La Loi de Lynch

Chapitre 40La loi de Lynch.

Avant que d’aller plus loin, nous expliqueronsen quelques mots ce que c’est que cette loi de Lynch dont plusieursfois nous avons parlé dans le cours de ce récit et qui joue un sigrand rôle non-seulement dans les prairies de l’Amériqueseptentrionale, mais encore dans certains comtés desÉtats-Unis.

Bien que nous autres Européens nous nousétonnions avec raison que dans une société morale une monstruositécomme la loi de Lynch puisse exister, malgré cela, pour être justeenvers les Américains, et bien que nous devions désapprouver leursystème actuel dérivé de la loi originelle de Lynch, on est forcéd’avouer que dans le principe cette loi fut le résultatd’impérieuses circonstances. La loi de Lynch n’était dans lespremiers temps de l’arrivée des pères pèlerins sur la terre dePlymouth que le châtiment imposé par une communauté privée de touteloi, qui ne pouvait avoir recours qu’à sa propre justice pour punirune offense.

Aujourd’hui, dans les grands centres del’Union, cette loi n’est au contraire que l’exercice illégal dupouvoir par une majorité en opposition avec les lois du paysqu’elle brave, ainsi que les peines infligées par ces lois.

Dans les nouveaux établissements où lapopulation est rare et qui, d’après la constitution, doivent avoirun certain nombre d’habitants pour être reconnus comme districts,jusqu’à cette reconnaissance, ceux qui sont venus chercher leurexistence sur ces établissements au milieu des bandits de toutessortes, contre lesquels ils ne peuvent en appeler à aucuneprotection légale, sont forcés de se protéger eux-mêmes et derecourir à la loi de Lynch.

Dans les prairies du Far West cette loi estpositivement semblable à l’ancien talion des Hébreux.

Nous ne nous étendrons pas davantage sur cetteloi de Lynch, si obscure quant à son origine que son nom même estune énigme sans mot, bien que quelques personnes prétendent, à tortselon nous, que Lynch était un fermier qui le premier appliquacette loi ; la seule difficulté qu’il y ait pour la véracitéde cette histoire, c’est que la loi de Lynch exista, ainsi que nousl’avons dit, en Amérique, dès le premier jour que les Européens ydébarquèrent. Seulement, sans prétendre garantir autrementl’authenticité de notre assertion, il est évident que la loi deLynch n’a réellement commencé à être appliquée dans les provincescivilisées de l’Union que dans les dernières années dusiècle ; alors elle était beaucoup plus sommaire, un réverbèreétait décroché et la victime hissée à sa place : du reste nouscroyons que le mot lynch n’est qu’un dérivé ou, si l’onaime mieux, une corruption du mot light (lumière).

Nous reprendrons à présent le cours de notrerécit.

Quatre jours après les événements que nousavons rapportés dans notre précédent chapitre, le camp del’Unicorne offrait un aspect étrange. Non seulement il renfermaitdes guerriers indiens appartenant à toutes les nations alliées dela nation des Comanches, mais encore beaucoup de chasseurs, detrappeurs blancs et de métis étaient accourus de tous les points dela prairie afin de juger les prisonniers faits quelques joursauparavant et de leur appliquer la loi de Lynch ainsi qu’elle estcomprise dans la prairie.

Le père Séraphin, qui se trouvait en ce momentau camp occupé à prodiguer ses soins et ses consolations àMme Guillois dont le mal était arrivé à sa dernièreet fatale période, et qui se sentait tout doucement mourir, avaitcherché à s’opposer de tout son pouvoir au jugement desprisonniers.

Vainement il avait représenté aux Indiens etaux blancs qu’il y avait des magistrats intègres aux États-Unis,qu’ils sauraient faire appliquer les lois et punir lescoupables ; ses efforts n’avaient obtenu aucun résultat, et ilavait été obligé de se retirer le cœur navré.

Ne pouvant sauver les prisonniers, il avaitvoulu les préparer convenablement à la mort ; mais là encorele digne missionnaire avait échoué : il avait trouvé desmisérables au cœur atrophié et bronzé par le vice qui n’avaientrien voulu entendre et s’étaient moqués de lui.

Chose singulière, depuis que ces trois hommesétaient tombés entre les mains de leurs ennemis, ils n’avaient paséchangé une parole ; accroupis chacun dans un coin de la huttequi leur servait de prison, sombres comme des bêtes fauves, ilss’évitaient autant que les liens qui les attachaient leurpermettaient de le faire.

Seule, Ellen passait au milieu d’eux commel’ange de la consolation, leur prodiguant de douces paroles etcherchant surtout à adoucir les derniers jours de son père.

Le Cèdre-Rouge, lui, ne vivait plus que pouret par sa fille ; chaque sourire de la pauvre enfant qui luicachait ses larmes faisait éclore un sourire sur son visage flétriet ravagé par les passions ; s’il avait pu revenir au bien,certes, son amour paternel eût accompli ce prodige ; mais ilétait trop tard, tout était mort dans ce cœur qui ne renfermaitplus qu’un sentiment, un seul, l’amour paternel à la façon destigres et des panthères.

– Est-ce enfin pour aujourd’hui, monenfant ? demanda-t-il à la jeune fille.

– Je ne sais, mon père, répondit-elletimidement.

– Je te comprends, ma pauvre chérie, tucrains de m’affliger en me disant la vérité ; maisdétrompe-toi, lorsqu’un homme comme moi est tombé aussi bas que jele suis, le seul bien qu’il ambitionne, c’est la mort, et tiens,voilà qui me répond : le juge lynch va commencer sonoffice ; il aura ample curée aujourd’hui, ajouta-t-il enricanant.

On faisait en ce moment même grand bruit dansle camp.

Trois poteaux avaient été dressés le matin, etautour de ces trois poteaux la population élisait tumultueusementles juges chargés de venger la vindicte publique.

Les juges choisis furent au nombre desept.

Voici leurs noms :

Valentin, Curumilla, l’Unicorne, le Chat-Noir,l’Araignée et deux autres chasseurs des Comanches.

Où avait eu soin de ne pas mettre au nombredes juges ceux qui avaient des accusations à porter contre lesprisonniers.

À midi précis, il se fit un silence de plombdans l’assemblée.

Une troupe de guerriers et de trappeurs avaitété chercher les prisonniers à la prison pour les conduire devantles juges réunis en face des potences.

Bien que ses efforts pour éveiller quelquesbons sentiments dans le cœur des bandits eussent échoué, le pèreSéraphin avait voulu les accompagner et les exhorter jusqu’audernier moment.

Il marchait à droite du Cèdre-Rouge et Ellen àsa gauche.

Lorsque les prisonniers furent arrivés devantle tribunal, Valentin, nommé président malgré lui, appela lesaccusateurs.

Ils se présentèrent aussitôt.

Ils étaient cinq.

C’étaient don Miguel Zarate, don Pablo deZarate, son fils, Andrès Garote, la Gazelle blanche et le Blood’sSon.

Valentin prit la parole d’une voix haute etferme :

– Cèdre-Rouge, dit-il, vous êtes jugéselon la loi de Lynch, vous allez entendre les crimes dont on vousaccuse ; entière liberté vous est laissée pour vousdéfendre.

Le squatter haussa les épaules.

– Votre loi de Lynch est stupide, dit-ilavec dédain ; elle ne sait que tuer sans que la douleur aitseulement le temps de se faire jour ; au lieu de ce moyen devengeance absurde, attachez-moi au poteau de torture pendant toutun jour, et alors vous vous divertirez, car vous verrez comment unguerrier sait regarder la mort en face et supporter la douleur.

– Vous vous trompez sur nosintentions ; nous ne nous vengeons pas, nous vouspunissons ; le poteau est réservé pour les guerriers braves etsans reproche : les criminels ne sont dignes que de lapotence.

– Comme il vous plaira, répondit-ilinsoucieusement ; ce que j’en disais, c’était pour vous faireplaisir.

– Quelles sont les personnes qui ont desgriefs contre le Cèdre-Rouge ? reprit Valentin.

– Moi, don Miguel de Zarate.

– Moi, don Pablo de Zarate.

– Moi, que l’on nomme le Blood’s Son,mais qui pourrai révéler mon véritable nom si le Cèdre-Rouge ledésire.

– C’est inutile, fit-il d’une voixsourde.

– Moi, la Gazelle blanche.

– Formulez vos accusations.

– J’accuse cet homme d’avoir enlevé mafille, qu’il a ensuite lâchement assassinée, dit don Miguel ;je l’accuse, en outre, d’avoir causé la mort du général Ibañez, monami.

– Qu’avez-vous à répondre ?

– Rien.

– Que dit le peuple ? repritValentin.

– Nous attestons, répondirent d’une seulevoix les assistants.

– J’accuse cet homme des mêmes crimes,dit don Pablo, il a enlevé et tué ma sœur.

– J’accuse cet homme d’avoir brûlé lamaison de mon père et de ma mère, d’avoir assassiné mes parents etde m’avoir livrée à des bandits pour m’élever dans le crime, dit laGazelle blanche.

– Moi, dit le Blood’s Son, je l’accusedes mêmes crimes ; le père de cette jeune fille était monfrère.

Il y eut un mouvement d’horreur dansl’assemblée.

Valentin, ayant consulté les juges à voixbasse :

– Le Cèdre-Rouge, reconnu coupable àl’unanimité, est condamné à être scalpé, puis pendu.

Sutter fut condamné à être penduseulement ; les juges eurent égard à sa jeunesse et auxmauvais exemples qu’il avait constamment eus sous les yeux.

Le tour du moine était arrivé.

– Un instant, dit le Blood’s Son ens’avançant ; cet homme est un misérable aventurier qui n’a pasle droit de porter la robe que depuis si longtemps ildéshonore ; je demande qu’avant de dire ses crimes on l’endépouille.

– À quoi bon perdre votre temps àm’accuser et à faire toutes vos simagrées de justice ?répondit ironiquement Fray Ambrosio. Vous tous qui nous jugez, vousêtes aussi criminels que nous ; vous êtes des assassins, carvous usurpez sans aucun droit un mandat qui ne vous appartient pas.Cette fois, par hasard, vous frappez juste ; dans mille autrescirconstances, dominés par la populace qui nous environne, vouscondamnez des innocents. Ce sont mes crimes que vous voulez savoir,je vais vous les dire, moi. Cet homme a raison, je ne suis pasmoine, je ne l’ai jamais été ; j’ai commencé par la débauche,j’ai fini par le crime. De complicité avec le Cèdre-Rouge, j’aiincendié des fermes dont j’ai brûlé ou assassiné les habitants pourles voler ensuite. J’ai été, avec le Cèdre-Rouge encore, chasseurde chevelures ; j’ai aidé à enlever cette jeune fille qui estlà. Quoi encore ? j’ai tué, pour lui voler le secret d’unplacer, le père de ce gambucino. Que voulez-vous de plus ?Inventez les crimes les plus atroces et les plus hideux, je les aitous commis. Maintenant prononcez votre jugement, exécutez-le, vousne parviendrez pas à me faire dire une parole de plus ; jevous méprise, vous êtes des lâches !

Après avoir prononcé ces odieuses paroles avecun cynisme révoltant, le misérable promena un regard provocateursur l’assemblée.

– Vous êtes condamné, lui dit Valentinaprès avoir recueilli les voix, à être scalpé, à être pendu par lesaisselles, à être enduit de miel, et à demeurer pendu jusqu’à ceque les mouches et les oiseaux du ciel vous aient dévoré.

En entendant cette sentence terrible le banditne put réprimer un mouvement de terreur, tandis que le peupleapplaudissait avec frénésie à cette sévère justice.

– Maintenant les jugements vont êtreexécutés, dit Valentin.

– Un instant ! s’écria l’Unicorne ense levant d’un bond et allant se placer devant les juges. Pour cequi regarde le Cèdre-Rouge, la loi n’a pas été suivie ; nedit-elle pas œil pour œil, dent pour dent ?

– Oui, oui ! s’écrièrent les Indienset les trappeurs.

Frappé d’une espèce de pressentiment, leCèdre-Rouge trembla et sentit son cœur se serrer.

– Oui, dit le Blood’s Son d’une voixcreuse, le Cèdre-Rouge a tué doña Clara, la fille de donMiguel : sa fille Ellen doit mourir.

Les juges eux-mêmes reculèrent épouvantés.

Le Cèdre-Rouge poussa un rugissementterrible.

Seule, Ellen ne trembla pas.

– Je suis prête à mourir, dit-elle d’unevoix douce et résignée. Hélas, pauvre jeune fille ! Dieu saitavec quelle joie j’aurais donné ma vie pour sauver la sienne.

– Ma fille ! s’écria le Cèdre-Rougeavec désespoir.

– C’est ainsi que criait don Miguelpendant que vous assassiniez lâchement son enfant, réponditcruellement le Blood’s Son : œil pour œil, dent pourdent !

– Oh ! c’est horrible ce que vousfaites là, mes frères, s’écria le père Séraphin. C’est le sanginnocent que vous versez, il retombera sur vos têtes. Dieu vouspunira. Par pitié, mes frères, par pitié, ne tuez pas cetteinnocente jeune fille !

Sur un signe de l’Unicorne, quatre guerrierss’emparèrent du missionnaire, et, malgré ses efforts, tout en usantde grands ménagements avec lui, ils l’enlevèrent et le conduisirentà la hutte du chef, où ils le gardèrent à vue.

Valentin et Curumilla cherchaient vainement às’opposer à cet acte barbare ; les Indiens et les trappeurs,travaillés par le Blood’s Son, réclamaient à grands crisl’exécution de la loi et menaçaient de se faire justiceeux-mêmes.

En vain don Miguel et son fils suppliaientl’Unicorne et le Blood’s Son ; ils ne pouvaient rienobtenir.

Enfin l’Unicorne, fatigué des prières du jeunehomme, saisit Ellen par les cheveux, lui plongea son couteau dansle cœur, et la lui jeta dans les bras en lui criant :

– Son père a tué ta sœur, et tu priespour elle ! tu es un lâche !

Valentin, à cette action inqualifiable, cachason visage dans ses mains et s’enfuit.

Les assistants applaudirent avec frénésie.

Le Cèdre-Rouge se tordait en écumant dans lesliens qui l’enchaînaient ; en voyant tomber Ellen expirante,une révolution s’était faite en lui ; il ne criait plus qu’unmot avec une expression déchirante :

– Ma fille ! ma fille !

Le Blood’s Son et la Gazelle blanche furentimplacables, ils assistèrent impassibles à l’exécution du jugementrendu contre les prisonniers.

Le Cèdre-Rouge et son fils ne souffrirent paslongtemps, bien que le premier eût été scalpé d’abord ; lafolie qui s’était emparée de lui le rendit insensible à tout.

Celui qui souffrit un supplice auquel nulautre n’est comparable, ce fut Ambrosio ; le misérable setordit pendant vingt-deux heures dans des souffrances inimaginablesavant que la mort vînt mettre un terme à ses effroyablestortures.

Aussitôt que les coupables eurent étéexécutés, le Blood’s Son et la Gazelle blanche montèrent à chevalet s’éloignèrent au galop.

Depuis, jamais on n’a entendu parler d’eux,nul ne sait ce qu’ils sont devenus…

*

**

C’était le huitième jour après l’horribleapplication de la loi de Lynch que nous avons rapportée, vers lesoir, un peu avant le coucher du soleil.

Toutes traces du supplice avaient disparu. Lecamp de l’Unicorne était toujours établi au même endroit ; lechef lui-même avait exigé que sa tribu demeurât provisoirement oùelle était, à cause de la maladie de Mme Guillois,dont l’état réclamait le repos le plus absolu.

La pauvre dame se sentait mourir peu à peu, dejour en jour elle s’affaiblissait davantage, et, douée de cettelucidité que Dieu donne parfois aux mourants, elle regardait venirla mort en souriant, tout en cherchant à consoler son fils de saperte.

Mais Valentin, qui après tant d’années n’avaitrevu sa mère que pour s’en séparer à jamais, étaitinconsolable.

Privé de don Miguel et de son fils qui étaientretournés au Paso del Norte en emmenant avec eux le corps del’infortunée Ellen, le chasseur pleurait sur le sein de Curumilla,qui pour toute consolation ne savait que pleurer avec lui et luidire :

– Le Grand-Esprit rappelle la mère de monfrère, c’est qu’il l’aime.

Phrase bien longue pour le digne chef et quimontrait l’intensité de sa douleur.

Le jour où nous reprenons notre récit,Mme Guillois était étendue sur un hamac devant sahutte, le visage tourné vers le soleil couchant.

Valentin était debout à sa droite, le pèreSéraphin à sa gauche et Curumilla auprès de son ami.

Le visage de la malade avait une expressionradieuse, ses yeux brillaient d’un vif éclat et une légère nuanceincarnadine dorait ses joues ; elle semblait heureuse.

Les guerriers, s’associant à la douleur deleur frère adoptif, étaient silencieusement accroupis auprès de lahutte.

La soirée était magnifique ; la brise quicommençait à se lever agitait doucement les feuilles desarbres ; le soleil se couchait dans un flot de vapeurs iriséesde mille nuances changeantes.

La malade prononçait parfois des parolesentrecoupées que son fils recueillait religieusement.

Au moment où le soleil disparut derrière lespics neigeux des montagnes, la malade se souleva comme poussée parune force irrésistible ; elle promena autour d’elle un regardcalme et limpide, posa ses deux mains sur la tête du chasseur, etprononça ce seul mot avec un accent rempli d’une mélodieétrange :

– Adieu !

Puis elle retomba.

Elle était morte.

Par un mouvement instinctif, tous lesassistants s’agenouillèrent.

Valentin se courba sur le corps de sa mère,dont le visage avait conservé cette auréole de beauté céleste,dernière parure de la mort ; il lui ferma les yeux, l’embrassaà plusieurs reprises, et, serrant dans les siennes sa main droitequi pendait hors du hamac, il pria.

Toute la nuit se passa ainsi sans que personneabandonnât la place.

Au point du jour, le père Séraphin, aidé parCurumilla qui lui servit de sacristain, dit l’office des morts puisle corps fut inhumé ; tous les guerriers indiens assistèrent àla cérémonie.

Lorsque tout le monde se fut retiré, Valentins’agenouilla devant la fosse, et quelques instances que lui fissentle missionnaire et le chef indien, il voulut, cette nuit encore,veiller auprès de sa mère morte.

Au point du jour, ses deux amisrevinrent ; ils le retrouvèrent agenouillé et priant ; ilétait pâle ; ses traits étaient fatigués ; ses cheveux,si noirs la veille, étaient maintenant mêlés de mèchesblanches.

Que s’était-il passé pendant cette longuenuit ? Quel secret la mort avait-elle révélé auvivant ?

Le père Séraphin chercha à lui rendre lecourage. Le chasseur, à toutes les saintes exhortations du prêtre,secouait tristement la tête.

– À quoi bon ? disait-il.

– Oh ! lui dit enfin lemissionnaire, Valentin, vous si fort, vous voilà faible comme unenfant ; la douleur vous terrasse sans combat ; vousrefusez la lutte ; vous oubliez que vous ne vous appartenezpas, enfin.

– Moi ! s’écria-t-il ;hélas ! que me reste-t-il à présent ?

– Dieu ! dit le prêtre d’une voixsévère en lui montrant le ciel.

– Et le désert ! lui dit Curumillaen étendant le bras du côté du soleil levant.

Un éclair s’alluma comme une flamme dans l’œilnoir du chasseur ; il secoua la tête à plusieurs reprises,jeta sur la tombe un regard chargé de tendresse, en disant d’unevoix brisée :

– Au revoir, ma mère !

Et, se tournant vers le chef indien :

– Partons ! dit-il résolument.

Valentin allait recommencer une nouvelleexistence.

FIN

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