LA NUIT QUI NE FINIT PAS

— J’espère que vous trouverez bientôt la bohémienne.

— Nous ne cessons de la chercher, Mr. Rogers. Le coroner souhaite lui aussi, l’interroger.

Dehors, je tombai nez à nez avec Claudia Hardcastle qui sortait de la poste. Embarrassée, elle me dit :

— La nouvelle m’a beaucoup affligée, Mike. Je n’en dirai pas plus, car il doit être pénible de supporter les condoléances des amis.

— Vous avez été très bonne pour Ellie et votre affection lui fut précieuse.

— J’aimerais vous parler d’un sujet qui me tient à cœur. Ayant appris que vous allez bientôt partir pour l’Amérique, il importe que je sois fixée avant votre départ.

— Dites, je vous en prie.

— Eh bien, si… si vous partez, peut-être vendrez-vous le « Champ du Gitan » ? Dans ce cas, j’aimerais être la première à connaître votre prix.

Incrédule, j’insistai :

— Vous voulez dire que vous achèteriez la propriété ? Je croyais que vous n’aimiez pas ce genre d’architecture.

— Rudolph m’a dit que cette maison était son chef-d’œuvre. Je me doute que vous en exigerez une grosse somme. J’ai les moyens d’accepter votre prix.

Je ne pus m’empêcher de trouver cela bizarre. Au cours de ses visites passées, elle n’avait pas une fois manifesté de plaisir à contempler notre demeure. Son frère, auquel elle ne s’était jamais intéressée, aurait-il brusquement pris de l’importance à ses yeux ?

Je secouai lentement la tête tout en articulant :

— Je comprends que vous ayez pu imaginer que je me séparerais du « Champ du Gitan » après ce qui est arrivé à Ellie, mais je n’en ai nullement l’intention. Nous avons vécu heureux ici, et c’est l’endroit où je me la rappellerai le mieux. Je ne vendrai jamais le « Champ du Gitan ». Souvenez-vous en, ma chère.

Je la fixai dans les yeux et son regard défia le mien, mais elle baissa bien vite les paupières.

Prenant mon courage à deux mains, je lançai d’un trait :

— Pardonnez ma curiosité, mais on m’a dit que vous aviez été mariée. Votre époux s’appelait-il Stanford Lloyd ?

Elle hésita puis, en me murmurant un « oui » sec, me tourna le dos.

Les cookies permettent de personnaliser contenu et annonces, d'offrir des fonctionnalités relatives aux médias sociaux et d'analyser notre trafic. Plus d’informations

Les paramètres des cookies sur ce site sont définis sur « accepter les cookies » pour vous offrir la meilleure expérience de navigation possible. Si vous continuez à utiliser ce site sans changer vos paramètres de cookies ou si vous cliquez sur "Accepter" ci-dessous, vous consentez à cela.

Fermer