Cyrano de Bergerac

Scène XIV

Les mêmes, Roxane, Christian, lecapucin, Ragueneau, laquais, la duègne.

 

DE GUICHE, à Roxane.

 

Vous !

 

(Reconnaissant Christian avecstupeur.)

 

Lui ?

 

(Saluant Roxane avecadmiration.)

 

Vous êtes des plus fines !

 

(À Cyrano.)

 

Mes compliments, Monsieur l’inventeur des machines.

Votre récit eût fait s’arrêter au portail

Du paradis, un saint ! Notez-en le détail,

Car vraiment cela peut resservir dans un livre !

 

CYRANO, s’inclinant.

 

Monsieur, c’est un conseil que je m’engage à suivre.

 

LE CAPUCIN, montrant les amants àDe Guiche et hochant avec satisfaction sa grande barbeblanche.

 

Un beau couple, mon fils, réuni là par vous !

 

DE GUICHE, le regardant d’un œilglacé.

 

Oui.

 

(À Roxane.)

 

Veuillez dire adieu, Madame, à votre époux.

 

ROXANE.

 

Comment ?

 

DE GUICHE, à Christian.

 

Le régiment déjà se met en route.

Joignez-le !

 

ROXANE.

 

Pour aller à la guerre ?

 

DE GUICHE.

 

Sans doute !

 

ROXANE.

 

Mais, Monsieur, les cadets n’y vont pas !

 

DE GUICHE.

 

Ils iront.

 

(Tirant le papier qu’il avait misdans sa poche.)

 

Voici l’ordre.

 

(À Christian.)

 

Courez le porter, vous, baron.

 

ROXANE, se jetant dans les brasde Christian.

 

Christian !

 

DE GUICHE, ricanant, àCyrano.

 

La nuit de noce est encorelointaine !

 

CYRANO, à part.

 

Dire qu’il croit me faire énormément de peine !

 

CHRISTIAN, à Roxane.

 

Oh ! tes lèvres encor !

 

CYRANO.

 

Allons, voyons, assez !

 

CHRISTIAN, continuant à embrasserRoxane.

 

C’est dur de la quitter… Tu ne sais pas…

 

CYRANO, cherchant àl’entraîner.

 

Je sais.

 

(On entend au loin des tamboursqui battent une marche.)

 

DE GUICHE, qui est remonté aufond.

 

Le régiment qui part !

 

ROXANE, à Cyrano, en retenantChristian qu’il essaye toujours d’entraîner.

 

Oh !… je vous leconfie !

Promettez-moi que rien ne va mettre sa vie

En danger !

 

CYRANO.

 

J’essaierai… mais ne peuxcependant

Promettre…

 

ROXANE, même jeu.

 

Promettez qu’il sera trèsprudent !

 

CYRANO.

 

Oui, je tâcherai, mais…

 

ROXANE, même jeu.

 

Qu’à ce siège terrible

Il n’aura jamais froid !

 

CYRANO.

 

Je ferai mon possible.

Mais…

 

ROXANE, même jeu.

 

Qu’il sera fidèle !

 

CYRANO.

 

Eh oui ! sans doute, mais…

 

ROXANE, même jeu.

 

Qu’il m’écrira souvent !

 

CYRANO, s’arrêtant.

 

Ça, – je vous le promets !

 

RIDEAU.

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