Belphégor

Chapitre 2LA JUSTICE TRAVAILLE

La nouvelle de l’enlèvement de MlleDesroches par le Fantôme du Louvre s’était répandue dans lequartier et avait, naturellement, provoqué une émotion considérablequi s’était traduite par un rassemblement de nombreux curieuxdevant l’hôtel de Simone.

Devant la porte, deux agents en tenuemontaient la garde, s’efforçant de maintenir de chaque côté dutrottoir la foule qui grossissait de minute en minute.

Pendant ce temps, la justice travaillait…

Dans l’atelier, en face du divan noir, parmiles roses flétries et effeuillées qui jonchaient le tapis,Mme Mauroy, Elsa Bergen, Maurice de Thouars étaient enconférence avec M. Ferval, Ménardier et le commissaire de police duquartier.

Le directeur de la police judiciaire, eneffet, en raison de l’ampleur que prenait cette affaire, avaitdécidé de présider à l’enquête que le juge d’instruction avaitimmédiatement ordonnée.

Ainsi que le commissaire et l’inspecteur, ilécoutait avec un vif intérêt Maurice de Thouars, qui lui faisait ences termes le récit des événements de la nuit précédente :

– Je venais, disait-il, de reconduireMme Mauroy jusqu’à sa chambre, et je m’étais rendu dansle grand salon, afin d’y prendre quelques instants de repos.

« Étendu dans un fauteuil, je venais àpeine de m’endormir, lorsque je fus réveillé en sursaut par descris qui provenaient de l’atelier.

« J’accourus aussitôt et, sur le seuil dela pièce où nous nous trouvons en ce moment, j’aperçus la femme dechambre, Juliette, qui se traînait sur les genoux, tendait vers moiles mains en clamant, affolée de peur : « Le Fantômevient d’enlever Mademoiselle ! »

« Je dirigeai aussitôt les yeux vers ledivan sur lequel reposait encore, quelques instants auparavant, ladépouille mortelle de notre pauvre amie.

« Je constatai qu’elle avait disparu.

« Je restai un instant pétrifié deterreur… Puis, tout en cherchant à me ressaisir, je me retournaivers Juliette. La malheureuse fille était évanouie. Je fis quelquespas, machinalement, dans l’atelier, qui n’était plus éclairé quepar les bougies des deux candélabres, et je me heurtai àMlle Bergen qui, elle aussi, gisait inanimée sur leparquet.

« J’appelai aussitôt les domestiques, quiarrivèrent bientôt… Inutile de vous dire, monsieur, dans quelsaisissement le spectacle qui les attendait plongea les bravesgens.

« En proie à un compréhensible émoi, ilsm’aidèrent à transporter Mlle Bergen et la femme dechambre dans leurs chambres respectives…

Fort heureusement, grâce aux soins qui luifurent prodigués, Mlle Bergen revint assez promptement àelle et elle me raconta ce qu’elle va vous répéter.

La Scandinave qui, pâle, les traits tirés,semblait encore sous le coup de ses émotions de la veille,reprit :

– Excusez-moi, messieurs, si je m’exprimemal ou d’une façon incomplète… Mais je suis encore sitroublée !… Ce que j’ai vu est tellement effrayant !…

Ferval incitait, sur un ton debienveillance :

– Efforcez-vous, mademoiselle, dansl’intérêt de la justice et de la vérité, de préciser le pluspossible vos souvenirs.

– Je vais faire de mon mieux, affirmaitla demoiselle de compagnie.

Et elle poursuivait :

– J’étais en train de veiller ma pauvreamie, avec la femme de chambre, lorsque, tout à coup, l’électricités’éteignit… Puis, à la lueur des bougies qui jetaient autour denous une lueur blafarde, je vis s’ouvrir lentement une porte qui setrouve là, tout près du divan, dissimulée derrière unedraperie.

« Lorsque, tout à coup, le Fantômeapparut… Je perdis connaissance.

« C’est tout ce que je puis vous dire…Juliette ainsi qu’elle nous l’a raconté dès qu’elle est revenue àelle, a voulu appeler à l’aide… Mais, d’un bond, le Fantôme s’estprécipité sur elle et lui a assené un coup de matraque… Elle esttombée, à moitié assommée, et elle affirme, d’une façon absolue,qu’elle a vu le Fantôme s’emparer du corps de MlleDesroches et disparaître avec, par la petite porte.

– Cette femme de chambre, oùest-elle ? interrogeait le directeur de la policejudiciaire.

Mlle Bergen déclarait :

– À la suite du coup très violent qu’ellea reçu, sur la tête, elle a dû s’aliter.

– Est-elle en état de répondre à mesquestions ?

– Je le crois… En tout cas, je vais vousconduire près d’elle.

Tous se préparaient à quitter le studiolorsque Ménardier, qui avait été ouvrir la petite porte et avaitregardé au dehors, s’écria :

– Monsieur le directeur, mepermettez-vous, auparavant, de poser quelques questions àMlle Bergen ?

– Certainement.

– Cette porte, qui donne dans le jardin,à quelques mètres seulement du mur de clôture, était-elle fermée àclef ?

– En principe, oui… répliquait lademoiselle de compagnie, sans la moindre hésitation… Mais, sanstoutefois l’affirmer, il est très possible qu’elle soit restéeouverte, car je me souviens que c’est par là qu’on a apporté lesfleurs parmi lesquelles Mlle Desroches était étendue etsans doute avait-on négligé de la refermer.

Ménardier reprenait :

– Parmi les domestiques deMlle Desroches, en est-il qui soit depuis peu de temps àson service ?

– Non, monsieur, le moins ancien, lechauffeur, est déjà depuis plus d’un an à la maison… Nous avons eusur lui les meilleures références, qu’il n’a, d’ailleurs, pointdémenties.

« Quant aux autres, ils étaient déjà auservice de la famille Desroches depuis de nombreuses années… J’aidonc pu les connaître, les apprécier, et, ainsi que je l’ai déclaréà M. Chantecoq, je suis prête à vous répondre d’eux comme demoi-même.

– M. Chantecoq est donc venu ici ?questionnait négligemment Ménardier.

Mme Mauroy, qui, jusqu’alors, avaitgardé le silence, s’écriait :

– Quel malheur ! En effet, si mapauvre sœur, au lieu d’avoir eu recours à ce détective privé, avaitimmédiatement porté plainte au commissaire de police, qui sait sielle ne serait pas encore vivante !

– C’est fort possible, murmuraMénardier.

– Et maintenant, où est-elle ?reprenait Mme Mauroy… Où ce misérable l’a-t-ilemportée ?… Oh ! messieurs, vous le retrouverez, n’est-cepas, avant qu’il n’ait fait disparaître son corps ?

Désireux de mettre fin à une scène quidevenait extrêmement pénible, M. Ferval reprenait :

– Nous allons maintenant nous rendre prèsde la femme de chambre.

Et, s’adressant à Mme Mauroy, ilfit :

– Il vaut mieux, madame, que vousn’assistiez pas à cet interrogatoire, qui ne pourrait que ravivervotre douleur.

– Vous avez raison, monsieur ledirecteur, approuvait M. de Thouars, je vais emmener MmeMauroy…

– Non ! Non ! refusaitcelle-ci… je veux tout voir, tout entendre. D’ailleurs, ne craignezrien, je serai courageuse.

M. Ferval n’osa insister… et, guidés par ElsaBergen, tous se dirigèrent vers la chambre de Juliette, qui étaitsituée tout en haut de l’hôtel.

La femme de chambre était étendue sur son lit,la tête enveloppée d’un pansement.

Mlle Bergen entra la première,suivie de M. Ferval et de Ménardier.

Mme Mauroy, M. de Thouars et lecommissaire de police restèrent dans le couloir ; mais laporte étant demeurée ouverte, ils allaient pouvoir suivre tout cequi allait se passer, entendre tout ce qui allait se dire.

Mlle Bergen s’en fut vers Juliette,et sur un ton plein de bonté, elle lui dit :

– Ma fille, voici M. le directeur de lapolice judiciaire, qui a tenu à vous interroger lui-même, au sujetde ce qui s’est passé hier soir dans l’atelier…

« Ne vous émotionnez pas… Il est de votreintérêt, autant que du nôtre, d’éclairer la justice et de luifournir si possible les moyens d’arrêter le misérable qui a vouluvous tuer.

Juliette promena autour d’elle des yeux quireflétaient encore l’indicible épouvante dans laquelle l’avaitplongée la nouvelle apparition du Fantôme.

M. Ferval s’approcha d’elle…

– Mademoiselle, fit-il avecbienveillance, voulez-vous nous dire ce que vous savez ?

– Monsieur, répondait la femme dechambre, tandis que Ménardier prenait des notes sur un carnet, jeme trouvais dans le studio, avec Mlle Bergen, près denotre pauvre demoiselle, lorsque je vis une porte s’ouvrir, etpuis… et puis…

Elle s’arrêta… comme si le souvenir du Fantômeréveillait en elle ses transes qui semblaient momentanémentapaisées.

– Et puis ?… insistait doucement M.Ferval.

– Et puis, reprenait Juliette aveceffort… le Fantôme est apparu… Mlle Bergen s’estévanouie… J’ai poussé des cris… le Fantôme a bondi sur moi… et m’adonné un grand coup de marteau sur la tête… Je suis tombée… mais jen’ai pas tout à fait perdu connaissance…

Elle s’arrêta, suffoquée.

Mlle Bergen, s’empara d’un flacond’éther et le lui fit respirer, tandis que Ménardier murmurait àson chef :

– Cette déposition est tout à faitconforme à celle de la dame de compagnie… donc…

D’un geste bref, Ferval lui imposait silence.En effet, Juliette, ranimée, reprenait, d’une voix un peuraffermie :

– Alors, monsieur, j’ai vu le Fantômecourir vers le divan, saisir Mademoiselle dans ses bras et s’enfuiravec elle.

– Je ne voudrais pas vous fatiguer,mademoiselle, déclarait le directeur de la police judiciaire, maiscependant j’aurais encore quelques questions à vous poser.

D’un signe de tête, Juliette exprima qu’elleétait prête à répondre.

– Lorsque le Fantôme est apparu pour lapremière fois dans cette maison, vous l’avez vu, n’est-cepas ?

– Oui, monsieur.

– Et vous êtes sûre qu’hier c’était lemême ?

– Oh ! oui, monsieur.

– Il était bien enveloppé dans un grandsuaire noir ?

– Oui, monsieur.

– Et il portait sur sa tête un capuchonqui empêchait de distinguer ses traits ?

– Oui… et dans lequel il y avaitseulement deux trous qui laissaient apercevoir ses yeux… Oh !ces yeux… Ce regard… Je ne l’oublierai jamais !

– Il faut l’oublier, au contraire,conseillait le haut fonctionnaire.

Et, lui montrant Ménardier, ilajouta :

– Voici un de nos meilleurs limiers, quim’a promis d’arrêter le Fantôme dans les vingt-quatre heures.

– Et je ne m’en dédis pas !affirmait énergiquement l’inspecteur.

– D’ailleurs, reprenait Ferval, vouspouvez être absolument tranquille… Après ce qu’il a fait hier, cebandit n’osera plus se hasarder ici.

« Et maintenant, reposez-vous,mademoiselle. Je vois que vous êtes très bien soignée.

– Oh ! oui, monsieur, déclaraitJuliette, Mlle Bergen est si bonne, elle aussi.

– Bientôt, vous serez tout à faitrétablie… et en guise de souvenir, il ne vous restera plus que lasatisfaction de penser que vous l’avez échappé belle.

– Mais notre pauvre demoiselle… scandaJuliette… Personne, hélas ! ne nous la rendra.

Deux larmes apparurent au bord de sespaupières.

Mlle Bergen décidait :

– Je vais rester un peu auprèsd’elle.

Ferval et Ménardier s’en furent rejoindreMme Mauroy, Maurice de Thouars et le commissaire depolice qui n’avaient pas quitté le couloir.

– J’ai encore besoin de connaîtrecertains détails, déclarait Ferval.

– Voulez-vous que nous descendions ausalon ? proposait Mme Mauroy.

– Avec plaisir, madame, acceptait lebrave fonctionnaire.

Pendant ce temps, au dehors, un taxi stoppaitde l’autre côte de la rue.

Deux hommes en descendaient… C’étaientChantecoq et Cantarelli.

Mais, en présence de la cohue qui se pressaitaux abords de l’hôtel, le détective dit au reporter :

– Oh ! oh ! allons-ydoucement…

– En effet, opina Bellegarde, il doit sepasser, dans la maison, quelque chose de pas ordinaire.

– Approchons-nous, ponctua le grandlimier.

Et flanqué du faux numismate italien, iltraversa la chaussée.

S’adressant à un curieux, Chantecoq luidemanda, de l’air le plus innocent du monde :

– Qu’y a-t-il donc, monsieur ?

D’une voix caverneuse, son interlocuteurlaissa tomber :

– C’est un vampire qui, la nuit dernière,a enlevé un cadavre.

– Voyons, ce n’est paspossible !

– C’est tellement possible, que la policeest en train d’enquêter.

– Ah ! c’est donc cela ?s’exclamait Chantecoq d’un air de plus en plus ingénu.

Et, profitant d’un remous de la foule qui lesépara de son interlocuteur, il glissa à l’oreille du reporter, enlui désignant du coin de l’œil l’hôtel de Simone :

– J’ai l’idée qu’il doit se passer deschoses très curieuses dans cette maison.

– Et alors ? interrogeait lejournaliste.

– Alors, mon ami, scanda Chantecoq,restons… restons !

Mieux favorisés que la foule et même que ledétective et son compagnon, pénétrons de nouveau dans le grandsalon où se trouvaient rassemblés Mme Mauroy, Maurice deThouars, M. Ferval, Ménardier et le commissaire de police.

Tous les visages étaient empreints, les uns degravité, les autres de tristesse.

Seul, le « petit fouinard »dissimulait mal la satisfaction que lui causait l’enquête àlaquelle il venait de prendre part. Selon lui, en effet, elle nefaisait que confirmer sa thèse.

Mme Mauroy, la première, rompit lesilence.

– Messieurs, demanda-t-elle avec uneexpression de vive angoisse, quand pensez-vous que cet affreuxmystère va cesser ?

Ferval répondait aussitôt :

– Je crois, madame, vous avoir déjàdéclaré que l’arrestation du coupable n’était plus qu’une questiond’heures.

Ménardier approuvait de la tête.

M. de Thouars interrogeait :

– Pensez-vous qu’il ait descomplices ?

– Certes !

– Deux au moins, précisait Ménardier…Mais ceux-là, pour l’instant, ne sont pas intéressants… Nous lesrattraperons toujours.

« L’essentiel est de tenir le principalcoupable.

– Vous le connaissez ? interrogeaitMme Mauroy.

– Je le connais.

– Et c’est ?…

– Celui qui a volé les lettres deMlle Desroches !

– C’est-à-dire ?… ponctuait M. deThouars…

– Jacques Bellegarde.

– Jacques Bellegarde ? répétaitMme Mauroy, qui semblait entendre ce nom pour lapremière fois.

– Oui, allait poursuivrel’inspecteur.

Mais M. de Thouars l’arrêta.

– Mme Mauroy ignorait lesrelations d’amitié que Mlle Desroches entretenait avecce journaliste.

– Alors, excusez-moi, madame, fitMénardier.

Mais Mme Mauroy, se retournant versMaurice de Thouars, s’écriait :

– Je veux tout savoir et vous n’avez plusle droit de rien me cacher. D’ailleurs, j’ai deviné. Ce Bellegardeque vous accusez aujourd’hui d’avoir enlevé le corps de ma pauvresœur était… son… son amant ?

– Hélas ! oui, répliquait M. deThouars.

– Alors… martelait la jeune femme,pourquoi, dans quel dessein aurait-il enlevé le corps de ma pauvresœur ?

Ménardier, cette fois, se tut.

Mais comprenant que maintenant il fallait enfinir avec des réticences qui ne pouvaient, en exaspérant ladouleur de Mme Mauroy, que provoquer un incident desplus regrettables, Ferval répliquait :

– Jacques Bellegarde est l’auteurprincipal du crime et du vol qui ont été commis au Louvre il y aquelques jours.

– En effet, reconnaissait la sœur deSimone, j’ai lu dans les journaux toute une histoire de Fantôme àlaquelle je n’avais, d’ailleurs, accordé qu’une attentiondistraite.

– Elle est cependant excessivement grave,soulignait le commissaire de police.

– Comment Simone a-t-elle été mêlée àcette histoire ?

Ferval reprenait :

– Ainsi que vous venez de l’apprendre,Mlle Desroches était l’amie de Bellegarde. Elle luiétait même très attachée, au point qu’elle était prête à l’épouser.Il refusait, sous prétexte qu’il n’avait pas de fortunepersonnelle. Or, cette délicatesse masquait purement et simplementson intention de rompre avec mademoiselle votre sœur.

– C’est ce qu’il a fait, intervenait M.de Thouars, avec une brutalité et une sécheresse de cœurrévoltantes.

– Et cela, déclarait Ménardier, parceque, sans aucun doute, le vol du trésor des Valois accompli, ilvoulait avoir les coudées franches au cas où il aurait été obligéde s’enfuir à l’étranger. Et pour être bien sûr que MlleDesroches ne chercherait pas à le rejoindre, il l’aura lâchement,froidement assassinée.

– Le misérable ! proféraMme Mauroy, tandis qu’Elsa Bergen, qui venait d’entrerdans la pièce, s’approchait d’elle…

– Assassinée !… Comment ?interrogeait M. de Thouars.

Avec l’accent d’une conviction absolue,Ménardier ripostait :

– À l’aide d’un poison qu’il lui aurafait absorber au cours du déjeuner qu’il a fait avec elle aurestaurant des Glycines.

– Le fait est, reconnaissait M.de Thouars, que c’est à partir de ce moment que notre pauvre amieest tombée gravement malade.

Et se tournant vers Mlle Bergen, ilajouta :

– N’est-ce pas, mademoiselle ?

– C’est absolument exact, déclarait lademoiselle de compagnie. J’ajouterai même que j’en avais eu lesoupçon, mais comme je manquais de preuves, je n’ai rien vouludire.

– Pourquoi, s’énervait MmeMauroy, après avoir tué Simone, l’a-t-il faitdisparaître ?

Ferval répliquait :

– Bellegarde ayant appris qu’il allaitêtre procédé à un examen médical dont le résultat n’eût pas manquéd’établir que Mlle Desroches avait été empoisonnée, auravoulu faire disparaître la preuve de son crime.

– C’est abominable ! s’écriait lajeune femme… Oh ! messieurs, n’est-ce pas, vous retrouverez,vous vengerez ma pauvre sœur ?

Ménardier affirmait :

– Encore un peu de patience, quelquesheures seulement, et j’aurai le plaisir de lui passer lesmenottes…

Après avoir serré la main de M. de Thouars,Ferval, le commissaire et Ménardier se retirèrent, accompagnésjusqu’à la porte par le comte Maurice.

Au-dehors, devant l’hôtel, des agentscyclistes qui, fort heureusement, passaient dans la rue, aidèrentleurs deux collègues à faire circuler la foule de plus en pluscompacte et agitée… lorsque la porte s’ouvrit, livrant passage auxreprésentants de la police.

À leur vue, des rumeurs s’élevèrent. On allaitenfin savoir quelque chose. Mais d’une voix forte, impérieuse,Ferval ordonnait aux agents :

– Empêchez que l’on stationne et quepersonne, jusqu’à nouvel ordre, ne pénètre dans cette maison.

Les agents exécutèrent aussitôt les ordres deleur chef avec une énergie remarquable, ce qui ne fut pas sansprovoquer des cris, des protestations et même une certainebousculade.

Ferval se dirigeait vers l’auto qui l’avaitamené, lorsqu’il eut un geste de surprise : Chantecoq, flanquédu commandeur Cantarelli, venait de se dresser devant lui.

– Est-ce que la consigne est aussi pourmoi ? demandait le grand détective au directeur de la policejudiciaire.

– Je le regrette, mon cher ami,répliquait celui-ci d’un ton un peu sec, elle est formelle pourtous.

Chantecoq fronça les sourcils ; Ménardieresquissa un sourire de triomphe.

D’un ton plus cordial, Fervalreprenait :

– Cette fois, mon bon Chantecoq, tu asperdu ton pari.

– Tu crois ? fit le limier.

– J’en suis sûr.

– Il y aura du nouveau avant ce soir,affirmait Ménardier avec assurance.

– C’est aussi mon avis… répondait legrand détective avec un malicieux sourire.

Prenant congé du limier et du faux Cantarelli,Ferval regagna sa voiture avec le commissaire et l’inspecteur.

Alors, se penchant à l’oreille de Bellegarde,qui, pendant toute cette scène, n’avait cessé de regarder la fouleaux prises avec les agents, Chantecoq murmura, en lui montrantl’hôtel de Simone :

– C’est là que se trouve la clef dumystère.

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