La Loi de Lynch

Chapitre 39Le sanglier aux abois.

Don Pablo sortit en courant de la grotte, etrejoignit en toute hâte Andrès Garote.

Le gambucino dormait toujours.

Le jeune homme eut assez de peine à leréveiller. Enfin il ouvrit les yeux, se dressa sur son séant, sedétira pendant assez longtemps, enfin, lorsqu’il aperçut lesétoiles :

– Quelle mouche vous pique ? dit-ild’un ton de mauvaise humeur ; laissez-moi dormir, à peine sij’ai eu le temps de faire un somme ; le jour est loinencore.

– Je le sais mieux que vous, puisque jene me suis pas couché, répondit don Pablo.

– C’est le tort que vous avez eu, fitl’autre en bâillant à se démettre la mâchoire. Croyez-moi, dormez,bonsoir !

Et il essaya de se recoucher ; mais lejeune homme ne lui en laissa pas le temps.

– Il est bien temps de dormir, dit-il enlui enlevant son zarapé, dont l’autre cherchait en vain às’envelopper.

– Ah çà ! vous êtes donc enragé,pour me tourmenter ainsi ? s’écria-t-il avec colère. Voyons,que se passe-t-il de nouveau ?

Don Pablo lui raconta ce qu’il avait fait.

Le gambucino l’écouta avec la plus profondeattention ; lorsque son récit fut terminé, il se gratta latête avec embarras, et répondit :

– Demonios ! c’estgrave ! c’est excessivement grave ! Tous ces amoureuxsont fous ! Vous nous avez fait manquer notre expédition.

– Croyez-vous ?

– Canelo ! j’en suissûr ; le Cèdre-Rouge est un vieux coquin, malin comme unoppossum ; maintenant il a l’éveil, bien fin quil’attrapera.

Don Pablo le regardait avec un visageconsterné.

– Que faire ? disait-il.

– Décamper ; c’est le plus sûr. Vouscomprenez bien que l’autre est à présent sur ses gardes.

Il y eut un assez long silence entre les deuxinterlocuteurs.

– Ma foi ! dit tout à coup legambucino, je n’en aurai pas le démenti, je veux jouer un tour dema façon au vieux diable.

– Quel est votre projet ?

– Cela me regarde ; si vous aviez euplus de confiance en moi, tout cela ne serait pas arrivé, nousaurions arrangé les choses à la satisfaction générale. Enfin, cequi est fait est fait, je vais essayer de réparer votre maladresse.Quant à vous, allez-vous-en.

– Que je m’en aille ! Oùcela ?

– Au bas de la montagne ; seulement,ne remontez pas sans que nos compagnons soient avec vous ;vous leur servirez de guide pour se rendre ici.

– Mais vous ?

– Moi ? Ne vous inquiétez pas demoi. Adieu.

– Enfin, dit le jeune homme, je vouslaisse libre de faire comme vous l’entendrez.

– Vous auriez dû plus tôt prendre cetterésolution. Ah ! à propos, laissez-moi votre chapeau,voulez-vous ?

– De grand cœur ; mais vous en avezun.

– J’ai besoin d’un second, probablement,Ah ! encore un mot.

– Dites.

– Si par hasard vous entendiez du bruit,des coups de fusil, que sais-je, moi ? en descendant, ne vousen inquiétez pas, et surtout ne remontez pas.

– Bon, c’est convenu, adieu !

– Adieu !

Après avoir jeté son chapeau au gambucino, lejeune homme plaça son fusil sur son épaule, et se mit à descendrela montagne ; il disparut bientôt dans les innombrablessinuosités du sentier.

Aussitôt qu’Andrès Garote se vit seul, ilramassa le chapeau de don Pablo et le lança à toute volée dans leprécipice, puis il le suivit des yeux dans sa course.

Après avoir tournoyé assez longtemps en l’air,le chapeau toucha une pointe de rocher, rebondit, et finit enfinpar s’arrêter à une assez grande profondeur sur le flanc de lamontagne.

– Bon ! dit le gambucino avecsatisfaction, il est bien là ; à autre chose maintenant.

Andrès Garote s’assit alors sur le sol, pritson rifle et le déchargea en l’air ; saisissant immédiatementun des pistolets qu’il portait en ceinture, il étendit le brasgauche et lâcha la détente : la balle lui traversa les chairsde part en part.

– Caramba ! fit-il en selaissant aller tout de son long sur le sol, cela fait plus de malque je ne croyais ! enfin c’est égal, le principal c’est queje réussisse ; à présent, attendons le résultat.

Un quart d’heure à peu près se passa sans querien ne troublât le silence du désert.

Andrès, toujours étendu, geignait et seplaignait de façon à attendrir les pierres. Enfin un léger bruit sefit entendre à une légère distance.

– Eh ! murmura le gambucino quisurveillait sournoisement ce qui se passait, je crois que cela mordet que le poisson est dans la nasse.

– Qui diable avons-nous là ? dit unevoix rude ; voyez donc, Sutter.

Andrès Garote ouvrit les yeux et reconnut leCèdre-Rouge et son fils.

– Ah ! fit-il d’un ton dolent ;c’est vous, vieux squatter. D’où diable sortez-vous ? Sij’attendais quelqu’un, ce n’était certes pas vous, bien que je soischarmé de vous rencontrer.

– Je connais cette voix, dit leCèdre-Rouge.

– C’est Andrès Garote, le gambucino,répondit Sutter.

– Oui, c’est moi, mon bon Sutter, dit leMexicain. Ah ! aie ! que je souffre !

– Ah çà, qu’est-ce que vous avez etcomment vous trouvez-vous ici ?

– Vous y êtes bien, vous, repritaigrement l’autre. Cuerpo de Dios ! tout a été de mal en pispour moi depuis que j’ai quitté mon rancho pour venir dans cetteprairie maudite.

– Voulez-vous répondre, oui ou non ?fit le Cèdre-Rouge en frappant avec colère la crosse de son riflesur le sol et en lui jetant un regard soupçonneux.

– Eh ! je suis blessé, cela se voitde reste : j’ai une balle dans le bras et le corps toutcontusionné. Santa Maria ! que je souffre ! Mais c’estégal, le brigand qui m’a si bien arrangé ne fera plus de mal àpersonne.

– Vous l’avez tué ? demanda vivementle squatter.

– Un peu ! Tenez, là, dans ceprécipice ; regardez, vous verrez son corps.

Sutter se pencha.

– Je vois un chapeau, dit-il au bout d’uninstant ; le corps ne doit pas être loin.

– À moins qu’il ait roulé jusqu’au fondde la barrauca, reprit Andrès.

– Ce qui est probable, appuya Sutter, carle roc est presque à pic.

– Oh ! demonios ! nuestraseñora ! que je souffre ! geignit le gambucino.

Le squatter s’était à son tour penché sur leprécipice. Il avait reconnu le chapeau de don Pablo ; ilpoussa un soupir de satisfaction et revint près d’Andrès.

– Voyons, dit-il d’un ton radouci, nousne pouvons toute la nuit rester là ; peux-tumarcher ?

– Je ne sais pas, j’essayerai.

– Essaye donc, au nom dudiable !

Le gambucino se leva avec des peines infinieset essaya de faire quelques pas, mais il retomba.

– Je ne peux pas, dit-il avecdécouragement.

– Bah ! fit Sutter, je vais lemettre sur mon dos, il n’est pas bien lourd.

– Fais vite et finissons-en.

Le jeune homme se baissa, prit le gambucinodans ses bras et le plaça sur ses épaules avec autant de facilitéque s’il n’eût été qu’un enfant.

Dix minutes plus tard, Andrès Garote étaitdans la grotte, étendu devant le feu, et Fray Ambrosio lui bandaitle bras.

– Eh ! compañero, dit le moine, tuas été fort adroitement blessé.

– Comment cela ? demanda le Mexicainavec inquiétude.

– Ma foi ! oui : une blessureau bras gauche ne t’empêcherait pas, en cas d’alerte, de faire lecoup de feu avec nous.

– Je le ferai, soyez-en persuadé,répondit-il avec un accent singulier.

– Avec tout cela, tu ne m’as pas dit parquel hasard tu te trouvais dans la montagne, reprit leCèdre-Rouge.

– Par un hasard bien simple : depuisla destruction et la dispersion de notre pauvre cuadrilla, j’errede tous les côtés comme un chien sans maître ; chassé par lesIndiens pour avoir ma chevelure, poursuivi par les blancs pour êtrependu, comme ayant fait partie de la bande du Cèdre-Rouge, je nesais où me réfugier. Il y a deux ou trois jours déjà que le hasardm’a conduit dans cette sierra ; cette nuit, au moment où,après avoir mangé une bouchée, j’allais tâcher de dormir, unindividu que l’obscurité m’a empêché de reconnaître s’est jeté àl’improviste sur moi ; vous savez le reste, mais c’est égal,son compte est bon.

– Bien, bien, interrompit vivement leCèdre-Rouge, garde cela pour toi ; maintenant, bonsoir ;tu dois avoir besoin de repos, dors si tu peux.

La ruse du gambucino était trop simple et enmême temps trop adroitement ourdie pour ne pas réussir.

Nul ne peut supposer que, de gaieté de cœur,un individu s’amuse à se faire à soi-même une blessure grave. Cequi avait encore aidé à dissiper les soupçons du Cèdre-Rouge,c’était la vue du chapeau de don Pablo.

Comment croire que deux hommes de position, decœur et surtout de réputation si opposés pussent pactiserensemble ? Cela ne tombait pas sous le sens, tout étaitcroyable, excepté cela.

Aussi les bandits, qui reconnaissaient enGarote un des leurs, n’avaient-ils aucune méfiance de lui.

Le digne ranchero, heureux d’être introduitdans l’antre du lion, presque certain désormais de la réussite deson projet et trop habitué aux blessures pour se soucier beaucoupde celle qu’il s’était lui-même administrée avec une dextéritédigne d’éloges et qui prouvait son savoir-faire, reprit son sommeilinterrompu si brusquement par don Pablo et dormit tout d’une traitejusqu’au point du jour.

Lorsqu’il se réveilla, Fray Ambrosio étaitauprès de lui, en train de préparer le repas du matin.

– Eh bien, lui demanda le moine, commentvous sentez-vous à présent ?

– Beaucoup mieux que je ne l’auraissupposé, répondit-il ; le sommeil m’a fait du bien.

– Voyons votre blessure, compadre.

Andrès présenta son bras que le moinepansa.

Les deux hommes continuèrent à causer entreeux comme deux vieux amis charmés de se revoir après une longueabsence.

Soudain le Cèdre-Rouge accourut, son rifle àla main.

– Alerte ! alerte ! cria-t-il,voilà l’ennemi !

– L’ennemi ! fit le gambucino.Canelo ! où est mon rifle ? Si je ne puis pas me tenirdebout, je tirerai assis ; il ne sera pas dit que je n’ai pasaidé des amis dans l’embarras.

Sutter accourait en même temps d’un autre côtéen criant :

– Alerte !

Cette coïncidence étrange de deux attaquesfaites à la fois de deux côtés différents donna à réfléchir auCèdre-Rouge.

– Nous sommes trahis !s’écria-t-il.

– Par qui ? lui demanda effrontémentle gambucino.

– Par toi, peut-être ! répondit lesquatter avec colère.

Andrès se mit à rire.

– Vous êtes fou, Cèdre-Rouge, dit-il, ledanger vous fait perdre la tête ; vous savez bien que je n’aipas bougé d’ici.

Il fallait se rendre à l’évidence.

– Et pourtant, je jurerais que quelqu’unde nous a trahi, reprit le squatter avec rage.

– Au lieu de récriminer comme vous lefaites, dit Andrès avec un accent de dignité blessée parfaitementjouée, vous feriez mieux de fuir. Vous êtes un trop fin renard pourn’avoir qu’un trou à votre terrier ; toutes les issues nepeuvent être bouchées, que diable ! Pendant que vous vouséchapperez, moi, qui ne puis marcher, je soutiendrai la retraite,vous verrez alors si c’est moi qui vous ai trahi.

– Tu ferais cela ?

– Je le ferai.

– By God ! tu es un homme alors, etje te rends mon estime.

En ce moment, le cri de guerre des Comancheséclata strident à une des entrées du souterrain, tandis que d’uncôté opposé on entendait :

– Blood’s Son ! Blood’sSon !

– Hâtez-vous ! hâtez-vous !cria le gambucino en saisissant résolument son rifle jeté à sescôtés.

– Oh ! ils ne me tiennent pasencore ! répondit le Cèdre-Rouge en saisissant dans ses brasnerveux sa fille qui était accourue au premier bruit et se pressaittremblante à ses côtés.

Les trois bandits disparurent dans lesprofondeurs du souterrain.

Andrès bondit comme poussé par un ressort ets’élança à leur poursuite, suivi par une vingtaine de guerrierscomanches et apaches qui l’avaient rejoint et en tête desquels setrouvaient l’Unicorne, le Chat-Noir et l’Araignée.

Bientôt ils entendirent, répercuté par leséchos de la grotte, le crépitement de la fusillade.

La lutte était engagée.

Le Cèdre-Rouge s’était trouvé face à face avecValentin et ses compagnons en essayant de fuir par une issue qu’ilne croyait pas gardée.

Il se rejeta brusquement en arrière, mais ilavait été aperçu, et la fusillade avait immédiatement commencé.

C’était un combat terrible que celui quiallait se livrer sous les voûtes sombres de cette vaste grotte. Cesennemis implacables, enfin en présence, ne devaient attendre aucunemerci les uns des autres.

Cependant le Cèdre-Rouge ne se décourageaitpas. Tout en répondant vigoureusement aux coups de feu de sesadversaires, il regardait incessamment autour de lui afin dedécouvrir une issue nouvelle.

L’obscurité complète qui régnait dans lagrotte venait en aide aux bandits qui, grâce à leur petit nombre,s’abritaient derrière des quartiers de roc et évitaient les balles,tandis que leurs coups, tirés dans la masse compacte des ennemisqui se pressaient autour d’eux, portaient presque tous.

Tout à coup le squatter poussa un cri detriomphe, et, suivi de ses compagnons, il disparut comme parenchantement.

Les Indiens et les partisans se dispersèrentalors pour se mettre à la recherche des bandits.

Mais ils s’étaient évanouis sans laisser detraces.

– Nous ne les trouverons jamais de cettefaçon, cria Valentin ; nous risquons de tirer les uns sur lesautres. Que quelques guerriers se détachent pour aller couper destorches pendant que nous garderons toutes les issues.

– C’est inutile, dit Curumilla quiarrivait chargé de bois-chandelle.

Au bout d’un instant, la grotte resplendit delumière.

Alors le couloir latéral par lequel s’étaitévadé le Cèdre-Rouge s’offrit aux regards étonnés des Comanches,qui avaient vingt fois passé devant sans le voir. Ils l’envahirenten hurlant. Mais ils reculèrent aussitôt : ils avaient étéaccueillis à coups de rifle, et trois des leurs se tordaient dansles convulsions de l’agonie.

Ce couloir était bas, étroit, et allait enmontant ; il formait une espèce d’escalier. C’était, en somme,une redoutable position. Quatre hommes ne pouvaient quedifficilement s’y engager de front.

Dix fois les Comanches retournèrent à lacharge, dix fois ils furent contraints de reculer.

Les morts et les blessés s’entassaient dans lesouterrain.

La position devenait critique.

– Arrêtez ! cria Valentin.

Tout le monde s’immobilisa.

Alors Valentin, don Miguel, don Pablo,l’Unicorne, la Gazelle blanche, le Chat-Noir, le Blood’s Son etquelques autres chefs se réunirent en conseil.

Curumilla était sorti de la grotte avec unedouzaine de guerriers auxquels il avait fait signe de lesuivre.

Comme cela n’arrive malheureusement que tropsouvent dans les circonstances précaires, chacun émettait un avisdifférent sans qu’il fût possible de s’entendre.

En ce moment Curumilla parut, suivi de sesguerriers chargés comme lui de feuilles et de bois sec.

– Attendez ! dit Valentin endésignant le chef, c’est Curumilla qui a eu la seule bonneidée.

Les autres ne comprenaient pas encore.

– Allons, mes enfants ! cria lechasseur, un dernier assaut !

Les Comanches se précipitèrent avec fureurdans le couloir ; mais une nouvelle décharge les obligeaencore à reculer.

– Assez ! commanda le Français,voilà tout ce que je voulais savoir.

On lui obéit.

Valentin se tourna alors vers les chefs quil’accompagnaient.

– Il est évident, dit-il, que ce couloirn’a pas d’issue, dans le premier moment de précipitation, leCèdre-Rouge ne s’en est pas aperçu, sans cela il n’aurait pas étés’y jeter ; si ce couloir avait une issue, les bandits, aulieu de demeurer en embuscade, auraient profité du moment de répitque nous leur avons donné pour s’échapper.

– C’est vrai, répondirent les chefs.

– Ce que je vous apprends en ce moment,Curumilla l’avait deviné ; la preuve en est qu’il a trouvé leseul moyen d’obliger ces démons à se rendre : c’est de lesenfumer.

Des cris d’enthousiasme accueillirent cesparoles.

– Guerriers ! reprit Valentin, jetezdans cet antre le plus de bois et de feuilles que vouspourrez ; lorsqu’il y en aura un amas considérable, nous ymettrons le feu.

Chacun à l’envi l’un de l’autre, s’empressa delui obéir.

Le Cèdre-Rouge et ses compagnons, devinantprobablement l’intention de leurs ennemis, tâchaient de s’y opposeren faisant une fusillade incessante, mais les Indiens, rendusprudents par l’expérience, se plaçaient de façon à éviter lesballes, qui ne touchaient personne.

Bientôt l’entrée du couloir fut presqueobstruée par les matières inflammables de toutes sortes qu’on yavait entassées.

Valentin prit une torche allumée ; mais,avant de mettre le feu, il fit un geste pour commander le silence,et s’adressant aux assiégés :

– Cèdre-Rouge ! cria-t-il, on vavous enfumer ; voulez-vous vous rendre ?

– Allez au diable ! Françaismaudit ! répondit le squatter.

Et trois coups de feu servirent de péroraisonà cette réponse énergique.

– Attention, maintenant ! carlorsque ces démons se sentiront griller, ils tenteront un effortdésespéré, dit Valentin.

Il se baissa et jeta la torche sur le bûcher.Le feu pétilla aussitôt, et un épais nuage de fumée et de flammeforma un rideau devant le corridor.

Cependant chacun se tenait prêt à repousser lasortie des assiégés. Les Indiens savaient que le choc seraitrude.

Leur attente ne fut pas longue. Soudain ilsvirent bondir au milieu des flammes trois démons qui seprécipitèrent sur eux à corps perdu.

Alors, dans cet étroit espace, il y eut unemêlée affreuse qui dura quelques minutes.

Don Pablo, en apercevant le Cèdre-Rouge,s’était précipité sur lui. Malgré la résistance du bandit, ils’était emparé d’Ellen et l’avait emportée dans ses bras. Lesquatter rugissait comme un tigre, assommant tous ceux qui seprésentaient à ses coups. De leur côté, Sutter et Fray Ambrosiocombattaient avec cette résolution et ce courage d’hommes quisavent qu’ils vont mourir.

Mais cette lutte désespérée de trois contreplusieurs centaines ne pouvait longtemps durer.

Malgré tous leurs efforts, les trois hommesfurent enfin saisis avec des lassos et mis dans l’impossibilité defaire un mouvement.

– Tuez-moi, misérables ! hurlait leCèdre-Rouge avec désespoir.

Le Blood’s Son s’avança alors vers lui, et,lui touchant l’épaule :

– Vous serez jugé par la loi de Lynch,Cèdre-Rouge, lui dit-il.

À la vue du partisan, le squatter fit uneffort terrible pour briser ses liens et se précipiter surlui ; mais il ne put y réussir et retomba en écumant de ragesur la terre qu’il mordit.

Dès que le combat fut terminé, Valentin sehâta de sortir de la grotte pour respirer un air pur.

Le Rayon-de-Soleil l’attendait.

– Koutonepi, lui dit-elle, le père de laprière, Séraphin, m’envoie vers vous. Votre mère va mourir.

– Ma mère ! s’écria le chasseur avecdésespoir ; mon Dieu ! mon Dieu ! comment faire pourme rendre auprès d’elle ?

– Curumilla est prévenu,répondit-elle ; il vous attend au bas de la montagne avec deuxchevaux.

Le chasseur se précipita en courant comme unfou le long du sentier.

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