Scène III
Le Bret, Ragueneau.
RAGUENEAU.
D’ailleurs,
Puisque vous êtes là, j’aime mieux qu’elle ignore !
– J’allais voir votre ami tantôt. J’étais encore
À vingt pas de chez lui… quand je le vois de loin,
Qui sort. Je veux le joindre. Il va tourner le coin
De la rue… et je cours… lorsque d’une fenêtre
Sous laquelle il passait – est-ce un hasard ?…peut-être ! –
Un laquais laisse choir une pièce de bois.
LE BRET.
Les lâches !… Cyrano !
RAGUENEAU.
J’arrive et je le vois…
LE BRET.
C’est affreux !
RAGUENEAU.
Notre ami, Monsieur, notre poète,
Je le vois, là, par terre, un grand trou dans la tête !
LE BRET.
Il est mort ?
RAGUENEAU.
Non ! mais… Dieu ! je l’aiporté chez lui.
Dans sa chambre… Ah ! sa chambre ! il faut voir ceréduit !
LE BRET.
Il souffre ?
RAGUENEAU.
Non, Monsieur, il est sansconnaissance.
LE BRET.
Un médecin ?
RAGUENEAU.
Il en vint un par complaisance.
LE BRET.
Mon pauvre Cyrano ! – Ne disons pas cela
Tout d’un coup à Roxane ! – Et ce docteur ?
RAGUENEAU.
Il a
Parlé, – je ne sais plus, – de fièvre, de méninges !…
Ah ! si vous le voyiez – la tête dans deslinges !…
Courons vite ! – Il n’y a personne à sonchevet ! –
C’est qu’il pourrait mourir, Monsieur, s’il se levait !
LE BRET, l’entraînant vers ladroite.
Passons par là ! Viens, c’est plus court ! Par lachapelle !
ROXANE, paraissant sur le perronet voyant Le Bret s’éloigner par la colonnade qui mène à la petiteporte de la chapelle.
Monsieur Le Bret !
(Le Bret et Ragueneau se sauventsans répondre.)
Le Bret s’en va quand onl’appelle ?
C’est quelque histoire encor de ce bon Ragueneau !
(Elle descend le perron.)