Scène V
Cyrano, Roxane, laduègne.
CYRANO.
Je tire
Ma lettre si je sens seulement qu’il y a
Le moindre espoir !…
(Roxane, masquée, suivie de la duègne, paraît derrière levitrage. Il ouvre vivement la porte.)
Entrez !…
(Marchant sur laduègne.)
Vous, deux mots, duègna !
LA DUÈGNE.
Quatre.
CYRANO.
Êtes-vous gourmande ?
LA DUÈGNE.
À m’en rendre malade.
CYRANO, prenant vivement des sacsde papier sur le comptoir.
Bon. Voici deux sonnets de monsieur Benserade…
LA DUÈGNE, piteuse.
Heu !…
CYRANO.
… que je vous remplis dedarioles.
LA DUÈGNE, changeant de figure.
Hou !
CYRANO.
Aimez-vous le gâteau qu’on nomme petit chou ?
LA DUÈGNE, avec dignité.
Monsieur, j’en fais état, lorsqu’il est à la crème.
CYRANO.
J’en plonge six pour vous dans le sein d’un poème
De Saint-Amant ! Et dans ces vers de Chapelain
Je dépose un fragment, moins lourd, de poupelin.
– Ah ! Vous aimez les gâteaux frais ?
LA DUÈGNE.
J’en suis férue !
CYRANO, lui chargeant les bras desacs remplis.
Veuillez aller manger tous ceux-ci dans la rue.
LA DUÈGNE.
Mais…
CYRANO, la poussantdehors.
Et ne revenez qu’après avoirfini !
(Il referme la porte, redescend vers Roxane, et s’arrête,découvert, à une distance respectueuse.)