Les Aventures de Todd Marvel, détective milliardaire

Neuvième épisode – ROSY, VOLEUSE DECHÈQUES

CHAPITRE PREMIER – UNE SOIRÉEMOUVEMENTÉE

Un petit restaurant italien, l’Albergoreale, situé dans la partie la moins animée de l’interminablerue de Californie, à San Francisco, venait de voir partir sesderniers clients. La salle éclairée par une seule lampe électriqueétait déserte. Le patron – un obèse et facétieux Napolitain que leshabitués avaient plaisamment surnommé le signor Chichirinello, –somnolait à son comptoir décoré de drapeaux américains et italiensauxquels s’associaient des guirlandes de piments rouges et deschapelets de saucissons de Milan et de mortadelles de Bologne.

Le restaurateur fut brusquement tiré de sasomnolence par l’arrivée d’un très jeune homme, vêtu avec uneélégance criarde qui, presque sans faire de bruit, venait depousser la porte de la rue.

– Bonsoir, signor, dit gravement lenouveau venu.

– Bonsoir, Master Dadd.

– Rien de nouveau ?

– Rien du tout. Hâtez-vous, il y a déjàbelle et nombreuse compagnie à l’intérieur.

– Des gens sérieux ?

– Tout ce qu’il y a de sérieux, deux groséleveurs de moutons du Sacramento, un marchand de blé, deux richesChinois, un Canadien de retour du Klondyke. Le plus pauvre a laceinture gonflée de bank-notes, de piastres ou de poudre d’or, il ya même des traders océaniens avec des perles plein leurspoches !

– C’est trop beau pour que ce soit vrai,fit Dadd, en allongeant familièrement une tape sur la bedaine duNapolitain. Toujours aussi menteur, signor Chichirinello !

– Vous allez bien voir.

– Qui est-ce qui tient labanque ?

– Cleveland, comme toujours.

– Le damné filou ! Je croyais quevous deviez le flanquer à la porte ?

– Il a promis de ne plus tricher ;au fond, ce n’est pas un mauvais diable, puis…

– Dites que vous« fadez »[8]ensemble !… Mais ce soir je vous préviens que je ne suis pasdisposé à me laisser rafler mes dollars. Je vais l’avoir à l’œil,votre Cleveland !

Le signor Chichirinello ne répondit à cettevigoureuse sortie que par un sourire.

– C’est bon ! grommela Dadd avecmauvaise humeur ; et, rompant brusquement l’entretien, ils’engagea dans la cage de l’escalier situé au fond de la salle.

Sur le palier, un grand Noir affublé d’unevieille livrée bleue aux galons ternis et vert-de-grisés, reçutsans mot dire les cinq dollars que Dadd lui glissait dans la main,et lui ouvrit une porte, renforcée de plaques en fer, de l’autrecôté de laquelle s’entendait un vacarme de discussions et de juronsproférés dans toutes les langues.

Dans une vaste pièce dont les fenêtres étaientpourvues de volets matelassés, une cinquantaine de personnes,assises ou debout, entouraient une longue table recouverte d’untapis rouge et sur laquelle s’amoncelaient l’or et les billets debanque.

En dépit de la loi de tempérance, un Noirfaisait circuler un plateau chargé de verres de whisky et debouteilles de champagne, que les joueurs assoiffés devaient payer,séance tenante, au prix fabuleux de cinq dollars le verre de whiskyet de vingt dollars la bouteille d’un champagne suspect.

Au centre de la table, un personnaged’athlétique carrure, le croupier Cleveland – remarquable par ceteint plombé et ce regard vitreux qui caractérisent les joueurs deprofession – taillait une banque de monté. Ce jeu, procheparent du lansquenet, consiste à étaler d’abord sur le tapis unecarte pour le banquier puis une autre carte pour le joueur. Leretour de l’une des cartes désigne le gagnant ; on tire lescartes de dessous le jeu et non de dessus, comme on le fait enFrance.

Dadd serra la main de quelques connaissanceset remarqua avec satisfaction que le signor Chichirinello, bien quehâbleur de nature, n’avait pas cette fois trop exagéré en parlantdes riches étrangers que les rabatteurs du tripot avaient attirés,ce soir-là, par l’alléchante perspective de boire de l’alcool, endépit de la police, tout en gagnant une fortune. Mêlés auxprofessionnels, il y avait là un certain nombre de fermiers, demarins, de cow-boys ou de prospecteurs, dont le teint bruni par lesoleil faisait un étrange contraste avec les faces hâves etenfiévrées des joueurs.

Une brume épaisse due à la fumée des cigaresplanait sur l’assemblée et rendait l’atmosphère à peinerespirable.

Après avoir tiré de sa poche quelques aiglesd’or, Dadd s’était assis à côté d’un gentleman d’une quarantained’années, auquel un smoking de bonne coupe, un plastron de chemiseéblouissant et orné de boutons en diamant, donnaient un certain airde respectability. Il avait devant lui un tas debank-notes assez impressionnant et il jouait avec la mine détachéede quelqu’un auquel il importe peu de perdre ou de gagner.

En s’asseyant, Dadd, qui se piquait de bonnesmanières, s’excusa et salua son élégant voisin. Tous deuxéchangèrent un regard, puis avec une certaine surprise seconsidérèrent plus attentivement. Chacun d’eux, en cet instant,avait l’impression d’avoir déjà vu l’autre.

– Gentlemen, criait le croupier, d’unevoix cassée par l’alcool, faites vos jeux !

Tout en faisant force gestes et donnant de lavoix pour chauffer la partie, Cleveland, par une maladresse voulue,laissa voir la carte du dessous, à la grande satisfaction desjoueurs qui misèrent en conséquence.

Dadd et son voisin firent comme les autres etgagnèrent.

Au coup suivant le même fait se reproduisit.Cleveland laissa encore voir la carte du dessous et perdit.

– Gentlemen, faites vos jeux, reprit-ilimpassible.

Et cette fois, encore par la même inadvertancecalculée, il laissa voir la dernière carte du paquet.

– Je vais doubler ma mise, dit le joueurau smoking.

– Moi je ramasse mon gain, lui réponditDadd à demi-voix, gardez-vous bien de jouer cette fois ici :c’est un conseil d’ami, vous allez voir quelle rafle !

– Je vous remercie, mais je joue quandmême ; c’est la dame qui va sortir, et j’ai le roi.

Les autres joueurs avaient fait le mêmeraisonnement. Alléchés par les deux coups précédents, ilsdoublaient et triplaient leurs mises, vidaient sur le tapis lefonds de leur portefeuille et de leur ceinture.

– Gentlemen, cria Cleveland, le jeu estfait, rien ne va plus !

Il y eut quelques secondes d’un silenceprofond ; on eût entendu voler une mouche : tous lescœurs battaient, toutes les respirations semblaient suspendues,tandis que les regards s’attachaient aux doigts agiles du croupier.Très calme, Cleveland tira la carte.

– Un roi, dit-il froidement.

Au milieu de la consternation générale ilallongea le râteau d’ivoire et commença à rafler les tas d’or et debank-notes ; mais le voisin de Dadd ne l’entendit pas ainsi.Il se leva furieux et arracha le râteau des mains de Cleveland.

– Voleur ! hurla-t-il, laisse cetargent ! Tu as fait filer la carte : c’était une dame quidevait sortir !… Tout le monde l’a vue…

– Oui ! oui ! voleur !firent à l’unisson les joueurs exaspérés.

Vingt poings menaçants se tendirent vers lecroupier.

Mais Cleveland n’était pas homme à se laisserintimider. D’un geste rapide, il avait pris dans la poche de sonveston un pistolet automatique et mettait en joue le voisin deDadd.

– Que personne ne bouge !déclara-t-il, le premier qui touche à l’argent est un hommemort.

Tout aussi prompt de geste que Clevelandlui-même, son adversaire avait déjà, lui aussi, le browning aupoing.

– Tirez le premier, murmura Dadd, ne vouslaissez pas prévenir…

Les deux coups partirent en même temps.

L’épaule fracassée, Cleveland s’affaissa enjurant. Son ennemi était indemne. La balle qui devait l’atteindreavait troué le mur, à la hauteur où se trouvait sa tête une secondeauparavant.

– Voilà pour t’apprendre à ne pastricher ! cria-t-il haineusement à son adversaire hors decombat.

Les deux coups de feu avaient donné le signald’une horrible bagarre. Tous les joueurs s’étaient rués sur lesenjeux, et remplissaient leurs poches d’or et de billets, au milieudes cris et des vociférations. Les domestiques noirs se battaientcontre deux marins qui essayaient d’éteindre l’électricité. Ils yréussirent enfin ; alors la bataille se poursuivit dans lesténèbres, la table de jeu fut renversée. Cleveland qui poussait desgémissements lamentables fut piétiné.

Dadd avait gardé un sang-froid admirable. Ilfut le premier à faire main basse sur une liasse de bank-notesqu’il guignait depuis longtemps, puis se tournant vers son voisin,qui, le browning au poing, demeurait indécis :

– Faites comme moi, lui conseilla-t-il etfilons, pendant qu’il est encore temps. C’est une histoire qui nepeut que mal finir, surtout pour vous…

L’autre s’empressa de suivre cet avis plein desagesse.

Les deux nouveaux amis, auxquels personnen’avait songé à barrer le passage, se trouvèrent aurez-de-chaussée, dans la salle du restaurant avant qu’aucun desjoueurs fût descendu. Le signor Chichirinello, toujours installé àson comptoir, leur demanda avec inquiétude si l’on n’avait pas jouédu revolver.

– Oui, expliqua Dadd – pendant que soncompagnon gagnait lentement la porte de la rue – Cleveland a reçuune balle, on l’a pincé en train de faire sauter la coupe. Je vousl’avais bien dit que vous n’auriez que des désagréments avec lui.J’ai horreur de ces histoires-là ! Au plaisir, signor…

Sans répondre aux questions du Napolitainaffolé, Dadd avait à son tour gagné la rue de Californie où soncompagnon l’attendait impatiemment.

Le car du funiculaire arrivait, ils sehissèrent sur une plate-forme, très heureux de s’éloigner aussivite que possible du théâtre de leurs exploits.

– Une bonne soirée, fit Dadd pour amorcerla conversation pendant que le car dégringolait à toute vitesse lapente vertigineuse de California Street.

– Je l’ai servi, hein, le croupier ?Ça n’a pas manqué d’excitement…

Puis changeant brusquement de ton.

– Mon jeune ami, vous m’avez étésympathique du premier coup…

– Je pourrais vous dire la mêmechose.

– J’aurais dû vous écouter quand vous meconseilliez de ne pas jouer… Mais permettez-moi une question. Jesuis persuadé que je vous ai déjà vu ; j’ai connu chez un demes amis – le fameux docteur Klaus Kristian – un certain Dadd quivous ressemblait comme deux gouttes d’eau ?

– Voilà qui est curieux, j’étais en trainde me demander, si vous n’étiez pas un certain Toby Groggan…

– Tais-toi donc, animal, il y a desvoyageurs qui nous écoutent.

–… qui a eu son heure de célébrité, continuaDadd imperturbablement.

Les deux bandits échangèrent en riant unepoignée de main[9].

– Dans cette même ville de Frisco, repritGroggan, avec une certaine emphase, j’ai joué pendant quelque tempsun rôle de première importance.

– Je suis au courant. Parlonssérieusement : tu as réussi à t’évader ?

– Pas du tout. Je suis sorti il y aquinze jours de la prison des Tombes avec des papiers parfaitementen règle.

Et comme Dadd avait un geste de surprise.

– C’est tout simple, le feu a pris dansl’intérieur de la prison ; il paraît que je me suis distinguéau cours du sinistre, j’ai sauvé plusieurs personnes, ce qui m’avalu une remise de peine. Tel que tu me vois, je suis libre commel’air et je ne dois rien à personne. Dès que j’ai été dehors, jen’ai eu rien de plus pressé que de me rendre à Frisco. Ça a étéplus fort que moi…

– Ce n’est peut-être pas trèsprudent.

Toby haussa les épaules.

– Faut-il que je te répète, fit-il, queje ne dois rien à personne. Le docteur n’est plus ici, et c’est leseul homme dont j’aie peur ; d’ailleurs, tu as dû remarquerque mes cheveux et ma moustache ont passé du brun au blond.

Pendant cette intéressante conversation, lecar avait atteint le centre de la ville, les deux banditsdescendirent.

– À propos, demanda brusquement Dadd, tues toujours l’ennemi du docteur ?

– Non, répondit Toby Groggan, après uneminute d’hésitation. Je lui en ai voulu beaucoup quand il m’a livréà John Jarvis, mais en réfléchissant, j’ai compris que c’était moiqui avais eu tort. Klaus Kristian est un homme avec lequel il nefaut jamais entrer en lutte ; il est toujours le plus fort. Jereconnais sa supériorité et je ne demande qu’à faire la paix aveclui.

– Je t’y aiderai. Si tu avais étél’ennemi du docteur, tu aurais été le mien. Actuellement il est auMexique où il dirige une affaire de mines ; il a des projetsgrandioses ! C’est vraiment un homme de génie.

– Tu n’aurais pas dû le quitter, puisquetu as tant d’admiration pour lui.

– Je ne l’ai pas quitté. C’est par sonordre que je suis à San Francisco, où je surveille certaines genset où, par ses relations, il m’a procuré, en attendant mieux, unemploi dans une banque.

– Ça, par exemple ! murmura Tobyavec stupeur, c’est épatant !

– C’est comme ça. Tu sais que, dans tousles grands établissements financiers, on photographie, sans qu’ilss’en doutent, les clients qui viennent toucher un chèque de quelqueimportance. C’est moi qui suis le photographe chargé de cesoin.

– Et dans quelle banque ?

– Ça, par exemple, je te le donne enmille ! Je suis le photographe attaché à la Mexican MiningBank, que dirige avec tant de compétence l’honorableMr Rabington ! Qu’est-ce que tu dis de ça !

– Je dis que c’est un comble, balbutiaToby. Le docteur est décidément un maître homme.

Ils étaient arrivés dans Montgomery Street,devant une façade brillamment illuminée au-dessus de laquelle selisait en lettres de feu, aux couleurs incessammentrenouvelées : Au Fandango, Selectdancing.

Toby s’arrêta :

– Nous entrons ? demanda-t-il. Viensavec moi. J’ai quelqu’un à voir ici.

– Ça va, mais tu ne m’as même pas ditcomment tu t’appelles maintenant.

– Je suis pour le moment Mr Walker,propriétaire de terrains dans l’Arizona, de passage à Frisco pourses affaires. Je suis très riche…

– Surtout depuis ta visite chez le signorChichirinello, s’écria Dadd, en pouffant de rire et en se tapantsur les cuisses, avec un geste qui n’était rien moinsqu’aristocratique.

– Tiens-toi donc un peu mieux, ditsévèrement Toby, ou je serai forcé de me séparer de toi. Il nevient dans cet établissement que des gentlemen et des ladiesappartenant au meilleur monde.

– Ça va ! Ça va ! grommela Daddavec une intonation canaille.

Il refit pourtant devant une des glacesextérieures le nœud de sa cravate, et cacha ses mains dont lesongles n’étaient pas précisément irréprochables, sous de superbesgants couleur orange.

Graves comme deux diplomates, Dadd et Tobyjetèrent négligemment chacun une aigle d’or au contrôle etpénétrèrent dans un vaste hall, où une foule étincelante et paréese trémoussait aux accents d’un jazz-band enragé. Tout autour de lasalle, dans des cabinets formés par des massifs de fleurs et deplantes vertes, des couples soupaient par petites tables.

Dadd n’avait jamais été à pareille fête, dèsle seuil, il était déjà grisé par le vertige des danses, affolé parles capiteux parfums des corbeilles de magnolias, de jasmins,d’orchidées et de roses, mariés aux délicats effluves quis’exhalaient des chevelures et des chairs nues.

– On pourrait souper, proposa Toby, c’estmoi qui t’invite.

Dadd accepta avec enthousiasme, et découvrittout de suite une table libre.

Il venait à peine de s’asseoir, lorsque Tobyle quitta brusquement pour rejoindre une adorable jeune fille, quivenait d’entrer dans le dancing avec plusieurs amies.

L’ex-pensionnaire de la prison des Tombess’inclina devant la jeune fille avec une correction parfaite, eteffleura de ses lèvres la petite main qu’on lui tendait ensouriant.

Dadd l’admirait de loin.

– Il n’y a pas à dire, songeait-il avecune certaine mélancolie, ce bougre-là a tout du vrai gentleman. Ila un chic, une désinvolture que je n’attraperai jamais.

– Me ferez-vous l’honneur de danser avecmoi, chère Miss Rosy, demanda Toby.

– Pas aujourd’hui, j’attends mon fiancéd’une minute à l’autre, certes il ne me ferait aucune observation,mais je sais qu’il serait peiné.

– Votre fiancé est bien heureux, murmuraToby avec tristesse.

– Vous n’êtes pas raisonnable,Mr Walker, dit Miss Rosy avec un sourire plein de bonté, voussavez bien que j’ai promis ma main au capitaine Rampal que j’aimedepuis mon enfance. Il n’y a pas à revenir là-dessus. Je vous l’aimaintes fois répété avec ma franchise habituelle ; vous perdezvotre temps. Vous m’êtes certes très sympathique. Contentez-vous derester pour moi un excellent camarade. Au revoir Mr Walker, ilfaut que je vous quitte.

– Au revoir, cruelle Rosy, dit Tobymoitié souriant, moitié fâché.

Et il retint un peu plus longtemps que nel’eussent permis les convenances, la main que lui tendait Rosy enprenant congé.

Il regagna silencieusement sa place, la minepréoccupée.

– Ah ça ! s’écria Dadd, qui avaitsuivi de l’œil toute cette scène, tu es amoureux, sans espoir, à ceque j’ai cru deviner ?

– C’est vrai.

– Cette miss est charmante, je n’aijamais vu d’aussi beaux yeux bleus, d’aussi admirables cheveux d’unblond doré, un sourire aussi doux, des épaules d’une aussiéblouissante blancheur…

– Ce que tu ne sais pas, interrompit TobyGroggan d’un ton flegmatique, c’est que Miss Rosy Gryce a centmille dollars de dot et trois ou quatre fois plus, à la mort de sonpère, un des plus riches ship-brokers de la ville de SanFrancisco. Malheureusement, elle est folle de son fiancé, lecapitaine Martin Rampal, une espèce d’ours canadien, propriétaired’un des paquebots qui font le service avec Vancouver et la côte duKlondyke.

Dadd ne répondit pas tout d’abord. Il segrattait la tempe, en proie à une méditation silencieuse.

– Que dirais-tu, fit-il tout à coup, sije te faisais épouser Miss Rosy ?

– Je te dirais que ce n’est pas possible.Jamais elle ne rompra avec son Canadien.

– Elle t’épousera si je le veux, affirmaDadd avec un accent de conviction qui impressionna Toby.

– Comment feras-tu ?demanda-t-il.

– Je n’en sais rien encore, mais jetrouverai un moyen.

Et il reprit au bout d’un instant.

– Je la connais aussi moi, cette belleblonde, au moins de vue.

– Tiens, c’est curieux.

– Non, c’est une cliente de la MexicanMining Bank, c’est à nos guichets que je l’ai aperçue. Mais, j’ysonge, il ne faut pas que je reste là. Si elle me voyait en tacompagnie, cela bouleverserait tous nos projets.

– Mais elle a dû déjà t’apercevoir à labanque.

– Non elle ne me connaît pas, mais moi,je la connais, c’est une supériorité que j’ai sur elle. Quand jeprends mes photographies, c’est à l’insu des clients, installé dansun cabinet adjacent à la caisse. Je les vois sans qu’ils mevoient…

– Tu pourras m’apporter une photographiede Rosy ?

– Ce n’est pas la photographie que jeveux t’offrir, mais bien l’original. Tiens décidément je crois quetu épouseras Miss Rosy. Je viens d’avoir une idée tout à faitépatante !

– Comment t’y prendras-tu ?

– Ça, c’est mon secret… Filonsvivement ; je vois les amoureux qui se dirigent de notre côté.Je vais me faufiler dans la cohue et sortir le premier.

Les deux complices se retrouvèrent cinqminutes plus tard : quant à Miss Rosy, toute au bonheur des’appuyer au bras de celui qu’elle aimait, elle n’avait même pasremarqué Dadd.

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