La Fin de Fausta

Chapitre 2LA DAME EN BLANC

Nous avons dit que la plupart des rues qui avoisinaient lesHalles tiraient leur nom du genre de commerce qu’on y exerçait. Larue au Feure était de ce nombre. On sait que « feure »,du vieux mot français feurre ou fouarre, signifiaitpaille, fourrage. En effet, le commerce qui dominait dans cette rueétait le commerce des fourrages. Par corruption, le nom de rue auFeure était déjà devenu à cette époque rue aux Fers[1] . Mais si le nom de la rue avait étélégèrement déformé, les marchands de foin, de paille et d’avoine yétaient restés et y tenaient leur marché.

Ceci a sa petite utilité qu’on reconnaîtra tout à l’heure.

Une des maisons de la rue aux Fers était une maison bourgeoised’assez modeste apparence. La maison, depuis un an ou deux, étaitoccupée par une « dame et sa demoiselle ». Ainsidisait-on dans le quartier. La dame, quand elle s’y trouvaitcontrainte, se donnait un nom bourgeois assez commun et assezrépandu. Et dans cette maison, elle et sa fille menaient uneexistence de recluses et des plus modestes. N’importe, comme elleavait très grand air, on lui donnait ce titre de dame, et à safille celui de demoiselle.

De plus, comme elles menaient une existence assez mystérieuse,disparaissant tout à coup pendant des semaines entières sans qu’onpût jamais savoir comment ni où elles allaient ; comme on lesvoyait soudain reparaître sans qu’il fût possible de découvrirquand elles étaient arrivées et d’où elles venaient ; commeenfin la dame s’habillait le plus souvent d’une robe blanched’ailleurs très simple et très modeste, on se refusait à admettrece nom très vulgaire qu’elle-même avait donné, et dans tout lequartier on ne la désignait pas autrement que sous le nom de ladame en blanc.

Essayons de soulever le voile dont s’enveloppent ces deuxfemmes, pénétrons dans la maison.

C’était une sorte de parloir bourgeois, meublé d’une façonmodeste, sommaire, qui donnait très nettement une sensation deprovisoire. La fenêtre qui donnait sur la rue était grande ouverte,car le temps était chaud. Au milieu de la pièce se dressait unetable ronde. Autour de la table se tenaient « la dame en blancet sa demoiselle ».

La mère paraissait à peine trente ans. D’admirables yeux bleus,un teint de neige, une auréole d’or autour de la tête. Plutôtpetite, mais merveilleusement proportionnée. Un grand air denoblesse : une grande dame assurément. Un charme captivant querendait plus captivant encore un voile d’indéfinissable mélancolierépandu sur ses traits si purs et si délicats.

La fille : la reproduction vivante de la mère à quinze ans.De taille plus élevée. Plus de vigueur morale et physique. Plus dedécision à la fois chaste et hardie. On sentait palpiter en ellel’âme d’une guerrière. La même incomparable dignité d’attitudes.Une rayonnante franchise du regard.

Toutes deux s’activaient à de menus travaux de broderie. Non pasen ouvrières diligentes qui peinent pour assurer leur existence,mais en grandes dames qui cherchent une distraction. Car, malgré lamodeste apparence du logis, et la modestie plus grande encore deleur mise, on sentait qu’elles n’étaient pas pauvres.

Elles ne se parlaient pas, ou du moins n’échangeaient que derares, de courtes paroles, assez espacées. De toute évidence, nil’une ni l’autre n’était à son travail, qu’elle gardait sur lesgenoux plutôt pour se donner une contenance.

La mère se plongeait dans de longues rêveries, mélancoliques,sinon douloureuses, si l’on s’en rapportait à ses jeux dephysionomie.

La fille, de tempérament vif, se montrait inquiète, agitée,troublée. Elle avait toujours l’oreille tendue vers la fenêtre. Lemoindre bruit venant de la rue la faisait tressaillir. Alors ellese levait d’un mouvement infiniment gracieux dans sa vivacitélégère, courait à la fenêtre interrogeait d’un regard ardent la rueet la place. Et ne voyant pas ce qu’elle cherchait sans doute,faisait une adorable moue de déception soupirait, revenaitlentement s’asseoir, tout attristée.

Toujours, à ces moments-là, la mère sortait de sa rêverie, siprofonde qu’elle parût. Et elle interrogeait le visage expressif desa fille avec une sorte d’anxiété haletante. Le plus souvent, ladéception qu’elle lisait sur cet adorable visage de jeune fillesuffisait à la fixer. Alors elle soupirait à son tour et, sansavoir ouvert la bouche, retombait dans sa rêverie. D’autres fois,ce témoignage si clair ne lui suffisait pas : elle posait unequestion de son doux regard limpide. Invariablement, la jeune fillerépondait à cette question muette par un mouvement de tête négatif.Et elle reprenait sa broderie d’un geste machinal.

Et le temps s’écoulait, mortellement long, pour ces deux femmesplongées dans cette énervante attente.

Quelquefois, la mère parlait. C’était pour dire d’une voixinfiniment douce :

– Va voir s’il vient, ma Giselle.

Et la jeune fille, Giselle, puisque c’était son nom, se levait,allait voir à la fenêtre et soupirait, en revenants’asseoir :

– Il ne vient pas, ma mère. C’était tout. Une fois, elleajouta :

– Viendra-t-il seulement ?… Depuis qu’il est sorti deson enfer, c’est à peine si nous l’avons entrevu deux fois. Il estreparti aussitôt. Voilà plusieurs jours qu’il nous a annoncé savisite : voilà plusieurs jours que nous l’attendons en vain.Viendra-t-il aujourd’hui ? Mère chérie, je n’ose plusl’espérer.

Et la mère répondit :

– Il ne fait pas ce qu’il veut, ni comme il veut, maGiselle. Il ne s’appartient plus. Il appartient à son parti. (Il yavait comme une sourde amertume dans son accent.) Et puis, que deprécautions ne lui faut-il pas prendre.

Elle semblait excuser celui qu’elles attendaient toutes deux. Lajeune fille le comprit ainsi. Elle protesta avec une doucefierté :

– À Dieu ne plaise, ma mère, que je me permette decritiquer la conduite de mon père. Je suis fille trop soumise ettrop respectueuse. Seulement je m’inquiète pour lui… Je crainstoujours qu’il ne lui soit arrivé quelque malheur, quelqueaccident.

– Hélas ! soupira la mère, c’est qu’en effet, dans laformidable aventure où il s’est lancé, il lui faut combattre toutun monde d’ennemis, échapper à une foule de dangers qui le menacentsans trêve.

Et avec un soupir de regret :

– Nous étions si heureux, avant. Nous pouvions l’êtretoujours… Ah ! pourquoi faut-il que ces idées lui soientvenues !…

– C’est le maître, prononça Giselle avec fermeté et commeun argument sans réplique.

– Pourquoi ces chimères, ces folies ? continua lamère, comme si elle n’avait pas entendu. Que de larmes ne nousont-elles pas coûtées, à nous, que de déceptions cruelles,d’humiliations cuisantes, de misères, de tortures de toutes sortes,à lui ! Sans compter les plus belles années d’une existencehumaine irrémissiblement perdues !…

– C’est le maître, répéta Giselle avec une douceobstination.

– Nous étions si heureux ! répéta la mère avec deslarmes refoulées dans les yeux.

– Nous serons heureux encore, mère chérie, tu verras !s’écria Giselle en l’entourant de ses bras et en l’étreignantpassionnément.

– Toi, oui, mon enfant adorée, fit la mère en lui rendantavec tendresse ses douces caresses. Toi, tu seras heureuse, commetu mérites de l’être.

Et secouant sa blonde tête, avec une expression d’inexprimabledésenchantement :

– Mais, moi !… Jamais plus je ne le serai !…Parce que jamais plus je ne retrouverai mon Charles d’autrefois… leCharles que j’aimais tant… et qui n’adorait que moi, moi seule.

Et de nouveau, la dame en blanc se replongea dans ses penséesdouloureuses, sinistrement évocatrices d’un bonheur perdu et qui nereviendrait jamais plus. Du moins en avait-elle le funestepressentiment.

La fille, Giselle, soupira en considérant sa mère avec unetendresse passionnée.

Du temps passa encore. Pour la centième fois, Giselle regardaitpar la fenêtre. Et cette fois un cri de joie puissante jaillit deses lèvres :

– C’est lui !

Elle quitta précipitamment la fenêtre, courut à sa mère, lasaisit dans ses bras, couvrit son visage de baisers fous, et riantet pleurant à la fois, ivre de joie, balbutia :

– C’est lui, mère chérie ! c’est mon père !…Oh ! je l’ai reconnu à sa démarche, va !… Je te dis quec’est lui !… Ne pleure plus !… Le voilà !… Mais,folle que je suis !… je cours lui ouvrir !…

Et, vive et légère, infiniment gracieuse, elle courut à laporte, sauta dans l’escalier d’un bond souple de jeune biche,disparut dans l’allée, tira les verrous de la porte extérieurequ’elle ouvrit toute grande, sortit sur le seuil, et, le cœur luibondissant dans la poitrine, elle regarda du côté duMarché-aux-Poirées.

Venant de là, un cavalier s’engageait dans la rue aux Fers. Etil fallait vraiment les yeux du cœur de la fille adorant son pèrepour l’avoir reconnu en ce cavalier. Car, tout ce que l’on pouvaitvoir de lui, c’était une paire de bottes noires, souples etmontantes, aux larges éperons d’acier bruni, au grand manteau dedrap gris que relevait le bout d’une longue épée, un feutre grisqu’ornait une touffe de plumes rouges. Quant à ce qui est de sonvisage, on n’en voyait même pas le bout du nez.

L’homme, le père, venait d’entrer dans la rue. La fille,Giselle, sur le pas de la porte, le regardait de ses yeux lumineuxembués de larmes de joie, où se lisait toute sa tendresse filiale.Et elle attendait.

À ce moment, une charrette de foin qui stationnait devant uneporte, deux maisons plus loin, s’ébranla, venant à la rencontre ducavalier. La rue était étroite. La charrette, chargée de foinjusqu’à la hauteur d’un premier étage, obstruait tout le passage.La jeune fille, pour lui faire place quand elle passa devant elle,dut rentrer dans l’allée. Le cavalier dut pareillement s’arrêter,s’effacer, s’aplatir contre le mur. La charrette passa lentement,lourdement, en grinçant, traînée par ses deux solides percheronsque précédait un charretier nonchalant.

Le cavalier put se remettre en marche. Il aperçut sa fille. Ilallongea le pas et bientôt fut près d’elle. Il la prit dans sesbras, la serra tendrement sur sa poitrine, couvrit son frontvirginal et ses boucles d’or de baisers, en murmurant :

– Mon enfant ! mon enfant chérie ! Ma Gisellebien-aimée ! ma fille !…

– Père ! mon bon père ! bégayait Giselle, vousvoici donc enfin !… Sain et sauf, Dieu merci.

Ils s’étreignirent de nouveau. Ils se contemplaient, ils setâtaient. On eût dit que le témoignage de leurs yeux ne leursuffisait pas et qu’ils avaient besoin de se parler, de se toucher,pour s’assurer qu’ils ne se trompaient pas, que c’était bieneux.

Le père, c’est certain, adorait sa fille qui lui rendait cetteadoration, doublée chez elle d’une ardente vénération.

Ils s’oublièrent ainsi un instant, qui leur parut, à tous deux,plus bref qu’une seconde et qui, dans la réalité, se prolongeadurant plusieurs minutes.

*

* *

Pardaillan savait bien, lui, que la rue aux Fers était la ruedes marchands de fourrage. Et quand il avait parlé à LandryCoquenard d’une unique chance qu’ils avaient peut-être de s’entirer, c’était à cela qu’il pensait. Pardaillan se disait que s’ilavait la « chance » d’atteindre la rue aux Fers, ilaurait « peut-être » cette autre « chance » dedécouvrir un tas de paille, de foin de fourrage quelconque surlequel ils pourraient sauter sans risque de se rompre les os. Etalors, en effet, ils auraient « peut-être » la« chance finale » de s’en tirer.

Et c’est cela, ce monceau de fourrage sauveur, qu’il s’acharnaità chercher du haut des toits, après avoir eu la« chance » d’accomplir ce prodigieux tour de force etd’adresse que constituait cette escalade d’un toit aigu, qui lesavait amenés là où ils avaient besoin d’être. Par malheur, lachance paraissait les avoir abandonnés. Il avait beau fouiller larue, au risque d’être saisi par le vertige et précipité dans levide, il ne découvrait pas ce qu’il cherchait.

Et c’est à ce moment où il commençait à désespérer sérieusement,qu’il avait fini par le découvrir : une porte venait des’ouvrir, une charrette chargée de foin en était sortie. C’estcette charrette que Pardaillan avait désignée à ses compagnons endisant :

– C’est ici la fin. Sautons.

Et ils avaient sauté, l’un après l’autre. Et ils n’avaient paseu d’autre mal qu’une assez forte secousse.

Jusque-là, Pardaillan ne s’était pas soucié de se demander cequ’il ferait quand il serait dans la rue. Il était de ceux qui sedisent que, pour être bien faite, chaque chose doit venir en sontemps. Après s’être secoué, il commença à se poser cette questionqui avait bien son importance, dans la situation grave où ils setrouvaient. Car enfin, avoir réussi, avoir eu la« chance », pour parler comme Pardaillan, de ne pas sebriser les os, c’était quelque chose assurément. Mais ce n’étaitpas tout. Il s’en fallait de beaucoup.

Ils ne pouvaient avoir, à eux trois, la prétention de charger etde déconfire Concini et ses cinq ou six officiers et ses cinquanteet quelques spadassins. Si encore il n’y avait eu que ceux-là. Maisc’est qu’il y avait le dogue de Fausta et sa dizaine d’hercules quipourraient peut-être se multiplier – est-ce qu’on savait, avecFausta ? C’est qu’il y avait encore le grand prévôt et sesarchers. Et puis encore les lieutenants du prévôt et d’autresarchers. Non, vraiment, ils étaient trop.

Tout ce qu’on pouvait espérer, et ce n’était pas déjà besogne siaisée, étant donné leur nombre, tout ce qu’on pouvait espérer,c’était de leur glisser entre les doigts.

C’était à trouver cette solution, assez épineuse, que s’activaitmaintenant l’esprit infatigable de Pardaillan.

Malheureusement, il n’eut pas le loisir d’y songerlongtemps : la charrette ne s’était immobilisée que juste letemps nécessaire pour permettre au charretier de fermer la portecochère. Il est vrai que ce charretier ne paraissait guère pressé.Quoi qu’il en soit, il avait fermé la porte, s’était mis à la têtede ses chevaux. Et la charrette était partie, emportant au haut desa pyramide de foin le chevalier de Pardaillan, le comte Odet deValvert et son écuyer, Landry Coquenard.

La charrette était partie. Et le pis est qu’elle s’en allaitvers le Marché-aux-Poirées. C’est-à-dire vers Concini, versd’Albaran, vers le prévôt et ses archers. Vers toute une bande deloups enragés qui accouraient à toutes jambes pour fouiller la rue,qui, ne découvrant pas leurs cadavres et voyant cette charrettechargée d’un tapis aussi épais et aussi moelleux, ne manqueraientpas de l’arrêter et de la fouiller.

Ainsi Pardaillan et ses compagnons, après avoir accompli desprodiges de force et d’adresse, après avoir failli cent fois serompre le cou, seraient pris comme des oiseaux au trébuchet,sottement, ridiculement, au haut d’un tas de foin où ils nepourraient bouger et se défendre comme il convenait. Et cela aumoment précis où ils croyaient bien s’être tirés d’affaire.

C’était à vous rendre fou de rage. Et de fait, un accès decolère froide terrible, s’empara du chevalier.

On comprend bien que ce qui l’enrageait ainsi, ce n’était pas laperspective de laisser sa peau dans une bataille dont l’issue nepouvait faire aucun doute, étant donné l’écrasante supériorité desforces qui l’encerclaient : Pardaillan ne tenait plus à lavie, et depuis longtemps. Non, sa rage venait uniquement de cequ’il savait bien que sa disparition assurait le triomphe deFausta.

Pardaillan, fou de rage, se dressa à demi sur son piédestal defoin et livide, hérissé, flamboyant, il mit l’épée au poing. Car,tous les trois, ils avaient rengainé depuis longtemps. Etnaturellement, il fut à l’instant même imité par ses deuxcompagnons qui, se fiant entièrement à lui, ne le perdaient jamaisde vue, se modelaient en tout sur lui, se tenaient toujours prêts àlui obéir sur le moindre geste. Et ayant dégainé, avec uneeffrayante expression de menace, d’une voix qu’une fureurconcentrée rendait méconnaissable, Pardaillan gronda :

– Par Pilate, ne restons pas sur cette meule de foin oùnous serions embrochés comme des oisons ! Descendons, etpuisqu’il faut crever ici, avant d’avoir réduit à merci la damnéeFausta, que ce ne soit pas du moins sans en découdre le plus quenous pourrons.

Il allait se laisser glisser du haut de la charrette. Mais sonregret de laisser Fausta triompher était si vif qu’il ne put encorese résoudre à courir au-devant de la mort. Avant de quitter cetabri momentané, il jeta autour de lui un regard sanglant quicherchait le trou où il pourrait se dissimuler, échapper à Conciniet à son armée de sbires et d’assassins.

La charrette, par hasard, tenait la droite de la rue. Les bottesde foin, qui débordaient de chaque côté, rasaient la façade desmaisons. Elles les rasaient même de si près que nous avons vu queGiselle, la fille de la dame en blanc, avait dû rentrer dansl’allée de sa maison, et que son père, un peu plus loin, avait dûs’aplatir contre le mur pour éviter d’être écorchés au passage parle foin.

Pardaillan et ses compagnons, sur le haut de la charrette, setrouvaient au niveau du premier étage de ces maisons qu’elle rasaitainsi. Et voici que, en jetant autour de lui ce coup d’œildésespéré du noyé qui cherche à quelle branche il pourra seraccrocher, il aperçut à quelques pas devant lui une fenêtre grandeouverte, à une de ces maisons. Encore deux ou trois tours de roue,et il se trouverait porté devant cette fenêtre.

Pardaillan ne se demanda pas à qui pouvait appartenir cettemaison ni quels étaient les gens qui l’habitaient. Il ne se dit pasdavantage que s’il s’introduisait chez eux par cette fenêtreouverte, ils allaient pousser des hurlements qui attireraientConcini et sa bande. Il se dit simplement qu’en se réfugiant danscette maison, il gagnerait quelques instants, une ou plusieursminutes peut-être. Et quelques instants gagnés, ce pouvait être lesalut pour lui et ses compagnons.

Il ne s’en dit pas davantage et il n’hésita pas une seconde. Dela pointe de son épée, il désigna la fenêtre à Odet et à Landry.Ils comprirent à merveille, sans qu’il fût nécessaire de leurfournir la moindre explication. Ils se trouvèrent bientôt devant lafenêtre ouverte, de plain-pied avec elle. Avec cette agilité etcette rapidité de décision dont ils venaient de fournir quelquespreuves remarquables, ils enjambèrent la barre d’appui, sautèrent àl’intérieur, fermèrent la fenêtre derrière eux.

Ni le cavalier inconnu, ni sa fille, ni le charretier ne virentcette manœuvre. Ils ne soupçonnèrent pas un instant que des hommespouvaient se trouver au haut de ce tas de foin roulant. Lacharrette, délestée, passa, roulant, cahotant, geignant. Quelquestoises plus loin, elle dut s’arrêter. Le charretier, ahuri, se vitentouré par toute la bande de loups de Concini. Et, del’ahurissement, il tomba dans l’épouvante folle et se mit à claquerdes dents quand il reconnut l’inquiétante silhouette du grandprévôt et qu’il vit qu’on le soumettait à un interrogatoire enrègle.

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