonction ! La révolution rend hommage à ses grandesqualités de cœur et d’esprit !

– C’est bien parlé ! approuvaJean-Jean qui venait d’arriver et qui avait entendu. Nous fêterons,ce soir, cette bonne nouvelle ! On débouchera une ou deuxbouteilles de champagne !

– Et on videra un flacon de vieux rhum dela Martinique ! ajouta Polydore.

Mme Hilaire baissa les yeuxpour ne pas montrer tout le courroux et toute la haine dont ilsétaient pleins.

Tous ces misérables étaient les complices deson mari !

Enfin, l’épicier arriva et reçut sans tropd’étonnement la nouvelle de son élévation à une dignité aussiimportante que celle d’inspecteur des prisons dans un temps oùelles étaient pleines.

Le vaniteux commençait déjà à se faire auxhonneurs !

Une autre nouvelle, apportée par son ami« le nouveau bougniat », l’homme aux joues noires et auxmains blanches, parut le toucher davantage.

Il frissonna de tout son corps en entendant« M. Frédéric » raconter avec une émotion nullementfeinte la peine qu’il avait éprouvée en apprenant, quelques minutesavant son arrivée, que son prédécesseur, le brave« bougniat » qui lui avait si aimablement passé sonfonds : « Planches de sapin, lattes et houille »,avait été trouvé mort, le matin même, rue de Turenne, avec un grandcouteau planté dans le dos.

Ce brave homme était, depuis longtemps, un amide M. Hilaire et nous savons le service qu’il lui avait rendule jour où le commissaire de la section de l’Arsenal s’était occupéde mettre en lieu sûr la famille du Touchais.

N’était-ce point terrible de se voirrécompenser de ce service-là par un coup de couteau ?

Peut-être avait-il laissé échapper une paroleimprudente ? malgré les recommandations extraordinaires deM. Hilaire…

– Peut-être ce coup de couteaun’était-il que de précaution ? Oh ! abominable,épouvantable Chéri-Bibi !

Sur ces entrefaites survint à son tour, bienpâle et bien défait, ce pauvre M. Barkimel. Il sortait dutribunal révolutionnaire et avait rencontré en route un collègue,lequel avait assisté à la cérémonie de la place de la Révolution etlui avait raconté comment était mort Tissier, l’ex-vice-présidentde la Chambre, condamné par M. Barkimel !

– Il n’y a pas à dire ! exprimacelui-ci avec une certaine mélancolie, ça fait quelque chose de sedire qu’on a fait tomber la tête d’un homme ! Un homme qui,tout à l’heure, respirait comme vous et moi, parlait et tournait latête !

– Ah ! ah ! tournait latête ! Bravo pour tourner la tête ! Vous avez trouvéça tout seul : tourner la tête ! Évidemment, maintenant,il ne peut plus la tourner.

C’était l’horrible Mazeppa qui arrivait.

M. Barkimel, qui était cependant aucourant des nouvelles mœurs hospitalières de M. Hilaire,n’avait pas encore eu l’occasion de se trouver en face de cenouveau « pauvre ». Il recula épouvanté. Mais le pèreCacahuètes sortit soudain de son rêve pour présenter le jeuneMazeppa. « Mon secrétaire ! » ajouta-t-il avec unrire inattendu qui lui racla la gorge et qui effraya les autresautour de lui, plus que tout le reste.

Il pénétra le premier dans la salle à manger,et on l’entendait rire encore là-bas, tout seul, et de quelrire !

M. Hilaire, lui-même, en était toutpâle.

Quant à « Monsieur Frédéric », lebougniat « à la manque », il s’enfuit, après s’êtreexcusé auprès de Mme Hilaire de ne pouvoir accepterson invitation à dîner pour ce soir-là.

Mme Hilaire se disait enelle-même, tout au fond de sa malice avertie par sa récentedécouverte : « Jouez bien la comédie, mesbonshommes ! Il va falloir s’expliquer tout àl’heure ! » Et elle entra dans la salle à manger endonnant le bras à M. Barkimel et semblant ignorer tous lesautres convives.

– Je ne sais pas ce qu’aMme Hilaire, aujourd’hui, prononça la voix érailléede Chéri-Bibi, qui était déjà attablé comme un malotru, maiselle a un petit air qui lui sied à ravir !

Mme Hilaire ne broncha pas.Elle attendait son tour !

La conversation roula dès l’abord sur lanouvelle de l’arrestation du baron d’Askof, que publiait endernière heure le Journal des clubs. Et là-dessus, le pèreCacahuètes s’étonna de ce que l’on continuât à ignorer la retraiteoù se cachait la famille Touchais.

– Elle ne doit pas en mener large, labelle marquise ! exprima Virginie… Elle qui faisait tant lafière qu’on n’osait pas lui adresser la parole ! Où peut-elleêtre, maintenant ? Elle aura peut-être trouvé quelqu’uncomme tant d’autres pour la cacher dans sa cave !

À l’audition de cette phrase prononcée d’unevoix agressive, tous les appétits restèrent suspendus.

Hilaire frémit, ce qui n’échappa point àMme Hilaire, laquelle jouit de ce trouble avec uneférocité à peine dissimulée. Polydore et Jean-Jean seregardèrent.

Papa Cacahuètes pria Mazeppa d’aller lui faireune course et de ne revenir que lorsqu’il « lesifflerait ».

Puis, il toussa, leva ses lunettes noires surMme Hilaire et lui demanda d’une voix qui tremblaitun peu :

– Que voulez-vous dire ? madameHilaire. Il faudrait vous expliquer !

– M’expliquer ! repartit lamaîtresse femme, déjà rayonnante de l’effet produit, est-il besoinde m’expliquer ! M. Hilaire sait parfaitement ce que jeveux dire !

– Moi ? protesta l’innocent Hilaire…Mais j’avoue que je ne comprends même pas pourquoi « PapaCacaouettes » s’étonne de ce que tu viens de dire. Évidemment,cette dame peut être cachée dans une cave ou dans ungrenier !

– Cave ou grenier ! s’écriaMme Hilaire, ce n’est pas moi qui laplaindrai ! Et si jamais on la pince, cette pimbêche, avec samijaurée de Lydie et sa vieille hypocrite de Jacqueline, je seraila première à crier bravo !

– Vous la détestez donc bien ?demanda la voix sourde de Chéri-Bibi.

– Je vais vous expliquer ! intervintM. Hilaire.

– Chut ! gronda la voix deChéri-Bibi, chut ! monsieur Hilaire, n’interrompez pasMme Hilaire ! ça ne se fait pas dans lemonde !

– Oh ! sur ce chapitre, nous n’avonsjamais été d’accord, continua Mme Hilaire. Il abeau être maintenant tout ce qu’il voudra, M. Hilaire regrettecertainement le temps où il était le domestique de cesgens-là ! Il me l’a dit ! Il ne le niera pas ! Et çase dit républicain, révolutionnaire, et tout le tralala ! Moi,je ne suis qu’une femme du peuple et j’ai plus derancune !

– En voilà assez ! s’exclamaM. Hilaire…

Mais Virginie continua de glapir :

– Penses-tu ! Il la saluait toujoursjusqu’à terre ! On aurait dit qu’il en était amoureux, maparole ! Si ça n’était pas à vous faire suer ! Sanscompter qu’elle n’était pas meilleure qu’une autre, laCécily ! On a assez parlé d’elle à Dieppe quand elleavait ses rendez-vous, jusque dans les églises, avec le vicomte dePont-Marie !

Là-dessus il y eût un silence ! quelsilence !

D’abord, la parole deMme Hilaire semblait avoir frappé M. Hilaire àmort. Il ne remuait plus, ne donnait plus signe de vie.

Soudain une voix doucement éraillée, celle dumarchand de cacahuètes, fit entendre :

– Je vois que vous ne l’aimezpas !

– Ah ! non ! explosaVirginie ! Tenez, puisque je ne peux pas espérer qu’elle serama femme de chambre, je ne lui souhaite qu’une chose : c’estqu’elle soit prise, jugée et guillotinée !

Un bruit de vaisselle cassée souligna aussitôtl’importance d’un pareil souhait.

C’était Papa Cacahuètes qui venait dedégringoler sous la table avec son assiette.

Papa Cacahuètes avait cette habitude de mangersouvent sous la table, comme un chien. Il se trouvait ordinairementà son aise, le derrière par terre et ne se mêlant le plus souvent àla conversation que par des grognements.

Mais, cette fois, on ne l’entendit pasgrogner. M. Barkimel voulut rompre un silence redevenuinsupportable :

– Madame, vous êtes une vraie citoyenne.Je puis vous dire, à vous, une chose qui vous réjouira :« On est sur le point de découvrir la retraite de la marquisedu Touchais ! »

– Il y a donc un bon Dieu ? déclaraVirginie.

Quelque chose remua sous la table etM. Hilaire, pour prouver peut-être, lui aussi, qu’il n’étaitpoint tout à fait réellement mort, fit un geste sur sa chaise.MM. Polydore et Jean-Jean se balancèrent sur la leur.

– Oui, expliqua M. Barkimel. Lachose s’est passée en fin d’audience au tribunal révolutionnaire.On nous avait apporté à juger une petite ouvrière blanchisseuse quin’était pas plus blanchisseuse que moi et qui n’est autre que labaronne d’Askof ! la femme de l’ami du Subdamoun qui,lui-même, a été arrêté au café Werter.

« La baronne d’Askof, dont nous devionsrégler immédiatement le sort et qui avait peur, naturellement,d’être condamnée à mort et exécutée dès demain, nous a demandé sinous lui accorderions la vie sauve dans le cas où elle nousmettrait en mesure d’arrêter la marquise du Touchais, mère duSubdamoun !

« L’accusateur public prit sur lui de luipromettre ce qu’elle demandait si ces indications étaientsérieuses. Alors elle nous dit que la blanchisseuse qui l’avaitrecueillie, elle, la baronne, et cachée à tous sous cetaccoutrement était l’ancienne blanchisseuse de la marquise et quecette blanchisseuse avait reconnu une chemise de la marquise dansle linge que lui avait donné récemment une cliente !

À ces mots, M. Hilaire parut se trouvermal sur sa chaise et puis tout à coup poussa un cri perçant. Ons’inquiéta.

– Oh ! ce n’est rien, dit-il, c’estpassé ! Un pincement au cœur !

La vérité était qu’il venait d’être bel etbien mordu à la jambe par cette chose qui était sous la table.

Il mesura du coup la gaffe qu’il avait commiseen glissant dans le linge de la maison une chemise de la marquiseet il comprit aussi que si cette gaffe avait les conséquencesredoutables qu’il fallait dès maintenant prévoir, ce n’était pas safemme qui serait dévorée par cette chose qui était sous la table,mais lui-même, M. Hilaire, tout commissaire de section etinspecteur des prisons qu’il était !

M. Barkimel, qui ne s’apercevait point dudrame que ses paroles déchaînaient à ces côtés,continuait :

– L’accusée donna le nom et l’adresse dela blanchisseuse, rue aux Phoques.

– Rue aux Phoques ! s’écriaVirginie… mais c’est notre blanchisseuse !

– L’affaire fut un instant suspendue,reprit M. Barkimel, pendant qu’on envoyait là-bas lecommissaire aux délégations judiciaires. Ce magistrat revenaitbientôt nous annoncer qu’on avait trouvé la blanchisseuse de la rueaux Phoques pendue à l’espagnolette de sa fenêtre. Hein !qu’est-ce que vous dites de cela ? Croyez-vous que ça secomplique ! Il avait d’abord cru à un suicide, à cause d’unelettre d’amour trouvée près du cadavre, mais il n’avait pas eu depeine à reconstituer le crime ! Encore un coup des amis duSubdamoun qui avaient dû être avertis qu’on était sur la trace dela mère de leur idole ! Ces gens-là ne reculent devantrien !

– Et qu’est-ce que vous avez fait de labaronne d’Askof ? eut encore la force de demanderM. Hilaire, lequel s’était pris à suer à grosses gouttes.

– Eh ! bien, repritM. Barkimel, nous nous disposions à la condamner à mort,puisqu’elle ne nous avait servi de rien, quand elle s’écria qu’ellese rappelait parfaitement les initiales du linge de la pratique aumilieu duquel on avait trouvé la chemise de la marquise… Cesinitiales étaient…

Mais il ne put en dire davantage. Un fracaseffroyable éclata tout à coup dans la salle à manger. La lourdetable avait été renversée d’un seul coup avec tout ce qu’ellesupportait de vaisselle, de verrerie et de couverts, et étaitretombée sur les pieds de M. Barkimel qui se prit aussitôt àpousser des cris d’écorché.

Et de toute cette confusion sortait PapaCacahuètes, qui s’excusait auprès de Mme Hilaire des’être relevé un peu trop brusquement et d’avoir été, ainsi, lacause stupide de la catastrophe !

M. Barkimel, dégoûté décidément d’undîner où il n’avait trouvé aucun plaisir et où il s’était fait àpeu près écraser les pieds, prit congé d’une façon assez maussadeet gagna la porte de la rue, soutenu par le jeune Mazeppa qui avaitreçu l’ordre de le reconduire chez lui et « de le veillercomme son père ».

De leur côté, sur un signe de Papa Cacahuètes,MM. Polydore et Jean-Jean avaient prétexté d’une grandefatigue pour descendre sans plus tarder dans la cave, où leurcouchette les attendait.

De telle sorte qu’il ne resta plus dans lasalle à manger que Papa Cacahuètes, M. Hilaire etMme Hilaire.

Celle qui ne doutait plus de la personnalitéque l’on cachait « chez elle » paraissait prête àéclater.

La face congestionnée, la gorge furieuse, lespoings sur les hanches, elle attendait un mot qui serait, pourelle, le signe de l’explosion.

D’abord, Papa Cacahuètes dit, après avoirrefermé fort précautionneusement la porte :

– Je ne crois pas que cet imbécile deBarkimel se doute de quoi que ce soit, sans cela il ne serait pasvenu dîner ici de peur de se compromettre et il ne nous aurait pasraconté l’histoire !

– Je ne le crois pas, en effet, murmuraM. Hilaire qui tremblait de tous ses membres.

– Comment voulez-vous qu’il s’endoute ? commença d’éclater Virginie. Mais moi, je n’ai plusrien à apprendre.

– Madame Hilaire ! interrompit PapaCacahuètes en lui prenant le poignet dans l’étau de sa main de feret en la faisant reculer jusqu’au fond de la pièce, Madame Hilaire,je vous aime bien, car je ne saurais oublier que vous êtes la femmede mon ami Hilaire ! Laissez-moi donc vous donner le conseilde crier moins fort quand vous parlez de votre cave. Savez-vous quec’est un bienfait inimaginable pour M. Barkimel que sonimbécillité et l’ignorance où il est encore de ce qui se trouvedans votre cave… Ceux qui l’ont su, madame, en sont morts… Lebougniat qui a précédé « Monsieur Frédéric » en est mort…Votre blanchisseuse en est morte…

Il la lâcha, Elle tomba sur une chaise, commedégonflée tout à coup, et elle regardait le diabolique bonhommeavec des yeux hagards. Maintenant, Papa Cacahuètes reprit un peuplus tranquillement :

– Qu’est-ce que vous voulez que je fassede vous, maintenant madame… maintenant que vous savez cettechose-là ? C’est un secret dont vous n’êtes plusmaîtresse ! Un geste, un regard, peuvent nous trahir !Dans ces conditions, vous voyez bien qu’il fautdisparaître !

– Mon Dieu ! gémit M. Hilairequi n’était point méchant, mon Dieu ! ayez pitiéd’elle !

Virginie fit entendre un soupird’agonisante.

– Je vous donne la vie sauve, continua levieillard, après réflexion, mais, je vous répète… il fautdisparaître… et la meilleure façon que vous ayez de disparaître,pour moi, et pour tout le monde, est de descendre, à votre tour,dans votre cave, et de vous y enfermer avec la personne enquestion !

– Jam… mais elle n’acheva pas.Le flamboyant regard noir avait brûlé sa suprême résistance…

– Vous serez enfermée avec elle, madameHilaire, et, comme cette dame, dans le triste état où elle estmomentanément réduite, a besoin de petits soins, vous les luidonnerez ! Vous les lui prodiguerez ! Vous serez saservante ! son humble, son obéissante servante ! Et vouslui dénouerez les cordons de ses chaussures ! Je crois m’êtresuffisamment fait comprendre ; c’est tout ce que je puis fairepour vous !

Il tourna la tête et dit à Hilaire :

– Mon ami, soyez donc assez bon pourmettre dans une valise tout ce dont Mme Hilairepeut avoir besoin pour son petit voyage !

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