IX
12juillet.
Yves se rend chez nous chaque fois qu’il estlibre, – à cinq heures le soir, après le travail du bord.
Il est notre seul visiteur européen ; àpart quelques échanges de politesses et de tasses de thé avec desvoisins ou des voisines, nous vivons très retirés. À la nuitseulement, par les petites rues à pic, nous descendons à Nagasaki,portant des lanternes au bout de bâtonnets, pour aller nousdistraire dans les théâtres, les « maisons de thé » oules bazars.
Yves s’amuse de ma femme comme d’un joujou etcontinue de m’assurer qu’elle est charmante.
Moi, je la trouve exaspérante autant que lescigales de mon toit. Et quand je suis seul dans ce logis, à côté decette petite personne pinçant les cordes de sa guitare à longmanche, en face de ce merveilleux panorama de pagodes et demontagnes, – je me sens triste à pleurer…