Belphégor

Chapitre 5BELPHÉGOR

Au château de Courteuil, dans un cabinet detoilette d’une élégance un peu tapageuse, et qui n’était autre quecelui de la baronne Papillon, la femme que nous avons vueprécédemment descendre d’avion était assise devant unecoiffeuse.

Debout près d’elle, son compagnon, qui avaitconservé son costume d’aviateur, concentrait son regard dans laglace du petit meuble qui lui renvoyait l’image de MmeMauroy.

Celle-ci, après s’être débarrassée de soncasque, se contempla un instant dans la glace… Un étrange sourireerra sur ses lèvres. Ses yeux brillaient d’un éclat de fièvre… Oneût dit déjà une autre femme.

Lentement, elle commença à enlever lemaquillage habile qui mettait une légère patte d’oie au coin de sespaupières, accentuait le pli de sa bouche et donnait à son teintune pâleur de fatigue et de souffrance… Ce travail délicat terminé,elle enleva sa perruque blonde… et, se tournant vers Maurice deThouars qui, tout en épiant chacun de ses gestes, la dévorait desyeux, elle s’écria, tout en lissant ses cheveux courts et bruns,d’une voix mordante, sarcastique :

– La comédie est terminée… J’en avaisassez de faire la morte.

Simone Desroches venait de ressusciter.

– Vous avez été extraordinaire, déclaraM. de Thouars.

– Dites, mon cher, que j’ai eu du génie,affirma orgueilleusement Simone.

– En effet, reconnaissait le gentilhommedévoyé… Rien que d’avoir eu l’idée d’une pareille affaire mériteune admiration sans bornes.

« Mais avoir joué jusqu’au bout, et sansla moindre défaillance, ce rôle de Belphégor que vous aviez assuméest une chose prodigieuse.

« À chaque instant, je tremblais que vousne fussiez découverte, et je dois vous avouer que Chantecoq m’afait passer plus d’un frisson dans le dos.

Simone eut un haussement d’épaulesdédaigneux ; puis elle reprit :

– L’essentiel est que tout ait bienmarché… Je reconnais, d’ailleurs, que j’ai été fort bien secondée…D’abord par la chance, qui m’a permis de découvrir les précieuxMémoires de Ruggieri au fond d’un tiroir du bahut quej’avais acheté à cet imbécile de Papillon… puis par Elsa Bergen,qui a eu l’idée de me faire déguiser en Fantôme ; par Lüchner,qui a fabriqué les fausses lettres signées Belphégor… et a faitexécuter dans le plus grand mystère ce merveilleux mannequin decire, grâce auquel j’ai pu si bien détourner de moi les soupçons detous ; par ce petit Jack Teddy, qui s’est merveilleusementdébrouillé… et enfin, par vous aussi, mon cher comte, qui m’avezutilement aidée à donner le change aux gens de notre entourage…

– Croyez que je suis heureux que vousdaigniez apprécier mon dévouement.

Simone reprenait :

– L’essentiel est d’avoir réussi… Ilétait temps ! Maintenant, je puis tout vous dire.

– Oh ! oui, parlez ! invitaitM. de Thouars… car je ne sais que ce que vous avez bien voulu merévéler… c’est-à-dire très peu de chose… et je me suis contenté devous obéir aveuglément.

Simone Desroches reprit :

– Vous allez tout apprendre.

« Ma fortune était entamée à un tel pointqu’il ne me restait plus que quelques centaines de mille francs. Àpeine de quoi vivre une année… Je ne pouvais guère espérer tirer degros profits de mon talent de poétesse… Faire un mariage richem’eût été possible… Mais mon caractère indépendant se révoltait àla perspective d’être à la merci d’un homme qui, probablement,m’eût achetée comme on s’offre un bibelot de prix ou un jouet deluxe, et avec lequel j’eusse été aussi malheureuse que lui avecmoi.

« Me lancer dans la galanterie ?…Pouah ! Les conséquences d’une aussi hideuse perspective medonnaient la nausée. Oh ! non pas par vertu… car il y a beautemps que je me suis débarrassée de tout principe… C’était unequestion purement physique… voilà tout.

« Ah ! croyez-moi, mon cher, avantd’avoir découvert le manuscrit de Ruggieri, j’ai passé des heuresbien sombres.

« Mais dès que j’ai lu lesMémoires du fameux astrologue de la reine Catherine, j’aiconsidéré l’avenir sous un aspect un peu plus agréable et je mesuis dit :

« Après tout, pourquoi ne prendrais-jepas au sérieux les révélations contenues dans cegrimoire ? »

« Je n’ignorais pas que, sous le Ruggieride la légende, c’est-à-dire sous l’empoisonneur, l’envoûteur, lejeteur de sorts et de maléfices, se cachait un savant d’une rareenvergure. Confident de la reine, sur laquelle il exerçait unénorme ascendant, il n’y avait rien d’invraisemblable que celle-cilui eût demandé de cacher le trésor des Valois dans une des sallesdu Louvre, dont l’émeute allait la contraindre de s’éloigner, maisoù elle comptait bien rentrer promptement en maîtresse absolue.

« Et puis, le ton de cesMémoires était tellement sincère que j’eus l’impressionimmédiate qu’ils disaient la vérité.

« Le tout était de savoir si le trésor setrouvait toujours dans sa cachette.

« Avant de courir le risque d’uneexpédition aussi aventureuse, je tenais à m’entourer de toutes lesgaranties de succès. Du côté de Ruggieri, j’étais tranquille.

« En effet, à la fin de son grimoire, ilexpliquait clairement qu’après la mort de Catherine et l’assassinatde Henri III, plutôt que de faire bénéficier Henri IV, qu’ilhaïssait, des richesses dont il était désormais seul à connaîtrel’existence, et ne voulant pas s’emparer d’un bien qui avait étécelui de sa bienfaitrice, il préférait qu’il restât enfoui pendantdes siècles sous la dalle qui le recouvrait.

« Or Catherine de Médicis qui, ainsi queHenri III, avait dû s’enfuir précipitamment de Paris, après lajournée des Barricades, n’avaient jamais pu pénétrer dans lacapitale.

« Enfin, après avoir lu attentivementtous les livres et mémoires relatifs à l’histoire de ce temps, jeconstatai que nul ne parlait du trésor des Valois, ce qu’ilsn’eussent point manqué de faire s’il avait été découvert par lasuite.

« J’en conclus que le trésor n’avait pasdû bouger de place. Il restait donc à m’assurer que la salle dontil était question existait encore. Je n’eus pas de peine à laretrouver… Elle était devenue la salle des Dieux barbares,et grâce aux détails contenus dans l’écrit de Ruggieri et au plantrès complet qu’il avait adjoint, je ne tardai pas à me rendrecompte que l’entrée de la cachette se trouvait exactement sous lepiédestal de la statue d’un dieu nommé Belphégor.

« C’était un sérieux obstacle que l’on nepouvait déplacer que la nuit.

« Mais si le souterrain si nettementdécrit par Ruggieri existait encore, rien ne m’était plus facileque de m’introduire au Louvre, pendant la nuit, et, entre deuxrondes de gardiens, de faire le nécessaire.

« Elsa Bergen me proposa d’envoyerLüchner en reconnaissance.

« Mais, pour des raisons que vousdevinez, je préférai agir moi-même.

Maurice de Thouars ponctua :

– Vous aviez peur que le bossu ne voulûtprofiter seul de l’aubaine ?

– Évidemment… Il avait beau être le frèred’Elsa, je n’avais qu’à moitié confiance en lui. Ce fut alors queMlle Bergen me suggéra l’idée du Fantôme. Je l’acceptaid’enthousiasme… Et le lendemain soir, emportant dans un paquet ladéfroque qu’Elsa avait confectionnée pour moi, je me laissaienfermer dans l’église de Saint-Germain-l’Auxerrois… Je vous assureque, bien que décidée à tout, lorsque je me sentis seule dans cesanctuaire, je sentis mon cœur battre un peu plus fort que decoutume… Mais, faisant appel à toute mon énergie, à toute mavolonté, je m’habillai en fantôme et, tout en m’éclairant à l’aided’une lampe de poche, et en me guidant sur le plan que j’avaisdétaché du manuscrit, je me dirigeai ainsi qu’il l’indiquait versla dalle qui se trouvait derrière le maître-autel… et était marquéed’une fleur de lis.

« Toujours d’après les indications deRuggieri, j’appuyai fortement le doigt sur cet emblème d’ailleursaux trois quarts effacé… Rien ne bougea… J’appuyai avec plusd’insistance. Il me sembla que la dalle remuait légèrement…J’appuyai de toutes mes forces… Elle bascula légèrement, puisdemeura immobile… perpendiculaire au sol… Je la poussai, afin dedégager l’excavation que j’entrevoyais déjà… J’y parvins, non sanspeine… et je m’engageai dans un escalier en spirale qui aboutissaitau souterrain.

« Après avoir repéré une sorte de cryptequi devait ensuite me rendre un grand service, j’arrivai à unsecond escalier que je gravis… et je me trouvai devant un mur.

« Je consultai de nouveau le plan deRuggieri et je parvins à découvrir le mécanisme de l’entrée secrètequi devait me donner l’accès au Louvre… Mais il était tellementrouillé que je dus renoncer à le faire fonctionner.

« Je recourus alors aux bons offices deLüchner, qui revint avec moi le lendemain… Ce diable de bossu estvraiment d’une adresse surprenante… En effet, en moins d’une heure,il parvint à ouvrir la porte dissimulée dans la muraille… Nous noustrouvâmes alors sur le palier central de l’escalier de laVictoire de Samothrace. Alors, seule, sous mon suaire deFantôme, je gagnai la salle des Dieux barbares.

« J’étais en train d’examiner la statuede Belphégor, lorsqu’un gardien apparut… Je m’enfuisprécipitamment, non sans avoir essuyé le feu de son revolver… J’aimême senti une des balles siffler tout près de ma tête.

– Et cependant, le lendemain, vous avezrecommencé.

– Il fallait bien… D’ailleurs, j’étaisassez tranquille… Jack Teddy avait appris que, la nuit suivante, legardien en chef du musée avait obtenu de ses supérieursl’autorisation de monter la garde seul, dans la salle des Dieuxbarbares… Cela ne nous arrêta pas… Je me munis d’uncasse-tête…

Et Simone scanda avec un accentdiabolique :

– Vous avez vu que je n’ai pas hésité àen faire usage…

Puis, elle continua comme si elle se délectaitau souvenir de ses formidables et terribles exploits :

– Une fois débarrassée de ce témoingênant, j’appelai Lüchner et l’homme à la salopette, quim’attendaient dans une salle voisine… Tous deux se mirent à pousserla statue… afin de découvrir l’entrée de la cachette.

« Mais ce maudit Belphégor, qui n’étaitpas vissé à son socle, dégringola sur les dalles… ce qui produisitun bruit considérable… Craignant que cela n’eût éveillé l’attentiondes gardiens ou des policiers qui pouvaient se trouver dans lesenvirons, nous nous empressâmes de déguerpir.

– Et après cela… s’écriait Maurice deThouars, vous avez eu l’audace de revenir encore ?

– Parfaitement ! Mais, cette fois,nous faillîmes tomber sur ce qu’on appelle vulgairement « unbec de gaz ».

« En pénétrant seule dans la salle desDieux barbares où, avant d’agir, avec mes deux hommes, ilétait indispensable que je fisse une reconnaissance – qu’est-ce quej’aperçois – en train d’examiner ce pauvre Belphégor qui, étendusur les dalles, faisait une hideuse grimace ? JacquesBellegarde… Je m’approchai de lui à pas de loup, bien décidée à luifaire subir le sort du gardien Sabarat.

– Vous dites ?

– Laissez-moi continuer… Captivé par sesrecherches, il ne m’avait ni vue ni entendue, et je pensai :« Toi, ton affaire est bonne ! » Mais à peineavais-je levé le bras pour lui asséner un coup de matraque… qu’unemain se posait sur mon poignet… C’était celle d’un vieux monsieur…J’ai su depuis que c’était Chantecoq… qui, sorti de je ne sais où,intervenait de si fâcheuse manière.

« D’un mouvement brusque, je me dégageaiet je m’enfuis… J’escaladai quatre à quatre l’escalier de laVictoire de Samothrace, poursuivie par Bellegarde à coupsde revolver, qui ne m’atteignirent pas. C’est à croire que je suisinvulnérable.

« Arrivée sur le palier au moment où ilallait m’atteindre, je lui assenai un coup de matraque sur lanuque… Bien qu’il ait porté à faux, Bellegarde tomba… et j’allaisme précipiter vers la porte secrète derrière laquelle Lüchner etl’homme à la salopette m’attendaient, lorsque, en haut del’escalier, des lumières scintillèrent… C’était une ronde depoliciers… Tandis qu’en bas une voix – celle de Chantecoq –clamait : « Barrez-lui la route, nous letenons ! »

« D’un bond, je m’élançai vers la portesecrète, que le bossu referma derrière moi. Il étaittemps !…

« J’avoue que, ce soir-là, j’ai bien cruque la partie était perdue !

– Vous avez cependant récidivé.

– Oui… car je me suis tenu leraisonnement suivant : devant tant d’insistance, la police,persuadée que le Fantôme du Louvre reviendra certainement dans lasalle des Dieux barbares, va y établir une souricière.

– Ce qui s’est produit.

– En effet. Mais l’inspecteur Ménardier,chargé d’arrêter Belphégor, avait compté sans les ressources de monimagination.

– C’est vous qui avez eu l’idée des gazsomnifères ?

– Oui, c’est Lüchner qui s’est chargé deles fabriquer… Cette fois, tout s’est admirablement passé… Etmaintenant, mon cher, vous en savez aussi long que moi-même.

Tout aussi tranquille que si elle se fûttrouvée dans son boudoir, elle prit dans un étui en or qui setrouvait sur la coiffeuse une cigarette orientale qu’elle alluma etdont elle lança au plafond les premières bouffées.

Maurice de Thouars demeura un instantsilencieux… Hypnotisé par cette femme extraordinaire qui incarnaitvraiment le génie du mal, de plus en plus dominé par sa beauté etplus encore par son charme infernal, il la contempla d’un œilardent de convoitise.

Tout à coup, Simone éclata de rire.

– Voyez-vous, fit-elle, qu’il prenne auxPapillon l’idée de se rendre ici !

Le bellâtre esquissa un gested’inquiétude.

Toujours en ricanant, Simone Desrochesreprenait :

– Soyez tranquille, Lüchner m’a donné, àce sujet, tous les apaisements nécessaires… D’ailleurs, s’ilplaisait à ce délicieux ménage de nous jouer ce mauvais tour, il neserait pas long à faire connaissance avec les oubliettes que cecrétin de Papillon a fait reconstituer. De cette façon, ellesserviraient à quelque chose.

Fixant à son tour Maurice de Thouars, dont lapassion qu’elle lui inspirait se révélait sur ses traits, elleajouta, cette fois sur un ton de coquetterie féminine :

– Et vous, c’est tout ce que vous trouvezà me dire ?… Peut-être ai-je eu tort de vous raconter toutesces choses, et maintenant vous n’osez plus parler d’amour à cellequi n’a pas craint de se faire l’égale des plus grandes criminellesdes temps passés et modernes.

– Simone, protestait le comte Mauricetout frémissant, je vous jure, au contraire, que je ne vous aijamais autant adorée… et que rien désormais, ne pourra me séparerde vous.

– Même si je vous ordonnais dedisparaître de ma vie ?

M. de Thouars blêmit. Puis, d’une voix rauqueoù il y avait à la fois tous les désespoirs et toutes les prières,il s’écria :

– Non, non, ne me demandez pascela !… Ne m’imposez pas une aussi terrible épreuve. J’ai déjàtrop souffert, je ne supporterais pas un tel surcroît dedouleur.

Et tandis qu’une flamme de menace illuminaitson regard, il martela en serrant les poings :

– Et qui sait, alors… ce quiarriverait ?…

Simone se releva et marcha droit sur lui…

Puis l’entourant de ses bras, elle fit avec unaccent qui révélait enfin le secret qu’elle avait été assez fortepour garder en elle :

– Imbécile !… c’est toi que j’aitoujours aimé.

Bouleversé, M. de Thouars allait lui crier sajoie, son ivresse, mais Simone lui mit la main sur la bouche en luiordonnant :

– Je sais ce que tu vas me dire !Bellegarde, n’est-ce pas ? Eh bien ! je vais tout teraconter. J’ai été, je l’avoue, attirée vers ce journaliste etj’avais même eu l’espoir que je pourrais trouver en lui unauxiliaire… Ou plus précisément un complice…

« Mais j’ai tout de suite compris que jefaisais fausse route. D’abord, c’était un honnête homme, et puis iln’avait eu pour moi qu’un caprice… vite dissipé… J’en fus, je ne lecache pas, tellement mortifiée dans mon honneur de femme que je memis à le haïr férocement.

« Ce fut alors que j’eus l’idée de luimettre sur le dos les exploits de Belphégor… Mais, avant tout, pouratteindre mon but, il était indispensable qu’il me crût toujourspassionnément attachée à lui…

« Voilà pourquoi je lui jouai la comédieque vous savez…

– Et qui m’a tant faitsouffrir !

– Ne vous en plaignez pas… puisque votrechagrin m’a permis de me rendre compte que vous m’aimiez ainsi quej’entends l’être !

– Oui… aveuglément… passionnément…affirmait le beau Maurice.

Et sur un ton de tendre reproche, ilajouta :

– Ah ! si j’avais su ! Sij’avais pu deviner !…

– Les amoureux sont trop imprudents pourqu’on leur fasse d’entières confidences. Je jouais une telle partiequ’une phrase, un mot, un rien pouvaient la compromettre. Bienqu’il m’en coûtât de vous torturer, je ne voulais pas risquer deperdre la victoire. Mais à présent que le trésor des Valois est ànous, je vais pouvoir enfin réaliser un rêve dont j’avais fait madevise : Vivre ma vie… c’est-à-dire partir loin, trèsloin, voyager sans cesse à travers des pays nouveaux, inconnus…sous les cieux les plus divers, en pleine nature, parmi despaysages de songe… des décors formidables… et cela avec l’homme quej’ai choisi librement, entre tous, avec celui que j’aime, avec toi…toi !…

Un long baiser scella ce pacte quecontresignaient le crime, la lâcheté, l’infamie, toutes leshontes.

On frappait à la porte. Les deux amants seséparèrent. Simone, d’un ton irrité, proféra :

– Entrez !

La silhouette du bossu apparut.

À sa vue, Mlle Desroches eut ungeste d’impatience.

Avec un sourire hypocrite, Lüchnerdisait :

– Excusez-moi de vous déranger. Mais letemps presse.

Simone et Maurice de Thouars l’interrogèrentdu regard. Le bossu reprit :

– Vous oubliez que nous n’avons pasréussi à nous débarrasser de Chantecoq, et tant qu’il sera vivant,nous pourrons toujours redouter qu’il découvre notre piste.

– C’est juste, ponctua le bellâtre.

Mais Simone s’écriait d’un air mystérieux etmenaçant :

– Belphégor n’a pas dit son dernier mot…Et M. Chantecoq fera bien de ne pas se mettre en travers de notreroute… car je lui ménage une surprise à laquelle il ne s’attendpas.

M. de Thouars et Lüchner échangèrent un regardde surprise.

Alors… d’une voix stridente, MlleDesroches leur lança :

– Puisque vous n’avez pas été assezadroits pour le supprimer ou tout au moins pour l’empêcher de nousnuire… moi, j’ai fait le nécessaire…

« Dans quelques heures, la fille de notreennemi sera entre nos mains… Nous verrons bien alors si M.Chantecoq ne fait pas « camarade » !

Le bossu allait parler… Mais, d’un signed’impatience, elle lui imposa silence… Puis, elle fit, sur un tond’autorité souveraine :

– Allons nous reposer… Au point du jour,nous commencerons la fonte de l’or…

M. de Thouars fit un pas vers elle.

– À demain, lui dit-elle.

Et s’approchant de lui, elle lui dit toutbas :

– À toujours !…

Et soulevant une portière, elle disparut dansune pièce voisine.

– Quelle femme !… grommela le bossu…Mais malgré tout, je ne serai tout à fait tranquille que lorsquej’aurai ma part du magot !

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