Miss Waters

5.

Chatteris était accoudé sur la balustrade. Il tressaillitviolemment quand Melville lui posa la main sur l’épaule. Ilséchangèrent des salutations embarrassées.

– Je ne vous cacherai pas, – commença Melville, – que… que l’onm’a prié de vous parler.

– Ne vous excusez pas, – répondit Chatteris, conciliant. – Jesuis heureux d’avoir l’occasion de m’expliquer avec quelqu’un.

Il y eut un bref silence.

Ils s’accoudèrent côte à côte, et leurs regards plongeaient dansle port. Derrière eux, au loin, sur la promenade, l’orchestrefaisait entendre, dans la sérénité du soir, des ritournelles à lamode, pendant que les promeneurs, taches noires et minuscules,allaient et venaient à la clarté des lampes électriques hautperchées sur leurs mâts de bronze. À ce premier contact, Chatterisdut se promettre de rester jusqu’au bout maître de soi, de semontrer homme du monde.

– Quelle soirée superbe ! – dit-il.

– Magnifique ! – répondit Melville sur le même ton, enpréparant un cigare. – Vous souvenez-vous de m’avoir demandé, àLondres, de vous révéler le secret qui…

– Je sais tout cela, – interrompit Chatteris, tournant du côtéde Melville une épaule destinée à parer les coups. – Je saistout !

– Vous avez eu un entretien avec elle ?

– Plusieurs.

Il y eut un silence d’une minute peut-être.

– Que comptez-vous faire ? – demanda Melville.

Chatteris ne répondit pas, et Melville ne se risqua pas àrépéter sa question. Bientôt Chatteris se retourna.

– Marchons, – fit-il, et ils se dirigèrent vers l’extrémitéouest de la terrasse.

Chatteris entama un petit discours.

– Je suis désolé d’être la cause de tous ces embarras, –débita-t-il du ton de quelqu’un qui a préparé ses phrases. – Jesuppose que vous êtes tous convaincus que je me suis conduit commeun imbécile. J’en suis profondément désolé. C’est en grande partiema faute. Mais, comme vous le savez, pour ce qui concerne l’entréeen matière, une certaine portion de vos blâmes revient de droit ànotre bavarde amie Mme Bunting.

– Je le crains, – admit Melville.

– Vous savez qu’il est des moments où l’on éprouve le besoin dese laisser aller à sa fantaisie, et, dans ces occasions-là, ladiscussion n’avance pas à grand-chose.

– Puisque le mal est fait !

– Vous n’ignorez pas qu’Adeline a protesté dès le début contrela présence de cette Dame de la Mer. Mme Bunting n’en tint aucuncompte. Plus tard, quand les choses se sont gâtées, il semblequ’elle essaya de se rattraper.

– J’ignorais que miss Glendower eût formulé des objections.

– Mais si ! Elle prévit ce qui adviendrait.

Et Chatteris parut se lancer dans des spéculationsrétrospectives.

– Naturellement, cela ne me disculpe en aucune manière, maisc’est une sorte d’excuse à l’obligation où vous vous trouvez devous mêler de cette histoire.

Beaucoup moins distinctement, il marmotta deux ou trois phrasesoù Melville surprit des allusions à des « dérangements stupides »et à des « affaires privées ».

Ils se rapprochaient de la musique ; et bientôt ilsatteignirent les confins du territoire réservé aux mélomanesfanatiques. Des rythmes joyeux retentissaient bruyamment. Sous leplafond du kiosque, d’étincelantes lumières se reflétaient sur lespupitres de métal brillant et sur les instruments, et le chefd’orchestre, vêtu d’un uniforme rouge constellé d’or, guidait lesmesures sautillantes d’une ritournelle en vogue. Des éclats devoix, des fragments de conversation parvenaient aux oreilles desdeux causeurs et se mêlaient avec impertinence à leursméditations.

– Penses-tu que j’aurais encore marché avec lui aprèscela ? – déclarait à son amie une jeune personne à l’accenttraînard.

– Ne restons pas ici, – fit brusquement Chatteris.

Quittant la grande allée de la promenade, ils gagnèrent unescalier ménagé au flanc de la falaise. Un instant après, on eûtdit que les imposantes façades de stuc, les hôtels aux fenêtresinnombrables, les globes électriques au haut des mâts de bronze, lekiosque et le public mélangé des jours de fête n’avaient jamaisexisté. C’est un des charmes de Folkestone que cette solitudeténébreuse aux pieds mêmes de la foule. Ils n’entendaient plusl’orchestre, et c’est à peine si quelques vagues flonflons demusique leur parvenaient encore par-dessus la terrasse. Lesdéclivités, tachées de bouquets d’arbres noirs, descendaientau-dessous d’eux jusqu’au rivage, et au large on entrevoyait lesfeux dansants de nombreux navires. Au loin, vers l’ouest, onapercevait, comme un essaim de lucioles, les lumières de Hythe. Lesdeux hommes s’installèrent sur un banc, dans l’obscurité. Pendantun long moment ni l’un ni l’autre ne rompit le silence. Melvilles’imagina que Chatteris se tenait sur la défensive ; ill’entendit même murmurer, d’un ton méditatif et traînard : «Penses-tu que j’aurais encore marché avec lui après cela ?»

– J’admets, – fit bientôt Chatteris à haute voix, – qu’en toutejustice j’ai été inconstant, faible, coupable… radicalement. En cesmatières, il faut suivre une voie toute tracée, prescrite d’avance.Hésiter, avoir deux points de vue, c’est une façon d’agir quecondamnent tous les gens de bon sens. Pourtant… il arrive qu’on aitles deux points de vue. Vous venez de Sandgate ?

– Oui.

– Vous avez vu miss Glendower ?

– Oui.

– Vous lui avez parlé ?… Je suppose que… Que pensez-vousd’elle ?

Pendant que Melville hésitait dans le choix d’une réponse,l’extrémité du cigare de Chatteris brilla d’un vif éclat et, à saclarté, mon cousin vit les yeux de son interlocuteur fixéspensivement sur lui.

– Je ne l’ai jamais trouvée… – bredouilla Melville en cherchantdes formules diplomatiques, – je ne l’avais pas… jusqu’ici… trouvéeparticulièrement attrayante. Fort belle, assurément, mais sans riende… séduisant. Cette fois, cependant, elle me parut plutôt…superbe.

– Elle l’est, elle l’est ! – certifia Chatteris.

Il se pencha en avant, les coudes sur les genoux, en s’obstinantà vouloir débarrasser son cigare de cendres imaginaires.

– Elle est superbe ! – reprit-il. – Vous commencezseulement à vous en apercevoir, mais, mon cher, quand vous laconnaîtrez ! Elle est, je vous l’assure, la créature la plushonnête, la plus droite, la plus stricte que j’aie jamaisrencontrée. Elle croit si fermement, elle fait le bien sisimplement, avec une sorte de royale bienveillance, une sorted’intégrité dans l’indulgence !…

Il laissa la phrase incomplète, comme si elle eût ainsi mieuxexprimé sa pensée.

– Elle désire que vous reveniez à elle, – lâcha Melville àbrûle-pourpoint.

– Je m’en doute, – répondit Chatteris, en secouant encored’imaginaires cendres. – Elle me l’a écrit. C’est là justement quese manifeste son magnifique caractère. Elle ne divague pas, netergiverse pas, comme le feraient la plupart des femmes. Elle nerécrimine pas, ne prend pas de grands airs offensés, ne se désolepas, ne pleurniche pas et ne vous adjure pas, pour l’amour de Dieu,de lui rester fidèle. Elle ne réplique pas : « Penses-tu que jemarche encore avec lui après cela ? » Par écrit, elle poseclairement, nettement, ses questions. Je crois, Melville, que je nela connaissais pas moitié aussi bien avant que cette histoiresurvînt. Elle apparaît en relief… Avant cela, comme je vous l’aiavoué, et comme je m’en rendais compte d’ailleurs depuis le début,elle était… un peu trop… un peu trop statistique.

Il reprit sa méditation ; l’éclat de son cigare s’atténuaet disparut tout à fait.

– Vous revenez ?

– Oui, certes.

Melville eut un léger sursaut. Puis ils restèrent tous deux uninstant immobiles. Brusquement, Chatteris jeta au loin son cigareéteint, et, avec ce geste, on eût dit qu’il lançait au loin biend’autres choses aussi.

– Certes, oui, je reviens… Ce n’est pas ma faute, –expliqua-t-il, – si ces tracas, si cette séparation se sontproduits. J’étais dégoûté, j’étais préoccupé, je le sais… J’avaisdes idées en tête. Mais si on m’avait laissé tranquille… On m’apoussé à bout, – résuma-t-il.

– Bien que la situation soit contrariante et encore en suspens àl’heure actuelle, je tiens à vous dire que je ne veux blâmer… quique ce soit, – spécifia Melville.

– Vous avez l’esprit large, comme on s’y attend de votre part, –accorda Chatteris. – Et je m’imagine bien que ces démêlés et cescomplications vous assomment. Vous êtes un brave ami de me gardervotre indulgence et de ne pas me dédaigner comme un paria, unperturbateur de l’ordre des choses.

– C’est là, certes, une position ennuyeuse, – ditMelville ; – mais je comprends peut-être mieux que vous ne lesupposez les forces qui vous tiraillent…

– Elles sont bien simples, sans doute.

– Très simples, en effet.

– Et cependant…

– Alors ?

Chatteris parut redouter d’aborder un sujet dangereux.

– Il y a l’autre, – fit-il.

Le silence de Melville l’engagea à poursuivre, et il renonça àson attitude voulue.

– Qu’est-ce que tout cela ? Pourquoi cette créatureest-elle survenue dans ma vie, comme elle l’a fait, si c’est sisimple ? Qu’y a-t-il donc en elle ou en moi qui m’a fait ainsidérailler ? Car elle m’égare, vous savez ! Nous sommestous sens dessus dessous, et ce n’est pas tant la situation que leconflit mental. Pourquoi suis-je tiraillé ainsi ? Elle s’estemparée de mon imagination. Comment ? Je n’en ai pas lamoindre idée.

– Elle est d’une grande beauté, – insinua Melville.

– D’une grande beauté, certainement ; mais miss Glendoweraussi.

– Elle est fort belle, je ne suis pas aveugle, Chatteris.

– Elle est différemment belle.

Melville haussa les épaules.

– Elle n’est pas belle pour tout le monde.

– Que voulez-vous dire ?

– Bunting reste calme.

– Oh ! lui, – ricana Chatteris.

– Bien d’autres gens ne paraissent pas s’en apercevoir comme jem’en aperçois.

– Il y a tant de gens qui ne voient pas la beauté là où il estfatal que nous la voyions ! Pourquoi ? À moins qu’il nefaille croire qu’il n’y a aucune raison dans les choses, pourquoicette… cette impossibilité est-elle belle pour chacun ?Envisagez cela comme un problème de raison, Melville. Pourquoi sonsourire m’est-il doux ? Pourquoi sa voix meremue-t-elle ? Pourquoi la sienne et non pas celled’Adeline ? Adeline a des yeux francs, clairs, des yeuxsuperbes… et voyez quelle différence ! Qu’est-ce donc ?Une courbe inappréciable de la paupière, une différenceinfinitésimale dans la longueur des cils, et ça suffit à toutbouleverser. Qui pourrait mesurer la différence ? Qui peutdire ce qui me ravit, ce qui m’enlève dans le son de sa voix ?La différence ? C’est une chose visible, une chose matérielle: elle est dans mes yeux, à moi !… Sapristi ! – fit-il enéclatant soudain de rire, – imaginez-vous le vieil Helmholtzessayant de la supputer au moyen d’une batterie de résonnateurs, ouHerbert Spencer l’expliquant par la théorie de l’Évolution et duMilieu !

– Ces choses-là dépassent tout essai de mesure ou de définition,– dit Melville.

– Non pas si vous les mesurez par les effets produits, répliquaChatteris. – En tout cas, pourquoi nous y laissons-nousprendre ? Voilà le problème dont je ne puis sortir en cemoment.

Mon cousin demeura songeur, avec, sans doute, ses mainsprofondément enfoncées dans ses poches.

– C’est une illusion, – dit-il ; – c’est une séductionmagique. Voyons, examinez la question sincèrement. Quiest-elle ? Que peut-elle vous donner ? Elle vousleurre de vagues promesses… elle est le masque séducteur…

Il hésita.

– Alors ? – fit Chatteris, après un silence.

– Elle est tout cela… Pour vous et pour toutes les réalités dece monde, elle signifie…

– Quoi ?

– La mort !

– Oui, je le sais… Je n’ai rien de neuf à apprendre sur cesujet-là. Mais pourquoi… pourquoi le masque de la mort est-ilbeau ? Et puis… nous accomplissons notre devoir avec lesecours d’une raison inflexible. Pourquoi la raison et la justicel’emporteraient-elles sur tout ? Qui sait ? Il y apeut-être des choses au-delà de notre raison… le désir a des droitssur nous… la beauté, en tout cas… C’est-à-dire, – expliqua-t-il, –que nous sommes des êtres humains, nous sommes de la matière avecun esprit qui provient de nous-mêmes. Nous sommes liés par en basau merveilleux domaine de la matière, et par en haut nous aspironsà un quelque chose…

Il se tut, fort mécontent de la banale image qu’ilemployait.

– Nous prenons une direction différente, quoi qu’il en soit, –ajouta-t-il sans plus de bonheur, mais il saisit au passage uneautre image qui n’exprimait cependant pas exactement son idée : –L’homme est une sorte de gîte d’étape… il doit consentir à descompromis, comme vous le faites.

– Eh oui ! j’essaye de maintenir l’équilibre, – réponditmodestement mon cousin.

– Quelques vieilles gravures, bonnes, j’imagine, un certain luxede mobilier et de fleurs, quelques bibelots dont vos moyens vouspermettent l’acquisition ; de l’art, avec modération ;quelques bonnes actions du genre agréable ; un certain respectpour la vérité, pour le devoir, avec modération aussi… Hein ?C’est cet équilibre-là que je ne puis obtenir. Je ne puis m’asseoirdevant l’assiettée de bouillie de la vie quotidienne et l’étendred’une dose raisonnable d’eau claire et de beauté. L’art… Je suissans doute trop avide, trop vorace, et je reste au nombre desinadaptables à l’état civilisé. Je me suis installé une fois, deuxfois même, devant un mets sain, solide, hygiénique… Ce n’est pasmon genre…

Et il répéta :

– Ce n’est pas mon genre.

Melville, je crois, ne répliqua rien à cela. La critique de safaçon de vivre l’avait distrait du sujet immédiat de laconversation. Il s’égarait dans des comparaisons égoïstes. Sansdoute, il fut sur le point de dire, comme dans des circonstancessemblables la plupart de nous l’auraient fait : « Vous n’êtes pasau courant de ma situation. »

– Mais à quoi bon pérorer de la sorte ? – s’exclamaChatteris. – J’essaye simplement d’élever le ton de l’histoire en ymêlant ces questions plus amples. C’est une justification, alorsque je ne voulais rien justifier du tout. J’ai à choisir entrel’existence avec Adeline et cette femme surgie de la mer.

– Et qui est la mort.

– Comment saurais-je qu’elle est la mort ?

– Mais vous avez annoncé tout à l’heure que votre choix étaitfait.

– Il est fait, – dit-il, en cherchant visiblement à se souvenir.– Il est fait ! – confirma-t-il bientôt. – Je vous l’ai dit,je retournerai demain voir miss Glendower… Oui !

Des portions oubliées du discours qu’il avait préparé, et dontle courant de la conversation l’avait détourné, lui revinrent enmémoire, et il les débita :

– Le fait pur et simple est celui-ci : ma vie a besoin dediscipline, d’application, de persévérance. Il me faut ignorer lesà-côtés, asservir les pensées vagabondes. De la discipline…

– Et du travail.

– Du travail, si vous préférez ; c’est la même chose. Lemal jusqu’ici provient de ce que je n’ai jamais assez travaillé. Jeme suis arrêté pour deviser avec les femmes sur le bord de laroute. J’ai transigé et tergiversé, et l’autre danger m’a attrapé…À présent, il me faut y renoncer, voilà tout !

– Ce n’est pas que votre œuvre soit à dédaigner.

– Sapristi ! non ! Elle est ardue ! Elle a sesmoments arides ; il est des endroits à gravir qui ne sont passeulement abrupts, mais boueux…

– Le monde a besoin de chefs, de bergers. Il donne beaucoup auxgens de votre classe, le loisir, les honneurs, l’éducation, leshautes traditions…

– Et il s’attend à quelque chose en échange. Je le sais. J’aitort… j’ai eu tort, en tout cas. Ce rêve m’a séduit étrangement… etil me faut y renoncer. Du reste, ce n’est pas si grave… renoncer àun rêve, ce n’est guère plus que de se décider à vivre. Il y aencore au monde de grandes choses à accomplir.

Melville émit un aphorisme laborieux :

– S’il n’y a plus de Vénus Anadyomène, il reste saint Michel etson glaive.

– L’archange austère, cuirassé de son armure. Mais lui, aumoins, il avait un vrai dragon palpable à frapper et à transpercer,et non pas ses propres désirs. De nos jours, nous préférons prendredes arrangements avec les dragons, élever le niveau du salaireminimum, améliorer le genre d’habitation des classeslaborieuses ; d’une manière ou d’une autre, donner autant quenous recevons.

Melville objecta que ce n’était pas là une interprétationéquitable de son aphorisme.

– Soyez tranquille, – répondit Chatteris, – je n’éprouve aucundoute au sujet du choix. Je vais me remettre d’accord avecl’espèce ; je vais regagner ma place dans le rang et prendrepart à la grande bataille pour l’avenir, qui est le but de ma vie.J’ai besoin d’un bain froid moral et je ne veux plus attendre… ilfaut mettre un terme à ces futiles badinages avec des rêves et desdésirs. Je vais m’établir un emploi du temps pour chacune de mesheures et me confectionner une règle de conduite ; j’engageraimon honneur dans l’enchevêtrement des controverses, je meconsacrerai au service, comme un homme doit le faire. La lutte, lesuccès, l’œuvre accomplie, les mains nettes.

– Et il y a miss Glendower, n’est-ce pas ?

Bien entendu ! – riposta Chatteris sur un ton qu’on nesentait pas tout à fait sincère. – Adeline, grande, belle, capable,le regard inflexiblement droit. Sapristi, s’il n’y a plus de VénusAnadyomène, il reste au moins Pallas-Athènè. C’est elle qui secharge du rôle de réconciliatrice.

Puis, à l’ahurissement de Melville, il prononça ces mots :

– Ce ne sera pas si désagréable, savez-vous.

Melville réprima un mouvement d’impatience à cette allusionsaugrenue. Ensuite, Chatteris se mit à débiter une série de phrasesincohérentes :

– La cause est entendue, la sentence est prononcée. Je suis ceque je suis. J’ai examiné le dossier d’outre en outre et j’airésolu la difficulté. Je suis un homme et je dois me conduire enhomme. Le désir… guide et clarté du monde, fanal flamboyant sur unpromontoire… Qu’il flamboie ! qu’il se consume ! La routese dirige vers lui, le contourne et le dépasse… J’ai fait monchoix. Il me faut être un homme, vivre en homme, mourir en homme,porter ma part du fardeau qui pèse sur ceux de ma classe et de montemps. Voilà ! J’ai goûté au rêve, mais vous voyez que je nelâche pas la raison. Ici même, pendant que la flamme brûle, j’yrenonce, à ce rêve ! Mon choix est arrêté… Renonciation !La renonciation toujours ! Voilà la vie pour nous tous. Nousavons des désirs pour les abjurer, des sens pour les laisser péririnsatisfaits. Nous ne pouvons faire vivre qu’une partie denous-mêmes. Pourquoi serais-je dispensé de ce sort ?… Pourmoi, elle est le mal ; pour moi, elle est la mort !…Oui !… Mais pourquoi ai-je vu son visage ? Pourquoi ai-jeentendu sa voix ?

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