Contes merveilleux – Tome II

Chapitre 17Le Petit Chaperon rouge

Il était une fois une petite fille que tout lemonde aimait bien, surtout sa grand-mère. Elle ne savaitqu’entreprendre pour lui faire plaisir. Un jour, elle lui offrit unpetit bonnet de velours rouge, qui lui allait si bien qu’elle nevoulut plus en porter d’autre. Du coup, on l’appela « Chaperonrouge ».

Un jour, sa mère lui dit :

– Viens voir, Chaperon rouge : voiciun morceau de gâteau et une bouteille de vin. Porte-les à tagrand-mère ; elle est malade et faible ; elle s’endélectera ; fais vite, avant qu’il ne fasse trop chaud. Etquand tu seras en chemin, sois bien sage et ne t’écarte pas de taroute, sinon tu casserais la bouteille et ta grand-mère n’auraitplus rien. Et quand tu arriveras chez elle, n’oublie pas de dire« Bonjour » et ne va pas fureter dans tous les coins.

– Je ferai tout comme il faut, dit lePetit Chaperon rouge à sa mère.

La fillette lui dit au revoir. La grand-mèrehabitait loin, au milieu de la forêt, à une demi-heure du village.Lorsque le Petit Chaperon rouge arriva dans le bois, il rencontrale Loup. Mais il ne savait pas que c’était une vilaine bête et nele craignait point.

– Bonjour, Chaperon rouge, dit leLoup.

– Bonjour, Loup, dit le Chaperonrouge.

– Où donc vas-tu si tôt, Chaperonrouge ?

– Chez ma grand-mère.

– Que portes-tu dans tonpanier ?

– Du gâteau et du vin. Hier nous avonsfait de la pâtisserie, et ça fera du bien à ma grand-mère. Ça lafortifiera.

– Où habite donc ta grand-mère, Chaperonrouge ?

– Oh ! à un bon quart d’heure d’ici,dans la forêt. Sa maison se trouve sous les trois gros chênes. Endessous, il y a une haie de noisetiers, tu sais bien ? dit lepetit Chaperon rouge.

Le Loup se dit : « Voilà un metsbien jeune et bien tendre, un vrai régal ! Il sera encore bienmeilleur que la vieille. Il faut que je m’y prenne adroitement pourles attraper toutes les eux ! »

Il l’accompagna un bout de chemin etdit :

– Chaperon rouge, vois ces belles fleursautour de nous. Pourquoi ne les regardes-tu pas ? J’ail’impression que tu n’écoutes même pas comme les oiseaux chantentjoliment. Tu marches comme si tu allais à l’école, alors que toutest si beau, ici, dans la forêt !

Le Petit Chaperon rouge ouvrit les yeux etlorsqu’elle vit comment les rayons du soleil dansaient de-ci, de-làà travers les arbres, et combien tout était plein de fleurs, ellepensa : « Si j’apportais à ma grand-mère un beau bouquetde fleurs, ça lui ferait bien plaisir. Il est encore si tôt quej’arriverai bien à l’heure. »

Elle quitta le chemin, pénétra dans le bois etcueillit des fleurs. Et, chaque fois qu’elle en avait cueilli une,elle se disait : « Plus loin, j’en vois une plusbelle » ; et elle y allait et s’enfonçait toujours plusprofondément dans la forêt. Le Loup lui, courait tout droit vers lamaison de la grand-mère. Il frappa à la porte.

– Qui est là ?

– C’est le Petit Chaperon rouge quit’apporte du gâteau et du vin.

– Tire la chevillette, dit la grand-mère.Je suis trop faible et ne peux me lever.

Le Loup tire la chevillette, la porte s’ouvreet sans dire un mot, il s’approche du lit de la grand-mère etl’avale. Il enfile ses habits, met sa coiffe, se couche dans sonlit et tire les rideaux.

Pendant ce temps, le petit Chaperon Rougeavait fait la chasse aux fleurs. Lorsque la fillette en eut tantqu’elle pouvait à peine les porter, elle se souvint soudain de sagrand-mère et reprit la route pour se rendre auprès d’elle. Ellefut très étonnée de voir la porte ouverte. Et lorsqu’elle entradans la chambre, cela lui sembla si curieux qu’elle se dit :« Mon dieu, comme je suis craintive aujourd’hui. Et,cependant, d’habitude, je suis si contente d’être auprès de magrand-mère ! » Elle s’écria :

– Bonjour !

Mais nulle réponse. Elle s’approcha du lit ettira les rideaux. La grand-mère y était couchée, sa coiffe tiréetrès bas sur son visage. Elle avait l’air bizarre.

– Oh, grand-mère, comme tu as de grandesoreilles.

– C’est pour mieux t’entendre…

– Oh ! grand-mère, comme tu as degrands yeux !

– C’est pour mieux te voir !

– Oh ! grand-mère, comme tu as degrandes mains !

– C’est pour mieux t’étreindre…

– Mais, grand-mère, comme tu as unehorrible et grande bouche !

– C’est pour mieux te manger !

À peine le Loup eut-il prononcé ces mots,qu’il bondit hors du lit et avala le pauvre Petit Chaperonrouge.

Lorsque le Loup eut apaisé sa faim, il serecoucha, s’endormit et commença à ronfler bruyamment. Un chasseurpassait justement devant la maison. Il se dit : « Commecette vieille femme ronfle ! Il faut que je voie si elle abesoin de quelque chose. » Il entre dans la chambre et quandil arrive devant le lit, il voit que c’est un Loup qui y estcouché.

– Ah ! c’est toi, bandit !dit-il. Voilà bien longtemps que je te cherche…

Il se prépare à faire feu lorsque tout à coupl’idée lui vient que le Loup pourrait bien avoir avalé lagrand-mère et qu’il serait peut-être encore possible de la sauver.Il ne tire pas, mais prend des ciseaux et commence à ouvrir leventre du Loup endormi. À peine avait-il donné quelques coups deciseaux qu’il aperçoit le Chaperon rouge. Quelques coups encore etla voilà qui sort du Loup et dit :

– Ah ! comme j’ai eu peur !Comme il faisait sombre dans le ventre du Loup !

Et voilà que la grand-mère sort à son tour,pouvant à peine respirer. Le Petit Chaperon rouge se hâte dechercher de grosses pierres. Ils en remplissent le ventre du Loup.Lorsque celui-ci se réveilla, il voulut s’enfuir. Mais les pierresétaient si lourdes qu’il s’écrasa par terre et mourut.

Ils étaient bien contents tous lestrois : le chasseur dépouilla le Loup et l’emporta chez lui.La grand-mère mangea le gâteau et but le vin que le Petit Chaperonrouge avait apportés. Elle s’en trouva toute ragaillardie. Le PetitChaperon rouge cependant pensait : « Je ne quitterai plusjamais mon chemin pour aller me promener dans la forêt, quand mamaman me l’aura interdit. »

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