LA DERNIÈRE ÉNIGME AGATHA CHRISTIE

Gwenda poussa un long soupir.

— Et vous croyez que c’est ce qui m’est arrivé, à moi ? Mais alors, pourquoi ne puis-je, maintenant, me souvenir de tout ?

— On ne peut pas se souvenir de quelque chose sur commande. Et même, très souvent, quand on essaie de le faire, le souvenir semble s’éloigner un peu plus. Néanmoins, il y a, me semble-t-il, certains détails qui tendent à prouver que les choses se sont bien passées ainsi. Par exemple, lorsque vous m’avez parlé, il y a un instant, de ce que vous aviez ressenti hier soir au théâtre, vous avez employé une tournure très révélatrice. Vous avez dit : « J’étais là, dans l’escalier, regardant à travers les barreaux… » Or, en règle générale, on ne regarde pas à travers les barreaux d’un escalier, mais par-dessus la rampe. Seul un enfant regarde à travers.

— Très subtil, dit Gwenda avec admiration.

— Voyez-vous, ces petits détails sont significatifs.

— Mais qui était Hélène ? demanda la jeune femme d’un air désorienté.

— Êtes-vous toujours aussi sûre que c’était vraiment « Hélène » ?

— Oui… C’est étrange, parce que j’ignore qui est « Hélène » ; mais, en même temps, je sais que c’était bien Hélène qui était étendue là… Comment puis-je parvenir à en savoir plus ?

— La première chose à faire, à mon sens, c’est de savoir avec certitude si vous avez jamais séjourné en Angleterre quand vous étiez enfant. Vos parents…

— Tante Alison ! s’écria Gwenda. Elle doit être au courant, j’en suis sûre.

— Eh bien, à votre place, je lui écrirais tout de suite par avion. Dites-lui simplement que, par suite, de certaines circonstances, il vous est indispensable de savoir si vous avez fait, autrefois, un séjour en Angleterre. Vous devriez être en possession de la réponse lorsque votre mari arrivera.

— Oh, merci, Miss Marple ! Vous avez été tellement bonne ! Et j’espère que vos déductions s’avéreront exactes. Parce que, dans ce cas, tout ira bien. Cela prouvera qu’il n’y a rien de surnaturel dans ces événements.

La vielle demoiselle sourit.

— J’espère, moi aussi, que tout s’arrangera comme nous le souhaitons. Je pars après-demain pour aller passer quelques jours chez de vieux amis, dans le nord de l’Angleterre, mais je serai de retour dans une dizaine de jours. Si vous et votre mari êtes ici à ce moment-là, et si vous avez reçu une réponse à votre lettre, je serais très curieuse de connaître le résultat.

— Bien entendu, ma chère Miss Marple. D’ailleurs, je tiens beaucoup à vous présenter Giles. C’est un vrai chou, vous verrez. Et nous discuterons de tout ça.

Gwenda avait retrouvé son entrain. Pourtant, Miss Marple avait l’air pensif.

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