SCÈNE V
MORIARTY et BASSIK, dans la maison de droite; à gauche dans lesalon, WATSON, ALICE, SHERLOCK HOLMES endormi
Watson et Alice entrent sur la pointe despieds. Watson tient la lampe d’une main, et de l’autre la lettreapportée par Madge.
ALICE. – Vous êtes certainqu’il faut le réveiller ?
WATSON. – À coup sûr. Cettelettre vient de l’inspecteur général de la police… Si c’était pourlui annoncer qu’ils ont mis la main sur Moriarty… Il a posé lalampe à droite, sur la table, devant le bow-window.
ALICE. – Ah !puissiez-vous dire vrai !
WATSON. – Appelez-le … sonréveil sera plus doux s’il vous voit la première.
ALICE. – Non… vous… moi jen’ose pas.
WATSON. – Une timidité quis’en ira vite… À mi-voix. Holmes ! … Holmes !…C’est une lettre pour vous !
ALICE. – Vous parlez tropbas… Déployez le paravent.
WATSON. – Voulez-vousm’aider ?
Aidé d’Alice, il déploie le paravent et lerange à gauche. Holmes apparaît, dormant paisiblement dans sonfauteuil.
BASSIK, dans la maison dedroite. – La belle cible… Voici le moment, monsieur.
MORIARTY. – Oui. Ilépaule son fusil.
WATSON. – Comme il dortbien !
ALICE. – C’est un crime de leréveiller.
MORIARTY,visant. – Adieu, Sherlock Holmes !
Il tire. La détonation, moindre que celled’un fusil ordinaire, est cependant très appréciable.
Bruit de carreau qui vole en éclats.Sherlock Holmes tombe en arrière dans le fauteuil.
ALICE, poussant uncri. – Ah ! … Ils l’ont tué ! …
La porte de la chambre du premier, dans lamaison vide, s’est ouverte précipitamment.
Sherlock Holmes bondit en scène accompagnéde Forman et s’élance sur Moriarty toujours accroupi.
Billy et un inspecteur de police se ruenten même temps sur Bassik à côté de son chef.
En une seconde Bassik et Moriarty sontterrassés, et on entend le cliquetis des menottes qu’on leur passeaux poignets.