La Compagnie blanche

Chapitre 37Comment la Compagnie Blanche reçut son licenciement

Alors s’éleva de la montagne, dans la valléecantabrique, un bruit qui n’avait jamais été entendu dans cetterégion, et qui ne le fut jamais depuis lors. Grave, ample,puissant, il tonna en bas du ravin. C’était le féroce cri de guerred’une race de guerriers, le suprême salut aux adversaires pour cejeu vieux comme le monde et qui a la mort comme enjeu. Trois foisil retentit ; trois fois les rochers en renvoyèrent les échos.Alors, résolument, la Compagnie se mit debout sous la grêle depierres pour contempler les milliers d’hommes qui s’élançaient.Plus de chevaux, plus de lances : à pied, avec l’épée et lahache d’armes, le large bouclier en sautoir, la chevaleried’Espagne se rua à l’attaque.

Le combat commença : si impitoyable, silong, si bien équilibré par la valeur et le courage desparticipants qu’aujourd’hui encore les montagnards en parlent entreeux, et que les pères désignent à leurs enfants cette butte funestesous le nom de « Altura de los Inglesos ».

Les Anglais furent bientôt à court deflèches ; les frondeurs espagnols durent cesser de lancerleurs pierres, tant se confondaient amis et adversaires. D’un boutà l’autre du plateau s’étendait le mince cordon d’Anglais contrequi se pressaient les vagues des Espagnols et des Bretons. Lecliquetis des lames, le bruit mat des coups pesants, le halètementdes combattants essoufflés, tout cela se mélangeait dans une mêmenote sauvage et interminable. Des paysans ahuris regardaient duhaut des montagnes ce tourbillon humain en dessous d’eux. Labannière aux léopards avançait, reculait ; tantôt elle étaitramenée au haut de la pente sous la violence de l’assaut ;tantôt elle redescendait quand Sir Nigel, Burley et Black Simon àla tête des hommes d’armes se jetaient follement au cœur de lamêlée. Alleyne, à la droite de son maître, était balayé par lesremous de cette lutte désespérée : il échangeait des bottesfurieuses contre un gentilhomme espagnol, pour se trouver,l’instant d’après à plusieurs mètres de là en face d’un nouveladversaire. Sur la droite Sir Oliver, Aylward, Hordle John et lesarchers de la Compagnie se heurtaient aux chevaliers monastiques deSantiago conduits par leur prieur, un homme grand et ascétique quiportait une robe de moine sur sa cotte de mailles. En trois coupsgigantesques il tua trois archers, mais Sir Oliver glissa ses brasautour de sa taille, et tous deux, vacillant et luttant,basculèrent enlacés par-dessus la crête du plateau. Vainement leschevaliers de Santiago s’acharnèrent-ils contre la ligne qui leurbarrait le passage ; l’épée d’Aylward et la grande hache deJohn luisaient au premier rang de la bataille, et de gros morceauxde roc, précipités par les archers, vinrent s’écraser sur eux. Ilsredescendirent lentement ; les archers les suivirent et enmassacrèrent un bon nombre. Au même instant les Gallois sur lagauche, conduits par le comte d’Angus, avaient émergé des rochersderrière lesquels ils s’étaient abrités ; ils avaient chargé,et la fureur de leur élan avait obligé les Espagnols qui setrouvaient devant eux à se replier eux aussi en bas de la pente.C’était seulement au centre que les défenseurs paraissaient enmauvaise posture. Black Simon était à terre, mourant comme ilvoulait mourir, tel un vieux loup gris dans son repaire avec uncercle de victimes autour de lui. Deux fois Sir Nigel avait étérenversé ; deux fois Alleyne s’était battu au-dessus de soncorps pour lui permettre de se relever. Burley gisait inanimé,étourdi par un coup de masse ; la moitié de ses hommes d’armesétaient tombés auprès de lui. Sir Nigel avait son écu brisé, soncimier déchiré, son armure bosselée et tailladée, la visière de soncasque arrachée ; cependant il bondissait encore, léger et lamain toujours prête ; à la fois il attaquait deux Espagnols etun Breton. Alleyne à son côté contenait avec une poignée d’hommesle flot dévastateur qui montait sans cesse. Tout de même les chosesauraient pris mauvaise tournure si les archers des deux ailesn’étaient venus à la rescousse : ils se refermèrent comme lespinces d’une tenaille sur les flancs des attaquants qui reculèrentenfin pied à pied, et furent repoussés jusqu’au bas de la pente,sur la plaine où déjà leurs camarades se reformaient pour un nouvelassaut.

Mais celui qui venait d’être endigué avaitcoûté cher aux défenseurs. Sur les trois cent soixante-dixoccupants du plateau, cent soixante-douze restaient debout ;encore beaucoup étaient-ils grièvement blessés ou affaiblis par lesang qu’ils avaient perdu. Sir Oliver Buttesthorn, Sir RichardCauston, Sir Simon Burley, Black Simon, Johnston, cent cinquantearchers et quarante-sept hommes d’armes étaient morts. Et la grêlede pierres recommençait de s’acharner sur les survivants dont lenombre risquait ainsi d’être encore réduit.

Sir Nigel regarda sa troupe décimée ; sonvisage s’enflamma d’orgueil.

– Par saint Paul, s’écria-t-il, j’aiparticipé dans ma vie à beaucoup de combats, mais j’aurais regrettéd’avoir manqué celui-ci ! Alleyne, serais-tu blessé ?

– Ce n’est rien, répondit l’écuyer enessuyant son front entamé d’un coup d’épée.

– Ces gentilshommes d’Espagne m’ont l’airfort dignes et courtois. Je vois qu’ils se préparent à poursuivrece débat avec nous. Archers, formez-vous sur deux rangs au lieu dequatre ! Par ma foi, nous avons perdu beaucoup d’hommescourageux ! Aylward, tu es un soldat fidèle et sûr, bien queton épaule n’ait jamais reçu l’accolade et que tu n’aies pasd’éperons dorés aux talons. Prends le commandement de l’ailedroite. Je m’occuperai du centre. Et vous, comte d’Angus, prenezl’aile gauche.

– Hurrah pour Sir Samkin Aylward !cria une grosse voix parmi les archers.

Une tempête de rire salua le nouveau chef.

– Par ma garde, cria le vieil archer,jamais je n’aurais pensé commander une aile sur un champ debataille ! Serrez les rangs, camarades, car, par les os de mesdix doigts, il nous faut jouer à l’homme aujourd’hui !

– Viens ici, Alleyne ! ordonna SirNigel en se dirigeant vers la crête qui constituait le dos de leurretranchement. Et toi, Norbury, viens aussi ! ajouta-t-il ens’adressant à l’écuyer de Sir Oliver.

Les deux écuyers accoururent. Tous les troiscontemplèrent le ravin rocheux qui s’étendait à cinquante mètresau-dessous d’eux.

– Il faut que le Prince apprenne ledéroulement des opérations, dit le chevalier. Nous résisterons àune nouvelle attaque, mais ils sont en force et nous restons peunombreux ; bientôt nous ne pourrons même plus former une lignecontinue sur toute la longueur de ce plateau. Mais si du secoursdevait arriver, nous tiendrions en l’attendant. Voyez-vous leschevaux dans les rochers au-dessous de nous ?

– Oui, noble seigneur.

– Voyez-vous le chemin qui serpente àflanc de montagne à l’autre bout de la vallée ?

– Oui.

– Si vous étiez à cheval, et si voussuiviez ce chemin, vous pourriez atteindre l’autre vallée derrière.Et de là, foncer chez le Prince, que vous informeriez.

– Mais, noble seigneur, comment arriverjusqu’aux chevaux ? demanda Norbury.

– Vous ne pouvez pas espérer descendrepar la pente et faire le tour : ils seraient sur vous avantque vous soyez arrivés jusqu’aux chevaux. Vous croyez-vous capablesde descendre par cette paroi ?

– Oui, si vous nous donnez une corde.

– Il y en a une ici. Elle n’a que trentemètres ; pour le reste vous vous fierez à Dieu et à vosdoigts. Voudras-tu essayer, Alleyne ?

– De tout mon cœur, cher seigneur !Mais comment puis-je vous laisser dans un tel embarras ?

– Non. C’est pour me rendre service quetu me quitteras. Et toi, Norbury ?

L’écuyer taciturne ne répondit rien ;mais il s’empara de la corde, l’examina et en fixa solidement unbout autour d’un rocher en surplomb. Puis il retira sa cuirasse,ses cuissards et ses jambières. Alleyne l’imita.

– Prévenez Chandos, ou Calverley, ouKnolles, si le Prince n’est pas là ! cria Sir Nigel. Àprésent, que Dieu vous protège, car vous êtes deux braves, deuxdignes hommes !

C’était réellement une tâche qui avait de quoifaire reculer les plus courageux. La corde mince qui dansait lelong de la paroi brune semblait, vue d’en haut, n’atteindre que lamoitié de la descente. Au-dessous s’étirait le roc à pic, humide,luisant, avec ici et là une touffe d’herbe, mais sans saillieapparente pour poser un pied. Tout en bas un lit de gros rocherspointus semblait guetter les audacieux. Norbury tira trois fois detoute sa force sur la corde, puis enjamba le parapet et sesuspendit de l’autre côté ; cent visages anxieux suivirent sadescente le long de la paroi. À deux reprises, quand il fut arrivéau bout de la corde, son pied chercha un point d’appui ; lesdeux fois il manqua l’endroit qu’il visait. Il était en train de sebalancer pour une troisième tentative quand une pierre lancée parune fronde bourdonna comme une guêpe entre les rochers etl’atteignit juste sur la tempe. Ses mains s’ouvrirent ; sespieds glissèrent ; une seconde plus tard il s’était écrasé surles rocs pointus d’en bas.

– Si je n’ai pas plus de chance, ditAlleyne en prenant Sir Nigel à part, je vous prie, mon cherseigneur, de bien vouloir transmettre mon humble souvenir à ladamoiselle Maude, et de lui dire que j’ai toujours été son fidèleserviteur et son très indigne soupirant.

Le vieux chevalier ne prononça aucune parole,mais il posa une main sur l’épaule de son écuyer etl’embrassa ; il avait les yeux pleins de larmes. Alleynebondit vers la corde, sauta, glissa rapidement tout au long et endeux ou trois secondes se trouva au bout. D’en haut, il avait eul’impression que la corde et la paroi se touchaient presque ;mais quand il se balança au bout des trente mètres de corde, ildécouvrit qu’il pouvait à peine atteindre la face de la paroi avecson pied, que cette face était aussi lisse que du verre, et qu’iln’y avait pas un endroit où une souris aurait pu se poser. À unmètre au-dessous de ses pieds, toutefois, il aperçut une longuecrevasse verticale et légèrement oblique : il lui fallaitl’atteindre s’il voulait non seulement sauver sa vie mais encoresauver celle des cent soixante hommes qui guettaient saprogression. Pourtant ç’aurait été de la folie de sauter en visantcette fente étroite, en ne pouvant se raccrocher à rien d’autrequ’à du roc lisse et humide. Il se balança un moment enréfléchissant ; mais une volée de pierres expédiée par lesfrondeurs siffla à ses oreilles, et l’une d’elle effrita une pointerocheuse contre son épaule. Alors il remonta d’un mètre, prit lebout de la corde dans sa main, défit sa ceinture, se maintint enéquilibre en s’arc-boutant du coude et du genou, et attacha saceinture au bout de la corde. Une autre pierre le frappa dans lecôté ; il entendit un bruit comme celui d’un bâton qui secasse, et il ressentit un douloureux coup de poignard dans lapoitrine. Mais ce n’était pas le moment de souffrir et de penser àsa souffrance. Seuls comptaient son maître et ses cent soixantecamarades : il avait à les arracher aux griffes de la mort. Ildescendit. Ses mains se traînèrent le long de la crevasse ;tantôt il se suspendait à bout de bras, tantôt il trouvait unetouffe d’herbe ou une pierre sur laquelle il reposait ses pieds.Ces vingt mètres lui semblèrent interminables. Il n’osait pasregarder sous lui ; il ne pouvait que continuer à avancer entâtonnant, face à la paroi, cramponné par ses doigts, les piedsgrattant la pierre pour trouver un support. Jamais il ne devaitoublier l’aspect de cette paroi, ses veines, ses fentes, sesmoindres reliefs. Enfin son pied se posa sur une large plate-forme,et il risqua un coup d’œil en bas. Dieu merci, il avait atteint leplus élevé des rocs sur lesquels Norbury s’était rompu les os. Ilsauta rapidement de roc en roc vers les chevaux ; au moment oùil allongeait le bras pour ramasser les rênes de l’un d’eux, unepierre le frappa sur la tête ; il s’écroula inanimé.

C’était un mauvais coup pour Alleyne ;mais ce fut un coup bien pire pour celui qui l’avait porté. Lefrondeur espagnol vit le jeune écuyer tomber raide ;reconnaissant à ses vêtements qu’il ne s’agissait pas d’un homme ducommun, il se précipita pour le dépouiller, car il savait bien queles archers au-dessus de lui avaient épuisé leurs flèches. Il étaitarrivé à trois pas de sa victime quand John, du haut de la crête,s’empara d’un gros roc et le bascula. Le roc tomba juste surl’épaule du frondeur qui s’effondra en hurlant. Ses cris sortirentAlleyne de sa torpeur. Il se releva en titubant et regarda autourde lui, comme s’il se réveillait d’un cauchemar. Les chevauxpaissaient non loin. Immédiatement tout lui revint enmémoire : sa mission, ses camarades, l’urgence du devoir àaccomplir. Il était affaibli, étourdi, blessé, mais il n’avait pasle droit de mourir ; il lui fallait même se hâter, car sa vieaujourd’hui valait beaucoup d’existences. Il sauta en selle etdescendit la vallée au galop.

Des pierres le pourchassèrent ; sous lessabots de sa monture des étincelles jaillissaient du solrocailleux. Des vertiges l’assaillirent ; son frontsaignait ; il avait dans la bouche un violent goût de sang. Ladouleur lui transperçait le flanc comme une flèche rougie au feu.Il sentait que ses yeux s’embuaient, que l’évanouissement leguettait et que ses doigts se relâchaient sur les rênes. Alors, auprix d’un suprême effort, il fit appel à toutes ses forces pour uneminute. Il se pencha, desserra les étrivières, attacha ses genouxaux quartiers de la selle, enroula la bride autour de ses mains,plaça la tête du cheval dans la direction du chemin de montagne,donna de sauvages coups d’éperons et s’affala en avant, la têteenfouie dans la crinière noire.

Il ne garda que peu de souvenirs de cettechevauchée fantastique. À demi évanoui, il avait une seule idée,toujours la même, qui battait dans sa tête : arriver au campdu Prince. Comme dans un rêve il entrevit des ravins profonds, despierres énormes, des précipices sombres comme la mort, des parois àpic, des cabanes devant lesquelles se tenaient des paysansstupéfaits, des ruisseaux écumants, des hêtres serrés les unscontre les autres. À travers ce décor cauchemardesque il guidaitson cheval, le jetait en avant plus vite, toujours plus vite. À unmoment donné, alors qu’il galopait déjà depuis longtemps, ilentendit trois cris au loin, et apprit ainsi que ses camaradessubissaient un nouvel assaut. Alors il perdit conscience jusqu’à cequ’il vît penchés au-dessus de lui de bons yeux bleus et qu’ilentendît la musique bénie de la langue de son pays.

Il ne s’agissait que d’un détachementcherchant du ravitaillement : mais il était fort de centarchers et d’autant d’hommes d’armes ; et surtout il étaitcommandé par Sir Hugh Calverley, qui n’était pas homme à flânerquand il y avait de bons coups à échanger à moins de trois lieues.Il expédia un messager au camp et partit aussitôt avec ses deuxcents soldats au secours de Sir Nigel. Alleyne, attaché sur saselle, dégouttant de sang, s’évanouissant, reprenant ses sens,s’évanouissant à nouveau, refit en sens contraire le chemin qu’ilvenait de parcourir. Dans un bruit de tonnerre ils galopèrent,galopèrent : enfin, parvenus en haut d’une crête, ilsplongèrent leurs regards dans la vallée fatale. Hélas ! Troisfois hélas !…

Là, sous leurs yeux, s’étalait la petitecolline baignée de sang ; au sommet flottait la bannière jauneet blanche, avec les lions et les tours de la maison royale deCastille. Gravissant la côte en rangs serrés des soldats exultantscriaient, brandissaient des armes et des pennons. Le plateau qui lacouronnait était encombré d’une foule dense : il ne semblaitpas qu’il y eût encore un seul Anglais pour tenir tête auxchevaliers d’Espagne. À y regarder de plus près, pourtant desremous dans un angle donnèrent l’impression que toute résistancen’avait pas absolument cessé. Un cri de rage et de désespoir grondachez les sauveteurs déçus ; éperonnant à nouveau leurschevaux, ils s’élancèrent dans le chemin qui descendait vers lavallée.

Arrivés trop tard pour secourir leurscompatriotes, ils furent aussi impuissants à les venger. Bien avantqu’ils eussent atteint le terrain plat, les Espagnols les avaientaperçus ; comme ils ignoraient leur nombre, ils s’étaientretirés du plateau conquis après avoir libéré leurs quelquescompatriotes prisonniers ; ils quittèrent la vallée encolonne, tambours et cymbales en tête. Leur arrière-gardedisparaissait quand les premiers soldats de Sir Hugh Calverleypoussèrent leurs chevaux écumants, haletants vers la côte qui avaitété le théâtre de la bataille.

L’épouvantable vision ! Au bas de lapente, les hommes et les chevaux abattus par la première volée desflèches anglaises. Plus haut, les corps des morts et des mourantsfrançais, espagnols, aragonais, de plus en plus nombreux, serrés,empilés les uns sur les autres. Plus haut encore les Anglais,couchés sur la ligne qu’ils avaient tenue jusqu’à la fin. Plus hauttoujours sur le plateau, pêle-mêle, des morts de toutesnationalités, étendus là où le dernier coup les avait frappés. Dansl’angle le plus éloigné, à l’ombre d’un gros rocher, sept archersétaient accroupis ; le gros John se trouvait au milieud’eux ; tous étaient blessés, épuisés, hagards, maisinvaincus ; ils agitèrent leurs armes rougies de sang, etleurs voix rauques saluèrent leurs camarades. Alleyne se dirigeavers John ; Sir Hugh Calverley le suivit.

– Par saint Georges ! s’écriaSir Hugh. Jamais je n’ai vu trace d’une bataille plusacharnée. Je suis bien heureux que nous ayons pu vous sauver.

– Vous avez sauvé mieux que nous !répondit Hordle John en désignant la bannière qui était appuyéecontre le rocher derrière lui.

Le vieux Compagnon franc regarda avec uneadmiration de connaisseur la puissante charpente et la figurehardie de l’archer.

– Vous vous êtes noblementconduits ! dit-il. Mais pourquoi, mon brave garçon, es-tuassis sur cet homme ?

– Par la Croix, je l’avaisoublié !…

John se leva et tira de dessous lui l’illustrepersonnage qui s’appelait Don Diego Alvarez.

– Cet homme, noble seigneur, représentepour moi une maison neuve, dix vaches, un taureau, même si c’est unpetit taureau, une meule, et je ne sais plus quoi d’autre. Alorsj’ai jugé bon de m’asseoir sur lui, de peur qu’il ne lui prenne lafantaisie de me quitter.

– Dis-moi, John ! s’écria Alleynefaiblement. Où est mon cher seigneur, Sir Nigel Loring ?

– Mort, je le crains. Je les ai vus jeterson corps en travers d’un cheval et l’emmener avec eux, mais j’aipeur qu’ils ne l’aient pas emporté vivant.

– Malheur à moi ! Et où estAylward ?

– Il a sauté sur un cheval sans cavalieret s’est élancé derrière Sir Nigel pour le sauver. Je l’ai vuentouré d’une masse d’ennemis : il est prisonnier ou mort.

– Que les bugles sonnent ! cria SirHugh, le front sombre. Il faut que nous retournions au camp. Maisavant trois jours j’espère que nous reverrons ces Espagnols. Jevoudrais bien vous avoir tous dans ma compagnie.

– Nous appartenons à la CompagnieBlanche, noble seigneur ! répondit John.

– Non, la Compagnie Blanche s’estlicenciée ici, répliqua solennellement Sir Hugh en promenant sonregard sur les rangs pétrifiés par la mort. Occupez-vous de cebrave écuyer, car je crains qu’il ne voie plus jamais le soleil selever.

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