Contes merveilleux – Tome II

Chapitre 31Le Sou volé

Père, mère et enfants étaient tous à table, unjour, avec un ami qui était venu leur faire visite et quipartageait leur repas. Midi sonna pendant qu’ils étaient en trainde manger, et au douzième coup, la porte s’ouvrit, à la grandesurprise de l’invité, qui vit entrer un enfant d’une étrange pâleuret tout de blanc vêtu. Sans prononcer une parole, sans seulementdétourner les yeux, il alla droit dans la chambre à côté, d’où ilressortit au bout d’un petit moment pour gagner la porte et s’enaller comme il était venu, silencieusement et sans tourner la tête.Comme cela se reproduisit exactement le lendemain et lesurlendemain, l’ami finit par demander au père qui était ce belenfant qui venait tous les jours et entrait dans la chambre.

– Je n’ai jamais rien vu, répondit lepère, et je n’ai pas la moindre idée de l’identité possible de cetenfant. Le jour suivant, quand l’enfant entra de nouveau, l’ami ledésigna au père qui regarda bien, mais ne put le voir, pas plus,d’ailleurs, que la mère ni les autres enfants. Alors l’ami se levaet alla sur la pointe des pieds entrouvrir la porte de la chambrepour voir ce qu’il s’y passait. L’enfant blanc était à genoux parterre, grattant et fouillant fiévreusement avec ses petits doigtsdans les raies entre les lames du parquet ; mais dès qu’ilaperçut l’étranger, il disparut. L’ami revint alors à table etraconta ce qu’il avait vu, décrivant si bien l’enfant que la mère,tout à coup, le reconnut. « Mon Dieu !s’écria-t-elle, c’est lui, c’est le cher petit que nous avons perduil y a quatre semaines. » Ils allèrent alors arracher leparquet dans la chambre et trouvèrent deux petits sous. Ces deuxpiécettes, c’était la mère qui les avait données, un jour, à sonpetit garçon pour qu’il en fît la charité à un pauvre ; maisle garçonnet s’était dit qu’avec ces sous, il pourrait s’acheterquelque sucrerie ; et il les avait gardés en les cachant dansune rainure du parquet. À présent, dans sa tombe, il neconnais­sait pas le repos et il revenait tous les jours sur le coupde midi pour chercher les sous. Mais après que les parents leseurent vraiment donnés à un pauvre, jamais plus l’enfant n’estrevenu.

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