LE COUTEAU SUR LA NUQUE AGATHA CHRISTIE

— Comment ? Vous l’aviez prévu ainsi depuis longtemps ? Ne disiez-vous pas qu’un homme dans la coulisse avait dû persuader la jeune fille d’exécuter cette mystification innocemment ?

— Oui, oui…

— Eh bien, que demandez-vous de plus ? À mon avis, c’est une chance inouïe pour nous que Carlotta ait écrit cette lettre.

— Le meurtrier ne l’avait point prévu, dit Poirot. Lorsque miss Adams accepta ces dix mille dollars, elle signa son arrêt de mort. L’assassin croyait avoir pris toutes ses précautions… Et cependant, sans le vouloir, elle le dénonce. La mort parle.

— Je n’ai jamais cru que miss Adams agissait pour son propre compte, proféra Japp sans rougir. À présent, procédons par ordre.

— Vous allez arrêter le capitaine Marsh… c’est-à-dire lord Edgware ?

— Pourquoi pas ? Nous possédons suffisamment de preuves de sa culpabilité.

— C’est pourtant vrai.

— Vous semblez profondément découragé, monsieur Poirot. On dirait que vous aimez à compliquer les choses. Votre hypothèse se confirme et vous n’êtes pas satisfait. Découvrez-vous quelque faille dans ce témoignage ?

Poirot secoua négativement la tête.

— Je me demande ce que vient faire ici miss Marsh, dit Japp. Sans doute, était-elle complice, puisqu’ils ont quitté l’Opéra ensemble pour se rendre à Regent Gate. Je vais de ce pas les interroger tous les deux.

— Ma présence ne vous gênerait pas ? demanda Poirot d’un air modeste.

— Certes non ! C’est à vous que je dois cette idée.

— Qu’avez-vous, Poirot ? demandai-je en aparté à mon ami.

— Hastings, je suis consterné. Tout cela paraît simple comme bonjour, mais je sens là-dessous quelque chose de louche. Il existe certainement un fait qui nous échappe. Tout semble confirmer mes présomptions, mais ce n’est pas du tout ce que je souhaitais.

Il me considéra d’un air lamentable.

Je ne sus que répondre pour le consoler.

CHAPITRE XXI

LE TÉMOIGNAGE DE RONALD

Dans le taxi qui nous conduisait à Regent Gate, Poirot garda un air morne et perplexe.

— Bah ! Nous pouvons toujours écouter ce qu’il va dire, murmura-t-il enfin.

Arrivés à Regent Gate, on nous annonça que la famille terminait le lunch. Japp exprima le désir de voir lord Edgware personnellement. On nous introduisit dans le salon-bibliothèque.

Au bout de quelques minutes, le jeune homme parut, souriant. Ses traits s’assombrirent et il serra les lèvres quand Japp lui exposa l’objet de sa visite.

— Alors, voilà l’histoire, fit Ronald.

Il prit une chaise et s’assit.

— Inspecteur, je voudrais vous faire un aveu.

— Comme il vous plaira.

— Vous pensez peut-être que c’est folie de ma part. Tant pis, je vais parler… n’ayant rien à redouter de la vérité, comme disent toujours les héros de romans… Tout d’abord, comme je n’ai pas encore tout à fait perdu la raison, je devine que mon alibi ne tient plus debout. On a suspecté le témoignage des fidèles Dortheimer et mis la main sur le chauffeur de taxi, sans doute ?

— Nous sommes au courant de vos faits et gestes en cette soirée-là, dit Japp, impassible.

— Je professe une admiration illimitée pour Scotland Yard. Tout de même, vous devriez songer que si j’avais eu l’intention de commettre un acte criminel, je n’aurais pas demandé à un chauffeur de taxi de me conduire jusqu’à la maison, et de m’y attendre. Y avez-vous réfléchi ? Ah ! je vois que M. Poirot m’a compris. Mais, inspecteur, je prévois votre réponse. L’idée du crime m’est venue brusquement. J’attendais près de la voiture quand, soudain, je me dis : Vas-y, mon garçon, et ne le rate pas !

« La vérité est tout autre : je me débattais contre de gros embarras d’argent. Ce n’est pas un mystère. Il me fallait une forte somme pour le lendemain. Dans cette situation désespérée, j’allai solliciter mon oncle. Il ne m’aimait pas, mais je pensais que pour sauver l’honneur de son nom il se laisserait persuader. Les hommes d’âge mûr sont en général sensibles à ces sentiments, mais mon oncle, en sa cynique indifférence, refusa.

« Emprunter à Dortheimer ? Je savais qu’il n’y avait rien à espérer de ce côté. Quant à épouser sa fille, impossible. Elle est trop intelligente pour m’accepter comme époux. Tout à fait par hasard, je rencontrai ma cousine à l’Opéra. Nous n’avons pas souvent l’occasion de nous voir, mais elle s’était toujours montrée gentille pour moi quand j’habitais chez mon oncle. Je lui racontai mes déboires ; mon oncle lui en avait déjà dit un mot. Avec son bon cœur, elle m’offrit d’engager ses perles. Elle était libre d’en disposer puisqu’elles lui venaient de sa mère.

Le jeune homme fit une pause… une réelle émotion lui étreignait la gorge, me semblait-il… ou bien il jouait admirablement la comédie.

— J’acceptai l’offre de ma cousine. J’emprunterais sur ce bijou, mais je promis sous la foi du serment de le dégager, dussé-je m’astreindre au travail pour ce faire. Le collier se trouvait à Regent Gate. Aussitôt, nous décidâmes de nous y rendre, et nous sautâmes dans un taxi.

« Nous fîmes arrêter la voiture de l’autre côté de la rue. Geraldine descendit et traversa la chaussée. Comme elle avait sa clef, il lui fut facile d’ouvrir la porte sans déranger personne, de prendre les perles, puis de me les rapporter. Tout au plus, risquait-elle de rencontrer un domestique. Miss Carroll, la secrétaire de mon oncle, se couchait habituellement à neuf heures et demie. Et mon oncle s’attardait toujours dans sa bibliothèque.

« Pendant l’absence de Geraldine, je demeurai près du taxi. De temps à autre, je regardais du côté de la maison pour voir si elle revenait. Et à présent j’arrive à une partie de mon histoire à laquelle vous pourrez ajouter foi ou non. Un homme passa sur le trottoir d’en face. Je le suivis des yeux et, à mon étonnement, je le vis gravir les marches du perron du numéro 17 et entrer dans la maison. Du moins, il me sembla que c’était le numéro 17, mais j’étais un peu trop loin pour l’affirmer. En tout cas, ma stupéfaction fut grande pour deux raisons : d’abord, parce que l’homme s’était introduit au moyen d’une clef, ensuite parce que je le reconnus pour un artiste en vogue.

« Je résolus alors de me rendre compte de ce qui se passait. Par hasard, j’avais en ma possession la clef du numéro 17. Je l’avais perdue, ou plutôt je croyais l’avoir perdue il y a trois ans, et je l’ai retrouvée voilà deux jours, j’avais eu l’intention de la remettre le matin à mon oncle, mais dans le feu de la discussion, j’oubliai ce détail, et quand je changeai de costume le soir pour me rendre à l’Opéra, je transférai cette clef dans la poche de mon habit.

« Ayant prié le chauffeur d’attendre, je fis quelques pas sur le trottoir, traversai la chaussée et à l’aide de ma clef, entrai au numéro 17. Le vestibule était désert et je ne vis aucune trace du visiteur. Je demeurai un instant immobile, regardant autour de moi, puis j’allai vers la porte de la bibliothèque. L’homme s’y trouvait peut-être avec mon oncle. En ce cas, j’entendrais le bruit de leurs voix. Je me collai contre la porte, mais aucun bruit ne me parvint de l’intérieur.

« Je pensai alors que cet homme avait dû entrer dans un autre immeuble… Regent Gate est plutôt mal éclairé la nuit. Quelle sottise de filer cet individu ! Aurais-je l’air assez ridicule si mon oncle, sortant de sa bibliothèque, me surprenait chez lui ? Et cela parce que j’avais soupçonné un passant de mauvaises intentions. Fort heureusement, personne ne m’avait vu.

« À reculons, je gagnai la porte et au même instant Geraldine arrivait au bas de l’escalier, tenant à la main le collier de perles.

« Elle fut très surprise de me voir là. Une fois dehors, je lui expliquai mon initiative. Nous retournâmes vivement à l’Opéra, et entrâmes dans la salle au moment où le rideau se levait. Personne ne s’aperçut de notre absence. La nuit étant étouffante, beaucoup de spectateurs étaient sortis à l’entracte pour respirer un peu.

Il s’arrêta un moment.

— Oh ! je sais ce que vous allez me dire : pourquoi n’avez-vous pas fait cette déposition immédiatement ? Eh bien, permettez-moi de vous poser la même question : alors qu’on avait d’excellentes raisons de vous soupçonner, auriez-vous avoué de gaieté de cœur que vous vous étiez rendu dans la maison de la victime la nuit du crime ? Non, n’est-ce pas ?

« Je savais que même si on nous avait crus, Geraldine et moi, nous serions en butte à d’innombrables ennuis. Nous ne pouvions en aucune façon aider à découvrir le meurtrier : nous n’avions rien vu ni rien entendu. J’étais du reste persuadé que tante Jane elle-même avait tué mon oncle. Alors, pourquoi intervenir ? Je vous ai raconté ma querelle avec mon oncle et mon besoin d’argent parce que je savais que vous l’auriez tôt ou tard découvert. Si je cherchais à vous cacher ces faits, vous étudieriez de plus près mon alibi. Les Dortheimer étaient convaincus que je n’avais point quitté Covent Garden. Que j’eusse passé un entracte en compagnie de ma cousine n’éveilla nullement leurs soupçons. Et Geraldine pouvait toujours affirmer que ni l’un ni l’autre n’avions quitté les parages du théâtre.

— Miss Marsh était-elle d’accord avec vous sur cette dissimulation ?

— Oui. J’allai la voir et lui conseillai à tout prix de ne rien dire de notre venue ici au cours de la nuit tragique. Elle et moi nous ne nous étions pas éloignés durant le dernier entracte à Covent Garden, nous avions fait les cent pas dans la rue, voilà tout. Elle comprit et me promit son entière discrétion.

« Évidemment, je sais que cet aveu fait après coup ne compte pas à vos yeux. Mais je vous jure que c’est l’exacte vérité. Je puis vous donner le nom et l’adresse du bijoutier qui m’a prêté sur les perles de Geraldine. Et ma cousine vous confirmera tout ce que je viens de vous révéler.

— Selon vous, dit Japp, Jane Wilkinson aurait commis le meurtre ? Vous l’avez affirmé.

— N’auriez-vous pas conçu la même idée, d’après les dires du maître d’hôtel ?

— Et votre pari avec miss Adams ?

— Un pari avec Carlotta Adams ? Qu’est-ce que ça signifie ?

— Niez-vous lui avoir offert la somme de dix mille dollars si elle se présentait à votre oncle ce soir-là en se faisant passer pour Jane Wilkinson ?

Ronald ouvrit des yeux étonnés.

— Je lui aurais offert dix mille dollars, moi ? Où donc aurais-je été les prendre ? C’est elle qui vous a dit cela !… Oh ! pardon ! j’oublie qu’elle est morte !

— Oui, répondit Poirot, elle est morte.

Ronald nous regarda fixement l’un après l’autre. Son visage pâlissait, la frayeur se lisait dans ses yeux.

— Je n’y comprends plus rien, murmura-t-il. Je vous ai dit la vérité, et je vois qu’aucun de vous n’ajoute foi à mes paroles.

Alors, à ma stupéfaction, Poirot répondit au jeune homme :

— Si, moi je vous crois.

CHAPITRE XXII

L’ÉTRANGE CONDUITE D’HERCULE POIROT

Nous étions dans notre appartement à l’hôtel.

— Que diable ?… commençai-je.

Poirot m’interrompit.

— Je vous en supplie, Hastings ! Pas maintenant ! Pas maintenant !

Là-dessus, il saisit son chapeau, le planta sur sa tête et sortit en coup de vent.

Il n’était pas encore de retour, lorsque, au bout d’une heure, Japp apparut.

— M. Poirot est sorti ?

Sur ma réponse affirmative, il s’assit et s’épongea le front. La chaleur était accablante.

— Je me demande ce qui lui a pris ! Écoutez, Hastings, lorsqu’il s’est avancé vers cet homme et lui a dit : « Je vous crois », j’ai été ahuri !

Moi, j’étais aussi ahuri et je le dis à l’inspecteur Japp qui reprit :

— Que vous a-t-il dit ensuite ?

— Absolument rien. Lorsque j’ai voulu lui en parler, quand nous avons été de retour ici, il a pris son chapeau et il est sorti brusquement.

— Il déménage, dit Japp.

J’étais disposé à le croire. Japp m’avait souvent confié auparavant que Poirot était ce qu’il appelait « timbré ». Cette fois, je dois avouer que moi-même je ne comprenais nullement l’attitude de Poirot, Au moment même où son hypothèse allait triompher il ne voulait plus l’admettre.

— Je l’ai toujours considéré comme un type bizarre, continua Japp. Je lui reconnais une sorte de génie, mais ne dit-on pas que, du génie à la folie, il n’y a qu’un pas ? Poirot adore la difficulté. Une affaire simple ne l’intéresse pas, il la complique à souhait…

Poirot lui-même, entrant dans la pièce, m’évita de répondre.

Il enleva son chapeau, le plaça soigneusement sur la table auprès de sa canne et s’assit dans son fauteuil habituel.

— Tiens, vous voilà, mon bon Japp ? Je pensais justement à vous rendre visite.

Japp le regarda sans répondre ; il attendait la suite.

Elle ne tarda point. Poirot prononça d’une voix lente et précise :

— Écoutez-moi, Japp. Nous avons fait fausse route. C’est déplorable.

— À quoi bon vous faire du mauvais sang pour cet individu ? Il mérite ce qui lui arrive.

— Ce n’est pas à son sujet que je me tracasse, mais à cause de vous.

— À cause de moi ?

— Oui. Je suis responsable. Qui vous a mis sur cette piste ? Moi ! C’est moi qui ai attiré votre attention sur Carlotta Adams et vous ai parlé de la lettre à sa sœur d’Amérique. C’est moi qui, pas à pas, vous ai engagé dans cette voie.

— De toute façon, je m’y serais dirigé, trancha Japp. Vous m’y avez devancé, voilà tout.

— Possible, mais si votre prestige subissait quelque atteinte parce que vous avez suivi mes idées, je me le reprocherais éternellement.

Japp paraissait amusé. Je soupçonne qu’il s’imaginait que Poirot lui enviait l’honneur qui lui reviendrait s’il découvrait le réel assassin.

— C’est compris, dit-il. Je n’oublierai pas de proclamer que je vous dois des lauriers en cette affaire.

Poirot haussa les épaules avec impatience.

— Vous ne comprenez pas du tout. Je ne tiens nullement aux honneurs. De plus, je vous préviens, ce ne sont pas des lauriers qui nous attendent, mais un échec pour vous, pour moi, et pour la Justice.

Japp éclata de rire.

— Monsieur Poirot, je veux bien accepter la gloire ou le blâme que nous récolterons dans ce procès. Il fera grand bruit, je vous l’accorde. Eh bien, je vais vous dire ma façon de penser. Il se peut que, grâce à un habile avocat, lord Edgware soit gracié – avec les jurés, sait-on jamais ? – eh bien, même alors je suis au-dessus des attaques. On saura que nous avons démasqué le vrai coupable, même si nous ne réussissons pas à le faire condamner.

Poirot le considéra d’un œil indulgent.

— L’ennui, c’est que vous ne doutez jamais de vous-même, Japp. Jamais vous ne vous dites : « C’est trop facile ! »

— Ah ! pour cela non ! Et, permettez-moi de vous mettre en garde contre cette habitude que vous avez de trouver toujours les choses trop faciles. Pourquoi ne seraient-elles pas faciles ?… Maintenant, revenons à nos moutons. Sans doute aimeriez-vous savoir ce que j’ai fait ?

— Assurément.

— J’ai d’abord interrogé miss Geraldine Marsh, et sa déposition concorde exactement avec celle de lord Edgware. Peut-être sont-ils complices, mais je ne le crois pas. Il exerce sur elle une énorme influence. Quand elle a appris son arrestation, elle s’est évanouie.

— Et la secrétaire… miss Carroll ?

— Elle n’a point paru trop surprise.

— Et les perles ? demandai-je. Cette partie de l’histoire est-elle vraie ?

— Parfaitement. De bonne heure le lendemain, il a emprunté une forte somme sur le collier. Pour moi, cela n’a rien à voir avec l’assassinat. Je suppose plutôt que cette idée lui est venue lorsqu’il a rencontré sa cousine à l’Opéra. Désemparé, sans le sou, il préméditait son crime et voilà pourquoi il gardait la clef dans sa poche. Tandis qu’il parle à sa cousine, il lui vient à l’esprit qu’en l’impliquant dans l’affaire, elle représentera un atout de plus pour sa sécurité à lui. Jouant avec la sensibilité féminine, il fait allusion aux perles, elle se laisse persuader, et ils s’éloignent. Dès qu’elle est entrée dans la maison, il la suit et pénètre dans le salon-bibliothèque. Son oncle s’est sans doute assoupi dans son fauteuil. Quoi qu’il en soit, le neveu accomplit son forfait en deux secondes et s’en va. Il ne s’attendait pas à être surpris par la jeune fille dans la maison, mais comptait qu’elle le retrouverait au-dehors.

« Le lendemain matin, il emprunte sur le collier. Lorsqu’il entend parler du crime, il persuade la jeune fille de tenir secrète leur visite nocturne.

— En ce cas, pourquoi a-t-il parlé ? demanda Poirot.

— Il a changé d’idée. Ou peut-être a-t-il jugé que sa cousine flancherait. C’est une jeune fille nerveuse.

— Oui, approuva Poirot. Elle est d’une nervosité extrême… Mais ne vous semble-t-il pas qu’il eût été plus facile et plus simple pour le capitaine Marsh de quitter seul l’Opéra durant l’entracte ? Il aurait pénétré tranquillement avec sa clef et serait retourné au théâtre après avoir tué son oncle… au lieu d’avoir un taxi à l’attendre au-dehors, et une cousine nerveuse qui pouvait descendre d’un instant à l’autre et le trahir involontairement.

Japp ricana :

— Voilà comment vous ou moi aurions agi. Oui, mais nous possédons un peu plus de jugeote que ce capitaine Ronald Marsh… Et, s’il est innocent, pourquoi ce pari avec miss Adams ?

— C’est peut-être lui qui a parlé de miss Adams…, prononça Poirot d’un ton rêveur. Non, je dis des sottises. Que pensez-vous de la mort de cette artiste ? demanda-t-il brusquement à Japp.

— Ma foi, je penche pour l’accident… coïncidence propice… Ronald Marsh n’a rien à y voir. Son alibi après l’Opéra ne laisse aucun doute. Il est resté chez Sobrand en compagnie des Dortheimer jusqu’après une heure du matin,… Si l’accident ne s’était pas produit, Marsh aurait acheté le silence de cette femme avec une nouvelle somme d’argent et suscité en elle la frayeur d’être arrêtée pour assassinat si elle révélait la vérité.

— Et vous pensez que miss Adams aurait laissé pendre une autre femme, alors que son témoignage suffisait pour la sauver ?

— Jane Wilkinson n’aurait pas été pendue : la déposition des invités de Montagu Corner suffisait à prouver son innocence.

— Mais le meurtrier ignorait sa présence à ce repas. Il devait compter sur la condamnation de Jane Wilkinson et le silence de Carlotta Adams.

— Monsieur Poirot, vous voilà convaincu que Ronald Marsh est innocent. Prêtez-vous créance à cette histoire d’un autre homme qui s’est glissé furtivement dans la demeure de lord Edgware et qui serait, d’après Ronald, l’acteur de cinéma Bryan Martin ?

— Il pouvait, en effet, s’étonner de voir cet homme entrer chez son oncle avec une clef.

— Oui, mais par malheur – ou par bonheur – Mr. Bryan Martin ne se trouvait pas à Londres ce soir-là. Il emmena une jeune femme dîner chez Moseley et ils ne revinrent qu’après minuit.

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