Sherlock Holmes

SCÈNE III

LES MÊMES, MORIARTY, ORLEBAR

MORIARTY, entrant. –Ah ! Vous voilà, Bassik ?

BASSIK. – Oui, monsieur.J’étais venu tout examiner selon vos ordres.

MORIARTY. – Fletcher est làaussi ?

FLETCHER. – De ce côté,monsieur.

MORIARTY. – Vous avez voshommes ?

FLETCHER. – Tous au complet,et bien stylés.

MORIARTY. – Avez-vous pensé àfaire une provision de gaz, si par accident la ville arrêtait ladistribution.

JARVIS. – Le réservoir estplein, monsieur.

MORIARTY, montrant laporte de droite. – Qu’est-ce que cette porte,Bassik ?

BASSIK. – C’est une armoireoù nous serrons quelquefois nos outils. Il ouvre la porte duplacard que Fletcher éclaire avec sa lanterne.

MORIARTY. – Elle n’a aucuneissue ?

BASSIK. – Aucune ! C’estun placard dans le mur. Il referme la porte.

MORIARTY. – Cettefenêtre !

BASSIK. – Condamnée depuislongtemps.

MORIARTY. – On peut casserles vitres !

BASSIK. – Celui qui s’enaviserait se trouverait en face d’une demi-douzaine de barreauxqu’il aurait du mal à briser.

FLETCHER. – L’homme seraligoté avant qu’il ait le temps de faire du dégât.

MORIARTY. – Vous êtes sûrqu’il n’y a pas de fentes, pas d’interstices par où l’air puissepasser ?

BASSIK. – Pas un troud’aiguille, monsieur ! La moindre crevasse est bouchéehermétiquement.

MORIARTY. – Et cetteporte ?

BASSIK. – C’est du cœur dechêne, et double en épaisseur.

MORIARTY. – C’est par là quesortent les hommes pour aller ouvrir le gaz ?

BASSIK. – Oui, monsieur.

MORIARTY. – Et il estimpossible qu’on puisse les suivre ?

BASSIK. – Impossible !Vous avez vu les verrous au dehors, et les deux barrestransversales pour plus de sûreté.

FITTON, montrant une desénormes poutres verticales qui s’élèvent au milieu du théâtre etsupportent le plafond. – Nous attachons d’abord l’homme àcette poutre.

MORIARTY. – Fletcher, faitesdevant moi la manœuvre des verrous.

FLETCHER, se levant.– Voilà, monsieur. Il sort par la porte du fond, etimmédiatement on entend le fracas des verrous et la pose desbarres.

BASSIK. – C’est à peu près lemême système que dans votre cabinet de travail, mais renforcé.

MORIARTY. – Oui… Il me sembleque tout cela manœuvre comme il convient.

Bruit des verrous et des barres qu’onrouvre. Fletcher rentre.

MORIARTY, allant à lui. –Fletcher, vous vous retirerez dans le corridor avec vos hommes, etvous attendrez que M. Orlebar, il le désigne, ait euavec la personne qui va venir un entretien, dans lequel il doitrégler une affaire personnelle… Que ces messieurs se tiennentcachés, et assez loin pour que Sherlock Holmes ne puisse soupçonnerleur présence… À Bassik. Qui conduit la voiture, cesoir ?

BASSIK. – Paddy Plum,monsieur. Je lui ai donné l’ordre de faire un tour d’environ uneheure pour que son voyageur ne se doute ni de la direction danslaquelle on le conduit, ni de la distance qu’il parcourt. Lavoiture arrêtera à la petite porte de l’allée, et Plum montrera lechemin à notre homme jusqu’ici.

MORIARTY. – Les volets debois du fiacre sont solides ?

BASSIK. – Et fermés àclef.

MORIARTY, regardant lalampe. – Qu’est-ce que c’est que cela ?… Une lampe desûreté…

BASSIK. – C’est à cause desémanations de gaz qui pourraient rester dans la pièce.

MORIARTY. – Je n’en veux àaucun prix ! Si Sherlock Holmes la voit, il se doutera dequelque chose. Reniflant. Je ne sens d’ailleurs aucuneodeur, et vos robinets sont bien fermés… Dites à Séraphin de seprocurer une lampe ordinaire… Bassik sort, regardant autour delui. Apportez cette table-là au milieu.

Fletcher et Jarvis apportent la table aumilieu du théâtre.

MORIARTY. – Bien ! …Maintenant, Fletcher, et vous autres, les hommes serapprochent, rappelez-vous une chose : tout coup de feu estinterdit ce soir ! Ne brûlez pas une capsule… On pourraitentendre le bruit en bas, dans l’allée… Faites en sorte de vousemparer du revolver que notre adversaire porte toujours sur luiavant qu’il ait idée de s’en servir… Deux d’entre vous attirerontson attention sous quelque prétexte; l’autre se glissera parderrière, et subtilisera l’arme dans sa poche. Tout le reste alorsdeviendra facile… Vous êtes adroit, Fletcher… Chargez-vous de cettedélicate opération.

FLETCHER. – Entendu,monsieur !

Rentre Bassik avec une lampe à huile, unede ces lampes bon marché, cristal opale, abat-joursemblable.

MORIARTY, à Bassik.– À la bonne heure !… Maintenant, vous pouvez éteindre votrelampe…

JARVIS. – Nous en auronsbesoin tout à l’heure quand nous aurons soufflé l’autre.

BASSIK. – Mais il ne faut pasqu’on la voie…

MORIARTY. – Alors, nel’éteignez pas ! Couvrez-la seulement avec quelquechose !

FITTON, à Fletcher.– Tiens ! Il prend la lampe et la met dans une grandecaisse dont il applique l’ouverture contre le mur, de façon àcacher toute lumière.

MORIARTY. – Appuyez la caisseau mur pour qu’on ne voie pas lumière !

BASSIK. – Monsieur, il seraitimprudent de rester ici davantage… La voiture peut être enavance…

MORIARTY. – MonsieurOrlebar ! Orlebar qui est dans le fond, avec Bribb,descend. Vous avez entendu ma recommandation à ces messieurs…Ils attendront pour agir que vous ayez terminé. ORLEBAR.– J’ai compris.

MORIARTY. – C’est pour vousdonner le moyen d’obtenir la somme dont nous avons parlé. Mais toutce qu’on trouvera sur le cadavre, sera partagé selon nos règlesordinaires.

ORLEBAR. – Je m’arrangeraipour sauvegarder mes intérêts auparavant.

MORIARTY. – Quand vous aurezempoché votre argent, vous n’aurez qu’à donner deux coups du petitsifflet qui pend à votre chaîne… Mes hommes comprendront que c’estleur tour d’entrer en scène. Faisant quelques pas vers laporte. Et maintenant, je vous souhaite bonne chance à tous… Àpropos, Fletcher, avant de quitter M. Sherlock Holmes, ayezsoin de lui présenter mes compliments et mes meilleurs vœux pour lepetit voyage qu’il va faire. Il sort avec Bassik.

Les cookies permettent de personnaliser contenu et annonces, d'offrir des fonctionnalités relatives aux médias sociaux et d'analyser notre trafic. Plus d’informations

Les paramètres des cookies sur ce site sont définis sur « accepter les cookies » pour vous offrir la meilleure expérience de navigation possible. Si vous continuez à utiliser ce site sans changer vos paramètres de cookies ou si vous cliquez sur "Accepter" ci-dessous, vous consentez à cela.

Fermer