SCÈNE III
LES MÊMES, THÉRÈSE
Thérèse rentre introduite par Billy. Ellesemble hors d’haleine et sous le coup d’une profondeémotion.
THÉRÈSE. – Je vous demandepardon, monsieur, le groom, quand il a su de la part de qui jevenais, m’a dit que vous seriez heureux de me voir tout desuite.
HOLMES. – Et de la part dequi venez-vous mademoiselle ?
THÉRÈSE. – C’est Benjamin…Benjamin, le maître d’hôtel, qui m’envoie…
HOLMES, vivement. –Vous êtes la bienvenue. Merci, Billy, vous avez été intelligentcomme d’habitude.
Billy salue et sort.
HOLMES. – Maintenant,Mademoiselle, je vous écoute.
THÉRÈSE. – Monsieur, je suisfemme de chambre dans une maison où Benjamin sert également. Commeje lui disais hier mon intention formelle de quitter ma place, ilm’a donné votre adresse, en m’engageant à venir vous voir.
HOLMES. – Dois-je comprendreque vous étiez au service de Mme Murray ?
THÉRÈSE. –Justement !
HOLMES. – Vous êtesfrançaise, je crois ?
THÉRÈSE. – Oui, monsieur,c’est à Paris que Mme Murray m’a engagée.
HOLMES. – Et qu’avez-vous àme dire de si pressé ?
THÉRÈSE. – Il s’agit dumaître d’hôtel qui me recommandait à vous.
HOLMES. – DeBenjamin ?
THÉRÈSE. – J’ai peur pourlui… Je suis sûre qu’il lui est arrivé quelque chose. Je n’ai pasosé descendre pour aller y voir !
HOLMES. – Descendre ?…Où cela ?
THÉRÈSE. – Dans lacave !… Il y est allé, lui, et il n’est pas remonté.
HOLMES, il sonne. Puis ilva à la table, tire un revolver d’un tiroir et le glisse dans sapoche. – Vraiment ? … Et savez-vous qui l’y aenvoyé ?
THÉRÈSE. – Parbleu ! …c’est le singe ! … Se reprenant. Oh ! pardon,c’est un mot de Paris qui me revient… Je veux dire : lepatron !
HOLMES. – Orlebar ?
THÉRÈSE. – Je ne sais pass’il s’appelle Orlebar, je ne le connais que sous le nom deMurray.
HOLMES. – Et y avait-illongtemps que Forman était descendu à la cave lorsque vous avezquitté la maison ?
THÉRÈSE. – Non, car lesoupçon m’est venu tout de suite… Dès que j’ai entendu l’horriblebruit ! Elle se couvre la figure. Ah ! cebruit !
HOLMES. – De quel bruitparlez-vous, Mademoiselle… voyons ! Tâchez d’être calme, et deme répondre nettement… À quoi ressemblait-il ce bruit ?
THÉRÈSE. – C’était comme lecri d’angoisse d’un homme assailli et frappé à l’improviste.
HOLMES, à Billy quientre. – Billy ! mon pardessus, mes bottines ! Vousirez ensuite chercher une voiture ! … Dépêchez ! Ilva au tiroir e la table et en tire un second revolver.
BILLY. – Bien, monsieur.
HOLMES, revenant àThérèse. – Avez-vous remarqué si quelqu’un était descendu à lacave à la suite de Benjamin ?
THÉRÈSE. – Non, monsieur, jene l’ai pas remarqué !…
HOLMES, à Billy qui a misle pardessus sur le canapé et les bottines sur le parquet. –Maintenant, ma canne. Tendant à Watson le second revolver.Prenez ceci, Watson… vous viendrez avec moi ?
THÉRÈSE. – Est-ce que je neferais pas bien de vous accompagner aussi ?
HOLMES. – Non !Attendez-moi ici au contraire… On entend au dehors des pasprécipités. Mais que disiez-vous donc ?… Il me semblereconnaître le pas de Forman…
Benjamin paraît à la porte.
THÉRÈSE, haletante.– Ah ! quel bonheur !