La San-Felice – Tome V

CLXII – LA BIENVENUE DE SA MAJESTÉ

Dès le 25 juin, avant qu’il eût appris de labouche même de Ruffo que celui-ci se séparait de la coalition,Nelson avait envoyé au colonel Mejean l’intimationsuivante :

« Monsieur, Son Éminence le cardinalRuffo et le commandant en chef de l’armée russe vous ont faitsommation de vous rendre : je vous préviens que, si le termequi vous à été accordé est outrepassé de deux heures, vous devrezen subir les conséquences, et que je n’accorderai plus rien de cequi vous a été offert.

» Nelson. »

Pendant les jours qui suivirent cettesommation, c’est-à-dire du 26 au 29, Nelson fut occupé à fairearrêter les patriotes, à marchander la trahison du fermier et àfaire pendre Caracciolo ; mais cette œuvre de honte terminée,il put s’occuper de l’arrestation des patriotes qui n’étaient pointencore entre ses mains et du siège du château Saint-Elme.

En conséquence, il fit descendre à terreTroubridge avec treize cents Anglais, tandis que le capitaineBaillie se joignait à lui avec cinq cents Russes.

Pendant les six premiers jours, Troubridge futsecondé par son ami le capitaine Ball ; mais, celui-ci ayantété envoyé à Malte, il fut remplacé par le capitaine BenjaminHallowel, celui-là même qui avait fait cadeau à Nelson d’uncercueil taillé dans le grand mât du vaisseau françaisl’Orient.

Quoi qu’en aient dit les historiens italiens,une fois acculé au pied de ses murailles, Mejean, qui, par sesnégociations, avait compromis l’honneur national, voulut sauverl’honneur français.

Il se défendit courageusement, et le rapport àlord Keith, de Nelson, qui se connaissait en courage, rapport quicommence par ces mots : « Pendant un combat acharnéde huit jours, dans lequel notre artillerie s’est avancée àcent quatre-vingts yards des fossés… » en est un éclatanttémoignage.

Pendant ces huit jours, le cardinal étaitresté les bras croisés sous sa tente.

Dans la nuit du 8 au 9 juillet, on signaladeux bâtiments que l’on crut reconnaître, l’un pour anglais,l’autre pour napolitain, et qui, passant à l’ouest de la flotteanglaise, faisaient voile vers Procida.

Le matin du 9, en effet, on vit dans le portde cette île deux vaisseaux, dont l’un, le Sea-Horse,portait le pavillon anglais, et l’autre, la Sirène,portait non-seulement le pavillon napolitain, mais encore labannière royale.

Le 9, au matin, le cardinal recevait du roicette lettre, sans grande importance pour notre histoire, mais quiprouvera du moins que nous n’avons laissé passer aucun documentsans l’avoir lu et utilisé.

« Procida, 9 juillet 1799.

» Mon éminentissime,

» Je vous envoie une foule d’exemplairesd’une lettre que j’ai écrite pour mes peuples. Faites-la-leurconnaître immédiatement, et rendez-moi compte de l’exécution de mesordres par Simonetti, avec lequel j’ai longuement causé ce matin.Vous comprendrez ma détermination à l’égard des employés dubarreau.

» Que Dieu vous garde comme je ledésire.

» Votre affectionné,

» Ferdinand B. »

Le roi était attendu de jour en jour. Le 2juillet, il avait reçu les lettres de Nelson et de Hamilton qui luiannonçaient la mort de Caracciolo et qui le pressaient devenir.

Le même jour, il écrivait au cardinal, dont iln’avait point encore reçu la démission :

« Palerme, 2 juillet 1799.

» Mon éminentissime,

» Les lettres que je reçois aujourd’hui,et celle surtout que j’ai reçue dans la soirée du 20, m’ontvraiment consolé en me montrant que les choses prennent un bonpli, celui que je désirais, que je m’étais fixé d’avance pourfaire marcher d’accord les affaires terrestres avec l’aide divineet vous mettre en état de me mieux servir.

» Demain, selon l’invitation faite parl’amiral Nelson et par vous, et surtout pour faire honneur à maparole, je partirai avec un convoi de troupes pour me rendre àProcida, où je vous reverrai, vous communiquerai mes ordres etprendrai toutes les dispositions nécessaires pour le bien, lasécurité et la félicité de tous les sujets qui sont restésfidèles.

» Je vous en préviens d’avance, en vousassurant que vous retrouverez en moi

» Votre toujours affectionné,

» Ferdinand B. »

Et, en effet, le lendemain, 3 juillet, le rois’embarquait, non point sur le Sea-Horse, comme l’y avaitinvité Nelson, mais sur la frégate la Sirène. Ilcraignait, en donnant, au retour, le même signe de préférence auxAnglais qu’il leur avait donné en allant, – il craignait,disons-nous, de porter à son comble la désaffection de la marinenapolitaine, déjà grande par suite de la condamnation et de la mortde Caracciolo.

Nous avons dit qu’aussitôt arrivé, le roiavait écrit au cardinal ; mais on peut voir, malgré laprotestation d’amitié qui termine la lettre, ou plutôt par cettemême protestation d’amitié, qu’il y a un refroidissement visibleentre ces deux illustres personnages.

Ferdinand avait amené avec lui Acton etCastelcicala. La reine avait voulu rester à Palerme : ellesavait combien elle était impopulaire à Naples et avait craint quesa présence ne nuisît au triomphe du roi.

Toute la journée du 9, le roi resta à Procida,écoutant le rapport de Speciale, et, malgré son dégoût pour letravail, dressant lui-même la liste des membres de la nouvellejunte d’État qu’il devait instituer, et celle des coupables qu’elleallait avoir à juger.

Il n’y a point à douter de la peine que daignaprendre, en cette circonstance, le roi Ferdinand, – cette doubleliste, que nous avons eu entre les mains et que nous avons renvoyéedes archives de Naples à celles de Turin, étant tout entière écritede la main de Sa Majesté.

Mettons d’abord sous les yeux de nos lecteursla liste des bourreaux : à tout seigneur touthonneur !

Puis nous y mettrons celle des victimes.

Cette junte d’État nommée par le roi secomposait ainsi :

Le président : Felice Ramani ;

Le procureur fiscal :Guidobaldi ;

Juges : les conseillers Antonio dellaRocca, don Angelo di Fiore, don Gaetano Sambuti, don VicenzoSpeciale.

Juges de vicairie : don Salvatore diGiovanni.

Procureur des accusés : don AlessandroNara.

Défenseurs des accusés : les conseillersVanvitelli et Mulès.

Les deux derniers, comme on le comprend bien,n’étaient qu’une fiction de légalité.

Cette junte d’État fut chargée de juger,c’est-à-dire de condamner extraordinairement et sans appel,

À MORT :

Tous ceux qui avaient enlevé, des mains dugouverneur Ricciardo Brandi, le château Saint-Elme, – NicolinoCaracciolo en tête, bien entendu ;

(Par bonheur, Nicolino Caracciolo, qui avaitreçu mission de Salvato de sauver l’amiral Caracciolo, étant arrivéà la ferme le jour même de son arrestation, et ayant appris latrahison du fermier, n’avait point perdu un instant, s’était jetédans la campagne et était venu se mettre sous la protection ducommandant français de Capoue, le colonel Giraldon.)

Tous ceux qui avaient aidé les Français àentrer à Naples ;

Tous ceux qui avaient pris les armes contreles lazzaroni ;

Tous ceux qui, après l’armistice, avaientconservé des relations avec les Français ;

Tous les magistrats de laRépublique ;

Tous les représentants dugouvernement ;

Tous les représentants du peuple ;

Tous les ministres ;

Tous les généraux ;

Tous les juges de la haute commissionmilitaire ;

Tous les juges du tribunalrévolutionnaire ;

Tous ceux qui avaient combattu contre lesarmées du roi ;

Tous ceux qui avaient renversé la statue deCharles III ;

Tous ceux qui, à la place de cette statue,avaient planté l’arbre de la liberté ;

Tous ceux qui, sur la place du Palais, avaientcoopéré ou même simplement assisté à la destruction des emblèmes dela royauté et des bannières bourboniennes ou anglaises ;

Enfin, tous ceux qui, dans leurs écrits oudans leurs discours, s’étaient servis de termes offensants pour lapersonne du roi, de la reine, ou des membres de la familleroyale.

C’étaient à peu près quarante mille citoyensmenacés de mort par une seule et même ordonnance.

Les dispositions plus douces, c’est-à-direcelles qui n’emportaient que la condamnation à l’exil, menaçaient àpeu près soixante mille personnes.

C’était plus du quart de la population deNaples.

Cette occupation, que le roi regardait commepressée avant toutes, lui prit toute la journée du 9.

Le 10 au matin, la frégate la Sirènequitta le port de Procida et fit voile vers leFoudroyant.

À peine le roi eut-il mis le pied sur le pont,que le Foudroyant,au coup de sifflet du contre-maître, sepavoisa comme pour une fête, et que l’on entendit les premièresdétonations d’une salve de trente et un coups de canon.

Le bruit s’était déjà répandu que le roi étaità Procida ; la canonnade partie des flancs duFoudroyant apprit au peuple qu’il était à bord du vaisseauamiral.

Aussitôt, une foule immense accourut sur laplage de Chiaïa, de Santa-Lucia et de Marinella. Une multitude debarques, ornées de bannières de toutes couleurs, sortirent du port,ou plutôt se détachèrent de la rive et voguèrent vers l’escadreanglaise pour saluer le roi et lui souhaiter la bienvenue. En cemoment, et pendant que le roi était sur le pont, regardant, avecune longue-vue, le château Saint-Elme, contre lequel, en l’honneurde son arrivée, sans doute, le canon anglais faisait rage, unboulet anglais coupa, par hasard, la hampe du drapeau françaisarboré sur la forteresse, comme si les assiégeants eussent calculéce moment pour donner au roi ce spectacle, qu’il regarda comme unheureux présage.

Et, en effet, au lieu que ce fût la bannièretricolore qui reparût, ce fut la bannière blanche, c’est-à-dire ledrapeau parlementaire.

L’apparition inattendue de ce symbole de paix,qui semblait ménagée pour l’arrivée du roi, produisit un effetmagique sur tous les assistants, qui éclatèrent en hourras et enapplaudissements, tandis que les canons du château de l’Œuf, duChâteau-Neuf et du château del Carmine répondaient joyeusemeut auxsalves parties des flancs du vaisseau amiral anglais.

Et, à propos de la chute de cette bannière,qu’on nous permette d’emprunter quelques lignes à DominiqueSacchinelli, l’historien du cardinal : elles sont assezcurieuses pour trouver place ici, n’interrompant d’ailleursaucunement notre récit.

« Consacrons, dit-il, un paragraphe auxsinguliers accidents du hasard, qui eurent lieu pendant cetterévolution.

» Le 23 janvier, un boulet lancé par lesjacobins de Saint-Elme, coupa la lance de la bannière royale quiflottait sur le Château-Neuf, et sa chute détermina l’entrée destroupes françaises à Naples.

» Le 22 mars, un obus fait tomber duchâteau de Cotrone la bannière républicaine, et cet accident,considéré comme un miracle, amène la révolte de la garnison contreles patriotes et facilite aux royalistes l’occupation duchâteau.

» Enfin, le 10 juillet, la chute de labannière française, déployée au-dessus du château Saint-Elme, amènela capitulation de ce fort.

» Et, ajoute l’historien, celui quivoudrait confronter les dates verrait que tous ces accidents, demême que les plus importants qui eurent lieu pendant l’entreprisedu cardinal Ruffo, eurent lieu des vendredis. »

Détournons les yeux du château Saint-Elme, oùnous aurons plus d’une fois encore l’occasion de les reporter, poursuivre du regard une barque qui se détache du rivage un peuau-dessus du pont de la Madeleine, et s’avance, sans pavillon,silencieuse et sévère, au milieu de toutes ces barques bruyantes etpavoisées.

Elle porte le cardinal Ruffo, qui, en échangede l’hommage qu’il va faire au roi de son royaume reconquis, vientlui demander, pour toute grâce, de maintenir les traités qu’il asignés en son nom, et de ne pas faire à son honneur royal lasouillure d’un manque de parole.

Voilà encore une de ces occasions où leromancier est forcé de céder la plume à l’historien, et des faitsoù l’imagination n’a pas le droit d’ajouter un mot au texteimplacable de l’annaliste.

Et que le lecteur veuille bien se rappeler queles lignes que nous allons mettre sous ses yeux sont tirées d’unlivre publié par Dominique Sacchinelli en 1836, c’est-à-dire enplein règne de Ferdinand II, ce grand étouffeur de la presse,et publié avec permission de la censure.

Voici les propres paroles de l’honorablehistorien :

« Pendant que l’on traitait avec lecommandant français de la reddition du fort Saint-Elme, le cardinalse rendit à bord du Foudroyant,pour informer de vive voixle roi Ferdinand de ce qui était arrivé avec les Anglais, àl’endroit de la capitulation du Château-Neuf et du château del’Œuf, et du scandale que produisait la violation de ces traités.Sa Majesté se montra d’abord disposée à observer et à suivre lacapitulation ; cependant, elle ne voulut rien décider sansavoir entendu Nelson et Hamilton.

» Tous deux furent appelés à donner leuravis.

» Hamilton soutint cette doctrinediplomatique, que les souverains ne traitaient pas avec leurssujets rebelles, et déclara que le traité devait être nul et nonavenu.

» Nelson ne chercha point defaux-fuyants. Il manifesta une haine profonde contre toutrévolutionnaire à la mode française, disant qu’il fallait extirperjusqu’à la racine du mal pour empêcher de nouveaux malheurs,puisque, les républicains étant obstinés dans le péché etincapables de repentir, ils commettraient, aussitôt que s’enprésenterait l’occasion, de pires et plus funestes excès, etqu’enfin l’exemple de leur impunité servirait d’aiguillon à tousles malintentionnés.

» Et, de même que Nelson avait renduinefficaces les remontrances faites par le cardinal Ruffo au momentdu traité, de même il réussit par ses intrigues à paralyser lesmêmes intentions du roi et le désir de clémence qu’il avait unmoment manifesté. »

Le roi décida donc, malgré les instances quele cardinal Ruffo poussa jusqu’à la supplication, – Nelson etHamilton, ces deux mauvais génies de son honneur, entendus, – queles capitulations du château de l’Œuf et du Château-Neuf seraienttenues pour nulles et non avenues.

À peine cette décision fut-elle prise, que lecardinal, se voilant le visage d’un pan de sa robe de pourpre,descendit dans le bateau qui l’avait amené et rentra dans cettemaison où les traités avaient été signés, en vouant cette monarchiequ’il venait de rétablir aux vengeances, tardives peut-être, maiscertaines, de la justice divine.

Et, le même jour, les prisonniers détenus àbord du Foudroyantet des felouques qui devaient lesconduire en France furent débarqués et conduits, enchaînés deux àdeux, dans les prisons du château de l’Œuf, du Château-Neuf, duchâteau des Carmes et de la Vicairie. Et, comme, ces prisonsn’étaient pas suffisantes, – les lettres du roi elles-mêmesaccusent huit mille captifs, – ceux qui ne purent tenirdans ces quatre châteaux furent conduits aux Granili, convertis enprisons supplémentaires.

Ce que voyant, les lazzaroni pensèrent qu’avecle roi Nasone, les jours des fêtes sanglantes étaient revenus, et,par conséquent, ils se remirent a piller, à brûler et à tuer avecplus d’entrain que jamais.

Selon l’habitude que nous avons prise, depuisle commencement de ce livre, de ne rien affirmer des horreurscommises à cette époque, de si haut ou de si bas qu’elles vinssent,sans appuyer notre dire de documents authentiques, nousemprunterons les lignes suivantes à l’auteur des Mémoires pourservir à l’histoire des révolutions de Naples :

« Les journées du 9 et du 10 furentsignalées par les crimes et les infamies de toute espèce qui furentcommis et desquels ma plume se refuse à tracer le tableau. Ayantallumé un grand feu en face du palais royal, les lazzaroni jetèrentdans les flammes sept malheureux arrêtés quelques jours auparavant,et poussèrent la cruauté jusqu’à manger les membres, tout saignantsencore, de leurs victimes. L’infâme archiprêtre Rinaldi seglorifiait d’avoir pris part à cet immonde banquet. »

Outre l’archiprêtre Rinaldi, un homme sefaisait remarquer à cette orgie d’anthropophages : de même queSatan préside au sabbat, lui présidait à cette horrible subversionde toutes les lois de l’humanité.

Cet homme était Gaetano Mammone.

Rinaldi mangeait les chairs à moitiécuites ; Mammone buvait le sang à même les blessures. Lehideux vampire a laissé une telle impression de terreur dansl’esprit des Napolitains, qu’aujourd’hui encore, aujourd’hui qu’ilest mort depuis plus de quarante-cinq ans, pas un habitant de Sora,c’est-à-dire du pays où il était né, n’a osé répondre à mesquestions et me donner des renseignements sur lui. « Il buvaitle sang comme un ivrogne boit du vin ! » voilà ce quej’ai entendu dire par dix vieillards qui l’avaient connu, et c’esten réalité la seule réponse qui m’ait été faite par vingt personnesdifférentes qui l’avaient vu s’enivrer de cette odieuseboisson.

Mais un homme que l’on se fût attendu à voirprendre une part frénétique à la réaction, et qui, au grandétonnement de tous, au lieu d’y prendre part, paraissait, aucontraire, la voir s’accomplir avec terreur, c’était fraPacifico.

Depuis le meurtre de l’amiral FrançoisCaracciolo, pour lequel il avait un culte, fra Pacifico avait sentitoutes ses convictions l’abandonner. Comment pendait-on commetraître et comme jacobin un homme qu’il avait vu servir son roiavec tant de fidélité et combattre avec tant de courage ?

Puis un autre fait jetait encore un grandtrouble dans son esprit, étroit mais loyal : comment, aprèsavoir tant fait, – et fra Pacifico savait mieux que personne cequ’il avait fait, – comment, après avoir tant fait, le cardinalétait-il non-seulement sans puissance, mais à peu prèsdisgracié ? et comment était-ce Nelson, un Anglais, – qu’en saqualité de bon chrétien, il détestait presque autant commehérétique, qu’en sa qualité de bon royaliste il détestait lesjacobins, – comment était-ce Nelson qui avait maintenant toutpouvoir, qui jugeait, qui condamnait, qui pendait ?

On avouera qu’il y avait dans ces deux faitsde quoi jeter du doute même dans un cerveau plus fort que celui defra Pacifico.

Aussi, comme nous l’avons dit, voyait-on lepauvre moine en simple spectateur aux exploits de Rinaldi, deMammone et des lazzaroni qui suivaient leur exemple. Quand laférocité de ces hordes de cannibales devenait trop grande, on levoyait même détourner la tête et s’éloigner, sans frapper commed’habitude le pauvre Giacobino de son bâton ; et, si c’était àpied qu’il vaguait ainsi par les rues, préoccupé d’une idéesecrète, cette fameuse tige de laurier, autrefois massue, étaitdevenue un bourdon de pèlerin, sur lequel, comme s’il était fatiguéd’un long voyage, il appuyait, dans des haltes fréquentes etpensives, ses deux mains et son visage.

Quelques personnes, qui avaient remarqué cechangement et que ce changement préoccupait, prétendaient mêmeavoir vu fra Pacifico entrer dans des églises, s’y agenouiller etprier.

Un capucin priant ! Ceux à qui l’onracontait cela ne voulaient pas le croire.

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