La Dame de Monsoreau – Tome III

Chapitre 22Comment M. le duc d’Anjou signa, et comment, après avoir signé, ilparla.

Il se fit un instant de silence entre le ducd’Anjou et Monsoreau. Puis, rompant le premier cesilence :

– Eh bien, monsieur le comte, demanda leduc, qu’avez-vous à me dire de la part deMM. de Guise ?

– Beaucoup de choses, monseigneur.

– Ils vous ont donc écrit ?

– Oh ! non pas ;MM. de Guise n’écrivent plus depuis l’étrange disparitionde maître Nicolas David.

– Alors, vous avez donc été àl’armée ?

– Non, monseigneur ; ce sont eux quisont venus à Paris.

– MM. de Guise sont àParis ! s’écria le duc.

– Oui, monseigneur.

– Et je ne les ai pas vus !

– Ils sont trop prudents pour s’exposer,et pour exposer en même temps Votre Altesse.

– Et je ne suis pas prévenu ?

– Si fait, monseigneur, puisque je vouspréviens.

– Mais que viennent-ils faire ?

– Mais ils viennent, monseigneur, aurendez-vous que vous leur avez donné.

– Moi ! je leur ai donnérendez-vous ?

– Sans doute, le même jour où VotreAltesse a été arrêtée, elle avait reçu une lettre deMM. de Guise, et elle leur avait fait répondreverbalement par moi-même, qu’ils n’avaient qu’à se trouver à Parisdu 31 mai au 2 juin. Nous sommes au 31 mai ; si vous avezoublié MM. de Guise, MM. de Guise, comme vousvoyez, ne vous ont pas oublié, monseigneur.

François pâlit, Il s’était passé tantd’événements depuis ce jour, qu’il avait oublié ce rendez-vous, siimportant qu’il fût.

– C’est vrai, dit-il ; mais lesrelations qui existaient à cette époque entreMM. de Guise et moi n’existent plus.

– S’il en est ainsi, monseigneur, dit lecomte, vous ferez bien de les en prévenir : car je croisqu’ils jugent les choses tout autrement.

– Comment cela ?

– Oui, peut-être vous croyez-vous déliéenvers eux, monseigneur ; mais eux continuent de se croireliés envers vous.

– Piège, mon cher comte, leurre auquel unhomme comme moi ne se laisse pas deux fois prendre.

– Et où monseigneur a-t-il été pris unefois ?

– Comment ! où ai-je été pris ?Au Louvre, mordieu !

– Est-ce par la faute deMM. de Guise ?

– Je ne dis pas, murmura le duc, je nedis pas ; seulement je dis qu’ils n’ont en rien aidé à mafuite.

– C’eût été difficile, attendu qu’ilsétaient en fuite eux-mêmes.

– C’est vrai, murmura le duc.

– Mais, vous une fois en Anjou, n’ai-jepas été chargé de vous dire, de leur part, que vous pouvieztoujours compter sur eux comme ils pouvaient compter sur vous, etque le jour où vous marcheriez sur Paris, ils y marcheraient deleur côté ?

– C’est encore vrai, dit le duc ;mais je n’ai point marché sur Paris.

– Si fait, monseigneur, puisque vous yêtes.

– Oui ; mais je suis à Paris commel’allié de mon frère.

– Monseigneur me permettra de lui faireobserver qu’il est plus que l’allié des Guise.

– Que suis-je donc ?

– Monseigneur est leur complice.

Le duc d’Anjou se mordit les lèvres.

– Et vous dites qu’ils vous ont chargé dem’annoncer leur arrivée ?

– Oui, Votre Altesse, ils m’ont fait cethonneur.

– Mais ils ne vous ont pas communiqué lesmotifs de leur retour ?

– Ils m’ont tout communiqué, monseigneur,me sachant l’homme de confiance de Votre Altesse, motifs etprojets.

– Ils ont donc des projets ?Lesquels ?

– Les mêmes, toujours.

– Et ils les croientpraticables ?

– Ils les tiennent pour certains.

– Et ces projets ont toujours pourbut ?….

Le duc s’arrêta, n’osant prononcer les motsqui devaient naturellement suivre ceux qu’il venait de dire.

Monsoreau acheva la pensée du duc.

– Pour but de vous faire roi deFrance ; oui, monseigneur.

Le duc sentit la rougeur de la joie lui monterau visage.

– Mais, demanda-t-il, le moment est-ilfavorable ?

– Votre sagesse en décidera.

– Ma sagesse ?

– Oui, voici les faits, faits visibles,irrécusables.

– Voyons.

– La nomination du roi comme chef de laLigue n’a été qu’une comédie, vite appréciée, et jugée aussitôtqu’appréciée. Or, maintenant ; la réaction s’opère, et l’Étattout entier se soulève contre la tyrannie du roi et de sescréatures. Les prêches sont des appels aux armes, les églises deslieux où l’on maudit le roi en place de prier Dieu. L’armée frémitd’impatience, les bourgeois s’associent, nos émissaires nerapportent que signatures et adhésions nouvelles à la Ligue ;enfin le règne de Valois touche à son terme. Dans une pareilleoccurrence, MM. de Guise ont besoin de choisir uncompétiteur sérieux au trône, et leur choix s’est naturellementarrêté sur vous. Maintenant renoncez-vous à vos idéesd’autrefois ?

Le duc ne répondit pas.

– Eh bien, demanda Monsoreau, que pensemonseigneur ?

– Dame ! répondit le prince, jepense….

– Monseigneur sait qu’il peut, en toutefranchise, s’expliquer avec moi.

– Je pense, dit le duc, que mon frère n’apas d’enfants ; qu’après lui le trône me revient ; qu’ilest d’une vacillante santé. Pourquoi donc me remuerais-je avec tousces gens, pourquoi compromettrais-je mon nom, ma dignité, monaffection, dans une rivalité inutile ; pourquoi enfinessayerais-je de prendre avec danger ce qui me reviendra sanspéril ?

– Voilà justement, dit Monsoreau, où estl’erreur de Votre Altesse : le trône de votre frère ne vousreviendra que si vous le prenez. MM. de Guise ne peuventêtre rois eux-mêmes, mais ils ne laisseront régner qu’un roi deleur façon ; ce roi, qu’ils doivent substituer au roi régnant,ils avaient compté que ce serait Votre Altesse ; mais, aurefus de Votre Altesse, je vous en préviens, ils en chercheront unautre.

– Et qui donc, s’écria le duc d’Anjou enfronçant le sourcil, qui donc osera s’asseoir sur le trône deCharlemagne ?

– Un Bourbon, au lieu d’un Valois :voilà tout, monseigneur ; fils de saint Louis pour fils desaint Louis.

– Le roi de Navarre ? s’écriaFrançois.

– Pourquoi pas ? il est jeune, ilest brave ; il n’a pas d’enfants, c’est vrai ; mais onest sûr qu’il en peut avoir.

– Il est huguenot.

– Lui ! est-ce qu’il ne s’est pasconverti à la Saint-Barthélemy ?

– Oui, mais il a abjuré depuis.

– Eh ! monseigneur, ce qu’il a faitpour la vie, il le fera pour le trône.

– Ils croient donc que je céderai mesdroits sans les défendre ?

– Je crois que le cas est prévu.

– Je les combattrai rudement.

– Peuh ! ils sont gens deguerre.

– Je me mettrai à la tête de laLigue.

– Ils en sont l’âme.

– Je me réunirai à mon frère.

– Votre frère sera mort.

– J’appellerai les rois de l’Europe à monaide.

– Les rois de l’Europe feront volontiersla guerre à des rois ; mais ils y regarderont à deux foisavant de faire la guerre à un peuple.

– Comment, à un peuple ?

– Sans doute, MM. de Guise sontdécidés à tout, même à constituer des États, même à faire unerépublique.

François joignit les mains dans une angoisseinexprimable. Monsoreau était effrayant avec ses réponses quirépondaient si bien.

– Une république ? murmura-t-il.

– Oh ! mon Dieu ! oui, comme enSuisse, comme à Gênes, comme à Venise.

– Mais mon parti ne souffrira point quel’on fasse ainsi de la France une république.

– Votre parti ? dit Monsoreau.Eh ! monseigneur, vous avez été si désintéressé, si magnanime,que, sur ma parole, votre parti ne se compose plus guère que deM. de Bussy et de moi.

– Le duc ne put réprimer un souriresinistre.

– Je suis lié, alors, dit-il.

– Mais à peu près, monseigneur.

– Alors, qu’a-t-on besoin de recourir àmoi, si je suis, comme vous le dites, dénué de toutepuissance ?

– C’est-à-dire, monseigneur, que vous nepouvez rien sans MM. de Guise ; mais que vous pouveztout avec eux.

– Je peux tout avec eux ?

– Oui, dites un mot, et vous êtesroi.

Le duc se leva fort agité, se promena par lachambre, froissant tout ce qui tombait sous sa main : rideaux,portières, tapis de table ; puis enfin il s’arrêta devantMonsoreau.

– Tu as dit vrai, comte, quand tu as ditque je n’avais plus que deux amis, toi et Bussy.

Et il prononça ces paroles avec un sourire debienveillance qu’il avait eu le temps de substituer à sa pâlefureur.

– Ainsi donc, fit Monsoreau, l’œilbrillant de joie.

– Ainsi donc, fidèle serviteur, reprit leduc, parle, je t’écoute.

– Vous l’ordonnez, monseigneur ?

– Oui.

– Eh bien, en deux mots, monseigneur,voici le plan.

Le duc pâlit, mais il s’arrêta pourécouter.

Le comte reprit :

– C’est dans huit jours la Fête-Dieu,n’est-ce pas, monseigneur ?

– Oui.

– Le roi, pour cette sainte journée,médite depuis longtemps une grande procession aux principauxcouvents de Paris.

– C’est son habitude de faire tous lesans pareille procession à pareille époque.

– Alors, comme Votre Altesse se lerappelle, le roi est sans gardes, ou du moins les gardes restent àla porte. Le roi s’arrête devant chaque reposoir, il s’yagenouille, y dit cinq Pater et cinq Ave, le toutaccompagné des sept psaumes de la pénitence.

– Je sais tout cela.

– Il ira à l’abbaye Sainte-Genevièvecomme aux autres.

– Sans contredit.

– Seulement, comme un accident seraarrivé en face du couvent….

– Un accident ?

– Oui, un égout se sera enfoncé pendantla nuit.

– Eh bien ?

– Le reposoir ne pourra être sous leporche, il sera dans la cour même.

– J’écoute.

– Attendez donc : le roi entrera,quatre ou cinq personnes entreront avec lui ; mais derrière leroi et ces quatre ou cinq personnes, on fermera les portes.

– Et alors ?

– Alors, reprit Monsoreau, Votre Altesseconnaît les moines qui feront les honneurs de l’abbaye à SaMajesté !

– Ce seront les mêmes ?

– Qui étaient là quand on a sacré VotreAltesse, justement.

– Ils oseront porter la main sur l’ointdu Seigneur ?

– Oh ! pour le tondre, voilàtout : vous connaissez ce quatrain :

De trois couronnes, la première

Tu perdis, ingrat et fuyard ;

La seconde court grand hasard ;

Des ciseaux feront la dernière.

– On osera faire cela ? s’écria leduc l’œil brillant d’avidité ; on touchera un roi à latête ?

– Oh ! il ne sera plus roialors.

– Comment cela ?

– N’avez-vous pas entendu parler d’unfrère génovéfain, d’un saint-homme qui fait des discours enattendant qu’il fasse des miracles ?

– De frère Gorenflot ?

– Justement.

– Le même qui voulait prêcher la Liguel’arquebuse sur l’épaule ?

– Le même.

– Eh bien, on conduira le roi dans sacellule ; une fois là, le frère se charge de lui faire signerson abdication ; puis, quand il aura abdiqué, madame deMontpensier entrera les ciseaux à la main. Les ciseaux sontachetés ; madame de Montpensier les porte pendus à son côté.Ce sont de charmants ciseaux d’or massif, et admirablementciselés : À tout seigneur tout honneur.

François demeura muet ; son œil fauxs’était dilaté comme celui d’un chat qui guette sa proie dansl’obscurité.

– Vous comprenez le reste, monseigneur,continua le comte. On annonce au peuple que le roi, éprouvant unsaint repentir de ses fautes, a exprimé le vœu de ne plus sortir ducouvent ; si quelques-uns doutent que la vocation soit réelle,M. le duc de Guise tient l’armée, M. le cardinal tientl’Église, M. de Mayenne tient la bourgeoisie ; avecces trois pouvoirs-là on fait croire au peuple à peu près tout ceque l’on veut.

– Mais on m’accusera de violence !dit le duc après un instant.

– Vous n’êtes pas tenu de vous trouverlà.

– On me regardera comme unusurpateur.

– Monseigneur oublie l’abdication.

– Le roi refusera.

– Il paraît que frère Gorenflot est nonseulement un homme très capable, mais encore un homme trèsfort.

– Le plan est donc arrêté ?

– Tout à fait.

– Et l’on ne craint pas que je ledénonce ?

– Non, monseigneur, car il y en a unautre, non moins sûr, arrêté contre vous, dans le cas où voustrahiriez.

– Ah ! ah ! dit François.

– Oui, monseigneur, et celui-là, je ne leconnais pas ; on me sait trop votre ami pour me l’avoirconfié. Je sais qu’il existe, voilà tout.

– Alors je me rends, comte ; quefaut-il faire ?

– Approuver.

– Eh bien, j’approuve.

– Oui, mais cela ne suffit point, del’approuver de paroles.

– Comment donc faut-il l’approuverencore ?

– Par écrit.

– C’est une folie que de supposer que jeconsentirai à cela.

– Et pourquoi ?

– Si la conjuration avorte.

– Justement, c’est pour le cas où elleavorterait qu’on demande la signature de monseigneur.

– On veut donc se faire un rempart de monnom ?

– Pas autre chose.

– Alors je refuse mille fois.

– Vous ne pouvez plus.

– Je ne peux plus refuser ?

– Non.

– Êtes-vous fou ?

– Refuser, c’est trahir.

– En quoi ?

– En ce que je ne demandais pas mieux quede faire, et que c’est Votre Altesse qui m’a ordonné de parler.

– Eh bien, soit ; que ces messieursle prennent comme ils voudront ; j’aurai choisi mon danger, aumoins.

– Monseigneur, prenez garde de malchoisir.

– Je risquerai, dit François un peu ému,mais essayant néanmoins de conserver sa fermeté.

– Dans votre intérêt, monseigneur, dit lecomte, je ne vous le conseille pas.

– Mais je me compromets en signant.

– En refusant de signer, vous faites bienpis : vous vous assassinez !

François frissonna.

– On oserait ? dit-il.

– On osera tout, monseigneur. Lesconspirateurs sont trop avancés ; il faut qu’ils réussissent,à quelque prix que ce soit.

Le duc tomba dans une indécision facile àcomprendre.

– Je signerai, dit-il.

– Quand cela ?

– Demain.

– Non, monseigneur, si vous signez, ilfaut signer tout de suite.

– Mais encore faut-il queMM. de Guise rédigent l’engagement que je prendsvis-à-vis d’eux.

– Il est tout rédigé, monseigneur, jel’apporte.

Monsoreau tira un papier de sa poche :c’était une adhésion pleine et entière au plan que nousconnaissons.

Le duc le lut d’un bout à l’autre, et, àmesure qu’il lisait, le comte pouvait le voir pâlir ;lorsqu’il eut fini, les jambes lui manquèrent, et il s’assit ouplutôt il tomba devant la table.

– Tenez, monseigneur, dit Monsoreau enlui présentant la plume.

– Il faut donc que je signe ? ditFrançois en appuyant la main sur son front, car la tête luitournait.

– Il le faut si vous le voulez, personnene vous y force.

– Mais si, l’on me force, puisque vous memenacez d’un assassinat.

– Je ne vous menace pas, monseigneur,Dieu m’en garde, je vous préviens ; c’est bien différent.

– Donnez, fit le duc.

Et, comme faisant un effort sur lui-même, ilprit ou plutôt il arracha la plume des mains du comte, etsigna.

Monsoreau le suivait d’un œil ardent de haineet d’espoir. Quand il lui vit poser la plume sur le papier, il futobligé de s’appuyer sur la table ; sa prunelle semblait sedilater à mesure que la main du duc formait les lettres quicomposaient son nom.

– Ah ! dit-il quand le duc eutfini.

Et, saisissant le papier d’un mouvement nonmoins violent que le duc avait saisi la plume, il le plia,l’enferma entre sa chemise et l’étoffe en tresse de soie quiremplaçait le gilet à cette époque, boutonna son pourpoint etcroisa son manteau par-dessus.

Le duc regardait faire avec étonnement, necomprenant rien à l’expression de ce visage pâle, sur lequelpassait comme un éclair de féroce joie.

– Et maintenant, monseigneur, ditMonsoreau, soyez prudent.

– Comment cela ? demanda le duc.

– Oui ; ne courez plus par les ruesle soir avec Aurilly, comme vous venez de le faire il n’y a qu’uninstant encore.

– Qu’est-ce à dire ?

– C’est-à-dire que, ce soir, monseigneur,vous avez été poursuivre d’amour une femme que son mari adore, etdont il est jaloux au point de… ma foi, oui, de tuer quiconquel’approcherait sans sa permission.

– Serait-ce, par hasard, de vous et devotre femme que vous voudriez parler ?

– Oui, monseigneur, puisque vous avezdeviné si juste du premier coup, je n’essayerai pas même de nier.J’ai épousé Diane de Méridor ; elle est à moi, et personne nel’aura, moi vivant, du moins, pas même un prince. Et tenez,monseigneur, pour que vous en soyez bien sûr, je le jure par monnom et sur ce poignard.

Et il mit la lame du poignard presque sur lapoitrine du prince, qui recula.

– Monsieur, vous me menacez ! ditFrançois, pâle de colère et de rage.

– Non, mon prince ; comme tout àl’heure, je vous avertis seulement.

– Et de quoi m’avertissez-vous ?

– Que personne n’aura ma femme.

– Et moi, maître sot, s’écria le ducd’Anjou hors de lui, je vous réponds que vous m’avertissez troptard, et que quelqu’un l’a déjà.

Monsoreau poussa un cri terrible en enfonçantses deux mains dans ses cheveux.

– Ce n’est pas vous ? balbutia-t-il,ce n’est pas vous, monseigneur ?

Et son bras, toujours armé, n’avait qu’às’étendre pour aller percer la poitrine du prince.

François se recula.

– Vous êtes en démence, comte, dit-il ens’apprêtant à frapper sur le timbre.

– Non, je vois clair, je parle raison etj’entends juste ; vous venez de dire que quelqu’un possède mafemme ; vous l’avez dit.

– Je le répète.

– Nommez cette personne et prouvez lefait.

– Qui était embusqué, ce soir, à vingtpas de votre porte, avec un mousquet ?

– Moi.

– Eh bien, comte, pendant ce temps….

– Pendant ce temps….

– Un homme était chez vous, ou plutôtchez votre femme.

– Vous l’avez vu entrer ?

– Je l’ai vu sortir.

– Par la porte ?

– Par la fenêtre.

– Vous avez reconnu cet homme ?

– Oui, dit le duc.

– Nommez-le, s’écria Monsoreau,nommez-le, monseigneur, ou je ne réponds de rien.

Le duc passa sa main sur son front, et quelquechose comme un sourire passa sur ses lèvres.

– Monsieur le comte, dit-il, foi deprince du sang, sur mon Dieu et sur mon âme, avant huit jours, jevous ferai connaître l’homme qui possède votre femme.

– Vous le jurez ? s’écriaMonsoreau.

– Je vous le jure.

– Eh bien, monseigneur, à huit jours, ditcomte en frappant sa poitrine à l’endroit où était le papier signédu prince… à huit jours, ou vous comprenez.

– Revenez dans huit jours : voilàtout ce que j’ai à vous dire.

– Aussi bien cela vaut mieux, ditMonsoreau. Dans huit jours j’aurai toutes mes forces, et il abesoin de toutes ses forces celui qui veut se venger.

Et il sortit en faisant au prince un gested’adieu que l’on eût pu, facilement prendre pour un geste demenace.

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