La Loi de Lynch

Chapitre 31La Gazelle blanche.

La nuit fut tranquille. Dès que le soleilparut à l’horizon, tout fut en mouvement dans le camp pour lesapprêts du départ.

Les chevaux furent sellés, les rangs seformèrent, les deux femmes sortirent de la hutte, vinrent se placerau milieu du détachement, et l’on n’attendait plus que l’ordre dese mettre en marche.

Nathan se conformant alors à son rôle desorcier, prit une calebasse, la remplit d’eau, et y trempant unebranche d’absinthe, il aspergea les quatre airs de l’horizon enmurmurant des paroles mystérieuses, afin de chasser l’esprit dumal, il jeta ensuite le contenu de la calebasse vers le soleil, encriant à haute voix, à trois reprises différentes :

– Soleil, reçois cette offrande ;vois-nous d’un œil favorable, nous sommes tes enfants.

Dès que cette cérémonie fut terminée, lesIndiens se mirent joyeusement en route.

L’incantation du sorcier leur avait faitplaisir, d’autant plus qu’au moment du départ quatre aigles à têtechauve, déployant leurs larges ailes, s’étaient lentement élevés àleur droite, montant en ligne directe vers le ciel, où bientôt ilsne tardèrent pas à disparaître à une prodigieuse hauteur.

Les présages étaient donc on ne peut plusfavorables, et le sorcier avait subitement acquis une énormeimportance aux yeux des superstitieux Comanches.

Cependant deux personnes conservaient contrecet homme des préventions qu’elles ne pouvaient vaincre.

Ces deux personnes étaient le Rayon-de-Soleilet la mère du chasseur.

Malgré elles, à chaque instant ellesdirigeaient les yeux vers le sorcier qui, averti par une espèced’intuition de l’inquisition dont il était l’objet, se tenait à unedistance respectueuse, marchant en tête de la troupe, aux côtés del’Araignée, avec lequel il conversait à voix basse, afin de leretenir près de lui et de l’empêcher ainsi d’aller retrouver lesdeux femmes, qui auraient pu lui communiquer leurs soupçons.

La troupe s’avançait au trot au milieu d’unpaysage d’un aspect grandiose et saisissant ; çà et là,dispersés sans ordre dans la plaine, ils apercevaient des blocs derochers de forme sphérique dont la hauteur variait parfois de deuxà quatre et même cinq cents pieds.

À l’est s’élevaient les dernières cimes de lasierra de los Comanches, au milieu de laquelle les voyageurs setrouvaient engagés. Les pics dénudés élevaient jusqu’aux cieuxleurs sommets blancs et neigeux qui s’étendaient bien loin vers lenord jusqu’à ce qu’ils ne présentassent plus à l’horizon qu’unelégère vapeur qu’un œil inexpérimenté eût prise pour des nuages,mais que les Comanches reconnaissaient fort bien pour être lacontinuation des montagnes Rocheuses.

À gauche de la troupe et presque à ses piedsse déroulait une immense étendue de désert bornée bien loin àl’horizon par une autre ligne de vapeur blanche presqueimperceptible qui marquait la place de la chaîne Rocheuse.

Les Indiens montaient insensiblement par dessentiers presque infranchissables, mais où leurs chevauxs’avançaient si résolument qu’ils semblaient pour ainsi dires’accrocher au sol, tant leur pas était sûr.

Au fur et à mesure qu’on s’engageait dans lesmontagnes, le froid devenait plus vif ; enfin, vers neufheures du matin, après avoir traversé une gorge étroiteprofondément encaissée entre deux hautes montagnes dont les massesleur interceptaient les rayons bienfaisants du soleil, ilsdébouchèrent dans une riante vallée d’une lieue d’étendue environ,au centre de laquelle s’élevaient les tentes et fumaient les feuxdu camp de l’Unicorne.

Dès que les vedettes eurent signalé l’arrivéedu détachement de l’Araignée, une soixantaine de guerriersmontèrent à cheval et vinrent en caracolant, en tirant des coups defusil et en poussant des cris de bienvenue, au-devant des arrivantsqui, de leur côté, faisaient parader leurs chevaux et répondaientpar des cris et les sifflements de leurs sifflets de guerre, dontils tiraient des notes aiguës et prolongées.

Ils firent ainsi leur entrée dans le camp etse dirigèrent vers la hutte de l’Unicorne.

Le chef, prévenu déjà de l’arrivée du renfortqu’il attendait, se tenait debout, les bras croisés, devant sahutte, entre le totem et le grand calumet.

L’Unicorne avait d’un coup d’œil rapideinspecté les guerriers et aperçu les deux femmes et le sorcierétranger qu’ils amenaient avec eux ; cependant il ne semblapas les voir ; son visage ne laissa paraître aucune traced’émotion ; il attendit, impassible, que l’Araignée lui eûtrendu compte de sa mission.

Le guerrier comanche mit pied à terre, jeta labride de son cheval aux mains d’un de ses compagnons, plaça lesbras en croix sur sa poitrine, s’inclina profondément en faisantchaque fois un pas en avant, et, arrivé à une courte distance dusachem, il salua une dernière fois en disant :

– L’Araignée a accompli sa mission, il apris des pieds de gazelle pour revenir plus vite.

– L’Araignée est un guerrier expérimentédans lequel j’ai entière confiance. Il me ramène le nombre dejeunes gens que j’avais demandé à la nation ? réponditl’Unicorne.

– Les anciens se sont réunis autour dufeu du conseil, ils ont prêté l’oreille aux paroles del’Araignée ; les vingt jeunes guerriers sont là bouillants decourage et fiers de suivre sur le sentier de la guerre un chefredouté comme mon père.

L’Unicorne sourit avec orgueil à cecompliment ; mais reprenant presque aussitôt l’expressionrigide qui était un des caractères habituels de saphysionomie :

– J’ai entendu le chant du centzontle[8], dit-il, mon oreille a été frappée desmodulations mélodieuses de sa voix. Me suis-je trompé, ou biena-t-il établi son nid sous l’épais feuillage des chênes ou desmélèzes de cette vallée ?

– Mon père s’est trompé ; ce n’estpas le rossignol dont il a entendu le chant, c’est la voix del’amie de son cœur dont l’accent a pénétré jusqu’à lui et l’a faittressaillir, murmura doucement le Rayon-de-Soleil en s’approchantavec timidité.

Le chef regarda sa femme avec un mélanged’amour et de sévérité.

– Âme de ma vie, lui dit-il, pourquoiavez-vous quitté le village ? Votre place est-elle ici parmides guerriers ? La femme d’un chef doit-elle, sans y êtreautorisée, se mettre sur le sentier de la guerre ?

La jeune femme baissa les yeux, deux perleshumides tremblèrent à l’extrémité de ses longs cils.

– L’Unicorne est sévère pour sa femme,répondit elle avec tristesse ; l’hiver s’avance à grands pas,les hauts arbres sont dépouillés de leurs feuilles, la neige tombeà flots pressés sur les montagnes, le Rayon-de-Soleil est inquietdans sa hutte solitaire ; depuis plusieurs lunes déjà, le chefa laissé sa femme seule et s’est éloigné, elle a voulu revoir celuiqu’elle aime.

– Le Rayon-de-Soleil est la femme d’unchef, son cœur est fort ; souvent elle a été séparée del’Unicorne, et toujours elle a attendu son retour sans seplaindre : pourquoi aujourd’hui sa conduite a-t-elle étédifférente ?

La jeune femme prit la main deMme Guillois.

– La mère de Koutonepi a voulu revoir sonfils, répondit-elle simplement.

Le visage de l’Unicorne se rasséréna, sa voixse radoucit.

– La mère de mon frère est la bienvenuedans le camp de l’Unicorne, dit-il en s’inclinant avec courtoisiedevant la vieille dame.

– Est-ce que mon fils n’est pas auprès devous, chef ? lui demanda-t-elle avec anxiété.

– Non, mais que ma mère se rassure ;si elle le désire, avant le deuxième soleil elle le verra.

– Merci, chef.

– Un guerrier expédié par moi iraprévenir Koutonepi de la présence de sa mère au milieu de nous.

– J’irai, moi, fit l’Araignée.

– Bon ! voilà qui est convenu. Quema mère entre dans ma hutte afin de prendre le repos qui lui estnécessaire.

Les deux femmes s’éloignèrent.

Une seule personne se trouvait maintenantdevant l’Unicorne, cette personne était le prétendu sorcier.

Les deux hommes s’examinaientattentivement.

– Oh ! fit le chef, quel heureuxhasard amène mon père dans mon camp ?

– Les envoyés de Wacondah vont où il leurdonne l’ordre d’aller sans discuter sa volonté, répondit sèchementNathan.

– C’est juste, reprit le chef ; quedésire mon père ?

– L’hospitalité pour la nuit.

– L’hospitalité s’accorde même à unennemi au désert ; mon père ignore-t-il donc les usages de laprairie, qu’il me la demande ? fit le chef en lui lançant unregard soupçonneux.

Nathan se mordit les lèvres.

– Mon père a mal compris le sens de mesparoles, dit-il.

– Peu importe, interrompit l’Unicorneavec autorité, le grand médecin passera la nuit au camp ; unhôte est sacré pour les Comanches, les traîtres seuls, lorsqu’ilssont démasqués, sont punis comme ils le méritent. Mon père peut seretirer.

Nathan frissonna intérieurement à ces paroles,qui semblaient indiquer que le chef avait des soupçons et que sonincognito n’était pas aussi sévèrement gardé qu’il le croyait.Cependant il renferma ses craintes dans son cœur et continua àfaire bonne contenance.

– Merci, dit-il en s’inclinant.

L’Unicorne lui rendit son salut et lui tournale dos.

– Hum ! murmura l’Américain à partlui, je crois que j’ai eu tort de me hasarder au milieu de cesdémons ; les yeux de basilic de ce chef maudit semblaient liresur mon front. Tenons-nous sur nos gardes.

Tout en faisant ces réflexions, Nathans’éloigna à pas lents, la tête haute, enchanté en apparence desrésultats de son entrevue avec l’Unicorne.

Au même moment, un cavalier lancé à toutebride entra dans la vallée ; ce cavalier passa à deux pas del’Américain en échangeant avec lui un coup d’œil.

Les deux regards se croisèrent.

Nathan tressaillit.

– Si elle m’a reconnu, je suis perdu,dit-il.

Ce cavalier était la Gazelle blanche. LesComanches la saluaient au passage ; elle se dirigeait vers lahutte de l’Unicorne.

– Je suis dans la gueule du loup, repritNathan, ma présomption causera ma perte. Il est une chose quel’homme ne peut déguiser, c’est le regard : la Gazelle meconnaît trop bien pour s’y tromper ; tâchons de nous évaders’il en est temps encore.

Nathan était un homme trop résolu pour sedésespérer inutilement ; il ne perdit pas un seul instant envaines lamentations ; au contraire, avec cette luciditéd’inspiration que donne le danger aux gens courageux, il calcula enquelques secondes les chances de succès qui lui restaient et seprépara à soutenir une lutte désespérée. Il savait trop de quelhorrible supplice il était menacé pour ne pas défendre sa viejusqu’à la dernière extrémité.

Sans s’arrêter, sans changer de pas nid’allure, il continua à marcher dans la direction qu’il suivait,rendant au passage les saluts que lui adressaient lesguerriers.

Il arriva ainsi sans être inquiété jusqu’àl’extrémité du camp. Il n’osait tourner la tête pour savoir ce quise passait derrière lui ; mais son oreille exercée épiait tousles bruits suspects ; rien en apparence ne venait corroborerses appréhensions, le camp était toujours plongé dans le mêmerepos.

– Je me suis trompé, murmura-t-il, ellene m’a pas reconnu ; mon déguisement est bon, je me suis trophâté d’avoir peur ; il vaudrait peut-être mieux rester. Ma foinon, ajouta-t-il au bout d’un instant ; décidément, je ne suispas en sûreté ici.

Il fit un pas pour entrer dans la forêt. En cemoment une lourde main tomba sur son épaule.

Il s’arrêta net en détournant la tête.

L’Araignée était à ses côtés.

– Où va donc mon père ? demanda leguerrier d’un ton narquois, moitié figue et moitié raisin, bienfait pour redoubler les craintes de l’Américain, il se trompe sansdoute ?

– Comment cela ? répondit Nathan,qui cherchait à reprendre son sang-froid.

– Du côté où va mon père on quitte lecamp.

– Eh bien ?

– Mon père n’a-t-il pas demandél’hospitalité au sachem ?

– Oui, certes.

– Alors, pourquoi part-il ?

– Qui vous dit que je m’en allais,guerrier ?

– Mais il me semble que la direction quevous suivez vous mène à la forêt.

– Je le sais bien, puisque je vaiseffectivement dans la forêt pour cueillir des plantes magiques afinde composer une grande médecine dont je veux faire offrande au chefpour le rendre invulnérable.

– Ooah ! fit l’Indien enécarquillant les yeux ; lorsque vous lui direz cela, je nedoute pas qu’il ne vous laisse aller où bon vous semblera.

– Hein ? suis-je doncprisonnier ?

– Nullement, mais l’ordre est donné quepersonne ne quitte le camp sans autorisation, et comme vous n’avezpas songé à faire lever cette consigne en votre faveur, je suiscontraint, à mon grand regret, de l’exécuter.

– Fort bien ! je reste, mais je mesouviendrai de la façon dont les Comanches exercentl’hospitalité.

– Mon père a tort de parler ainsi,l’honneur de la nation exige que cette affaire se termine sansretard. Mon père va me suivre auprès du chef ; je suis certainqu’après une courte explication tout malentendu cessera entrenous.

Nathan flaira un piège ; l’Araignée, enlui parlant, avait des façons patelines qui ne le rassuraient quemédiocrement. La proposition qui lui était faite n’était nullementde son goût ; mais, comme il n’était pas le plus fort, quetout échappatoire lui manquait, il se résigna, quoique bien àcontre-cœur, à suivre l’Araignée et à retourner à la hutte del’Unicorne.

– Marchons, dit-il à l’Indien.

Nathan suivit silencieusement l’Araignée.

L’Unicorne était assis devant sa hutte,entouré des principaux chefs ; près de lui se tenait laGazelle blanche appuyée sur le canon de son rifle dont la crossereposait à terre.

Lorsque le prétendu sorcier arriva, lesIndiens ne montrèrent ni par leurs gestes ni par le jeu de leurphysionomie qu’ils sussent qui il était.

L’Américain promena un regard sournois surl’assemblée.

– Je suis frit ! murmura-t-il toutbas, ils sont trop calmes.

Cependant il se plaça devant eux, croisa lesbras sur sa poitrine et attendit.

Alors la Gazelle blanche leva la tête, et,fixant sur lui un regard implacable :

– Nathan, lui dit-elle d’un ton qui fitcourir un frisson de terreur dans ses veines, les chefs demandentque vous accomplissiez un de ces miracles dont les sorciers deleurs tribus ont le secret et dont ils sont si prodigues.

Tous les yeux se tournèrent vers l’Américainavec curiosité ; chacun attendait sa réponse afin de jugers’il était un homme de cœur ou un lâche. Celui-ci le comprit, ilhaussa les épaules avec dédain et répondit en souriant d’un air demépris :

– Les Comanches sont des chiens et desvieilles femmes, les chasseurs de ma nation les chassent à coups defouet. Eux qui se prétendent si fins, un blanc les a trompés, etsans vous, niña, le diable m’emporte s’ils m’auraient reconnu.

– Ainsi vous avouez que vous n’êtes pasun sorcier indien ?

– Oui, pardieu ! Cette peau indiennedont je me suis affublé sent trop mauvais, elle me pèse sur lesépaules ; je la rejette pour reprendre ma personnalité que jen’aurais jamais dû quitter.

La Gazelle blanche se tourna en souriant versl’Unicorne.

– Le chef voit, dit-elle.

– Je vois, répondit-il ; ets’adressant à l’Américain : Mon frère est un guerrier dans sanation ? lui demanda-t-il.

Celui-ci ricana.

– Je suis, répondit-il intrépidement,fils du Cèdre-Rouge, l’implacable ennemi de votre racemaudite ; mon nom est Nathan. Faites de moi ce que vousvoudrez, chiens, mais vous n’arracherez pas une plainte de meslèvres, une larme de mes yeux, un soupir de ma poitrine.

À ces hautaines paroles, un murmure desatisfaction parcourut les rangs des chefs.

– Ah ! dit l’Unicorne à qui laGazelle blanche avait parlé à l’oreille. Que venait donc faire lefils du Cèdre-Rouge dans le camp des Comanches ?

– Je serais fort embarrassé de vous ledire, chef, répondit franchement le jeune homme. Je ne vouscherchais pas, je ne voulais que traverser vos lignes etm’échapper, voilà tout.

Un sourire d’incrédulité se dessina sur leslèvres de la Gazelle blanche.

– Nathan nous prend-il pour des enfantsque l’on puisse tromper avec de pareilles sornettes ?dit-elle.

– Croyez ce que vous voudrez, cela m’estégal ; je vous ai répondu la vérité.

– Vous ne nous persuaderez pas que vousvous soyez introduit à l’aide d’un déguisement parmi vos ennemissans vous en douter.

– By God ! vous y êtesbien, vous, niña ; l’un n’est pas plus extraordinaire quel’autre, je suppose. Du reste, je vous le répète, c’est le hasardqui a tout fait.

– Hum ! c’est peu probable ;votre père et vos frères se trouvent sans doute, toujours par suitedu même hasard, aux environs, n’est-ce pas ?

– Quant à eux, je veux bien que le diableme torde le cou si je sais où ils sont en ce moment !

– J’attendais cette réponse de votrepart ; malheureusement des guerriers ont été disséminés danstoutes les directions, et bientôt ils les trouveront.

– Je ne crois pas. Après cela, je m’enmoque : tant mieux pour eux s’ils échappent, tant pis s’ilstombent entre vos mains !

– Je n’ai pas besoin, n’est-ce pas, devous dire le sort qui vous attend ?

– Je le connais depuis longtemps :les dignes Peaux Rouges vont se divertir probablement à m’écorchertout vif, à me brûler à petit feu, ou à me faire quelque autregentillesse de leur façon. Grand bien leur fasse !

– Et si on vous donnait la vie sauve,vous ne consentiriez pas à révéler où se trouvent votre père et vosfrères, ainsi que votre digne ami Fray Ambrosio ?

– Ma foi non. Voyez-vous, je suis unbandit sans foi ni loi, je vous l’accorde ; mais, niña, je nesuis ni un traître ni un délateur. Réglez-vous là-dessus, et sivous êtes curieuse de voir un homme bien mourir, je vous engage àassister à mon supplice.

– Eh bien ? demanda l’Unicorne à lajeune fille.

– Il ne veut pas parler, répondit-elle.Bien qu’il assure que non et qu’il montre une grande résolution,peut-être les tortures que vous lui ferez subir auront-elles raisonde son courage, et consentira-t-il à parler.

– Ainsi, reprit le chef, l’avis de masœur est de…

– Mon avis, interrompit-elle vivement,est d’être sans pitié pour lui comme il l’a été pour lesautres.

– Bon !

L’unicorne fit un geste en désignantl’Américain.

– Emmenez le prisonnier, dit-il, et quetout se prépare pour la torture.

– Merci ! répondit Nathan ; aumoins vous ne me faites pas languir, c’est une consolation.

– Attends, pour te réjouir, que lapremière épreuve soit subie, lui dit ironiquement la Gazelleblanche.

Nathan ne répondit pas, et s’éloigna ensifflant entre ses dents emmené par deux guerriers.

Ceux-ci l’attachèrent solidement au tronc d’unmélèze et le laissèrent seul après s’être assurés que toutmouvement lui était interdit et que, par conséquent, toute fuiteétait impossible.

Le jeune homme les regarda s’éloigner, puis ilse laissa tomber sur le sol en murmurant insoucieusement :

– Le déguisement était bonpourtant ; sans cette diablesse de femme, je suis certainqu’il aurait réussi.

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