Sherlock Holmes

SCÈNE VI

LES MÊMES, FITTON, FLETCHER, JARVIS

Ils apparaissent vivement et sans bruitpar la porte, et examinent Alice avec surprise.

ALICE. – Je savais qu’ilsétaient cachés… Et je vois clairement votre plan… C’est à lui quevous en voulez tous.

Elle se dirige rapidement vers la fenêtrepour essayer de l’ouvrir, mais, n’y parvenant pas, elle va vers laporte du placard. Orlebar l’arrête au passage.

ORLEBAR. – Ne vous alarmezpas… Il ne s’agit que d’une plaisanterie sans conséquence.

ALICE. – Écoutez ! Vousdésirez ardemment ces lettres que je possède… Laissez-moi m’enaller, et je vous les rapporte ici, ou à tout autre endroit quevous m’indiquerez !

ORLEBAR. – Vous n’avez pasbesoin de vous déranger. Dites-moi seulement où elles setrouvent.

ALICE. – Je vous le dirai, sivous me promettez de renoncer à tout mauvais dessein contre celuique vous attendez.

ORLEBAR. – C’estentendu ! … Maintenant, dites où est le paquet.

ALICE. – Attaché au storegauche de la fenêtre de ma chambre… Vous le trouverezfacilement.

ORLEBAR. – Fiez-vous àmoi ! … remontant vers ses acolytes et leur parlant àmi-voix. Emparez-vous de mademoiselle, et emmenez-la d’icijusqu’à que Sherlock Holmes soit arrivé. Quand il aura franchicette porte, dites à Paddy Plum de garder la jeune personneenfermée dans sa voiture. Il ne faut pas qu’elle rentre à la maisonavant que j’y sois allé moi-même mettre la main sur le pot auxroses…

FLETCHER, bas. – Lacorde, Jarvis !

ORLEBAR. – Je suis désolé,mais nous allons être forcés de vous mettre en cage !

ALICE. – Vous m’avez promis,si je vous révélais mon secret… ORLEBAR. – De nefaire aucun mal à Sherlock Holmes ? Eh bien ! il n’a pasencore à se plaindre de nous !

ALICE. – Alors, renvoyez ceshommes !

ORLEBAR, avecironie. – Comment donc ? Se tournant vers lesautres. Allez vous-en, mes enfants ! Je n’ai plus besoinde vous !

Ils ne bougent pas.

ALICE, les regardantterrifiée. – Ils ne vous obéissent pas ! Ils sont…

Jarvis la saisit. Elle veut résister, maisFitton et Fletcher viennent à la rescousse et la ligotentrapidement. Fletcher tire de sa poche un foulard avec lequel il seprépare à la bâillonner. Le mouvement de la lutte a amené Alice etses assaillants du côté du placard de droite. Au moment où on finitde lui attacher les mains, un sifflement aigu résonne comme s’ilvenait de la rue. La lutte s’arrête. Second coup desifflet.

FITTON. – Qu’est-ce que c’estque ça ?…

ORLEBAR. – C’est lui !C’est Sherlock Holmes !…

FLETCHER. – Comment lesavez-vous ?

ORLEBAR. – Ce coup de siffletvient de Bribb… Je l’ai mis aux aguets !

FITTON. – Alors, nous n’avonspas le temps de faire disparaître cette femme…

ORLEBAR. – Tenez !Enfermez-la ici. Il montre le placard.

JARVIS. – Bonneidée !

FLETCHER. – Dépêchons !À Fitton. Ouvre la porte, toi ! Vite donc !

Fitton va au placard qu’il ouvre. À cemoment, Alice, en se défendant, échappe à ceux qui la tenaient,mais Fitton remet brutalement la main sur elle. La terreur qu’elleéprouve, le bâillon qui la serre, provoquent, chez elle, unefaiblesse. Les deux hommes en profitent pour la transporter dans leplacard dont Jarvis repousse la porte sur elle.

JARVIS. – Il n’y a pas deserrure à cette sacrée porte !

FLETCHER. – Commentfaire ? … La demoiselle a beau être évanouie… Elle seranimera.

ORLEBAR. – Barricadez laporte !

FLETCHER. – Non, ton couteau,Jarvis !…

Jarvis lui tend un long couteau qu’ilouvre.

ORLEBAR. – Un couteau neremplace pas une serrure ! FLETCHER. –Si ! Quelquefois !

FITTON. – Enfonce-le àfond !

Jarvis enfonce violemment son couteau dansla porte de façon à ce qu’il la traverse en se fixant dans lechambranle.

FITTON. – Si nous tardons,Holmes va nous trouver ici !

JARVIS. – Eh bien, tantmieux ! Nous lui sauterons sur le dos tout de suite.

ORLEBAR, vivement. –Non pas !… Il est convenu que je dois le voird’abord !

JARVIS. – Oui. Ce sont lesordres du patron. Nous avons peut-être le temps de gagnerl’allée ?

FLETCHER. – Alors,dépêchons !

Ils disparaissent tous les trois par laporte qui reste ouverte. Orlebar descend jusqu’à la porte duplacard, et en y mettant toute sa force, enfonce encore plus avantle couteau dans les deux planches où il est cloué. Puis, il revientà la table, ôte rapidement son chapeau et son paletot qu’il jettesur un tonneau vide, et s’assoit d’un air tranquille en mâchonnantle bout de son cigare.

Les cookies permettent de personnaliser contenu et annonces, d'offrir des fonctionnalités relatives aux médias sociaux et d'analyser notre trafic. Plus d’informations

Les paramètres des cookies sur ce site sont définis sur « accepter les cookies » pour vous offrir la meilleure expérience de navigation possible. Si vous continuez à utiliser ce site sans changer vos paramètres de cookies ou si vous cliquez sur "Accepter" ci-dessous, vous consentez à cela.

Fermer