Scène II
Les mêmes, deux enfants, quiviennent d’entrer dans la pâtisserie.
RAGUENEAU.
Vous désirez, petits ?
PREMIER ENFANT.
Trois pâtés.
RAGUENEAU, les servant.
Là, bien roux…
Et bien chauds.
DEUXIÈME ENFANT.
S’il vous plaît,enveloppez-les-nous ?
RAGUENEAU, saisi, àpart.
Hélas ! un de mes sacs !
(Aux enfants.)
Que je les enveloppe ?…
(Il prend un sac et au moment d’ymettre les pâtés, il lit.)
« Tel Ulysses, le jour qu’il quittaPénélope… »
Pas celui-ci !…
(Il le met de côté et en prend unautre. Au moment d’y mettre les pâtés, il lit.)
« Le blondPhœbus… » Pas celui-là !
(Même jeu.)
LISE, impatientée.
Eh bien ! qu’attendez-vous ?
RAGUENEAU.
Voilà, voilà, voilà !
(Il en prend un troisième et serésigne.)
Le sonnet à Philis !… mais c’est dur tout demême !
LISE.
C’est heureux qu’il se soit décidé !
(Haussant les épaules.)
Nicodème !
(Elle monte sur une chaise et semet à ranger des plats sur une crédence.)
RAGUENEAU, profitant de cequ’elle tourne le dos, rappelle les enfants déjà à laporte.
Pst !… Petits !… Rendez-moi le sonnet à Philis,
Au lieu de trois pâtés je vous en donne six.
(Les enfants lui rendent le sac, prennent vivement lesgâteaux et sortent. Ragueneau, défripant le papier, se met à lireen déclamant.)
« Philis !… » Sur ce doux nom, une tachede beurre !…
« Philis !… »
(Cyrano entrebrusquement.)