Contes merveilleux – Tome II

Chapitre 18Le Petit pou et la petite puce

Le petit pou et la petite puce vivaientensemble, tenaient ensemble leur petite maison et brassaient leurbière dans une coquille d’œuf.

Un jour le petit pou tomba dans la bière ets’ébouillanta. La petite puce se mit à pleurer à chaudes larmes. Lapetite porte de la salle s’étonna :

– Pourquoi pleures-tu ainsi, petitepuce ?

– Parce que le pou s’est ébouillanté.

La petite porte se mit à grincer et le petitbalai dans le coin demanda :

– Pourquoi grinces-tu ainsi, petiteporte ?

– Comment pourrais-je ne pasgrincer !

Le petit pou s’est ébouillanté, la petite puceen perd la santé.

Le petit balai se mit à s’agiter de touscôtés. Une petite charrette qui passait par là, cria :

– Pourquoi t’agites-tu ainsi, petitbalai ?

– Comment pourrais-je rester enplace !

Le petit pou s’est ébouillanté, la petite puceen perd la santé, et la petite porte grince à qui mieux mieux.

Et la petite charrette dit :

– Moi, je vais rouler. Et elle se mit àrouler à toute vitesse. Elle passa par le dépotoir et les balayureslui demandèrent :

– Pourquoi fonces-tu ainsi, petitecharrette ?

– Comment pourrais-je ne pasfoncer !

Le petit pou s’est ébouillanté, la petite puceen perd la santé, la petite porte grince à qui mieux mieux, lebalai s’agite, sauve-qui-peut !

Les balayures décidèrent alors :

– Nous allons brûler de toutes nosforces.

Et elles s’enflammèrent aussitôt. Le petitarbre à côté du dépotoir demanda :

– Allons, balayures, pourquoi brûlez-vousainsi ?

– Comment pourrions-nous ne pasbrûler !

Le petit pou s’est ébouillanté, la petite puceen perd la santé, la petite porte grince à qui mieux mieux, lebalai s’agite, sauve-qui-peut ! La charrette fonce fendant lesairs.

Et le petit arbre dit :

– Alors moi, je vais trembler.

Et il se mit à trembler à en perdre toutes sesfeuilles. Une petite fille, qui passait par là avec une cruched’eau à la main, s’étonna :

– Pourquoi trembles-tu ainsi, petitarbre ?

– Comment pourrais-je ne pastrembler !

Le petit pou s’est ébouillanté, la petite puceen perd la santé, la petite porte grince à qui mieux mieux, lebalai s’agite, sauve-qui-peut ! la charrette fonce fendant lesairs, les balayures brûlent en un feu d’enfer.

Et la petite fille dit :

– Alors moi, je vais casser ma cruche. Etelle la cassa.

La petite source d’où jaillissait l’eau,demanda :

– Pourquoi casses-tu ta cruche, petitefille ?

– Comment pourrais-je ne pas lacasser !

Le petit pou s’est ébouillanté, la petite puceen perd la santé, la porte grince à qui mieux mieux, le balais’agite, sauve-qui-peut ! la charrette fonce fendant les airs,les balayures brûlent en un feu d’enfer. Et le petit arbre, lepauvre, du pied à la tête il tremble.

– Ah bon, dit la petite source, alorsmoi, Je vais déborder.

Et elle se mit à déborder ; et l’eauinonda tout en noyant la petite fille, le petit arbre, lesbalayures, la charrette, le petit balai, la petite porte, la petitepuce et le petit pou, tous autant qu’ils étaient.

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