2.
Et ensuite…
Il était environ une heure moins dix quand Parker, prenant,comme personne au monde ne pouvait le faire, une attitude naturelleet digne, empreinte du plus parfait décorum, descendit demander –requête inconcevable – qu’on amenât le fauteuil roulant.
– Et je l’amenai ! – déclara le portier avec une gravitéinimitable.
Puis, m’ayant laissé le temps d’apprécier toute la significationde son acte, il ajouta :
– Ils ne s’en sont même pas servis !
– Vraiment ?
– Vraiment ! Il la descendit dans ses bras.
– Et il la porta comme cela jusqu’au bout ?
– Jusqu’au bout.
Il est difficile de le suivre dans la description qu’il fait dela Dame de la Mer. Elle était toujours enveloppée de son châle,semble-t-il, et elle avait « l’air d’une statue », – sans qu’onvoie trop ce qu’il veut dire par là, ni qu’on puisse supposerqu’elle fût inerte ou paralysée.
– Elle avait tout à fait l’air d’une statue, – affirma leportier, – d’une statue qui serait vivante.
Un de ses bras était nu et la masse d’or mouvant de ses cheveuxtombait sur ses épaules.
– Lui ? – me répondit le portier, – on aurait dit,voyez-vous, un homme qui serait remonté, comme un ressort. D’unemain, elle lui caressait les cheveux, oui, les cheveux, en passantles doigts dedans ! Et quand elle vit l’air que je prenais,elle renversa la tête en arrière et se mit à rire… comme si elleavait voulu dire : « Hein ? je le tiens ! » Elle m’éclatade rire au nez. Oui, Monsieur ! Un vrai fou rire !
Je restai un moment silencieux, essayant de me représenter cetextraordinaire tableau. Une idée me frappa.
– Et lui, riait-il aussi ? – questionnai-je.
– Dieu nous bénisse, Monsieur ! S’il riait ? Ah !non, alors !