Scène VI
Christian, Cyrano, les pages, uninstant.
CHRISTIAN.
Au secours !
CYRANO.
Non monsieur.
CHRISTIAN.
Je meurs si je ne rentre
En grâce, à l’instant même…
CYRANO.
Et comment puis-je, diantre !
Vous faire à l’instant même, apprendre ?…
CHRISTIAN, lui saisissant lebras.
Oh ! là, tiens, vois !
(La fenêtre du balcon s’estéclairée.)
CYRANO, ému.
Sa fenêtre !
CHRISTIAN, criant.
Je vais mourir !
CYRANO.
Baissez la voix !
CHRISTIAN, tout bas.
Mourir !…
CYRANO.
La nuit est noire…
CHRISTIAN.
Eh ! bien ?
CYRANO.
C’est réparable.
Vous ne méritez pas… Mets-toi là, misérable !
Là, devant le balcon ! Je me mettrai dessous…
Et je te soufflerai tes mots.
CHRISTIAN.
Mais…
CYRANO.
Taisez-vous !
LES PAGES, reparaissant au fond,à Cyrano.
Hep !
CYRANO.
Chut !…
(Il leur fait signe de parlerbas.)
PREMIER PAGE, à mi-voix.
Nous venons de donner la sérénade
À Montfleury !…
CYRANO, bas, vite.
Allez vous mettre en embuscade
L’un à ce coin de rue, et l’autre à celui-ci ;
Et si quelque passant gênant vient par ici,
Jouez un air !
DEUXIÈME PAGE.
Quel air, monsieur legassendiste ?
CYRANO.
Joyeux pour une femme, et pour un homme, triste !
(Les pages disparaissent, un àchaque coin de rue. – À Christian.)
Appelle-la !
CHRISTIAN.
Roxane !
CYRANO, ramassant des caillouxqu’il jette dans les vitres.
Attends ! Quelques cailloux.