Belphégor

Chapitre 3SIMONE DESROCHES

Le même soir, vers onze heures, une filed’autos de maîtres, auxquelles se mélangeaient quelques rares etmodestes taxis, stationnaient rue Boileau, à Auteuil, près d’unhôtel particulier, à l’architecture très moderne… De nouvellesvoitures ne cessaient d’arriver, amenant de nombreux invités…Ceux-ci, après être entrés dans la maison et avoir remis leursmanteaux et leurs chapeaux au vestiaire, au lieu de pénétrer dansles salons, d’ailleurs plongés dans l’ombre, longeaient, sous laconduite de valets de chambre en impeccable livrée, la longuegalerie qui desservait tout le rez-de-chaussée, traversaient unpetit jardin très ombragé, et pénétraient dans un vaste atelierdont la décoration n’était pas sans évoquer le souvenir desmanifestations les plus outrancières de feu l’exposition des Artsdécoratifs.

À la clarté discrète de lampes voilées, ondistinguait dans cette pièce, encombrée de divans profonds et desièges aux formes cubiques, une foule qui, dès le premier abord,semblait singulièrement mélangée : inévitables snobs, toujoursprêts à s’enthousiasmer de ce qui ennuie les uns, et à déclarer« infect » ce qui plaît aux autres ; vieilles damesaux cheveux coupés à la Ninon et même à la« garçonne » ; jeunes bohèmes des deux sexesaccourus de la « Rotonde », et du « Dôme » deMontparnasse ; rimailleurs faméliques échappés du « Lapinagile » de Montmartre ; rares gens du monde authentiques,qui semblaient déjà regretter de s’être fourvoyés, par curiosité,dans ce milieu vraiment par trop original.

Une vive lueur qui provenait d’un plafonnierinvisible éclaira tout à coup, dressée debout sur une estrade auxtentures sombres, une jeune femme d’une remarquable beauté. Drapéedans une sorte de péplum blanc qui laissait apparaître ses épaulesde marbre et ses bras magnifiques, on eût dit une féeshakespearienne, s’évadant tout à coup de la nuit.

C’était la maîtresse de la maison,Mlle Simone Desroches, jeune déesse mondaine, quis’apprêtait à déclamer sa dernière œuvre devant ses amis.

Tout d’abord, elle promena ses grands yeux surses invités, tous figés en une attitude dévotieuse. Son regards’arrêta un moment sur la porte d’entrée, comme si elle n’attendaitplus que quelqu’un, qu’elle avait hâte de voir, pour attaquer lespremières strophes de son poème… Mais la porte demeuraitobstinément close… Simone ne put réprimer un léger soupir. Maiscomprenant, au frémissement qui courait parmi l’assistance, quel’on commençait à trouver un peu trop long ce silence préparatoire,Simone attaqua d’une voix harmonieuse :

LES FLEURS DU MENSONGE

Ode symphonique

Et, sur un ton de mélopée, elle poursuivit, enappuyant chaque mot et en scandant chaque syllabe :

Mon âme est une forteresse

Dont j’ai fait le jardin de mon cœur…

Mon cœur est le jardin terrestre

Où s’étiolent d’étranges fleurs…

Laissons la poétesse infliger à ses hôtes unlong supplice que nos lecteurs ne nous pardonneraient pas de leurfaire partager… et ne nous occupons plus que de la femme,d’ailleurs captivante entre toutes, qu’était Simone Desroches.

Unique enfant d’un banquier de Paris trèsconnu, elle avait perdu sa mère de bonne heure. Son père,entièrement absorbé par ses affaires, avait dû confier l’éducationet l’instruction de sa fille à une institutrice d’origineScandinave, Mlle Elsa Bergen, qui, tout en meublantl’esprit de son élève des connaissances les plus étendues et endéveloppant ses réelles aptitudes artistiques, n’avait pas su luiinspirer les principes qui eussent fait d’elle une vraie jeunefille.

D’un caractère indépendant et d’un espritromanesque, à la mort de son père, qui était survenue très peu detemps après sa majorité, Simone avait décidé de vivre savie. À la tête d’un héritage que l’on disait considérable,elle avait acheté cet hôtel d’Auteuil, où elle s’était installéeavec Elsa Bergen, qui, grâce à l’ascendant qu’elle avait pris surson ancienne pupille, avait réussi à se faire attacher à elle enqualité de dame de compagnie.

Alors, Simone, qui se croyait une grandepoétesse, avait réuni autour d’elle une cour d’admirateurs,subjugués par sa beauté, ou simplement attirés par l’appât de safortune.

Parmi eux, on remarquait un certain Maurice deThouars, fils de famille décavé, qui représentait une marqued’automobiles, toujours à court de capitaux. Très beau, trèssportif, véritable don Juan de dancing et de bar, et, parconséquent, très infatué de sa personne, il s’était vite convaincuqu’il n’avait qu’un mot à dire pour que la belle Simone tombât dansses bras.

À son vif désappointement, celle-ci lui avaitdéclaré :

– Je ne veux pas plus d’un mari que d’unamant. J’entends rester moi-même et ne pas m’embarrasser d’entravesqui me coûteraient ma liberté.

Mais elle avait compté sans l’amour, qui nedevait pas tarder à s’emparer victorieusement, tyranniquement deson âme.

Simone Desroches, trois mois après, étaitdevenue l’esclave de son cœur. La forteresse s’était laisséprendre, et c’était Jacques Bellegarde qui en était levainqueur.

Ils s’étaient rencontrés en Syrie, où Simoneexcursionnait, et où Bellegarde se trouvait en tournée dereportage. Ils avaient d’abord vécu en camarades. Mais bientôtl’atmosphère, le décor, quelques aventures pittoresques et mêmecorsées, au cours desquelles le jeune journaliste eut l’occasion dedonner la mesure de sa vive intelligence, de son adresse et de soncourage, avaient eu raison de ses principes de poétesse ; etelle s’était donnée à Jacques avec la même ardeur qu’elle avaitmise à se défendre contre les attaques de ses autressoupirants.

Mais, dès leur retour à Paris, Simone s’étaitmontrée une compagne tellement inquiète, jalouse et tyrannique,qu’elle en était arrivée à refroidir et même presque à éteindre lesentiment très vif et très sincère qu’elle avait inspiré aureporter.

Celui-ci, soucieux avant tout de conserverintacte sa dignité d’homme et de remplir consciencieusement sesobligations professionnelles, ne supportait plus qu’avec peinel’esclavage dans lequel Simone voulait l’asservir. Elle, aucontraire, s’était attachée de plus en plus à lui… Elle rêvait mêmede mariage… Il refusa… Elle était riche… Lui n’avait que son talentpour toute fortune… Alors, ce furent des drames, des scènes, desreproches, des prières, qui excédaient Bellegarde… Il songea à larupture. Seule une crainte l’arrêta : celle que Simone, dansl’exaspération de son désespoir, ne cherchât à se tuer, ainsiqu’elle l’en avait plusieurs fois menacé.

Et voilà pourquoi bien qu’il éprouvât, surtoutaprès le mystérieux billet signé Belphégor, le besoin dese recueillir au moment où allait s’engager entre le fantôme duLouvre et lui un duel qu’il pressentait implacable, il avait décidéd’aller faire acte de présence chez Simone, quitte à filer àl’anglaise si la séance se prolongeait trop avant dans la nuit.

Lorsqu’il pénétra dans l’atelier, Simoneachevait son ode symphonique, au milieu des acclamationsfrénétiques et des cris pâmés de son entourage.

Dès qu’elle aperçut Jacques, son visage secolora d’une expression de joie que tous attribuèrent au plaisir età la fierté que lui causait son triomphe… En réalité, peu luiimportaient ces bravos, ces cris d’admiration, ce concert d’éloges…Maintenant qu’il était là, elle ne voyait plus que lui, et c’estvers lui seul qu’elle voulait aller, à lui seul qu’elle voulaitêtre.

Mais le flot de ses invités la pressait,l’emprisonnait… l’étouffait… Des esthètes voulaient lui baiser lesmains. Le baron Papillon, le riche collectionneur et la baronne,aussi snobs que riches et aussi sots que vains, proféraient, luid’une voix de basse profonde, elle d’un ton criard et suraigu desoprano léger, des louanges qui tendaient à prouver qu’ils étaientaussi connaisseurs en poésie qu’en bibelots. Le beau Maurice deThouars, qui avait réussi à s’approcher de l’artiste, s’apprêtait àlui adresser ses plus chaleureux compliments, mais Simone, quiavait réussi à échapper à la cohue bourdonnante, le repoussait endisant :

– Je vous en prie… Laissez-moi… je n’enpuis plus ! Je suis brisée !

Et rejoignant vite Jacques Bellegarde, ellelui tendit la main, tout en disant d’une voix mourante :

– Ah ! vous voilà, vous…Enfin !

Puis, tout en le regardant longuement d’un airde tendre reproche, elle ajouta tout bas :

– Pourquoi viens-tu si tard ?

– Je n’ai pas pu…

– Tu vas rester ?…

– C’est impossible… cette affaire duLouvre…

– Un prétexte…

– Je t’assure que c’est très sérieux.Laisse-moi te raconter.

– C’est inutile…

– Pourquoi ?

– Je préfère t’épargner un mensonge.

– Tu verras demain dans les journaux…

– Je ne lis jamais les journaux.

Des domestiques apportaient sur des plateauxdes rafraîchissements vers lesquels se ruaient les invités, quin’étaient pas tous des gens d’une éducation parfaite.

La poétesse et le reporter continuaient às’entretenir à voix basse. Maurice de Thouars, qui les observaitavec une expression de jalousie mauvaise, se dirigea vers une femmed’une cinquantaine d’années, aux cheveux presque blancs, au visagenaturellement sévère, et qui, dès le début de la soirée, affectaitde se tenir discrètement à l’écart.

C’était Elsa Bergen, la demoiselle decompagnie de Simone.

Tout en lui désignant, d’un coup d’œilsignificatif, les deux amoureux, M. de Thouars lui murmura, nonsans une certaine amertume :

– Toujours aussi toquée de cejournaliste ?

– Ne m’en parlez pas ! répliqua ElsaBergen d’un air pincé… Elle veut l’épouser.

Le beau Maurice eut un léger sursaut… LaScandinave reprenait :

– Mais… il refuse… Il prétend qu’elle esttrop riche pour lui.

Puis elle ajouta sur un ton deconfidence :

– Je crois plutôt qu’il en a assez…

– Le fait est qu’ils ont l’air de sedisputer ferme.

– Elle lui fait encore une scène.

– Elle est terrible.

– Il finira par se lasser, prédisaitMlle Bergen.

– Tant mieux ! fit Maurice deThouars avec un inquiétant sourire.

Un virtuose à l’air grave et ennuyé venait des’installer devant un grand piano à queue de concert. Et projetantd’un air inspiré ses dix doigts sur le clavier, il fit résonner unaccord dont la dissonance eut le don d’imposer silence à tous et defiger chacun à sa place.

Le baron Papillon, assourdi par ce tapage,s’approcha de Simone, et lui demanda :

– Quel est ce virtuose ?

Profitant que l’attention de MlleDesroches était distraite par le riche collectionneur, JacquesBellegarde s’esquiva rapidement, et lorsque Simone se retourna,elle le vit franchir le seuil de la porte… Un cri faillit luiéchapper. Mais elle se contint. Deux perles au bord de ses cilsrévélèrent seulement la grande douleur qui était en elle. Alors,tandis que le pianiste continuait le fracas de son tonnerreinharmonieux, la jeune poétesse s’assit tristement sur un siège etse cacha la figure entre les mains.

– Quelle artiste ! murmura M.Papillon en désignant Simone à sa femme.

– On dirait qu’elle pleure, fit labaronne.

Simone pleurait en effet, mais ce n’était pasl’émotion artistique qui lui arrachait des larmes… c’était sonamour en détresse… son rêve brisé.

Jacques Bellegarde avait regagné aussitôt sonpetit rez-de-chaussée de l’avenue d’Antin et, après une nuit derepos bien gagné, et même une assez grasse matinée, il s’était levétrès en forme et prêt à reprendre son enquête.

Comme il passait de son cabinet de toilettedans sa chambre, il aperçut, assise dans un fauteuil et lisantLe Petit Parisien, sa femme de ménage, qui n’était autreque Marie-Jeanne, l’épouse légitime de Pierre Gautrais, le gardiendu Louvre.

Plongée dans sa lecture, Marie-Jeanne nel’avait pas vu venir. Pendant un instant, il la regarda d’un airamusé. Puis, tout à coup, il frappa dans ses mains.

La plantureuse commère eut un cri de surpriseet de frayeur.

– Le fantôme !

Mais reconnaissant le journaliste, elle fit,la main sur son cœur, comme pour en comprimer lesbattements :

– Excusez-moi, monsieur Jacques, j’étaisen train de lire votre article… Il est rudement tapé !

Et, tout en déposant le journal sur la table,elle allait se retirer, mais Jacques la rappela.

– Un mot, madame Gautrais.

– À votre service, monsieur Jacques, fitla brave femme en se rapprochant.

Bellegarde réfléchit quelques secondes, puisreprit :

– Pouvez-vous me rendre un grandservice ?

– Avec plaisir, monsieur Jacques, vousêtes si gentil pour moi ! C’est grâce à vous si je vaisparfois au théâtre presque à l’œil, et à la Chambre des députéssans rien payer du tout… Aussi croyez que si c’est en monpouvoir…

D’un geste amical, le reporter arrêta le flotde paroles qui menaçait de le submerger. Puis, l’air grave etpesant bien chaque mot, il fit :

– Il faut que votre mari m’aide à mecacher ce soir dans la salle des Dieux barbares.

– Diable ! s’écria Marie-Jeanne… Çane va pas être commode.

Jacques insistait :

– Mais si, voyons…

– Je veux bien essayer, seulement…

Une sonnerie électrique vibrait dansl’antichambre.

– Allez voir, ordonna le journaliste. Entout cas, je n’y suis pour personne !

La femme de ménage s’en fut, pour revenirpresque aussitôt, annonçant d’un air d’hostilité :

– C’est encore elle !

Jacques eut un geste d’agacement.

– En voilà un crampon ! soulignaMarie-Jeanne.

Et, comme Bellegarde, nerveusement, écrasaitdans un cendrier la cigarette allumée qu’il tenait à la main, elledemanda :

– Faut-il lui dire que vous n’êtes paslà ?

– Non ! répliquait Jacques… Elleserait capable de m’attendre dans la rue. Faites-la entrer dans monbureau.

Lorsque Marie-Jeanne eut disparu, le reportergrommela entre ses dents :

– Cette femme me rend la vie intenable…Cela ne peut pas durer !

Et après avoir arpenté deux ou trois fois sachambre, cherchant le moyen de rompre avec Simone sans trop detracas, il ouvrit la porte qui donnait dans son cabinet de travail…Mlle Desroches, qui semblait émue, angoissée, s’en futvers lui, et, tirant brusquement un billet de son sac, elle letendit au journaliste, en disant d’une voix tremblante :

– Voilà ce que je viens derecevoir !

Jacques prit le message et lut :

Mademoiselle,

Je sais combien vous vous intéressez à M.Jacques Bellegarde… Aussi, je vous conseille vivement d’user detoute l’influence que vous avez sur lui pour l’empêcher des’occuper plus longtemps de l’affaire du Louvre… Sinon, il estcondamné.

Belphégor.

– Pas possible ! fit le reporter enaffectant de sourire.

– Je t’en supplie, s’écriait Simone…renonce à cette enquête.

– Tu es folle ! ripostaitJacques.

– Tu ne m’aimes plus !… haletait lajeune femme.

Et elle se laissa tomber sur un siège, lesépaules secouées par de douloureux sanglots.

Bellegarde, gêné, se rapprocha d’elle. Puis,avec plus de douceur, il lui dit :

– Voyons, sois raisonnable !

Être raisonnable, n’est-ce pas demanderl’impossible à une amoureuse ?… N’est-ce pas surexciter,exaspérer le déchaînement de ses inquiétudes ?

Relevant la tête, Simone protestait :

– C’est précisément parce que je suisraisonnable que je te supplie de m’écouter.

Et, d’une voix fébrile, elleaccentua :

– Jacques, j’en ai le pressentiment, tucours un grand danger.

– Moi !…

– Oui, toi.

– Mais non !

– Ce matin, contrairement à meshabitudes, j’ai lu les journaux… qui rendaient compte del’assassinat du Louvre.

– Eh bien ?…

– À peine les avais-je terminés, que jerecevais ce billet.

– J’ai reçu le même hier soir…

– Et tu n’y attaches pas plusd’importance ?

– Malice cousue de fil blanc !

– Comment cela ?

– Hier, j’ai très bien compris que jegênais l’inspecteur Ménardier qui est chargé de cetteaffaire ; et maintenant, j’en suis sûr, c’est lui qui auraemployé ce subterfuge pour se débarrasser de moi.

– Un policier tel que lui, objectaitSimone, n’emploierait pas des procédés aussi enfantins… Pour moi,cette missive est réelle… Jacques, je t’en supplie, renonce à uneentreprise où, j’en ai la conviction, tu t’exposes aux plus gravesdangers.

– Oh ! je t’en prie… scandait lejournaliste, excédé.

Bouleversée, la jeune femmes’écriait :

– S’il t’arrive malheur, je ne tesurvivrai pas !

– Ma pauvre Simone, reprenait JacquesBellegarde, tu es une grande romanesque.

Elle n’eut qu’un cri :

– Je t’adore !

Jacques, presque malgré lui, détourna la tête.Lentement, il dégagea ses mains que sa maîtresse tenaitemprisonnées dans les siennes ; puis il s’en fut vers sonbureau, ouvrit un tiroir et y renferma le message queMlle Desroches venait de lui remettre.

Celle-ci, qui ne l’avait pas quitté des yeux,murmurait, accablée :

– Je sens bien que tout estfini !

D’un mouvement brusque, comme si ellerassemblait le restant de ses forces prêtes à l’abandonner, elle seleva. Bellegarde eut un geste, mais un geste vague, pour laretenir.

– Adieu… fit-elle en chancelant.

Dans ce mot, il y avait tant de détresse, queJacques eut l’impression qu’un glas tintait à ses oreilles.

Angoissé, il lui barra la route… Elles’effondra dans ses bras.

En sentant son étreinte l’enserrer avecdésespoir, son cœur battre contre le sien si précipitamment qu’oneût dit qu’il allait se briser, Jacques, envahi par une de cespitiés d’autant plus fortes qu’elles sont la dernière flambée d’unamour qui s’éteint… ne put que murmurer :

– Calme-toi… nous allons déjeunerensemble !

– C’est vrai ? s’exclama Simone avecun sursaut de joie presque enfantine.

– Oui.

– Où cela ?

– Aux Glycines.

Une expression de joie subite illumina levisage douloureux de la jeune femme. Jacques déposa un baiserrapide sur son front fiévreux ; puis il sonnaMarie-Jeanne.

– Ma canne…, mon chapeau, fit-il.

Simone sortit de son sac une petite boîte àpoudre… et se campant devant une glace, elle s’efforça de fairedisparaître les traces de son chagrin, qui rougissait ses beauxyeux si tendres.

La femme de ménage revenait avec les objetsdemandés. Le reporter lui glissa à l’oreille.

– Surtout n’oubliez pas de demander àvotre mari…

Marie-Jeanne eut un gested’acquiescement ; puis Jacques et Simone gagnèrent ledehors.

Alors, tout en les regardant s’éloigner,Mme Gautrais grommela :

– Faut-il qu’il en ait du courage, M.Jacques, pour passer la journée avec cette raseuse et la nuit dansla salle des Dieux barbares !

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