Enfances célèbres

NOTICE SUR BERTRAND DU GUESCLIN.

Bertrand du Guesclin, connétable de France,naquit en Bretagne dans le château de Motte-Broon, près de Rennes,en 1314. C’était un enfant intraitable : les menaces et leschâtiments le rendirent plus farouche encore. Il était presquedifforme ; il avait la taille épaisse, les épaules larges, latête monstrueuse, les yeux petits, mais pleins de feu :« Je suis fort laid, disait-il, jamais je ne serai bienvenudes dames, mais je pourrai me faire craindre des ennemis de monroi. »

À l’âge de seize ans, il s’échappa de lamaison paternelle ; il se réfugia à Rennes, et se réconciliaquelques mois après avec son père par ses brillants faits d’armesdans un tournoi. C’est cet épisode de sa vie, raconté par lesmémoires contemporains, que nous avons dramatisé. Depuis cetteépoque, Bertrand ne cessa de porter les armes et des’illustrer ; il servit d’abord Charles de Blois dans laguerre de ce prétendant contre Jean de Montfort, ce qui lui aliénal’amitié de ses compatriotes et le contraignit de passer dansl’armée de Charles V. Il battit peu après le roi de Navarre àCocherel, et fut lui-même vaincu et fait prisonnier, la même année,par l’Anglais Chandos, à Auray. Rendu à la liberté, il conduisit enEspagne les grandes compagnies qui infestaient la France, etrançonna le pape à Avignon pour solder ses troupes. D’abord vaincupar le prince Noir, prince de Galles et fils d’Édouard III,roi d’Angleterre, il revint en Espagne après une courte captivité àBordeaux, défit Pierre le Cruel, roi de Castille, et donna le trôneà Henri de Transtamare.

Nommé connétable de France en 1349, il chassales Anglais de la Normandie, de la Guienne et du Poitou, et mourutau siége de Château-Randon. Voyant approcher la mort, il prit dansses mains victorieuses l’épée de connétable, et il la considéraquelque temps en silence, et, les larmes aux yeux :« Elle m’a aidé, dit-il, à vaincre les ennemis de monroi ; mais elle m’en a donné de cruels auprès de lui. Je vousla remets, ajouta-t-il en s’adressant au maréchal de Sancerre, etje proteste que je n’ai jamais trahi l’honneur que le roi m’avaitfait en me la confiant. » Alors il découvrit sa tête, baisaavec respect cette épée, embrassa les vieux capitaines quil’entouraient, leur dit un dernier adieu, en les priant de ne pointoublier « qu’en quelque pays qu’ils fissent la guerre, lesgens d’Église, les femmes, les enfants et le pauvre peuplen’étaient point ses ennemis. » Et il expira le 13 juillet1380, âgé de soixante-six ans, en recommandant à Dieu son âme, sonroi et sa patrie. L’armée poussa des cris de désespoir.Charles V ordonna qu’il fût inhumé à Saint-Denis, dans lasépulture des rois et tout auprès du tombeau qu’il avait faitpréparer pour lui-même. Neuf ans après, Charles VI ordonnapour du Guesclin de plus grandes funérailles, les princes, lesgrands seigneurs du royaume et le roi même y assistèrent.

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