La Garden-party et autres nouvelles

Chapitre 4

 

À cause de ce fait, elles s’étaient trouvéesfort gênées quand M. Farolles, le pasteur de l’égliseSaint-Jean, leur avait rendu visite le même après-midi.

– La fin, j’aime à le croire, a été toutà fait paisible ?

Ce furent ses premières paroles, lorsqu’ilvint à elles d’un pas silencieux, à travers le salon obscur.

– Tout à fait, répondit Joséphine d’unevoix faible.

Elles baissaient la tête ; elles sesentaient, l’une et l’autre, certaines que cet œil-là n’avait pointdu tout exprimé la paix.

– Ne voulez-vous pas vous asseoir ?dit Joséphine.

– Je vous remercie, Miss Pinner, répliquaM. Farolles d’un air de gratitude.

Il releva les basques de sa redingote etcommença à se laisser descendre dans le fauteuil de papa, mais, aumoment où il touchait le siège, il se releva en bondissant presquepour se glisser dans le fauteuil voisin.

Il toussota. Joséphine joignit les mains,Constance prit un air vague.

– Je voudrais que vous sentiez bien, MissPinner, dit M. Farolles, ainsi que vous Miss Constance, que jem’efforce de vous être de quelque secours. Je désire vous venir enaide à toutes deux, si vous voulez bien me le permettre. De pareilsmoments sont ceux, dit M. Farolles avec beaucoup de simplicitéet de sérieux, où Dieu demande que nous nous entraidions.

– Merci beaucoup, Monsieur Farolles,répondirent Joséphine et Constance.

– Mais pas du tout, repritM. Farolles avec douceur.

Il étira ses gants de chevreau entre sesdoigts et se pencha en avant.

– Et si l’une de vous avait envie deprendre une petite communion, l’une de vous ou bien toutes deux,ici même et en ce moment, vous n’avez qu’à me le dire. Une petitecommunion est souvent d’une grande aide… d’un grand réconfort,ajouta-t-il tendrement.

Mais l’idée d’une petite communion lesépouvanta. Quoi ! dans le salon, toutes seules… sans aucun…sans autel, sans rien du tout ! Le piano serait bien trophaut, pensait Constance, M. Farolles ne pourrait absolumentpas se pencher par-dessus avec le calice. Et puis, Kate nemanquerait pas d’entrer à l’improviste et d’interrompre, se disaitJoséphine. Et si on sonnait à la porte pendant ce temps ? Cepourrait être pour quelque chose d’important, pour leurs costumesde deuil. Faudrait-il se lever respectueusement et sortir, oufaudrait-il attendre… à la torture ?

– Peut-être voudrez-vous bien m’envoyerun mot par votre brave Kate, si vous en avez le désir plus tard,dit M. Farolles.

– Oh ! oui, merci beaucoup !dirent-elles ensemble.

M. Farolles se leva en prit sur leguéridon son chapeau de paille noire.

– Et pour les obsèques, dit-il à mi-voix,je pourrais prendre les dispositions – en ma qualité de vieil amide votre cher père et de vous, Miss Pinner, et de vous, MissConstance.

Joséphine et Constance se levèrent aussi.

– Je désirerais des funérailles trèssimples, dit Joséphine avec fermeté, et pas trop coûteuses. En mêmetemps, je voudrais…

– Quelque chose de bon et de durable,pensa Constance dans sa rêverie comme si sa sœur était en traind’acheter une chemise de nuit. Mais naturellement, ce ne fut pas làce que dit Joséphine.

– Une cérémonie en rapport avec laposition de notre père.

Elle était tout agitée.

– Je vais passer chez notre bon ami,M. Knight, conclut M. Farolles d’une voix apaisante. Jelui demanderai de venir vous voir. Je suis persuadé que vous letrouverez d’un très grand secours, certainement.

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