Sherlock Holmes

SCÈNE VII

SHERLOCK HOLMES, WATSON, BENJAMIN, BILLY

BILLY, entrant. –Monsieur, il y a en bas, à la porte de la rue un homme qui voudraitparler à M. Benjamin Forman.

HOLMES, il se dirigeaitsur la gauche, s’arrête brusquement. – Ah ! Ah !…Ilne serait peut-être pas mauvais de jeter un regard sur cetindividu. Faites-le monter, Billy.

BILLY. – Il ne peut pas,monsieur. Il est en train de surveiller un homme dans la rue. C’estun détective.

BENJAMIN. – Un détective… Sij’allais voir ce qu’il veut…

HOLMES. – Non !Benjamin s’arrête. Holmes réfléchit. Pourtant… si…Peut-être ? … Mais avant, examinez bien l’homme… et soyez prêtà tout événement…

BENJAMIN. – Vous pouvez vousfier à moi, monsieur. Il sort.

HOLMES. – Billy, suivezForman et venez me dire comment cela se passe avec cedétective.

BILLY. – Oui, monsieur.Il sort derrière Benjamin.

WATSON, à Holmes quisemble écouter et réfléchir. – Voilà qui devient de plus enplus intéressant.

Un temps. Holmes ne répond pas. Il écoutetoujours, puis se dirige vers la fenêtre à travers laquelle iljette un regard.

WATSON. – Dites-moi, mon cherHolmes, puisque vous avez eu la bonté de me dire déjà quelques motsde cette affaire…

HOLMES,l’interrompant. – Une seconde, je vous prie… Ilsonne. Un silence après lequel Billy entre.

HOLMES. – Forman est toujoursen bas ?

BILLY. – Non, monsieur, ilest parti avec l’homme.

WATSON. – Alors c’était vraicette communication ? …

HOLMES. – Peut-être ! …Merci, Billy… Billy sort. Vous parliez, Watson, de cetteaffaire de miss Brent ?…

WATSON. –Précisément… J’en connais le commencement… n’aurez-vouspas l’amabilité de me mettre au courant du reste ?

HOLMES. – Que voulez-vous queje vous dise de plus ?

WATSON. – Par exemple, ce quevous avez l’intention de faire de ce faux paquet de lettres pourlequel vous allez peut-être risquer votre vie ?

HOLMES, regardant Watsonpendant quelques minutes avant de parler. – J’ai l’intention,à l’aide de ce faux paquet, de décider miss Brent à me donnervolontairement l’original… Je serais obligé, pour parvenir à monbut, d’avoir recours à un stratagème qui me fait presque honte, etauquel je ne me serais certainement pas arrêté si… si j’avais connucette jeune fille, comme je la connais aujourd’hui… Paraissantabsorbé par une autre idée tout à fait étrangère à la question quile préoccupe. Oui, c’est mal, c’est très mal de ma part,d’agir ainsi, car elle est charmante, cette enfant, Watson !Absolument, et en tous points, charmante…

WATSON, le regardant avecétonnement. – D’ordinaire, mon excellent ami, quand vous êtesattelé à votre besogne, vous ne vous préoccupez guère du charme desfemmes en face desquelles vous vous trouvez !

HOLMES. – C’est vrai !Mais je n’ai pas pu rester indifférent à celui-là.

WATSON, le regardant avecune surprise croissante. – Vraiment ! … Serait-il doncpossible que cet inattaquable cœur eût subi…

BILLY, entrant. –Que monsieur m’excuse ! … Mais Benjamin vient d’envoyer dechez le pharmacien du coin pour dire que sa tête lui fait plus malque tout à l’heure et qu’il serait obligé au Dr Watson s’il voulaitvenir y donner un coup d’œil.

WATSON. – Certainement !… J’y vais tout de suite… Prenant son chapeau. C’estsingulier… Cette blessure n’avait pourtant pas l’air si sérieuse…À Holmes. Je reviens dans cinq minutes. Il sort. Untemps.

HOLMES. – Billy ?

BILLY. – Monsieur ?

HOLMES. – Qui est venu fairecette commission de la part de Forman ?

BILLY. – Le garçon dupharmacien.

HOLMES. – Lequel de sesgarçons ?

BILLY. – Ce doit être unnouveau, car je ne l’avais encore jamais vu.

HOLMES, vivement. –Vite, Billy ! Courez derrière le docteur. Je redoute pour luiquelque danger… Revenez me mettre au courant immédiatement. Neprenez pas la peine de monter jusqu’ici… sonnez deux fois à laporte d’en bas… J’entendrai… Surtout hâtez-vous.

BILLY. – J’y cours,monsieur.

Il sort rapidement. Holmes reste sansbouger et comme hésitant. Il fait un pas vers la salle à mangerpuis s’arrête brusquement prêtant l’oreille. Il se tourne vers lacheminée et prend une pipe dans sa main gauche. il la bourre etl’allume tout en écoutant. La pipe entre les dents, il va vers latable où il a déposé son revolver et le glisse dans la poche de sarobe de chambre, où il continue à le tenir dans sa main. Il sembletrès à l’aise et ne perd pas de vue la porte.

Les cookies permettent de personnaliser contenu et annonces, d'offrir des fonctionnalités relatives aux médias sociaux et d'analyser notre trafic. Plus d’informations

Les paramètres des cookies sur ce site sont définis sur « accepter les cookies » pour vous offrir la meilleure expérience de navigation possible. Si vous continuez à utiliser ce site sans changer vos paramètres de cookies ou si vous cliquez sur "Accepter" ci-dessous, vous consentez à cela.

Fermer