SCÈNE V
BASSIK, MORIARTY, au premier étage de la maison dedroite
La porte de droite s’ouvre et les deuxhommes entrent à tâtons.
BASSIK. – Ici, on y voit unpeu mieux.
MORIARTY. – Approchez-vousavec précaution de la fenêtre, Bassik… Bassik obéit.Voyez-vous encore Mme Orlebar à la porte d’en face ?
BASSIK, regardant avecprécaution par le bow-window. – Non, monsieur.
MORIARTY. – Elle doit êtreentrée. Il a pris un fusil de forme spéciale qu’il porte surlui, démonté en deux parties qu’il rajuste.
BASSIK. – Qu’est-ce que c’estque cela ?
MORIARTY. – C’est une armeexcellente, Bassik… La détonation d’un fusil ordinaire eût faittrop de bruit, et la portée d’un revolver est incertaine… Avecceci, je suis certain d’atteindre mon but, à la place exacte oùj’aurai visé.
BASSIK. – Encore faut-il quele gibier passe à portée… Et je ne vois pas le nôtre…
MORIARTY. – Un peu depatience et ayez l’obligeance de baisser la fenêtre, Bassik… Jeveux prendre toutes les précautions pour assurer mon tir.
Bassik obéit.
BASSIK. – Vous êtes sûr quevotre main ne tremblera pas ?
MORIARTY. – Pas plus qu’ellene tremblait aux Indes pendant les nuits d’affût… Ah ! c’estun chagrin pour moi de supprimer un homme aussi remarquablementdoué que ce Sherlock Holmes, car son habileté est pour moi unvéritable régal intellectuel… Mais c’est sa faute… Je l’avaisaverti de se retirer de ma route… Il n’a pas voulu.
BASSIK. – Monsieur, il mesemble que la porte s’entr’ouvre.
MORIARTY. – Alors un genou àterre, Bassik… Il s’agenouille méthodiquement dans le creuxformé par le bow-window, l’arme en mains, le canon reposant àterre.