Contes merveilleux – Tome II

Chapitre 6Le Loup et les sept chevreaux

Il était une fois une vieille chèvre qui avaitsept chevreaux et les aimait comme chaque mère aime ses enfants. Unjour, elle voulut aller dans la forêt pour rapporter quelque choseà manger, elle les rassembla tous les sept et leur dit :

– Je dois aller dans la forêt, mes chersenfants. Faites attention au loup ! S’il arrivait à rentrerdans la maison, il vous mangerait tout crus. Ce bandit sait jouerla comédie, mais il a une voix rauque et des pattes noires, c’estainsi que vous le reconnaîtrez.

– Ne t’inquiète pas, maman, répondirentles chevreaux, nous ferons attention. Tu peux t’en aller sanscrainte.

La vieille chèvre bêla de satisfaction et s’enalla.

Peu de temps après, quelqu’un frappa à laporte en criant :

– Ouvrez la porte, mes chers enfants,votre mère est là et vous a apporté quelque chose.

Mais les chevreaux reconnurent le loup à savoix rude.

– Nous ne t’ouvrirons pas, crièrent- ils.Tu n’es pas notre maman. Notre maman a une voix douce et agréableet ta voix est rauque. Tu es un loup !

Le loup partit chez le marchand et y acheta ungrand morceau de craie. Il mangea la craie et sa voix devint plusdouce. Il revint ensuite vers la petite maison, frappa et appela ànouveau :

– Ouvrez la porte, mes chers enfants,votre maman est de retour et vous a apporté pour chacun un petitquelque chose.

Mais tout en parlant, il posa sa patte noiresur la fenêtre ; les chevreaux l’aperçurent etcrièrent :

– Nous ne t’ouvrirons pas ! Notremaman n’a pas les pattes noires comme toi. Tu es un loup !

Et le loup courut chez le boulanger etdit :

– Je me suis blessé à la patte,enduis-la-moi avec de la pâte.

Le boulanger lui enduisit la patte et le loupcourut encore chez le meunier.

– Verse de la farine blanche sur mapatte ! commanda-t-il.

– Le loup veut duper quelqu’un, pensa lemeunier, et il fit des manières. Mais le loup dit :

– Si tu ne le fais pas, je temangerai.

Le meunier eut peur et blanchit sa patte. Ehoui, les gens sont ainsi !

Pour la troisième fois le loup arriva à laporte de la petite maison, frappa et cria :

– Ouvrez la porte, mes chers petits,maman est de retour de la forêt et vous a apporté quelquechose.

– Montre-nous ta patte d’abord, crièrentles chevreaux, que nous sachions si tu es vraiment notre maman.

Le loup posa sa patte sur le rebord de lafenêtre, et lorsque les chevreaux virent qu’elle était blanche, ilscrurent tout ce qu’il avait dit et ouvrirent la porte. Mais c’estun loup qui entra.

Les chevreaux prirent peur et voulurent secacher. L’un sauta sous la table, un autre dans le lit, letroisième dans le poêle, le quatrième dans la cuisine, le cinquièmes’enferma dans l’armoire, le sixième se cacha sous le lavabo et leseptième dans la pendule. Mais le loup les trouva et ne traînapas : il avala les chevreaux, l’un après l’autre. Le seulqu’il ne trouva pas était celui caché dans la pendule.

Lorsque le loup fut rassasié, il se retira, secoucha sur le pré vert et s’endormit.

Peu de temps après, la vieille chèvre revintde la forêt. Ah, quel triste spectacle l’attendait à lamaison ! La porte grande ouverte, la table, les chaises, lesbancs renversés, le lavabo avait volé en éclats, la couverture etles oreillers du lit traînaient par terre. Elle chercha ses petits,mais en vain. Elle les appela par leur nom, l’un après l’autre,mais aucun ne répondit. C’est seulement lorsqu’elle prononça le nomdu plus jeune qu’une petite voix fluette se fit entendre :

– Je suis là, maman, dans lapendule !

Elle l’aida à en sortir et le chevreau luiraconta que le loup était venu et qu’il avait mangé tous les autreschevreaux. Imaginez combien la vieille chèvre pleura sespetits !

Toute malheureuse, elle sortit de la petitemaison et le chevreau courut derrière elle. Dans le pré, le loupétait couché sous l’arbre et ronflait à en faire trembler lesbranches. La chèvre le regarda de près et observa que quelque chosebougeait et grouillait dans son gros ventre.

– Mon Dieu, pensa-t-elle, et si mespauvres petits que le loup a mangés au dîner, étaient encore envie ?

Le chevreau dut repartir à la maison pourrapporter des ciseaux, une aiguille et du fil. La chèvre cisaillale ventre du monstre, et aussitôt le premier chevreau sortit latête ; elle continua et les six chevreaux en sortirent, l’unaprès l’autre, tous sains et saufs, car, dans sa hâte, le loupglouton les avait avalés tout entiers. Quel bonheur ! Leschevreaux se blottirent contre leur chère maman, puis gambadèrentcomme le tailleur à ses noces. Mais la vieille chèvredit :

– Allez, les enfants, apportez despierres, aussi grosses que possible, nous les fourrerons dans leventre de cette vilaine bête tant qu’elle est encore couchée etendormie.

Et les sept chevreaux roulèrent les pierres eten farcirent le ventre du loup jusqu’à ce qu’il soit plein. Lavieille chèvre le recousit vite, de sorte que le loup ne s’aperçutde rien et ne bougea même pas.

Quand il se réveilla enfin, il se leva, etcomme les pierres lui pesaient dans l’estomac, il eut très soif. Ilvoulut aller au puits pour boire, mais comme il se balançait enmarchant, les pierres dans son ventre grondaient.

Cela grogne, cela gronde, mon ventretonne !

J’ai avalé sept chevreaux, n’était-ce rienqu’une illusion ?

Et de lourdes grosses pierres lesremplacèrent.

Il alla jusqu’au puits, se pencha et but. Leslourdes pierres le tirèrent sous l’eau et le loup se noyalamentablement. Les sept chevreaux accoururent alors et se mirent àcrier :

– Le loup est mort, c’en est fini delui !

Et ils se mirent à danser autour du puits etla vieille chèvre dansa avec eux.

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