Biribi – Discipline Militaire

Chapitre 27

 

J’ai de la veine. On vient de rendre justice àmon mérite.

Le conducteur des mulets qui vont chercher del’eau au puits ayant perdu l’estime des grosses légumes, aété destitué. C’est moi qu’on a choisi pour le remplacer.

 

– Chançard, est venu me dire Rabasse, lepoète, qui prétend savoir mener les bourdons, lui aussi, et quiaurait bien voulu se voir promu au grade de porteur d’eau ; tun’as plus qu’à te battre les flancs, à présent !

Pas tout à fait. Il faut que je fasse au puitssix voyages par jour : trois le matin, trois le soir. Un hommede corvée doit m’accompagner pour remplir les tonneaux que nousplaçons sur les bâts. Ce n’est pas éreintant. Nous avons le tempsde nous amuser en route.

Je n’en ai justement pas, d’homme de corvée.Il m’en faut un. Je n’aurai pas été préposé à la lavasse, comme ditAcajou, et investi d’une autorité – limitée – sur deux bêtes desomme et un subalterne, sans avoir usé des prérogatives que meconfère ma charge. Il m’en faut un.

– Sergent, je n’ai pas d’homme decorvée.

– Je vais vous en désigner un. Le premierqui sortira de sa tente… Gabriel ! venez ici. Vous allez vousrendre au puits, avec Froissard ; jusqu’à nouvel ordre, vouscontinuerez.

– Oui, sergent.

 

Je reste cloué à ma place, stupide.Gabriel ! lui ! elle !… Mais je n’en veuxpas !… Je…

Et, tout d’un coup, je sens mes mains qui seglacent, tout mon sang qui me remonte au cœur. Il vient deme regarder en souriant…

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