Les Aventures de Todd Marvel, détective milliardaire

Septième épisode – HAUT LESMAINS !

CHAPITRE PREMIER – LES AVEUGLESGUITARISTES

Rio Blas et Guasco avaient eu le visage brûlépar l’explosion d’une mine. On avait pu leur sauver la vie, maisils étaient demeurés aveugles et atrocement défigurés.

En pleine force – ils avaient à peinetrente-cinq ans – ils s’étaient trouvés du jour au lendemainacculés au suicide ou à la mendicité. Finalement ils avaient trouvéun moyen terme, et, de prospecteurs, ils étaient devenusguitaristes ambulants.

Leurs débuts furent modestes. Ils arrivaientdans un village ou dans un ranch à la tombée de la nuit etfaisaient danser les femmes et les filles des cow-boys, enexécutant quelques-unes de ces vieilles habaneras mexicaines où seretrouvent toute l’ardeur mélancolique, toute la tristessepassionnée de l’âme espagnole.

On les payait de leur peine en leur donnantlargement à manger et surtout à boire, en leur accordant unecouverture et un lit de paille de maïs dans l’étable, et ils sesentaient presque consolés de leurs chagrins quand la fin d’un deleurs morceaux était salué par des « Anda ! » et des« ollé ! » d’enthousiasme, scandés parfois par lecrépitement d’un browning dont quelque cow-boy mélomane déchargeaiten l’air les six coups, en guise d’applaudissement.

Très rapidement, ils devinrent populaires surtoute la frontière de l’État du Texas. Parfois même, ilsfranchissaient le rio del Norte pour aller jouer dans quelquehacienda du Mexique, mais, en général, ils restaient fidèles à larive américaine.

Au début, ils jouaient d’une façon quelconque,mais leur sens de la musique s’affina, se perfectionna. Aux airsles plus rebattus ils ajoutaient une broderie d’originalesfioritures, même ils improvisaient. L’âme sauvage et délicate decette fruste population salua en eux ses artistes.

Quand un propriétaire de ranch mariait un deses enfants, célébrait la vente avantageuse d’un lot de chevaux oudonnait une fête quelconque, Rio Blas et Guasco étaient appelés. Àtable on les mettait à la place d’honneur, on les gardait tantqu’il leur plaisait de rester et on ne les renvoyait jamais que lespoches bien garnies.

Ce soir-là, ils revenaient de chez le señorVelasco, un ranchero, propriétaire d’un troupeau de cinquante milletêtes, un des plus riches de la région, chez lequel ils avaientpassé trois jours.

Cheminant paisiblement au clair de lune, ilsregagnaient la petite ville de Presidio distante d’environ quatremilles. On leur avait offert de les reconduire dans un car, ilsavaient préféré faire la route à pied, en suivant les rails d’unevoie de chemin de fer qui ne servait qu’une fois ou deux chaquemois au transport des chevaux.

Leurs instruments en bandoulière, de solidesbâtons en main, les deux aveugles marchaient allégrement, toutjoyeux d’une vingtaine de dollars qu’ils devaient à la munificencedu señor Velasco. L’atmosphère était d’une exquise douceur, labrise rafraîchie par la rosée était parfumée par l’odeur puissantedes térébinthes. Le silence de cette belle nuit n’était troublé quepar le bruissement des insectes et le mugissement mélancolique desimmenses troupeaux errant en liberté dans la pampa.

De temps en temps, Rio Blas faisait sonner deson bâton l’acier des rails et s’assurait ainsi qu’il étaittoujours dans la bonne route.

Brusquement, et, pour ainsi dire, d’un mêmemouvement, les deux aveugles s’arrêtèrent et tendirentl’oreille.

– Tu entends – murmura Rio Blas en sepenchant vers le sol – il y a certainement un grand troupeau dechevaux à peu de distance de nous.

– Tu es sûr que ce sont des chevaux,répondit Guasco.

– Impossible de s’y tromper ! Écoutetoi-même. Les bœufs ne frappent pas la terre de cette façon.

– D’où peuvent-ils venir ?

– Sans nul doute du ranch de Stebbingl’Américain et on les conduit à Presidio pour les embarquer àdestination de la Nouvelle-Orléans.

– Alors – s’écria Guasco avec inquiétude– nous sommes sur leur chemin et ce n’est pas rassurant.

Les deux aveugles savaient par expérience cequ’est le passage de deux ou trois mille animaux à peu prèssauvages que chassent devant eux des cowboys armés de lazzos. Rienne résiste à une pareille trombe. Le moins qui pût arriver auxpauvres musiciens était d’être foulés aux pieds et d’avoir lapoitrine défoncée à coups de sabots.

Quelques minutes s’écoulèrent. Le bruit serapprochait avec une rapidité inquiétante. La terre durcie par lesoleil résonnait au loin sous le sabot des mustangs comme àl’approche de quelque cataclysme.

– Gagnons un des bois qui se trouvent surla gauche, proposa Rio Blas. Nous nous mettrons à l’abri derrièreles troncs d’arbres. Là nous serons en sûreté ; mais il fautnous hâter ; le troupeau est maintenant à moins d’unmille.

Sans répondre Guasco prit le bras de soncompagnon et tous deux se mirent à courir du côté où ilsentendaient le murmure des feuillages agités par la brise, mais cene fut qu’au bout d’une demi-heure d’une course folle qu’ilsatteignirent les premiers arbres du bois, un bois composé de cescèdres et de ces térébinthes qui couvrent encore une partie de laGéorgie, de la Floride et du Texas. Abrités par les vastes troncs,ils reprirent haleine.

Le troupeau de chevaux passa à une faibledistance d’eux avec le bruit d’un ouragan puis, petit à petit, lacampagne rentra dans le silence.

– Nous l’avons échappé belle, murmuraGuasco, en s’épongeant le front.

– Il s’agit maintenant, grommela RioBlas, de retrouver notre chemin.

– Ce sera facile. Tout à l’heure nousavons marché contre le vent.

– En es-tu bien sûr ? Il me semble àmoi, au contraire, que nous avons marché dans le sens de labrise.

Après une courte discussion, les deux aveuglesse remirent en route, mais au bout d’une centaine de pas ilstrouvèrent un autre bois. Ils revinrent en arrière, marchèrentpendant un quart d’heure en terrain découvert, puis de nouveau seheurtèrent à des touffes de palmiers nains qui leur indiquaient lesapproches d’une forêt.

– Nous sommes égarés, déclara tristementGuasco.

– C’est malheureusement vrai, murmura RioBlas. Essayons encore. Nous ne devons pourtant pas être très loinde la voie du chemin de fer.

En cela il se trompait. Dans leur fuiteprécipitée, son compagnon et lui s’étaient éloignés des rails deplus d’un demi-mille et dans leurs vaines tentatives pour retrouverleur chemin ils s’étaient avancés de plus en plus vers le sud-ouestdans une contrée très boisée où il n’existait pas de sentier frayé.Ils auraient passé gaiement leur nuit à la belle étoile, ce quileur était advenu maintes fois au cours de leur existenceaventureuse, mais ils commençaient à se sentir fatigués ; enoutre on les attendait le lendemain aux noces de la fille d’unranchero et ils commençaient à craindre de ne pouvoir y arriver entemps voulu.

S’encourageant mutuellement, ils se mirent àmarcher à l’aventure, comptant toujours sur un heureux hasard. Ilsétaient revenus vingt fois sur leur propre piste : ilsn’avaient plus la moindre notion de l’endroit où ils pouvaient setrouver.

– Je suis accablé de fatigue, déclara RioBlas. Il m’est impossible d’aller plus loin !

– Il me semble entendre l’aboiement d’unchien pas très loin d’ici. Je vais aller à la découverte.

– Ne m’abandonne pas, s’écria Rio Blas ense cramponnant désespérément au bras de son camarade. Ne nousséparons pas ! sans quoi nous ne pourrions plus nousretrouver.

Guasco se rendit à ces raisons et tous deux sedirigèrent lentement du côté d’où partaient les aboiements. Ilssentaient maintenant sous leurs pieds le sol d’un sentier battu oud’une route et l’espoir leur était revenu. Leur découragements’était envolé comme par magie.

Ils se trouvèrent bientôt devant une muraillede planches qui était celle d’une maison. En tâtonnant ils enfirent le tour jusqu’à ce qu’ils eussent découvert une porte. Alorsils se mirent à frapper dedans à coups de pied et à coups depoings. Personne ne leur répondit. La maison pourtant étaithabitée, car ils distinguèrent une voix d’homme mêlée auxaboiements du chien.

Ils continuèrent à cogner de toutes leursforces en faisant un infernal vacarme. Cette insistance eut unrésultat auquel ils ne s’attendaient guère. Une petite fenêtres’ouvrit brusquement au-dessus de leurs têtes, cinq ou six coups derevolver éclatèrent dans le silence de la nuit et des ballessifflèrent aux oreilles des malchanceux aveugles. En même temps unevoix d’homme criait avec colère, en anglais.

– Passez votre chemin, coquins, il n’y arien à voler ici.

Puis la fenêtre se referma.

Les aveugles avaient eu grand-peur.

– On nous prend pour des bandits, fittristement Guasco, il ne nous reste plus qu’à nous en aller.

– Ce n’est pas mon avis, dit Rio Blas quiétait d’un caractère très opiniâtre. Nous avons un moyen de nousfaire reconnaître pour d’honnêtes gens. Nous sommes estimés etaimés dans toute la région. Je suis sûr que quand le propriétairede cette maison saura à qui il a affaire, il s’empresserad’ouvrir.

– Mais quelle est ton idée ?

– Nous allons tout simplement exécuter unde nos airs les plus en vogue. Tu verras que ce moyen estinfaillible.

– Essayons toujours !

Les deux musiciens saisirent leurs guitares etse mirent à jouer avec toute la virtuosité dont ils étaientcapables la célèbre habanera mexicaine Sous les jasmins enfleurs.

Rio Blas ne s’était pas trompé. Au bout dequelques minutes les aboiements du chien se turent, la portes’ouvrit toute grande et une voix bourrue, mais cordiale, invitales deux aveugles à pénétrer dans l’intérieur de la maison.

– Il fallait dire que c’était vous ;j’aurais ouvert tout de suite ! fit l’homme.

– Nous avons bien essayé – répliquaGuasco – mais vous avez commencé par nous tirer dessus.

– Dame ! à cette heure-ci, voussavez, et dans un endroit aussi désert, il est bon de prendrel’offensive sans attendre d’avoir reçu une balle dans la peau.

– Excusez-nous, mais nous nous sommeségarés en revenant de l’hacienda du Señor Velasco. Sommes-nous loinde Presidio ?

– Vous en êtes à moins d’un mille.

Cette réponse surprit beaucoup les aveugles,qui se figuraient être au moins à trois milles de la ville.Finalement, ils se réjouirent de s’être ainsi rapprochés de leurbut sans s’en douter. De cette façon ils pourraient être revenus àPresidio encore assez à temps pour se rendre à la noce où ilsétaient attendus. Cependant leur hôte se montrait maintenant aussiplein de prévenances, qu’il avait été tout d’abord peu accueillant.Il ouvrit en leur honneur une boîte de corned-beef et leur versa àchacun un gobelet de cette brutale eau-de-vie de canne à sucre, lacaña, dont malgré l’interdiction de l’alcool, le débit n’anullement diminué sur la frontière du Texas.

Ragaillardis par ce lunch, les aveuglesdéclarèrent d’une même voix que leur fatigue avait disparu etqu’ils étaient prêts à se remettre en route.

– Puisque vous vous rendez à Presidio,dit alors leur hôte mystérieux, vous pouvez me rendre un grandservice, service que je rétribuerai d’ailleurs généreusement.

Les aveugles protestèrent de leur dévouementet de leur bonne volonté.

– Voici de quoi il s’agit, expliqual’homme. Un de mes cousins vient d’avoir les côtes enfoncées d’uncoup de pied de cheval. Il faudrait m’aider à le transporterjusqu’à l’hôpital de Presidio. Un mille est bientôt fait et je vousdonnerai à chacun cinq dollars.

Les aveugles eurent un moment d’hésitation,puis la cordialité de leur hôte, l’offre alléchante de cinqdollars, les décidèrent.

– C’est entendu, dit Guasco. Avez-vous aumoins ce qu’il faut ?

– J’ai une civière, dont vous prendrezchacun l’un des bouts.

– Vous pourrez sans doute – observa RioBlas – relayer de temps en temps l’un ou l’autre de nous deux.

– Malheureusement non, j’ai eu moi-mêmele bras cassé le mois dernier et je ne puis encore m’en servir,mais je viendrai avec vous, en cas de mauvaise rencontre.Voulez-vous que je vous donne tout de suite les cinqdollars ?

– Vous pourrez aussi bien nous les donnerquand nous serons arrivés.

– Non ! je vais vous les donnermaintenant.

Et il mit dans la main de chacun des aveuglescinq belles pièces d’argent. Rio Blas et Guasco qui avaient craintun moment qu’on ne leur donnât une bank-note dont il leur auraitété difficile de contrôler la valeur – la fausse monnaie est trèsrépandue au Texas – furent tout à fait gagnés par les façons deleur hôte.

Après avoir absorbé une dernière rasade decaña, ils saisirent chacun les deux poignées du brancard et l’on semit en chemin assez lentement, car le blessé était lourd.

L’homme cependant les encourageait de toutesles façons. Il leur promit même deux dollars de supplément quand onserait arrivés à Presidio.

– Vous ne savez pas quel importantservice vous me rendez, leur répétait-il. Sans vous, mon cousinaurait peut-être succombé, faute de soins, tandis que bien soigné àl’hôpital, il s’en tirera.

On franchit sans incident la distance d’undemi-mille, mais alors le pas cadencé de plusieurs chevaux se fitentendre à une faible distance. Ils avançaient assez lentement.

– Rien qu’au rythme de leur pas, déclaraGuasco qui marchait en avant, je devine que chaque cheval a soncavalier.

– Ce sont – sans nul doute – les« Rangers », dit Rio Blas.

– Très probablement, balbutia l’inconnu,je vais en avant leur dire un mot…

Et l’homme s’éloigna précipitamment.

Les « Rangers » constituent un corpsde police montée que l’on ne trouve guère que sur la frontièremexicaine. Dans ce pays où pullulent les bandits de tout genre –assassins, voleurs de bestiaux, faux monnayeurs – les Rangersrendent d’inappréciables services ; choisis parmi les cowboysles plus robustes et les plus lestes, pourvus d’excellents chevaux,et généralement commandés par quelque vieux coureur de prairie,promu au rang de capitaine, ils se transportent avec la rapidité del’éclair à l’endroit où l’on a besoin d’eux. Il est rare qu’unmalfaiteur leur échappe ; pour l’atteindre ils feront parfoiscinquante milles sans débrider. D’ailleurs leurs procédés sontexpéditifs : si l’homme qu’ils doivent arrêter ne lève pas lesmains assez promptement au cri de : Hands up !il tombe percé de plusieurs balles avant d’avoir eu le temps deparlementer.

Dans tout le Texas, les Rangers sont redoutéset respectés.

Le capitaine de la troupe qui s’avançait à larencontre des deux aveugles était un certain Burton, dont laperspicacité aussi bien que la farouche énergie étaientlégendaires.

À la lueur éblouissante du clair de lune, ilavait, de très loin, reconnu les deux aveugles guitaristes, qu’ilavait en grande estime, mais il avait été fort surpris de voirl’homme qui les accompagnait se perdre dans le sous-bois sitôtqu’il avait pu reconnaître la police montée.

– Voilà qui est bizarre, fit-il ensifflotant. Puis il faut que je voie ce qu’il y a sur cette civièrequi paraît si lourde. Est-ce que nos braves aveugles feraient lacontrebande ?

« Halte, vous autres »,commanda-t-il à ses hommes.

D’un bond, il avait sauté à terre.

– Bonsoir, Guasco, dit-il d’un ton pleinde cordialité. Bonsoir Rio Blas. Où diable allez-vous à pareilleheure ?

– À Presidio, capitaine, réponditingénument Rio Blas.

– Mais vous y tournez le dos ! Vousen êtes à près de quatre milles et vous marchez droit vers le Riodel Norte !

– Alors on s’est moqué de nous !s’écria Guasco avec amertume.

– Qui cela, on ?

– L’homme qui était avec nous et qui nousa priés de porter son cousin jusqu’à l’hôpital. Il est parti il n’ya qu’un instant pour vous parler.

– Personne n’est venu me parler. J’ai vuseulement un homme qui fuyait à travers le bois.

Les aveugles demeuraient muets de surprise,consternés et furieux qu’on eût ainsi abusé de leur bonne foi. Lecapitaine Burton était très intrigué.

– Il faut que cette histoires’éclaircisse, déclara-t-il rudement. Et d’abord voyons !

D’un geste brusque, il avait relevé lacouverture qui dissimulait le visage du blessé. Une face immobileet blême apparut, les paupières étaient closes, les lèvresexsangues et le front barbouillé de sang.

– Misérables ! s’écria-t-il dans lepremier élan de la surprise et de la colère, mais c’est un cadavreque vous portez ! Vous alliez sans doute le jeter dans le Riodel Norte qui coule à cent pas d’ici !

– Santa Maria ! bégaya Guasco d’unevoix étranglée, peut-on nous accuser d’un crime pareil, nous quisommes aussi innocents que l’enfant qui vient de naître !…

Il y avait tant de sincère indignation dansl’accent du pauvre aveugle que le capitaine Burton hésita.

– Nous verrons cela, grommela-t-il, vousavez peut-être été, sans le savoir, les complices d’unassassin…

Le capitaine des Rangers s’était de nouveaubaissé vers le cadavre, mais presqu’aussitôt il se releva endonnant tous les signes d’une surprise arrivée au paroxysme le plusaigu.

– Carajo ! s’exclama-t-il, aussivrai que je m’appelle William Burton, ce cadavre est celui deGérard Perquin, le sous-directeur de la Mexican Mining Bank,l’auteur du vol de deux millions de dollars commis il y a quelquesheures à peine !

Tumultueusement, les Rangers avaient sauté enbas de leurs montures ; sans la moindre hésitation, ilsidentifièrent Gérard Perquin que tout le monde connaissait àPresidio. Quant aux aveugles, ils étaient atterrés, tellement émusqu’ils étaient incapables de prononcer une parole.

Les policiers de leur côté, étaientpresqu’aussi stupéfaits de la tournure incompréhensible etextraordinaire que présentait cette aventure. Tous pendant unelongue minute demeurèrent silencieux, en proie à une secrèteinquiétude.

– Voyons d’abord si Perquin est bienmort, dit tout à coup le capitaine Burton.

– Il vit encore, fit-il après un rapideexamen, mais il n’en vaut guère mieux. Il a une balle derrièrel’oreille.

– S’il pouvait parler, balbutia Guasco,il dirait que nous sommes innocents.

– Je crains fort qu’il ne reprenne pasconnaissance, fit Burton, avec une blessure de ce genre, je ne luidonne pas trois heures à vivre.

– Alors c’est nous qui seronsaccusés ? demanda Rio Blas avec angoisse.

– Je ne dis pas cela, mais je suiscependant obligé de vous emmener en prison.

Les deux aveugles étaient dans un tel état deprostration et d’épouvante qu’ils ne trouvèrent rien à répondre. Onles fit monter en croupe de deux Rangers ; le blessé fut placédans une charrette qu’un cavalier était allé chercher, àfranc-étrier, à l’hacienda la plus proche, et le détachement toutentier reprit aussi vite que possible le chemin de la ville dePresidio.

Auparavant une battue avait été rapidementeffectuée dans les bois avoisinants, mais on n’avait retrouvéaucune trace du mystérieux assassin, qui après avoir tué lesous-directeur de la banque – sans doute pour lui arracher leproduit du vol – avait si ingénieusement utilisé comme complicesles deux aveugles que le hasard lui avait envoyés.

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