Le Mystérieux Docteur Cornélius – Tome III

CHAPITRE IV – Le crucifix d’étain

C’est en qualité de jockey queMr. Ezéchias Palmers, fils d’un honorable clergyman de l’Étatde New Jersey, avait débuté dans l’existence, laissant inachevéesles études théologiques qu’il avait entreprises sous l’égidepaternelle.

Un subit embonpoint le força de renoncer auxhippodromes, et il eut la chance d’obtenir la place de directeurd’une maison d’aliénés, d’un Lunatic-Asylum, ne gardant de sonpremier métier qu’une aptitude remarquable à perdre son argent auxcourses.

Mr. Palmers se lassa bien vite de lasociété des fous, qui, d’ailleurs, lui jouèrent une foule demauvais tours, et il quitta le Lunatic-Asylum pour installer, grâceaux capitaux de commanditaires bénévoles, un Institut spiritualisteoù les personnes frappées par la mort dans leurs affectionspouvaient à volonté voir apparaître leurs chers défunts, ou mêmeconverser avec eux.

Les clients de Mr. Palmers se déclaraienttrès satisfaits. Les matérialisations ne laissaient rien àdésirer : l’or affluait dans les caisses de l’ingénieuxspirite, lorsque la police de New York découvrit, par hasard, queles âmes évoquées étaient représentées par de jeunes dames dont lesappas n’avaient rien d’immatériel et dont les mœurs étaientdéplorables, surtout pour de purs esprits.

L’Institut Spiritualiste fut fermé par ordrede l’autorité supérieure. Mr. Palmers connut alors de mauvaisjours. Il avait dépensé jusqu’à son dernier dollar et en était à sedemander, en arpentant mélancoliquement les rues de New York, quelétait le moyen de suicide le plus rapide, le moins douloureux et leplus économique. Il finit par conclure qu’un plongeon dans l’Hudsonréunissait parfaitement ces trois conditions.

Le résultat de cette méditation fut qu’il allaporter chez un armurier le superbe browning avec lequel il avaitd’abord projeté de se brûler la cervelle. Il revint avec quatredollars, ce qui lui rendit à l’instant même toute sa bonnehumeur.

Il était, ce jour-là, décidément en veine. Ensortant de chez l’armurier, il aperçut un groupe de femmes, jeuneset vieilles, qui stationnaient autour de l’échoppe d’un cordonnier,en plein vent. Il s’approcha, poussé par la curiosité, et, tout desuite, son attention fut éveillée par ces parolesétranges :

– Cette jeune fille use du talon, doncelle est brune, tendre et fidèle.

Il y avait, dans cette simple phrase, touteune révélation.

Le hasard bienveillant avait pousséMr. Palmers jusqu’à la boutique d’un« podomancien ».

La podomancie, comme chacun sait, est l’art dedeviner le caractère des gens, et même leur avenir, d’après lesmanières dont ils usent leurs chaussures. Au bout d’une heure,Mr. Palmers savait que, si les brunes usent du talon et sontfidèles, les blondes usent de la pointe et sont volages, que leshommes de robe et les gens rusés usent les contreforts intérieurs,les prodigues et les étourdis les contreforts extérieurs ; etune foule d’autres notions de la même force.

Éperdu de joie, Mr. Palmers courut, toutd’une traite, jusqu’au bureau d’un journal, et, avec le peud’argent qu’il possédait, fit insérer une annonce ainsiconçue :

Voulez-vous connaître :

VOS QUALITÉS, VOS DÉFAUTS, VOTRE AVENIR ?

Laissez de côté les charlatans et les farceurs !

Soyez pratiques !

Faites appel aux Sciences exactes et consultez

le fameux JAMES ROLLAN

le plus grand podomancien de toute l’Amérique.

Il suffit de lui envoyer une paire dechaussures ayant servi, mais non usées, pour connaître le secret desa destinée par retour du courrier.

Dis-moi comment tu marches,

Et je te dirai qui tu es !

N. B. – Il ne sera pas fait deréponse aux personnes qui expédieraient des chaussures en mauvaisétat.

Mr. Palmers avait eu une idée géniale. Lelendemain du jour où il avait inséré cette annonce, il reçut uneavalanche de chaussures de tout genre, mais celles des damesétaient en majorité.

Sans perdre de temps, il rédigea quatrenotices qui, reproduites à un grand nombre d’exemplaires, devaientconvenir à tous les cas possibles et imaginables. Elles étaientconçues dans un style si vague que chacun était forcé d’y trouverquelque chose de vrai.

Huit jours après, il était obligé de prendretrois employés pour classer son innombrable correspondance et ilpossédait un vaste hangar entièrement rempli de chaussures.

D’autres auraient vendu à vil prix cettemarchandise. Mr. Palmers avait trop le génie des affaires pourcommettre une pareille bévue. Il augmenta son personnel de troismaîtres savetiers et, avant que la fin du premier mois se fûtécoulée, il inaugurait, à New York même, deux superbes magasins oùd’excellentes chaussures étaient abandonnées au public à des prixd’un bon marché dérisoire.

Déjà le nom de James Rollan était presquecélèbre. Le portrait du fameux podomancien s’étalait à la huitièmepage des journaux, encadré de réclames étourdissantes. Ses bureauxoccupaient un vaste immeuble, et il dut installer des succursales àChicago, à La Nouvelle-Orléans et à San Francisco.

Le succès allait croissant avec la rapidité del’ouragan. Mr. Palmers fonda une Académie de pédicures, lançaun emplâtre sans pareil contre les cors. Enfin, il mit le sceau àsa renommée en publiant, sous son pseudonyme de James Rollan, unebrochure sur l’Esthétique rationnelle du pied qui eut unsuccès considérable.

Il ne manquait plus à son bonheur que dedécouvrir, parmi les plus riches et les plus belles héritières del’Union, une compagne digne de lui. Pourtant, il ne se pressaitpas, car il ne voulait faire son choix qu’en parfaite connaissancede cause. Il repoussa même, successivement, plusieurs partis fortavantageux.

C’est alors qu’à l’occasion d’un voyaged’affaires entrepris dans les États du Sud le hasard le mit enprésence de Mr. et miss Bombridge, qui étaient montés dans le mêmewagon que lui.

Il fut charmé de la beauté et de la grâce deRégine, et, au bout d’un quart d’heure, il se jurait à lui-mêmequ’il n’aurait jamais d’autre femme qu’elle. C’était le coup defoudre !

Mr. Bombridge, sans se décider aussirapidement, n’était pas hostile en principe à l’idée de donner safille à cet obligeant et correct gentleman, qui ne parlait que parmillions de dollars et citait des chiffres d’affairesstupéfiants.

C’est ainsi que Mr. James Rollan, de mêmeque Matalobos et Oscar Tournesol, fut invité à venir en Floridevillégiaturer pendant une courte période, à la fin de laquelleMr. Bombridge devait faire connaître sa décisiondéfinitive.

Mr. James Rollan était un homme si occupéque, malgré toute sa bonne volonté, il ne put arriver que deuxjours après ses concurrents. D’ailleurs, il n’en fut pas moins bienaccueilli, et il fut cérémonieusement présenté à ses rivaux, Oscaret le prestidigitateur, et aussi à lord Burydan.

Il semblait bien à l’excentrique que ce visagene lui était pas inconnu, mais il ne se rappelait pas exactement oùil avait pu le voir. Palmers, lui, reconnut du premier coup d’œill’homme qui, à l’Institut spiritualiste, était venu lui demander defaire apparaître la dame aux scabieuses. Seulement, il pensa queson ancien client ne le reconnaîtrait pas sous son nom de JamesRollan, et aussi à cause de certains changements qu’il avait faitsubir à sa physionomie et à son costume.

Au lieu d’être complètement rasé commeautrefois, il portait une légère moustache et des favoris blondsqui lui donnaient l’aspect de quelque élégant diplomateaustro-hongrois.

Mr. James Rollan fut parfaitementaccueilli de Mr. Bombridge et de ses amis. Sa présence fit uneheureuse diversion au mauvais temps qui n’avait cessé de régnerdepuis l’arrivée d’Oscar et de lord Burydan et qui empêchait lesexcursions les plus intéressantes dans le voisinage.

Le jour même de l’arrivée du célèbrepodomancien, il y eut un orage épouvantable, et la petite sociétén’eut d’autre ressource que d’organiser une partie de bridge dansle grand salon de la villa, pendant que la pluie tambourinait àgrand fracas le long des vitres closes et que le vent se lamentaitdans les arbres de la forêt.

La soirée se termina de façon assez maussadeet chacun se retira de bonne heure dans sa chambre.

Lord Burydan n’avait pas sommeil. Une foisseul, il essaya de lire ; mais il s’aperçut bientôt qu’ilavait parcouru déjà deux ou trois feuillets sans en avoir comprisun seul mot. Son esprit était ailleurs. Puis, quoique la fenêtrefût demeurée entrouverte, il faisait une chaleur insupportable.

Le jeune homme profita d’une accalmie pourmonter fumer un cigare sur la terrasse. Le vent, trempé de pluie,rafraîchit son front brûlant, calma ses nerfs. Il se mit alors àmarcher, à pas lents, en regardant distraitement le paysage.

Brusquement, il s’arrêta.

Le feu rouge du petit phare, qui brillait àl’entrée du golfe d’Oyster Bay, avait disparu. Une chose beaucoupplus surprenante, c’est qu’un autre feu, de la même couleur etd’une clarté plus intense, s’était allumé à une dizaine de miles,au nord.

Lord Burydan calcula approximativement quec’était à peu près dans cette direction que devait se trouver latour fiévreuse.

Évidemment, il se passait quelque chosed’extraordinaire. Lord Burydan redescendit chercher un manteauimperméable – car la pluie s’était remise à tomber avec violence –et il demeura courageusement à son poste d’observation.

Il s’était figuré tout d’abord que, pour uneraison quelconque, le phare avait été déplacé. Après examen, ilreconnut qu’il se trompait.

Au bout d’une heure de faction sur laterrasse, lord Burydan vit le feu nouveau s’éteindre brusquement.Presque aussitôt le phare se ralluma.

L’excentrique comprit qu’il ne se produiraitrien d’autre cette nuit-là. Aussi regagna-t-il sa chambre, trèspréoccupé.

Le lendemain matin, il faisait un tempssuperbe. Oscar Tournesol se leva de bonne heure et alla frapper àla porte de lord Burydan pour l’inviter à faire une promenadematinale. L’excentrique était déjà parti. Oscar apprit qu’il étaitsorti de la propriété déjà depuis une heure, en compagnie du vieuxnègre Jupiter qu’il avait pris comme guide.

On l’attendit vainement pendant toute lamatinée. Il ne revint qu’à midi, au moment où les hôtes deMr. Bombridge allaient se mettre à table.

Il paraissait fatigué et mécontent. Il demandala permission d’aller changer de vêtements, car il était couvert deboue des pieds à la tête. Quand il redescendit, ce fut à quil’accablerait de questions.

– Vous allez, j’espère, nous racontervotre promenade ? dit le prestidigitateur.

– Vous auriez dû nous emmener !ajouta Mr. James Rollan.

Comme lord Burydan ne répondait pas :

– Peut-être, dit miss Régine, en feignantd’être vexée, lord Burydan ne veut-il pas nous dire où il aété ! Il serait indiscret d’insister.

– Je n’ai aucune raison de vous cacherd’où je viens, répliqua l’excentrique. J’ai eu la fantaisie d’allervisiter la tour fiévreuse.

– Vous y avez été ?… Quelleimprudence ! s’écrièrent d’une même voix tous lesconvives.

– Rassurez-vous. J’avais pris mesprécautions. Je dois à mon savant ami, M. Prosper Bondonnat,un fébrifuge inventé par lui, et grâce auquel on peut, du moinspendant quelques heures, demeurer dans les endroits les plusmalsains… J’avoue que la précaution était loin d’être inutile. Jen’oubliai pas non plus de me couvrir la figure d’une moustiquaireet d’emporter avec moi une petite boîte de pharmacie…

– Les marécages sont-ils donc siterribles que cela ? demanda Oscar.

– Plus terribles encore qu’on ne lecroit ! Sans parler des nuées de moustiques et d’insectesvenimeux qui forment un nuage épais au-dessus des eaux croupies, cemarais est le refuge des reptiles les plus hideux que j’aie jamaisvus ! À côté des inoffensives grenouilles-taureaux, onaperçoit des crapauds d’une prodigieuse grosseur, et ce fameuxserpent-cercueil, d’un vert pâle et clair, qui donne la chasse àses victimes comme un chien.

« Il y a certaines mares où pullulent deshuîtres empoisonnées et de hideux crabes écarlates, qui s’ébattentautour des caïmans endormis que l’on prendrait pour des troncsd’arbre abattus.

« Dans les endroits où il pousse quelquesarbres et où le sol est plus ferme, on rencontre des fourmisgéantes, si nombreuses et si voraces qu’en une heure elles sontcapables de réduire à l’état de squelette parfaitement nettoyé lecadavre d’un homme.

– Vous avez osé traverser toutcela ? demanda miss Régine en réprimant un frisson dedégoût.

– Je n’y ai pas eu grand mérite, puisquej’avais pour guide ce brave Jupiter qui connaît à fond le marécageet qui m’a fait passer par des sentiers relativement sûrs. Je n’aifait, somme toute, que côtoyer d’assez loin toutes ceshorreurs.

« Ce qu’il y a de plus singulier, c’estque sur ces eaux pourries, dans ces fanges vénéneuses,s’épanouissent des fleurs d’un parfum admirable et d’une senteurcapiteuse. Au milieu de ce pandémonium de reptiles éclatent desfloraisons d’azur et de pourpre, des feuillages aux couleursmétalliques et chatoyantes. En certains endroits, l’eau noire secouvre d’un tapis de fleurs au-dessus desquelles on voit se dresserla tête plate des serpents.

« J’eus à traverser un buisson de grandsmimosas qui exhalaient un entêtant parfum et qui écartaient de moileurs branches avec un petit sifflement, car ce sont des arbustesdoués de sensibilité et de nervosité presque comme des êtreshumains.

« Ailleurs, au milieu des lianes de jalapaux corolles d’azur, de grands échassiers gris et roses serégalaient de serpents et de lézards, et s’envolaient avec un grandbruit d’ailes à notre approche. Puis, c’étaient d’immensespapillons couleur de soufre, des araignées grosses comme le poing,des chenilles de la taille de petits serpents.

« C’est à travers tout ce grouillementd’animaux plus ou moins suspects que je dus cheminer pendant troisheures, avant d’atteindre la tour fiévreuse. Quand j’en fus arrivéà une certaine distance, Jupiter refusa de m’accompagner plus loin,et il s’arrêta après m’avoir indiqué le chemin qui me restait àfaire.

– Vous l’avez donc vue, cette sinistretour ? demanda Mr. Bombridge. Je vous en fais tous mescompliments. Je n’aurais pas votre courage.

– N’exagérons rien. La tour fiévreuse etles ruines qui l’environnent sont bâties sur un plateau qui dominequelque peu le marais voisin, et l’air doit y être moins malsain,surtout à cause du voisinage de la mer.

« Je suis monté jusqu’au sommet de latour. C’est une ruine, et une ruine abandonnée depuis longtemps.J’ai vu la cloche qui nous fit tant peur l’autre soir. Elle doitêtre ancienne, car elle est couverte d’armoiries et de deviseslatines.

« Pour ce qui est des sons que nous avonsentendus, il n’est pas du tout impossible que, par une fortetempête, la cloche ne soit légèrement agitée par le vent. Il n’y alà rien de merveilleux.

– Avec votre manière d’expliquer leschoses, dit miss Régine, vous me dépoétisez la légende de la tourfiévreuse ! Alors, il ne vous est rien arrivé de plusremarquable, au cours de toute cette expédition ?

– Non, murmura lord Burydan. J’ai mêmeéprouvé une réelle déconvenue, car je croyais être sur la pisted’une découverte intéressante. Pourtant, j’allais oublier un faitassez bizarre. Comme je descendais l’escalier de la tour, j’ai crudistinguer des gémissements étouffés, je suis remonté, et je n’aiplus rien entendu. J’ai regardé partout et je n’ai rien vu. Il n’ya pas un endroit où quelqu’un puisse se cacher. J’en ai conclu quej’avais été victime d’une hallucination, ou que ces prétendusgémissements n’étaient qu’un de ces bourdonnements causés parl’écho que l’on entend souvent dans le voisinage immédiat descloches.

Le narrateur fut soudainement interrompu dansson récit. Un Noir entra, disant qu’un homme demandait à parler àlord Burydan.

– Comment est cet homme ? réponditl’excentrique en se levant de table avec précipitation.

– Il a l’air d’un tramp, répondit le Noirtout étonné de l’empressement du lord.

À la porte, lord Burydan eut la surprise de setrouver en présence de Pierre Gilkin, le mari de Dorypha, qui,après avoir été laissé pour mort par les bandits de la Main Rouge,dans l’hacienda de San-Bernardino, avait dû passer de longs mois àl’hôpital de la station de Cucomongo, dans l’Arizona.

– Vous ici ! s’écria le lordstupéfait.

– Oui, murmura Gilkin dont les habitsétaient couverts de boue et dont le visage pâle et défait, lataille un peu courbée annonçaient une immense fatigue. Dès que j’aiété capable de me tenir debout, je me suis mis à la recherche deDorypha. J’ai couru par toutes les routes de l’Amérique, vêtu envagabond et tâchant de lier connaissance avec tous les bandits queje rencontrais.

– Qu’avez-vous découvert ?

Gilkin, dont les mains tremblaient d’émotion,remit à lord Burydan un antique crucifix d’étain qu’il tira dedessous sa veste de toile.

– Voyez vous-même ! fit-il avecexaltation, voilà ce que j’ai trouvé tout à l’heure au pied de latour fiévreuse !

Lord Burydan prit le crucifix et l’examina.Quelques mots y avaient été gravés d’une main maladroite, etl’inscription, à en juger par le brillant des caractères sedétachant sur le métal plus terne, paraissait toute récente. Ildéchiffra, non sans peine, cette phrase :

Je suis murée vivante dans la tour. Ausecours ! Dorypha.

Au-dessous de la signature on avait ajouté,après coup, cette indication :

Premier étage.

Lord Burydan songea aux gémissements qu’ilavait entendus et se sentit glacé d’horreur.

– Vous n’avez pas essayé de découvrir oùelle est ? demanda-t-il à Gilkin.

– Je n’ai rien trouvé, murmura le mari dela gitane avec accablement. Puis, je ne suis pas encore bien guéri.J’ai la fièvre ! Ce n’est qu’à grand-peine que j’ai pu metraîner jusqu’ici, où je savais vous trouver, comme me l’avaitappris une lettre de Mr. Fred Jorgell.

– Ne perdons pas une minute ! Nousallons aller en nombre à la tour fiévreuse. Dorypha seradélivrée !…

– Si toutefois il est temps encore !murmura Pierre Gilkin d’une voix morne.

Lord Burydan se disposait à aller prévenirOscar Tournesol, lorsqu’un Noir lui remit un télégramme. Le jeunehomme le décacheta rapidement, le lut d’un coup d’œil, puis le fitdisparaître dans sa poche en le froissant nerveusement.

– Qu’y a-t-il donc ? demanda Oscar,qui allait à la recherche de son ami.

– Un des navires de la Compagnie despaquebots Éclair a encore sombré cette nuit !

– C’est une vraie malchance !

– Il n’y a pas de malchance, il y acrime ! Mais je suis décidé à savoir la vérité, et je laconnaîtrai aujourd’hui même ! Je vais de ce pas à la tourfiévreuse !

– En ce cas, je vous accompagne.

– Soit ! Mais préviens le vieuxJupiter que nous avons besoin de lui : seul il est capable denous guider à travers le marais.

Mr. Bombridge fut mis au courant enquelques mots. Quelques minutes plus tard, lord Burydan, Oscar etPierre Gilkin se mettaient en route pour la tour fiévreuse,escortés de quatre robustes Noirs armés de carabines et derevolvers.

Malgré l’état d’extrême faiblesse où il setrouvait, Pierre Gilkin avait insisté pour accompagner sesamis.

Mr. Palmers et le prestidigitateurs’excusèrent de ne pas suivre l’expédition, sous prétexte qu’ilsétaient obligés de rester pour tenir compagnie à miss Régine. Lavérité, c’est qu’ils n’avaient nulle envie de tenter la traverséedes marécages maudits.

Les cookies permettent de personnaliser contenu et annonces, d'offrir des fonctionnalités relatives aux médias sociaux et d'analyser notre trafic. Plus d’informations

Les paramètres des cookies sur ce site sont définis sur « accepter les cookies » pour vous offrir la meilleure expérience de navigation possible. Si vous continuez à utiliser ce site sans changer vos paramètres de cookies ou si vous cliquez sur "Accepter" ci-dessous, vous consentez à cela.

Fermer