Les Aventures de Todd Marvel, détective milliardaire

CHAPITRE II – LA FAZENDA DESORANGERS

Nichée frileusement au creux d’un vallon quetraversait un ruisseau d’eau vive, abritée par de hauts platanes,la fazenda avec sa toiture de tuiles rouges et ses murs blanchis àla chaux, émergeait d’un véritable bois de citronniers etd’orangers, chargés de fleurs et de fruits. Dans un lointainvaporeux, la ligne violette des montagnes s’abaissait jusqu’à lamer où la houle balançait les navires en rade. On devinait la villesituée en contre-bas, au dôme de fumées noires ou rousses quiplanait au-dessus d’elle et où le soleil faisait palpiter comme unepoussière d’or.

Malgré la rumeur affaiblie de la ville qui semariait à la plainte monotone des vagues, on se fût cru en pleinesolitude. On eût dit un de ces paysages de rêve que crée, pourd’idéales maîtresses l’imagination des poètes. On se sentait prisdu désir de ne plus quitter cet éden embaumé des plus doux et desplus puissants parfums.

– N’avions-nous pas tout ce qu’il fautpour être heureux, murmura la jeune femme en étouffant unsanglot.

Et, silencieusement, elle guida ses hôtes versla fazenda.

Au détour d’un sentier, ils se trouvèrentbrusquement en présence du Chinois Wang-Taï. Le torse à peinecouvert d’un sayon de cotonnade bleue, le front en sueur, il étaitoccupé à défoncer une parcelle de terrain rouge et caillouteux quisemblait n’avoir jamais été défrichée. Il se releva au passage desvisiteurs et les salua respectueusement.

– Rien de nouveau ? demandamachinalement la señora.

Le Chinois fit de la tête un signe négatif etse remit au travail. Comme l’effigie des vieilles pièces de monnaieusées par le frottement Wang-Taï offrait une physionomie sansexpression, comme effacée par la misère et l’abrutissement. Leregard était sans reflet, les lèvres décolorées et molles, la peaud’un jaune sale, collée aux pommettes.

– Il est quelconque, absolumentinsignifiant, dit Floridor, quand ils eurent fait quelques pas.

– Je n’en sais rien, répliqua ledétective songeur, les individus de cette espèce accumulentparfois, dans le silence et la solitude, de formidables réserves deruse, d’énergie et – ce qui te surprendra – d’intelligence.

– Désirez-vous interroger Wang-Taï ?demanda la veuve.

– Non, du moins pas maintenant. Il fautqu’avant tout je visite soigneusement l’écurie, la chambre àcoucher et, si pénible que soit pour vous une pareille demande, quej’examine de près la blessure qui a causé la mort de votremari.

– Venez, dit-elle stoïquement.

Dans la chambre étroite et nue, aux mursblanchis à la chaux, le cadavre, simplement vêtu d’une chemiseblanche, gisait sur le lit, un crucifix de cuivre placé sur lapoitrine. Les volets étaient fermés. À la lueur de deux bougiesplacées au chevet du mort, à côté d’une assiette creuse pleined’eau bénite, la petite Lolita, le visage pâli et comme émacié parle chagrin, lisait un livre de prières. Sa mère lui fit signe de seretirer ; elle demeura elle-même dans un angle de la pièce,pendant que John Jarvis et son secrétaire se livraient à leurexamen.

La blessure située derrière l’oreille étaitaffreuse, le crâne avait été défoncé et le contour du fer à chevaly était profondément imprimé, encore souligné par le sang qui avaitséché dans la plaie. Le détective mesura soigneusement cetteempreinte avec une petite règle graduée.

John Jarvis ne semblait plus le même, saphysionomie avait revêtu une expression d’autorité et dedomination, ses gestes étaient nerveux et saccadés ; de tempsen temps d’un mot bref ou d’un signe il donnait à Floridor un ordreque celui-ci exécutait en silence.

Tout à coup, les deux hommes, sans plus sepréoccuper de la señora que si elle n’existait pas, descendirent aurez-de-chaussée et pénétrèrent dans l’écurie où Nero, oublié,hennissait tristement devant sa mangeoire vide.

Sur un signe de John Jarvis, Floridor donnaquelques poignées de foin à l’animal, lui caressa l’encolure etfinalement lui souleva l’une après l’autre les deux jambes dederrière pour prendre mesure de ses fers. Nero s’était laissé faireavec une docilité exemplaire.

Le détective furetait dans tous les coins,examinant longuement les uns après les autres tous les objets quise trouvaient dans l’écurie. Au grand étonnement de la señoraOvando qui assistait à cette scène sans rien y comprendre, ils’accroupit près d’un tas de balayures, les tria et en mit de côtéune certaine quantité dans un morceau de papier, puis il plongeases mains jusqu’au fond d’un baril plein d’avoine, ramassa à terretrois clous tordus qu’il mit soigneusement dans sa poche. Enfin, àl’aide d’une forte loupe, il étudia successivement une hache, unescie, un marteau, un gros maillet de bois destiné à enfoncer lespieux et d’autres outils déposés là pêle-mêle.

Il continua longtemps ce manège, retournantdix fois les mêmes objets comme s’il eût cherché quelque chosequ’il ne trouvait pas.

Au comble de la surprise, la señora ouvrait labouche pour demander ce que tout cela signifiait. Floridor lui fitsigne de se taire.

– Ne le dérangez pas, lui dit-il àl’oreille, je crois deviner qu’il a trouvé une piste sérieuse.

Le détective venait de passer dans le cabinetoù couchait Wang-Taï et qui était adjacent à l’écurie. Dans cemisérable réduit, il n’y avait qu’un monceau de paille de maïs quiservait de lit au Chinois, une cruche de terre et de vieillessandales de paille tressées. L’odeur nauséabonde de l’opiumflottait dans l’air et, sur une planche, John Jarvis découvrit lapetite lampe et la pipe à champignon indispensables aux fumeurs. Àcôté, il y avait un paquet renfermant des vêtements de rechange etquelques chemises.

À la stupeur croissante de la veuve, JohnJarvis prit les sandales et les enveloppa dans un journal pour lesemporter.

Brusquement, il remonta dans la chambremortuaire, s’assit à une table et étala dessus avec précaution lesdétritus retirés par lui des balayures et qui paraissaient deminces rognures de papier rouge. Il déployait avec milleprécautions chacun des minuscules fragments, de la pointe de soncanif, puis il les rapprochait, comme s’il eût voulu reconstituerle lambeau primitif.

Ce travail minutieux l’absorba pendant unegrande demi-heure.

Frémissante d’impatience, la veuve allait etvenait par la chambre, jetant de temps à autre un regard dedésolation sur le cadavre de son mari.

– Señora, dit tout à coup John Jarvis,dont la voix était empreinte d’une mystérieuse solennité, ma visiten’aura pas été inutile, mais il me reste encore une question à vousposer. Ne m’avez-vous pas dit que Wang-Taï vous confiait seséconomies ?

– Oui, balbutia-t-elle, nous avons eulongtemps à lui une centaine de dollars ; ils étaient déposésdans le coffre-fort avec notre argent à nous. Il les aredemandés.

– Était-il présent quand vous avez ouvertle coffre pour les lui rendre ?

– Certainement, il n’y avait aucuninconvénient à cela puisqu’il ne connaissait pas le mot, grâceauquel la porte s’ouvre.

– C’est tout ce que je voulais savoir. Jetiens maintenant l’anneau qui manquait à la chaîne de mesraisonnements. Ah ! j’oubliais… Avez-vous quelquefois achetédes médicaments chez Ramlott, le druggist de MontgomeryStreet ?

– Jamais ! Nous n’achetions pourainsi dire pas de produits pharmaceutiques.

– Je l’aurais parié. Maintenant je suissûr de mon fait.

– Señora, ajouta-t-il avec une gravitéimpressionnante, la main étendue au-dessus du cadavre d’Ovando,j’en fais le serment, solennel sur le corps de l’innocente victime,votre mari a été assassiné par le même bandit qui a volé le diamantrouge, et ce bandit, c’est Wang-Taï !

– Cela se peut-il !… murmura laveuve avec un frisson d’horreur.

– Vous allez en être convaincue comme moidans un instant. Cela est aussi évident que la clarté du soleil.Tantôt votre exposé des faits me donna beaucoup à réfléchir ;il me parut presque impossible que la mort de votre mari, survenantpresque aussitôt après le vol, fût due à un simple accident.

– Pourtant, l’enquête du coroner…

– N’a pas été faite sérieusement. Enexaminant la blessure, j’ai tout de suite constaté qu’elle nepouvait pas, malgré les apparences, avoir été causée par un coup depied de cheval. Il y a sur le crâne plusieurs traces de ferenchevêtrées, parce que l’assassin a redoublé ses coups,ce qu’un cheval n’eût pu faire. Un cheval qui lance une ruade nefrappe qu’avec l’extrémité aiguë du sabot. Ici toute la surface dufer est nettement dessinée.

« Je mesurai le diamètre de la blessure,puis les fers de Nero ; les dimensions ne correspondaient pas,je ne m’étais donc pas trompé. D’ailleurs l’animal est très doux,il m’a paru tout à fait incapable de lancer une ruade.

– C’est pourtant vrai que Nero est douxcomme un agneau. Alors vous croyez que ce n’est pas lui ?

– Je vous ai dit que c’était Wang-Taï…J’aurais été bien en peine de deviner comment l’assassin s’y étaitpris pour commettre son crime, quand en examinant les outils, je mesuis aperçu que le lourd maillet de bois qui sert à enfoncer lespieux était percé de trois trous disposés en triangle ; peuaprès j’ai ramassé trois clous qui s’adaptaient exactement dans cestrous. L’assassin avait eu l’idée infernale de clouer un fer àcheval sur le maillet dont il s’est servi pour assommer savictime. Comprenez-vous maintenant ?

– Sainte Vierge ! peut-il exister depareils coquins, s’écria la veuve avec épouvante.

– Il ne m’est plus resté aucun douteaprès avoir comparé le diamètre de la blessure avec celui del’espace compris entre les trous. Je n’ai pas retrouvé le fer àcheval que l’assassin a fait disparaître, croyant ainsi avoirdétruit tout vestige de son crime. Il a aussi lavé avec grand soinle maillet qui devait porter des traces de sang.

Le détective montra alors les rognures depapier rouge trouvées par lui dans les balayures.

– À leur couleur caractéristique,reprit-il, j’ai tout de suite reconnu que ces minuscules fragmentsprovenaient d’une de ces étiquettes que les pharmaciens collent surles flacons renfermant des produits toxiques. La forme desfragments m’a révélé que l’étiquette avait été grattée. De là àsupposer que Wang-Taï avait acheté un anesthésique pour vousréduire à l’impuissance pendant la nuit du vol, il n’y avait qu’unpas. Il me sera d’ailleurs bien facile de savoir si un Chinoisn’est pas venu demander du chloroforme au druggist Ramlott,quelques jours avant le vol, c’est-à-dire après que Wang-Taï vouseut redemandé ses économies.

La señora Ovando demeurait silencieuse etregardait le détective avec une admiration où se mêlait une secrèteterreur.

– Voici selon moi, continua-t-il, commentles choses se sont passées : très habilement, Wang-Taï achoisi pour faire son coup, une nuit où la resserre était pleine defruits. Il n’ignorait pas que le puissant parfum d’éther desoranges a une certaine analogie avec l’odeur du chloroforme. Lapetite Lolita seule était dans le vrai en se plaignant d’une odeurde pharmacie, odeur qui devait pourtant être très atténuée, puisquel’assassin avait pris soin, le vol une fois commis, d’ouvrir lafenêtre pour renouveler l’atmosphère de la chambre.

– Vous ne me dites toujours pas, objectala veuve, comment il a pu ouvrir le coffre-fort.

– Quand le système n’est pas pluscompliqué que celui-ci, ce n’est pas difficile, c’est une questionde doigté et d’oreille. Les voleurs – et surtout les voleurschinois – n’ont pas besoin d’outils pour cela. Voyez plutôt.

John Jarvis s’était approché du coffre-fort etil en manœuvrait les boutons, tantôt avec une savante lenteur,tantôt avec une grande rapidité l’oreille tendue aux bruitsimperceptibles qui se produisaient dans l’intérieur dumécanisme.

– Tenez, dit-il, voilà qui est fait.

– Ne vous l’avais-je pas dit, s’écriaorgueilleusement Floridor. Je le répète, il n’y a pas dans toutl’univers, d’homme plus habile que John Jarvis.

La señora Ovando demeurait béante de surpriseen considérant la porte d’acier maintenant ouverte toutegrande.

– Ce que je ne comprends pas, parexemple, reprit le détective, après un silence, c’est que Wang-Taïn’ait pas pris la fuite après le vol, et qu’il ait, somme toute,commis un meurtre inutile. Cela ne s’expliquerait – pardonnez-moiseñora, de faire une pareille supposition – que si le Chinois eûtété amoureux de vous.

– C’est ce que prétendait mon pauvremari, balbutia la veuve dont les joues s’empourprèrent. Combien defois m’a-t-il dit en riant : « Tu vois, si je venais àmourir, tu aurais un époux tout trouvé, le mandarinWang-Taï ! » De fait il était aux petits soins pour moi,ses prévenances, ses attentions étaient un éternel sujet deplaisanterie entre nous. Il m’était dévoué comme un bon chien.C’est peut-être pour cela qu’il ne me serait pas venu à l’idéequ’il pût être coupable. Sauf l’habitude qu’il avait de s’enfermerchaque dimanche pour fumer l’opium, c’était un serviteurparfait.

– On rencontre beaucoup de criminels,expliqua Floridor, parmi ceux qui s’adonnent à cette drogue. Chezeux, à des périodes de dépression et d’abrutissement, succèdent desphases de lucidité suraiguë, au cours desquelles ils élaborent lesplus machiavéliques combinaisons…

– Priez la petite Lolita d’aller chercherWang-Taï, interrompit le détective. Il faut que le coquin fasse desaveux et dise où il a caché le diamant et l’argent. Il doit êtred’autant moins sur ses gardes que nous ne lui avons encore poséaucune question.

L’enfant revint tout essoufflée, au bout d’unlong quart d’heure. Le Chinois demeurait introuvable.

– Je m’en voudrai toute ma vie de cettemaladresse, s’écria Jarvis avec dépit, Wang-Taï a dû nousespionner, à l’abri de quelque massif. J’aurais dû charger Floridorde le surveiller.

– Où le retrouver ? balbutia laveuve avec accablement.

– Ne vous désolez pas. Je fais de lacapture de ce bandit une affaire personnelle. Il faut d’abord voirs’il s’est réellement enfui.

Le détective courut à la cahute duChinois : d’un coup d’œil il constata que le paquet devêtements et la pipe avaient disparu ; mais une autre surprisel’attendait. En traversant l’écurie, il s’aperçut qu’on avaitéventré d’un coup de couteau le collier de cuir que portaitNero ; la bourre sortait par l’ouverture béante.

– C’est là, sans doute, s’écria-t-il, queWang-Taï avait caché les bank-notes, roulées et aplaties dans lesens de la longueur ; il a repris son butin avant des’enfuir.

– Le diamant ne se trouvait pas dans lamême cachette, fit observer Floridor, il n’y aurait pas tenu.

– Le bandit a dû gagner le chemin creuxqui rejoint la grande route de San-Francisco… dit la señoraOvando.

– Voyons d’abord où nous conduiront lestraces de pas qui partent de l’écurie.

La terre du jardin, fraîchement arroséegardait heureusement des empreintes très nettes, mais le détectiveeut la surprise de voir que les traces de pas prenaient unedirection diamétralement opposée à celle qu’indiquait la señora. Enles suivant, il arriva au pied d’un superbe citronnier etmachinalement il ramassa un fruit encore vert à demi enfoncé dansla terre molle. Il allait le rejeter, lorsqu’en l’examinant de plusprès il poussa un cri de surprise.

– Admirez, fit-il, l’astuce vraimentchinoise de Wang-Taï. Sans détacher le citron de l’arbre, il adécoupé une rondelle dans l’écorce, creusé la pulpe du fruit pourdonner place au diamant. La rondelle une fois rajustée, il n’yparaissait plus. Le moindre détail est calculé. Ainsi, il a choisiun citron vert, plus solide sur sa branche que ceux qui arrivent àmaturité et qui pouvait rester longtemps encore sans êtrecueilli.

« Dans sa précipitation à reprendre sonbutin avant de fuir, il n’a pas songé que ce fruit – que je gardeprécieusement – pouvait devenir une pièce à conviction.

En partant du citronnier, les traces de pasrevenaient dans la direction indiquée par la señora etaboutissaient au chemin creux. On suivit cette piste jusqu’à laroute où elle disparaissait, confondue avec des milliers d’autrespistes.

– Nous allons vous quitter, señora,déclara le détective, les minutes sont précieuses, l’assassin n’aguère qu’une heure et demie d’avance sur nous. Il s’agit de luimettre la main au collet avant qu’il ait eu le temps de prendrepassage à bord d’un paquebot.

– Reste-t-il quelque chance de retrouverl’argent volé ? demanda la veuve avec découragement.

– Ayez bon espoir, affirma John Jarvisavec conviction. Je connais à fond la ville chinoise et j’ai mené àbien des tâches plus difficiles…

Les deux détectives avaient pris place dansl’auto qui démarra. En se retournant, à l’extrémité de l’avenued’eucalyptus, John Jarvis aperçut la señora demeurée à la mêmeplace, immobile et pensive. Sa silhouette mélancolique se détachaittoute noire sur le ciel rouge du couchant dont les derniers rayonscaressaient d’un reflet sanglant la cime des orangers.

L’auto filait à vive allure sur la route oùdéjà tombait la nuit lorsque Floridor freina brusquement. Àcinquante mètres de la voiture un groupe confus barrait le cheminqui, à cet endroit, coupe à angle droit la voie du TranscontinentalPacific Railway.

Sous la lueur aveuglante des phares unetragique vision jaillit des ténèbres. Cinq hommes aux longuesbarbes, aux vêtements terreux qui paraissaient être destravailleurs des plantations, étaient occupés à fouiller lesvêtements d’un cadavre horriblement déchiqueté dont la tête, qui neformait plus qu’une bouillie sanglante, reposait encore sur un desrails de la voie.

– Un Chinois qui a été écrasé par lerapide, expliqua tranquillement un des hommes. Ce doit être unsuicide. Il n’avait plus un dollar en poche.

John Jarvis avait sauté à terre, en proie àune indicible émotion. Il venait de reconnaître, baignant dans lesang qui avait formé une mare autour du corps, la vieille pipe àopium et le paquet de vêtements de Wang-Taï.

– Si ça vous intéresse, ditcomplaisamment l’homme, voilà ses papiers, c’est tout ce que nousavons trouvé.

Le détective prit le portefeuille taché desang qu’on lui tendait, il renfermait un passeport chinois et unpermis de séjour en anglais au nom de Wang-Taï, ouvrier agricole auservice de Leonzio Ovando à la fazenda des Orangers. Alorsqu’étaient devenus le diamant et les bank-notes ?

John Jarvis éprouvait une horrible déconvenue.Un des hommes s’était-il subrepticement approprié la pierreprécieuse ? ou fallait-il la rechercher dans cette bouesanglante, ou bien…

Il fut tiré de cette perplexité par Floridorqui venait de descendre de l’auto.

– Ce n’est pas là le cadavre de notrebandit ! affirma le géant blond avec énergie. Aussi vrai queje suis Canadien ! Wang-Taï était beaucoup plus petit detaille, puis sa blouse de cotonnade bleue était d’un ton beaucoupmoins cru : d’ailleurs nous avons un moyen bien simpled’éclaircir nos doutes.

Floridor alla prendre dans la voiture lessandales de paille trouvées dans le logement du Chinois et queJarvis avait conservées.

Les sandales étaient beaucoup trop petitespour chausser les pieds du mort.

– Tu as raison, dit le détective, ceWang-Taï est un scélérat encore plus rusé que nous ne le pensions.Il n’a pas hésité à assassiner un de ses compatriotes, il l’adéposé sur les rails de façon à ce que le visage fût broyé,méconnaissable et il a laissé bien en évidence les papiers et lapipe pour donner le change.

Une autre découverte d’ailleurs confirma cettehypothèse : à la hauteur du sein gauche, le défunt portait uneblessure qui ne pouvait avoir été produite que par une balle derevolver.

Les témoins de cette scène regardaient avecstupeur ces deux gentlemen si corrects, possesseurs d’une siluxueuse auto et qui paraissaient prendre tant d’intérêt à la mortd’un vulgaire Chinois.

Ils furent encore plus surpris quand ledétective leur remit cinquante dollars qu’ils se partageraient àcondition de porter le cadavre jusqu’à la station qui n’étaitéloignée que d’un quart de mille.

Pendant qu’heureux de cette aubaine, ils sedispersaient pour se mettre en quête d’une civière, John Jarvis etFloridor remontaient en voiture et se remettaient en route. Sansattirer l’attention le détective avait glissé dans sa poche leportefeuille de Wang-Taï.

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